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Christoblog

Le nom des gens

UGC DistributionEn voilà une belle comédie consensuelle franchouillarde, capable de faire rire tout le bon peuple de gauche, et aussi celui de droite (enfin, peut-être un peu moins celui de droite quand même).

En se moquant dès l'ouverture des personnes qui portent des noms très répandus (le héros s'appelle Arthur Martin), le réalisateur (Michel Leclerc !!) trouve un ton et un gimmick qu'il exploite correctement dans la première partie du film. L'absence d'attachement aux origines (arabes pour elle, juives pour lui) donne l'occasion de s'appesantir sur l'histoire personnelle des deux personnages tout en savourant quelques digressions purement politiques, dont la fameuse apparition de Lionel Jospin. Vers le milieu de film on peut considérer qu'on est en train de regarder un Lelouch réussi (si on peut imaginer) ou un Jeunet potable, d'autant que Gamblin et Sara Forestier sont très efficaces.

Malheureusement je trouve la deuxième partie du film moins réussie, le pathos ne sied pas aux personnages et les tics de mise en scène rappellent pour le coup le mauvais Lelouch (le passage à la plage filmé en simili super 8). On regrette aussi le burlesque léger du début du film, par exemple les inventions adoptées par les parents d'Arthur toujours à contre-temps.

Reste un divertissement honorable qui n'hésite pas à franchir parfois les frontières du mauvais goût avec détermination. En parlant à sa belle-mère dont les parents sont morts à Auschwitz, Bahia enchaîne des sujets de conversation suivants : un job dans les wagons (lits), un autre dans les camps (de vacances), avant de parler de four à propos de son dîner. Il faut quand même oser.

 

2e

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Memory lane

Memory lane est un film mineur en mode mineur.

Je ne sais pas quoi ajouter d'autre : il ne s'y passe que des évènements sans consistance, avec des personnages de jeunes adultes qui n'ont même pas la fantaisie (sans parler de la libido) d'adolescents. Bref, en 2010, sachez que le comble du hot c'est de prendre la main d'une copine en marchant.

Le film a l'air de plaire aux Cahiers, aux Inrocks et à d'autres, qui pensent que le fait de capter un regard suffit à faire un film. Mais que nous montre vraiment le réalisateur ? Des feuilles mortes et des jeunes adultes qui font de la musique, vont à la piscine, se baladent, vont à des fêtes. Bref, ce que vous avez fait ce week-end.

Memory lane c'est un petit peu Les petits mouchoirs avec 25 ans de moins, et sous Lexomyl.

Le plus bizarre c'est qu'on ne s'ennuie pas vraiment. Comme quoi Mikhaël Hers doit avoir du talent. Espérons que pour son second film il ait aussi un scénario, ou quelque chose qui y ressemble. Et qu'il arrête de vouloir copier maître Kieslowski en mettant le même inconnu sur le chemin de ses principaux personnages.

 

1e

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Le fossé

Il y une tradition à Venise : celle du film surprise. Les festivaliers entrent dans la salle sans savoir quel film va leur être projeté.

A la dernière Mostra, ce sont des crédits en français (Arte...), puis des idéogrammes chinois que les spectateurs ont découvert, ceux du générique de la première fiction de Wang Bing.

Ce dernier est souvent considéré comme le plus grand documentariste vivant. Son documentaire fleuve de 9 heures A l'Ouest des rails est considéré comme un film culte. 

La projection de ce soir*  revêtait donc un caractère spécial, digne des plus grands festivals (le film a aussi été présenté à Toronto). La fête aurait été complète si Wang Bing n'était pas resté cloué au lit en Chine par un mystérieux "mal des montagnes" qui l'empêcherait de prendre l'avion...

Autant le dire tout de suite, le film est particulièrement éprouvant, émotionnellement et intellectuellement.

Nous sommes en 1960, dans un camp de rééducation, dans le désert de Gobi, en plein hiver. Les prisonniers habitent dans des sortes de caves creusées dans la terre, comme des rats. La famine et le froid glacial leur rendent la vie très diffcile.

Dès les premières minutes, on voit les cadavres s'entasser, et durant tout le film les morts vont se succéder à une cadence infernale, à tel point qu'à un moment un personnage dit à un autre, qui vient de découvrir un cadavre : "finis de manger, on s'en occupera après".

L'horreur est montrée sans ostentation particulière, mais la caméra froide et élégante de Wang Bing ne fait pas de cadeau non plus : un prisonnier vomit, son ami ramasse la nourriture pour la manger, un homme raconte qu'un autre a brûlé les poils d'un vêtement en mouton puis à fait griller la peau pour la manger, on entend qu'un cadavre a été retrouvé en partie dépecé au niveau des fesses et des mollets.

Dans des paysages d'une platitude irréelle, filmés magnifiquement, constituant une véritable prison à ciel ouvert, le film s'écoule avec la lenteur du plomb. Sorte de synthèse du cinéma de Bresson, des espaces américains de Ford et de souvenirs du goulag. Un vertige métaphysique peut saisir le spectateur à mi-film : où sont les gardiens ? Pourquoi ces gens sont-ils là exactement ? Il marque les esprits probablement d'une façon indélébile (en tout cas le mien), avec ce style inimitable que les Chinois de la nouvelle génération (comme Jia Zhang-Ke) savent donner à leurs films : la réalité y semble être inventée, alors que la fiction y a l'aspect d'un documentaire.

En bref, pas vraiment super rigolo, mais très puissant. Brrrr

26 novembre 2010, au Festival des trois continents à Nantes

 

2e

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Alamar

Alamar est le type de film chéri des festivals (Toronto, Rotterdam, Miami, Toulouse, Berlin, La Rochelle, San Francisco, Buenos Aires ...).

A mi-chemin du documentaire et de la fiction minimaliste, il nous présente comment un enfant issu d'une union mixte (sa mère est italienne, son père mexicain) va vivre le temps des vacances avec son père et son grand-père, entre hommes, isolés sur une des plus grande barrière de corail du monde, dans le Golfe du Mexique.

Dans ce genre de film, comme il ne se passe quasiment rien (pêche, lecture, lutte, dessin, hamac, crocodile, héron, rencontre parcimonieuse d'autres humains, nettoyage des bateaux,  pluie), l'intérêt ne peut être maintenu que par un art évolué de la mise en scène et de la direction d'acteur, et encore plus du montage.
 
Alamar, de ce point de vue là, fonctionne très bien et justifie sa moisson de prix festivalière.

Le film possède une saveur particulière que le spectateur gardera longtemps en tête, saveur composée de noblesse des corps et des âmes, de pieds qui ressemblent à des mains, de simplicité retrouvée, de nature bigger than live. Le père et le fils, à la vie comme à l'écran, sont superbes de naturel et de complicité respectueuse. Les rapports humains semblent dans le film mis à nu, désossés, débarrassé de toute graisse superflue (comme les corps). La caméra, très proche des acteurs, scrute avec une rare perspicacité la découverte mutuelle d'un fils et de son père.

Un beau film.

2e

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Belle épine

Quel beau film.

Bien sûr, les esprits chagrins diront qu'il ne s'y passe grand-chose. Ils chichiteront ici ou là, oubliant qu'il s'agit d'un premier film.

C'est qu'ils n'auront pas vu cette extraordinaire sensibilité que tous les visages expriment, cette profondeur de la mise en scène discrète et sensuelle. Travail sur la profondeur de champ, sur le cadre, les couleurs, les mouvements de caméra, les premiers plans : on ne peut qu'être admiratif devant la maestria de la jeune réalisatrice, même si parfois ce brio tourne à la démonstration un peu vaine (le plan des motards se passant le pot d'échappement - à l'évidence inspiré de Rembrandt, ou la performance très théâtrale du cousin en juif rebelle). 

Partout la mort rôde. Dans un tatouage. Dans le coeur de Prudence. Dans une flaque d'huile. Dans une écharpe. Dans un fantôme. Partout la mort. L'amour n'est pas vraiment au rendez-vous. Alors quoi ? Le vent dans les cheveux, l'ivresse de la nuit et de la vitesse, le désir. Prudence éprouve durant tout le film ce que la dernière scène (le sonotone amplifie le son de la rue) montre de façon méthaporique : un éveil des sens, amplifié par le deuil. 

On souhaite un grand grand avenir à Rebecca Zlotowski qui signe ici un film d'une grande qualité qui confirme un certain renouveau du cinéma français(e). Les jeunes filles sont à la mode, filmées par des filles (ou pas) : La vie au ranch, Des filles en noir. Tant mieux.

 

3e

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Gazette du festival des 3 continents 2010

22 novembre

C'est parti : après les traditionnels (et trop longs) discours des officiels, le 32ème festival des 3 continents est ouvert.

Les quelques mots de Pedro Gonzales Rubio, le réalisateur d'Alamar (3/5), racontant comment son grand-père l'a emmené sur les lieux de tournage d'un de ses films (présenté à Venise) après de longues hésitations ("there were only graves there") est particulièrement touchant.

Alamar, à la fois documentaire et fiction, donne à voir la vie de pêcheurs dans le Golfe du Mexique. C'est minimaliste, très proche de la nature et les images du film restent longtemps en tête.

 

24 novembre

Gesher (1/5) est le premier film d'un jeune réalisateur iranien né en 1981. Il suit la vie de Ghobad, Jahan et Nezam, trois iraniens descendus dans le sud du pays, pour essayer de gagner de l'argent. Leur salaire est tellement faible que les trois hommes vivent dans un tronçon de pipe-line.

Le film souffre des habituels SFPD (Syndromes des Films Pauvres mais Dignes) : surabondance de plans fixes d'une durée éprouvante, rares dialogues, scénario squelettique, acteurs inexpressifs, absence de rythme. On ne s'intéresse que très partiellement à nos trois compères qui ne vivent que des évènements anecdotiques et sans grand relief.

C'est tellement ennuyeux qu'on a parfois envie qu'une bombe explose. Sinon, il faut reconnaître au film une image magnifique, un sens du cadre très juste, et un intérêt : nous montrer des visions de sites industriels époustouflantes (de nuit notamment). La région est en effet un immense site de production de gaz naturel.

 

26 novembre

Vision très éprouvante du film Le fossé (4/5) de Wang Bing, une fiction qui a toutes les allures d'un documentaire, et qui nous montre la vie dans un camp de rééducation chinois, dans les années 60. Voir mon article détaillé.

 

27 novembre

J'en avais un peu marre des films lents. Qu'ils soient bons (Le fossé) ou mauvais (Gesher). Ouf, enfin un film qui a un semblant de rythme dans la partie compétition du festival.

Avec The high life (2/5), voici un montage à un rythme normal, avec des personnages auxquels on s'attache : un arnaqueur, une prostituée amoureuse, une jeune villageoise débarquant à Canton. La première partie, agréable, nous plonge dans la vie de ces "villages urbains", typiques des mégapoles chinoises grandissant à toute vitesse et englobant les anciens ilots traditionnels. Vers le milieu de film, ce dernier bascule vers une autre dimension complètement zarbi (un gardien de prison obligeant les détenus à déclamer ses poèmes, aux connotations sexuelles explicites) qui est très plaisant.

Le réalisateur, présent en fin de séance, nous avoue que cette personne existe vraiment et joue son propre rôle (magie du festival, sinon on aurait du mal à y croire !). Un bon moment, typique de ce cinéma chinois de la sixième génération où les réalisateurs tournent librement - mais sachant que leur film ne sera pas distribué en Chine, contrairement à ceux de la cinquième génération, au moins dans leur deuxième partie de carrière (Chen Kaige ou Zhang Yimou).

Si le résultat est joyeusement foutraque et finalement ne constitue pas vraiment un ensemble tout à fait cohérent, on devine que Zhao Dayong est un réalisateur à suivre : sa mise en scène est en effet à la fois élégante et efficace. La photographie du film est aussi très belle.

 

29 novembre

Dimanche sous la neige à Nantes. Et magie du public du F3C, la séance de 16 h pour un film ouzbek de 1972 refuse du monde ! La salle 1 du Katorza est pleine à craquer.

La septième balle (3/5) est une vraie gourmandise de spectateur. Non de cinéphile, mais de simple spectateur. Rendre compte d'un objet de ce type n'est pas entreprise facile mais je vais essayer : imaginez une situation de western classique, des décors arides absolument magnifiques, des acteurs qui parlent russe et portent de drôles de chapeaux (les ouzbeks semblent être le peuple le plus imaginatif dans le domaine chapelier, voir cette sorte d'algue verte sur un crâne chauve), des situations burlesques, un acteur principal au charisme imposant (on le surnomme le Toshiro Mifune centre asiatique), des scènes d'action, du politiquement non correct, une histoire d'amour, une musique classy évoquant à la fois les James Bond et le jazz moderne.

Voilà le mélange détonnant que propose ce classique du cinéma d'action ouzbek, dirigé de main de maître par Khamraev, "le Martin Scorsese de l'Asie centrale" selon Ouest France ! Que des pans entiers de la cinématographie mondiale nous restent totalement inconnu me chagrine toujours (pff, le film n'a même pas de fiche dans Allociné). C'est donc un plaisir énorme de voir le voile se lever un peu.

Palmarès 

Pas de chance : je n'ai vu aucun des films primés dans la compétition.

La Montgolfière d'or revient au film documentaire colombien Los abrazos del rio, de Nicolas Rincon Gille, qui mêle légendes autour du fleuve principal du pays (le Magdalena) et chronique sur les exactions des paramilitaires. J'avais repéré avant le début du festival le blog de tournage du réalisateur, intéressant.

La Montgolfière d'argent va au film paraguayen Cuchillo de palo (108), un autre documentaire, qui enquête sur les traces d'un des 108 homosexuels arrêtés et torturés sous la dictature Stroessner.

Le prix du jury va enfin à The fourth portrait, film taiwanais de Chung Mong-Hong, qui semble marcher dans les pas d'Edward Yang et dont j'ai critiqué le premier film, assez original : Parking. J'écrivais dans mon billet : "un réalisateur à suivre"... Il faut espérer qu'on puisse voir ces trois films en sortie française.

A l'année prochaine en direct du F3C.

 

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8 femmes

Après la réussite Potiche, j'ai eu envie de découvrir 8 femmes, un autre film d'Ozon avec Catherine Deneuve. Il y a bien des points communs entre les deux films : une atmosphère de théâtre de boulevard, des couleurs criardes, des performances d'actrices. Pourtant, la où Potiche réussit parfaitement à créer une dynamique comique et nostalgique, 8 femmes reste bloqué sur son concept de base : numéros successifs parfois brillants, parfois ratés, qui cumulés ne font pas un vrai film.

Catherine Deneuve, Danièle Darrieux, Firmine Richard et Ludivine Sagnier assurent le minimum. Huppert est très bonne et Fanny Ardant assez performante dans un rôle de femme fatale qui lui va comme un gant (cette robe rouge !). Mais mes deux préférées sont Emmanuelle Béart, bombe sexuelle comme jamais, et Virginie Ledoyen, irrésistible en jeune fille modèle. Leurs confrontations sont les meilleurs moments de ce film, pas désagréable à regarder, mais qui n'arrive jamais à se départir de son côté artificiel.

Les 8 passages chantés sont de qualité variables mais contribuent à casser le rythme du film. A chaque fois, certaines actrices regardent la performance de l'autre en semblant apprécier la chansonnette, oublieuses de leur propre personnage. Ces passages sont alors révélateurs du problème principal du film : tout le monde regarde tout le monde jouer.

Trop de stars tue les stars.

 

2e

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Festival des 3 continents 2010

F3C2010Christoblog sera en direct (et accrédité) au 32ème festival des 3 continents, à Nantes, du 23 au 30 novembre 2010.

L'occasion de faire le plein de films souvent vus et/ou primés dans les grands festivals (Cannes, Berlin, Venise, Locarno...).

J'essaierai de voir au moins la moitié des films en compétition, à savoir :

108-Cuchillo de palo de Renate COSTA (Paraguay)
Gesher de Vahid VAKILIFAR (Iran)
Jean Gentil de Laura Amelia GUZMÁN & Israel CÁRDENAS RAMÍREZ (République Dominicaine)
Los abrazos del rio de Nicolás RINCÓN GILLE (Colombie)
Novena de Enrique COLLAR (Paraguay)
Post Mortem de Pablo LARRAÍN (Chili)
The ditch de WANG Bing (Chine)
The fourth portrait de CHUNG Mong-Hong (Taiwan)
The high life de ZHAO Dayong (Chine)

D'autres films hors compétition paraissent très intéressants, comme Mundane History, le premier film de l'autre thailandais : Miss Anocha Suwichakornpong. A noter également des rétrospectives Ali Khamraev (cinéaste ouzbek) et une intégrale sur le grand réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambety.

Le site officiel du F3C.
 

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Festival d'automne : les résultats

Feuille morte d'Or :

Avec 59 points, 6 premières places, 2 deuxièmes et une troisième sur 9 votes, Potiche emporte haut la main le titre de meilleur film de ce premier festival sur Christoblog.
 
La lutte fut rude pour la deuxième place qui revient finalement à Buried (43 pts).

 Vénus noire, Biutiful et The American sauvent les meubles grâce au talent de leur réalisateur (39, 35 et 35 pts), alors que Rubber et Des filles en noir, pourtant des succès critiques, ferment la marche (22 et 19 pts)

 
Les blogueurs participants ont distingué Mystères de Lisbonne de Raoul Ruiz en le citant 2 fois pour le Prix spécial du jury.


 
Meilleure actrice :

Citée 8 fois sur 9, la grande Catherine Deneuve survole le festival (comme les Césars ?), ne laissant que des miettes à Léa Tessier (Des filles en noir) et Yahima Torres (Vénus noire), 2 pts.
Sont citées 1 fois chacune les femmes de Uxbal (Biutiful) : son épouse Maricel Alvarez et sa fille Hanaa Bouchaib.
La prostituée au grand coeur de The American, Violante Placido obtient une voix.

Meilleur acteur :

Côté acteur, les votes sont (un peu) plus répartis.
Le jalousé mari de Scarlett Johansson, Ryan Reynolds (Buried) gagne avec 7 nominations.
Le minotaure patibulaire, Javier Bardem (Biutiful) sauve l'honneur avec 4 voix.
Suivent avec une citation, André Jacobs (Vénus noire), George Clooney (The American) et une trilogie issue de Potiche : Jérémie Rénier, Gérard Depardieu et Fabrice Luchini.

Si vous avez aimé le festival d'automne, alors vous adorerez le festival d'hiver sur Christoblog. Plus long (5 semaines entre début février et fin mars), plus dur (8 à 10 films), plus complet (avec de nouveaux prix).

Des noms qui font saliver et qui apparaitront sur les écrans à cette époque : Philippe Katerine, les frères Coen, Léa Seydoux, Danny Boyle, Cédric Klapisch, Colin Firth, Owen Wilson, Jeff Bridges, Josh Brolin, Manoel de Oliveira, Hong Sang-soo, Daren Aronofsky, Tron, Karin Viard, Carey Mulligan, Dany Boon (?), Eva Mendes, Keira Knightley, Benoit Poelvoorde, Jack Black, Harrison Ford, Natalie Portman, et beaucoup d'autres.

La liste des films sera annoncée fin décembre ou début janvier sur Christoblog (les dates de sortie bougent encore beaucoup actuellement). Tenez vous prêts !

Hep, hep : merci aux 8 participants, Anna, ffred, pierreAfeu, heavenlycreature, Bob Morane, Anarion, Fritzlangueur et Gagor, qui recevront par mail le détail des votes et qui pourront voir qui a voté pour qui. Ca va être Règlements de comptes à OK Corral !

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Le monde sur le fil

Carlotta FilmsExpérience bizarre hier soir au Katorza dans le cadre du festival du cinéma allemand.

3h25 de projection pour visionner un film retrouvé de Rainer Werner Fassbinder, datant de 1973, et réalisé pour la télévision.

Le scénario est diabolique. Un savant qui a conçu un ordinateur super-puissant capable d'engendrer un monde virtuel peuplé de quasi-humains disparait mystérieusement. Il est remplacé par son adjoint. Des choses bizarres se passent, des interactions entre les deux mondes se produisent : et si le vrai monde était lui-même la création d'une machine encore plus puissante ?

En 1973 Internet n'existait pas et les jeux vidéos non plus. Le film est donc véritablement révolutionnaire et annonce par son sujet Matrix, Avatar et Inception.

Comme d'autres films de Fassbinder il a malheureusement mal vieilli. Certaines scènes sont vraiment ridicules (la chute de la palette de briques, le berger allemand, la mort finale sur le toit de la voiture) et la longueur du film rend certains passages un peu longs difficilement supportables.

Et pourtant on ne peut qu'être absolument bluffé par certains aspects de mise en scène réellement virtuoses, à base de jeux de miroir d'une infinie complexité et filmés par une caméra vive et tournoyante. On retrouve ainsi par éclair des éclats du génie de Fassbinder, servi ici par une pléiade d'acteurs de bon niveau, à commencer par le héros joué par Klaus Lowitsch, bloc d'intelligence et de raison au milieu d'un univers d'étrangeté. Les personnages affichent pour certains des visages de pantin, ou portent des vêtements bizarres, dans un Paris giscardien résolument moderno-kitsch-lynchien à la sauce 73.

Bref, une curiosité pour cinéphile que je suis content d'avoir vue, mais que je ne conseillerais pas à mes amis. 

 

2e

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Bizarre, bizarre

Dernière séance aux Utopiales 2010 pour les films primés par le jury. Le court métrage récompensé est assez drôle. Il était une fois l'huile simule un film de promotion institutionnel sous la forme d'un film d'animation. Il est réalisé par Winshluss, dessinateur de BD et cinéaste, de son vrai nom Vincent Paronnaud, connu pour avoir réalisé avec Marjane Satrapi Persepolis. Très agréable, caustique et azimuté.

Vient ensuite le long-métrage récompensé par le jury.

 

Earthling (Clay Liford / pas de sortie en France prévue)

 

http://bigfanboy.com/wp/wp-content/uploads/2011/09/earthling-poster.jpgEarthling est un film intéressant, bien qu'imparfaitement réussi.

Au rayon des + : une ambiance poétique, une bonne maîtrise de la mise en scène, des acteurs convaincants.

Au rayon des - : une visualisation de l'entité étrangère assez ringarde (on dirait un virus du SIDA pour élève de seconde) et un scénario qui perd un peu les pédales sur la fin. En gros, on y comprend pas grand-chose.

Pour ma part je n'ai été touché que de loin (euphémisme) par cette histoire d'extraterrestre qui s'ignore, certes peu conventionnelle et assez bien menée, mais souffrant des lacunes citées plus haut qui limiteront forcément l'audience du film. On est quelque part entre Rivette et Cronenberg si vous pouvez imaginer ça : l'intrigue SF n'est révélée que parcimonieusement, au travers de dialogues qui insistent plus sur les relations entre les personnes que sur la résolution d'une intrigue potentiellement passionnante (vous voyez, l'amour et ce genre de choses...). Encore un film qui ne sortira probablement jamais en France, mais pour le coup je comprend pourquoi.

Dans la compétition des Utopiales 2010, j'ai préféré le malicieux Mars, de Geoff Marslett, qui, lui, mériterait une audience plus large.

 

1e

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Le navet et le bijou rotoscopé

Deuxième journée aux Utopiales 2010.

 

Glenn, the flying robot (Marc Goldstein / pas de sortie en France prévue, heureusement !)

La journée commence avec un film belge particulièrement raté. Regroupant pourtant quelques acteurs d'importance, dont Billy Boyd (Pippin dans le Seigneur des Anneaux) et Gérard Depardieu, le film est d'un amateurisme sidérant, cumulant les imperfections dans tous les domaines : effets spéciaux particulièrement moches, acteurs jouant très mal, scénario brinqueballant, musique hyper-démonstrative.

Par charité on écoute le réalisateur nous parler après le film, mais ce dernier est à l'image de son film : superficiel et relativement incohérent. Je n'ai jamais vu un réalisateur à la fois donner autant de détails sur son film (5 ans de travail, 2 millions d'euros) et le défendre aussi mollement. Marc Goldstein finit même par demander notre avis : "Diriez vous que le film est grand public, ou non ?". Il répond à côté des questions et n'est même pas capable de nous dire pourquoi et comment Depardieu a échoué dans une telle galère. A la fois réalisateur, scénariste et producteur, Goldstein a visiblement manqué d'un regard extérieur pour l'aider à y voir clair sur la qualité de son oeuvre.

Le film est vendu aux US et en Allemagne (direct to DVD dans les deux cas) mais pas en France ni en Belgique, on comprend pourquoi.

Fascinante expérience de discours flottant.

1e

 

Mars (Geoff Marslett / pas de sortie en France prévue, malheureusement !)

http://filmmakermagazine.com/news/wp-content/uploads/2010/03/Mars-375x210.jpgHeureusement le deuxième film de la journée est bien plus intéressant. Vu et apprécié dans de très nombreux festivals, Mars est un petit bijou improbable qui fonctionne parfaitement bien. Son mode de réalisation est très particulier : il utilise la rotoscopie, comme Valse avec Bachir.

L'univers graphique est particulièrement réussi, mais c'est surtout son ton, distancié et très second degré, qui emporte l'adhésion.

L'histoire est folle : trois astronautes vont découvrir la vie sur Mars, sur fond de compétition entre la NASA et les Européens. Tout ce petit monde est particulièrement gratiné (astronautes incompétents mais attendrissants, président des Etats Unis en stetson et fumant le cigare, journalistes de la télé idiots, responsable de la NASA ignoble, petites bestioles se développant sur Mars à partir de glaires russes) mais le film évite à la fois la facilité et la vulgarité, pour filer brillamment son scénario avec une tendre légèreté.

La salle éclate de rire à plusieurs reprise et ressort conquise : une vraie et franche réussite qui je l'espère ne subira pas le sort (direct to DVD) du beau Moon distingué l'année dernière aux Utopiales.

4e

 

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Le roi des ronces

C'est parti pour les billets de Chistoblog en direct des Utopiales 2010.

 

Tron : l'héritage (Joseph Kosinski / sortie 2 février 2011)

Walt Disney Studios Motion Pictures FranceDebout tôt ce matin pour aller voir les 20 premières minutes de Tron l'héritage, la suite du film de 1982, réputé être le film le plus cher de l'histoire des studios Disney. Il pleut des sauts d'eau à Nantes. Petit comité au Gaumont. On nous explique la chance qu'on a et il y a dans la salle 3 malabars du genre aussi large que haut, et dont la seule utilité est de nous scruter pendant la projection... pour vérifier que personne ne filme en douce.

Impressionnant.

Sinon le film se présente comme une véritable suite de l'opus initial : Sam Flynn retrouve son père (Jeff Bridges reprend le rôle) dans son univers virtuel.

Les extraits ne concernaient que la première partie. Pas très facile de se faire une idée précise en 20 minutes, mais si le scénario à l'air comme ça d'un grand classicisme, l'univers virtuel est lui assez réussi, sombre, déclinant des tonalités de noir et de gris, zébrées de couleurs fluo jaune, orange, bleu clair. Le tout donne une impression 80's modernisées assez curieuse. Pas évident non plus de se faire une idée de la BO de Daft Punk. La 3D est assez belle... on verra bien en février.

 

King of thorn (Kazuyoshi Katayama / sortie DVD en 2011)

http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQFTh9HwS0kXYuotx6mUWYDxtSAW0l3wv_CYaA_Bw8GkvoVIQpHA 13h30 retour à la cité des Congrès. Grosse affluence (500 personnes ?) juvénile pour cet anime tiré d'un manga en 6 volumes. Le réalisateur, très connu au Japon, a entre autre travaillé avec Miyazaki sur Nausicaa.

Le début est très plaisant, mélangeant douceur, atmosphère fin du monde, puis survie dans un monde hostile.

Le prétexte est intéressant : 160 personnes sont cryogénisés alors qu'une épidémie meurtrière sévit sur terre. Il se réveille alors que le château où ils dormaient est envahi par des ronces géantes (d'où le titre, thorn = ronces) et de sales bestioles. La plupart des survivants meurent rapidement dans une désopilante scène où ils se pressent pour prendre un ascenseur qui n'existe pas.

Après ce début franchement réussi, le film devient embrouillé avec des niveaux de rêves intriqués qui font passer Inception pour de la rigolade simpliste. A partir de ce moment j'ai un peu décroché même si la réalisation reste de grande qualité avec des images à forte charge poétique.

2e

 

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Rubber

Rien de pire qu'un film-concept qui ne s'assume pas.

Rubber pourrait pleinement assumer son pitch de base, aussi fumeux soit-il : filmer un pneu tueur et télépathe. Mais non, activant un vieux réflexe français (intellectualiser à tout va), Dupieux ajoute une laborieuse mise en abyme accompagnée de tics pontifiants (cette intro qui ne rime à rien) qui plombent absolument le film en l'enfermant dans un format qui le rapproche plus de l'art contemporain que du cinéma.

Au final Rubber oscille entre ambition artistique avortée (que certains pourront prendre pour de l'outrecuidance), amateurisme (Dupieux n'est pas encore véritablement réalisateur) et ridicule. 

 

1e

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Festival d'automne : vous avez jusqu'au 17 novembre pour voter

festivaldautomneVous devez me retourner de façon confidentielle (en utilisant le lien "Ecrire à l'auteur" à droite) votre liste des 7 films suivants interclassés de 1 à 7 (du meilleur au moins bon) : Biutiful, Vénus noire, The american, Des filles en noir, Buried, Rubber, Potiche, avant le 17 novembre minuit. Le premier film de votre liste se verra gratifié de 7 points, le second 6 points, etc. Le film cumulant le plus de points sera sacré Feuille morte d'or, celui en ayant le moins Cuillère de bois.
Je mettrai régulièrement à jour à la fin de cet article les réponses valides reçues.

Attention : la règle du joker est supprimée, mais, vous pouvez assortir votre classement d'un "Prix spécial" attribué à un film ne faisant pas partie de cette liste mais dont la sortie a eu lieu entre le 20 octobre et le 10 novembre. Le film ayant récolté le plus de mention de ce type sera distingué dans le résultat final.

Votre message doit de plus comporter vos propositions pour le prix de meilleur acteur (2 noms max) et meilleure actrice (2 noms max). L'acteur et l'actrice cumulant le plus de citations seront distingués.

La proclamation des résultats aura lieu le 18 novembre. Les classements de chacun seront alors rendus publics. ET, à cette date seront annoncées .... les dates du fabuleux, du fameux, du déjà très attendu festival d'hiver (Brrrr).

Ont voté : Chris, ffred, Anna, Pierre, Gagor, heavenlycreature, Bob Morane, Anarion, et FritzLangueur

Il ne reste plus que quelques heures.... rendez-vous cette nuit, vers minuit, pour les résultats.

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Potiche

Etonnant et jouissif.Je n'attendais pas grand-chose de Potiche. Une collection de personnalités frenchies bankable pour un salmigondis indigeste : j'avais déjà prévu l'intro de ma descente en flamme.

Et puis zut, je me suis passablement marré. Catherine Deneuve y trouve probablement le meilleur rôle de sa fin de carrière : elle y déploie une palette très étendue, épouse bafouée, femme de tête, politicarde, ex-nymphomane, en gardant toujours un maintien absolument parfait et un positivisme renversant. Toute en subtilité. Du grand art : triple bravo !

Luchini est parfaitement en phase avec son personnage, goujat archétypal, et  son association avec Karin Viard est très plaisante. Judith Godrèche et Jérémie Renier sont parfaits. Seul Depardieu est une fois de plus un ton en-dessous, et son embonpoint augmente dramatiquement à chaque film : d'ici peu, il devrait avoir explosé comme l'obèse du Sens de la vie, des Monty Python.

L'intrigue se déroule tranquillement dans une atmosphère boulevardière agréable, et délicieusement pimentée à la sauce seventies. On a droit à des allusions à l'actualité (casse toi pauv'con) et à une réflexion finalement assez intéressante sur ce qui a changé (ou pas) depuis ces années-là.

Ozon affiche un mauvais goût assumé et adulte qui tranche franchement sur les tergiversations habituelles d'un certain cinéma français. Cet aspect du film, qui rappelle par plusieurs côtés les audaces de  Demy (les couleurs, les sentiments - et les retours de bâton - assumés, les chansons, Catherine Deneuve), est le plus intéressant. Il culmine dans une dernière scène abracadabrante mais parfaite.

Film concept et film plaisir, film sûr de lui et pas si bête  : il faut aller voir Potiche.

 

3e

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La princesse de Montpensier

Mélanie Thierry. StudioCanalQuelque chose ne va pas dans ce film. En y réfléchissant longuement (au moins 10 minutes) je pense que c'est le casting.

Mélanie Thierry a le charisme d'une huitre et les minauderies timidement esquissées du haut de son 1,60 mètre ne font pas sentir du tout le vertige de l'amour absolu que le scénario dessine pourtant de façon subtile.

Grégoire Leprince-Ringuet est encore plus mauvais que d'habitude, marmonnant dans sa barbe des paroles inaudibles tout en souffrant de la comparaison avec son inférieur (théorique) dans le film : Lambert "Thibérine" Wilson, encore tout habité par la grâce.  En somme on dirait que Tavernier s'est désintéressé de ses personnages pour se concentrer sur les costumes, les décors, les scènes de guerre, toutes choses par ailleurs assez bien montrées.

Au final, la vision du résultat constituera une bonne soirée pour lectrices de Télé7jours lors du passage en clair sur TF1.

 

2e

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Moi, moche et méchant

Universal Pictures International FranceMoi, moche et méchant est une réussite. Sur le créneau très disputé de l'animation pour les enfants, mais qui peut aussi fonctionner pour les adultes, pas facile de se renouveler après les Shreck, Age de glace et Toy story. Gru et ses acolytes y parviennent assez facilement.

Ce n'est pas par l'intrigue que le film se distingue : celle-ci est assez classique et le méchant, qui au fond de lui-même ne l'est pas vraiment (évidemment !), est plutôt sympathique et rigolo. Les petites filles orphelines finiront par trouver en lui le père qui leur manque dans un inévitable happy end.

Non, c'est dans les à côtés qu'il faut chercher les pépites. Et d'abord dans la vraie trouvaille du film, les minions, sorte de patates jaunes à un ou deux yeux, stupides et craquantes à la fois. L'environnement de Gru est également parfaitement réussi : voiture, avion, maison et fusée déclinent une esthétique cohérente et assez neuve, à mi-chemin entre Batman et James Bond. Les personnages secondaires sont très réussis aussi (superbe Vector).

Bref un coup d'essai transformé pour Universal qui vient chasser pour la première fois avec succès sur les terres de Pixar (second degré, perfection visuelle, montage rythmé, émotion). A noter que la France est fortement présente dans le film (le réalisateur Pierre Coffin est Français et le gros de l'animation a été réalisée dans un studio parisien). Une suite est annoncée, on espère y retrouver encore plus de minions. A noter que j'ai vu le film en 3D et qu'elle est parfaite, ce n'est pas si fréquent.

3e

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Une femme coréenne

Attention chef d'oeuvre.

Je ne m'attendais pas à grand-chose en visionnant ce film de Im Sang-soo. Allait-il ressembler à la meilleure veine de ce réalisateur (le très beau Vieux jardin) ou à celle, baroque, que j'aime moins (The housemaid, The president's last bang) ?

Réponse : au Vieux jardin, en mieux encore.

Impossible de raconter l'intrigue sans en déflorer les rebondissements principaux : sachez seulement qu'on suivra les destinées d'un avocat, de sa femme qui ne trouve plus sexuellement son compte dans leur relation, d'un jeune lycéen amoureuse de cette dernière, du père de ce dernier, de la maîtresse de l'avocat qui jouit en se frottant sur le dos de ces partenaires, de la mère de l'avocat qui trompe son père et connait son premier orgasme à 60 ans, de son père qui meurt sous nos yeux dans des circonstances effroyables (à la Pialat, ceux qui verront le film comprendront), de l'enfant adopté de l'avocat et de sa femme, d'un pauvre bougre qui conduit ivre son scooter, etc.

Bref le film est un drame à l'ancienne, comme les italiens savaient si bien en faire dans les années 60/70, qui mêle avec brio tous les genres : comédie, érotisme, tragédie, chronique sociale et politique. Film somme (et pourtant seulement le troisième de Im Sang-soo, et son premier vraiment connu en Europe), Une femme coréenne est un bijou que je vous conseille fortement : scénario en béton, mise en scène souveraine, et les acteurs sont splendides et d'une rare sensualité (l'acteur et l'actrice principaux jouent également dans The housemaid).

 

4e

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Des filles en noir

Elise Lhomeau et Léa Tissier. Les Films du LosangeDe tous les films vus récemment au cinéma, Des filles en noir est sans conteste le plus honnête, le plus humble, le plus vrai, et partant, le plus beau.

Bien sûr le film comporte quelques imperfections que je vais rapidement évoquer : des seconds rôles qui jouent pour certains assez faux surtout au début du film (la proviseur, l'infirmière, l'oncle trentenaire), un scénario qui, bien qu'efficace est inégal, et quelques rares maladresses. Voilà, on peut gloser et détailler ces quelques défauts tout au long d'un article : c'est ce que j'aime faire habituellement ! Mais dans ce cas, d'autres l'ont fait.

Une fois n'est pas coutume, je vais essayer d'expliquer pourquoi le film m'a touché.

D'abord j'ai trouvé le jeu des deux actrices absolument remarquable. A force de voir des professionnels aligner les mêmes trucs ou adopter l'inexpressivité comme ligne de jeu (Vénus noire, Biutiful), j'avais fini par oublier ce qu'un regard, une fossette qui se creuse, une larme qui coule, deux visages qui se rapprochent, peuvent exprimer, quand les actrices pétrissent leurs sentiments avec une rage brute et adolescente. Léa Tissier est en particulier impressionnante. 

Ensuite, je n'avais pas lu une ligne sur le scénario et le film m'a scotché comme un thriller psychologique. Vont elles le faire ? Oui, non, pourquoi ? Et après le pivot central du film (qui m'a laissé en pleurs, et hébété, car je ne m'y attendais pas du tout) comment le film pouvait il évoluer ? Il le fait à mon sens magistralement; trouvant une voie étroite et convaincante.

Jeu de miroir

Enfin, j'ai réellement adoré certains aspects de la mise en scène, bluffante à bien des égards : travellings lents et circulaires, respiration dans les plans et entre eux (très beaux fondus), maîtrise discrète de mouvements complexes (le match de foot, la crise nerf, et d'autres), jeu avec les miroirs splendides.


Sur ce dernier point je pourrais détailler très longuement mon point de vue (cf photo choisie ci-dessus) mais par exemple :  la scène chez la prof de musique est fabuleuse sur ce point, premier miroir à l'entrée, puis illusion d'une scène filmée normale, puis découverte que cette scène se joue dans un miroir, etc..  La thématique du reflet est en parfaite résonance avec le film : celui-ci ne raconte-t-il pas comment Noémie se mire dans Priscilla (ce plan magnifique en ombre chinoise ou les deux visages se reflètent presque parfaitement), jusqu'au moment où le miroir se brise ? 

En bref j'ai beaucoup aimé le film. Ses défauts me le rendent encore plus attachant. J'y ai ressenti la même qualité de sensation que dans 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Même élégance, même sobriété dans la façon de filmer le drame, même tension psychologique (ce que je redoute va-t-il se passer ?), même intensité dans le jeu de l'actrice principale, mêmes scènes décalées de repas convivial arrivant au climax de la tension psychologique, même plan lointain et sobre après le drame sur ce que vous savez, même type de vérisme social. Et c'est aussi une photo de miroir qui illustre ce film dans mon esprit. Et dans mon article.

De belles critiques sur le film :
Le Monde, Télérama, LibérationLes Cahiers du Cinéma, Les Inrocks, Le Point

3e

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