Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Articles avec #belgique

Le syndrome des amours passées

Le nouveau film du duo Ann Sirot et Raphaël Balboni (Une vie démente, Trop Belge pour toi) est une comédie décalée et tendre, au rythme plaisant.

La mise en place est rapide et particulièrement loufoque. Sandra et Rémi n'arrivent pas à avoir d'enfant, mais un congrès de chercheurs à Seattle  apporte une lueur d'espoir : si les deux partenaires recouchent avec tous leurs ex, alors les choses peuvent changer !

Le sujet est graveleux (elle a sur le papier en gros 25 "missions" à concrétiser, alors que lui n'en a que 3) et on pourrait craindre un traitement un peu lourd. Hors le film est tout l'inverse : il est léger, tendre, cocasse et souvent poétique. Les problèmes habituels liés à la sexualité (ego, jalousie) semblent ici ne pas exister, ce qui donne au film une tonalité d'étrange bienveillance, très agréable.

Les actes sexuels sont tous évoqués sous formes de chorégraphies sensuelles un peu décalées et très réussies. La fin de l'histoire n'est évidemment pas du tout celle à laquelle on s'attend (même s'il y est question d'enfants). On sort de la séance régénérés et de bonne humeur.

Une comédie légère, pimpante et intelligente.

 

2e

Voir les commentaires

Dalva

Sur un sujet extrêmement casse-gueule, Emmanuelle Nicot réussit un premier film puissant et lumineux.

Dalva, jouée par l'incroyable Zelda Samson, est une jeune fille de 12 ans qui vit complètement isolée, et que son père grime en femme pour abuser d'elle. Lorsqu'elle est arrachée à son géniteur, Dalva est dans le déni : elle ne voit pas où est le problème (elle déclare "aimer" son père incestueux), et surtout, elle est complètement déphasée par rapport aux autre jeunes filles du centre d'accueil où elle est placée.

Filmer une telle histoire nécessite un parti-pris radical et une sensibilité exacerbée : la réalisatrice met les deux en oeuvre en filmant toute l'histoire du point de vue de Dalva. La caméra, mobile, souvent portée à l'épaule, suit Dalva dans les méandres de son émancipation, respectueuse et discrète.

Dalva est court (1h30), précis et redoutable. Il explore la monstruosité de cette relation perverse avec lucidité et une grande empathie. Le travail de la justice et des éducateurs est très bien montré.

Un formidable premier film, que je vous recommande chaudement.  

 

3e

Voir les commentaires

Les huit montagnes

De quoi Les huit montagnes est-il le film ?

Tout au long de ses (parfois longues) 2h et 27 minutes, chacun pourra proposer sa réponse. Certains y verront une fresque mollassonne exaltant des valeurs qu'ils considèrent comme gnangnan (l'amitié, la primauté de la montagne sur les villes).

Personnellement, j'y ai plutôt vu le portrait d'une génération qui cherche un sens à vie et ne le trouve pas, ne trouvant un repos de l'esprit qu'immergé dans la nature. Avec un sujet pareil, il ne faut évidemment pas s'attendre à des rebondissements perpétuels : il sera surtout question d'hésitations, d'erreurs, d'occasions manquées, d'amours avortés, de pères absents, et de temps qui passe (sur les visages, les décors, les maisons). Bref Les huit montagnes est peut-être le film du manque, ou du ratage.

D'une facture très classique, la production du couple Felix van Groeningen / Charlotte Vandermeersch ne ravira donc pas les esthètes en quête de nouveauté stylistique ou de scénario haletant, mais comblera les spectateurs souhaitant se laisser entraîner dans un long récit romanesque, se déroulant dans un cadre somptueux.

Je cherche dans ma mémoire, mais je crois bien n'avoir jamais vu la montagne aussi bien filmée au cinéma.

Felix Van Groeningen sur Christoblog : La merditude des choses - 2009 (***) / Alabama Monroe - 2012 (***) / Belgica - 2016 (**) / My beautiful boy - 2019 (*)

 

3e

Voir les commentaires

Close

Dieu sait si j'avais apprécié le premier film de Lukas Dhont, Girl, que j'avais découvert avec émerveillement dans la section Un certain regard du Festival de Cannes 2018.

C'est donc avec une grande impatience que j'attendais le deuxième film du jeune Belge, présenté cette fois-ci en compétition officielle, à Cannes 2022.

Pour commencer, il faut dire que ce deuxième film possède bien des qualités que l'on découvrait avec stupéfaction dans Girl : une sensibilité à fleur de peau, une faculté hors du commun pour capter les toutes petites émotions du quotidien et une empathie générale qui englobe tous les rôles sans exception (et jusqu'à la nature dans ce film). Ses qualités s'expriment aussi bien à travers la mise en scène (précise, épurée, élégante) que par la photographie, magnifique.

Cette histoire d'amitié floue entre deux jeunes garçons est donc tout à fait estimable et emporte globalement l'adhésion, tant la délicatesse qui l'irrigue est exceptionnelle dans le cinéma contemporain.

Il est toutefois assez nettement en retrait de son prédécesseur par certains points. L'évènement central autour duquel pivote le film est un peu lourdement amené, et ne m'a pas entièrement convaincu. La deuxième partie du film m'a paru de fait un peu plus convenue que la première, même si l'interprétation d'Emilie Dequenne y atteint des sommets. La répétition de certaines scènes (les courses dans les champs) peut aussi lasser, ainsi que l'étiolement d'un scénario qui, à force de vouloir éviter le sujet principal du film, finit peut-être par le rater.

Un film lumineux, réduit à l'os, dans lequel tout ce que l'on voit passe par le regard de Léo, joué par un jeune acteur fabuleux, Eden Dambrine, et une deuxième brique intéressante dans une carrière qui s'annonce riche et passionnante.

Lukas Dhont sur Christoblog : Girl - 2018 (****)  

 

2e

Voir les commentaires

Mon nom est clitoris

Sortie DVD

Rien de bien original dans ce premier film des jeunes cinéastes Daphné Leblond et Lisa Billuart Monet : une dizaine de jeunes filles, filmées dans l'intimité de leur chambre, parlent de leur sexualité. On se dit que l'idée est à ce point simple qu'il n'est pas possible que quelqu'un ne l'ait pas déjà eue. 

Si le procédé est pour le moins basique, le résultat est frappant. Les témoignages face caméra sont à la fois légers, profonds et émouvants. Bien qu'il n'y soit révélé aucun élément vraiment renversant, la fraîcheur et la spontanéité de chacun des entretiens rendent le film très attachant : on y mesure instantanément l'étendue des progrès qu'il reste à faire sur la connaissance qu'ont les filles de leur sexe, sur le consentement ou sur le rôle de l'école.

L'intérêt de Mon nom est clitoris ne résulte donc pas des quelques séquences qui ponctuent les séquences de témoignages, assez convenues même si certaines sont utilement pédagogiques, mais bien dans le discours sans fard et la personnalité des jeunes interviewées. Certaines sont incroyables de perspicacité et de maturité.

Une des forces du film est aussi de mettre en évidence les points communs entre les différentes expériences, au-delà des spécificités de parcours. Le montage, qui montre les différentes réponses à la même question, est de ce point de vue très habile.

Un travail indispensable qui gagnerait à être largement montré dans les écoles. A noter dans les bonus du DVD une belle séquence sur les retrouvailles de six des interprètes, quatre ans après le tournage.

 

3e

Voir les commentaires

Filles de joie

Beau et sensible portrait de trois femmes, Filles de joie se distingue par un montage très intelligent et un sens du rythme qui ne se laisse jamais prendre en défaut.

Si le sujet (la prostitution) a déjà fait l'objet de mille traitements au cinéma, il trouve ici une déclinaison "près de chez vous" assez originale. Les trois actrices sont formidables et font de ce film une oeuvre profondément féminine, plus encore que féministe. Sara Forestier est vulnérable, sexy, vulgaire, énervée. Noémie Lvovsky est incroyable en pute mature mère de famille et Annabelle Lengronne, révélation du film, est explosive.

Les hommes n'ont évidemment pas le beau rôle dans ce tableau : ils sont au mieux faibles, au pire pervers.

La prostitution de proximité en Belgique est montrée ici sous un angle quasi documentaire par Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevitch, qui donnent à voir un tableau du Nord foncièrement réaliste. Filles de joie se termine par une très jolie scène, pleine de joie et de légèreté, efficace et agréable, à l'image du film.

Je le recommande chaudement.

 

3e

Voir les commentaires

Le jeune Ahmed

Drôle de film que le dernier Dardenne. 

Le jeune Ahmed commence comme un tableau plutôt gentillet et réaliste d'une radicalisation somme toute innocente, car concernant un enfant.

La façon dont le film bascule assez vite dans l'impensable constitue sa grande force. On est littéralement sonné par l'acte d'Ahmed, qu'on ne comprend pas et que notre esprit n'arrive pas à envisager, alors que finalement tout a été mis bien en évidence sous nos yeux.  Cette contradiction est poussée à son comble lors du deuxième épisode du même type, qui génère une tension psychologique hors du commun.

Suivant obstinément leur idée initiale, dans un style réaliste servi par une mise en scène déliée, les Dardenne arrive cependant dans un cul-de-sac narratif. Le jusqu'au-boutisme d'Ahmed est tellement brut et limpide qu'il envoie le scénario dans un mur, et amène le film à se terminer sur une pirouette guère satisfaisante, qui semble l'écourter artificiellement.

Le jeune Ahmed ne ressemble pas tellement aux autres films des Dardenne : son caractère d'épure un peu sèche n'a pas grand-chose à voir avec la densité et la complexité de leurs oeuvres les plus remarquables (Le gamin au vélo par exemple). La stimulation intellectuelle qu'il génère est toutefois agréable.

 

2e

Voir les commentaires

Duelles

Excellente surprise que ce film belge délicieusement rétro. Tout est parfait dans ce revival de film noir des années 50 : le scénario machiavélique, les couleurs pétantes, la reconstitution d'époque, le jeu des deux actrices principales, la mise en scène inventive toute en symétrie.

Le réalisateur Olivier Masset-Depasse dépasse (!) ce qui aurait pu être un exercice de style brillant pour nous entraîner beaucoup plus loin, quelque part entre le Hitchcock de Vertigo et le Clouzot des Diaboliques. En voyant ce type de films, je me prends à mesurer à quel point les scénarios des films d'aujourd'hui sont timorés en matière d'imagination et de noirceur, à part bien entendu dans le cinéma asiatique. 

Si le film est une pleine réussite, c'est en grande partie grâce à ces deux actrices : la brune Veerle Baetens (qu'on a vu dans Alabama Monroe et Les Ardennes) répond parfaitement à la blonde Anne Coesens, par ailleurs épouse dans la vie du réalisateur.

Duelles impressionne par sa compacité et la cohérence de son projet artistique. Je le conseille vivement.

 

3e

Voir les commentaires

Girl

Il est assez rare d'éprouver au cinéma un sentiment de plénitude artistique aussi fort que celui que procure la vision de Girl.

Tout en effet est quasiment parfait dans ce premier film du Belge Lukas Dhont : l'interprétation magistrale de Victor Polster, la pertinence du montage, la justesse des seconds rôles, la progression millimétrique de l'intrigue jusqu'à la conclusion bouleversante, la fluidité élégante de la mise en scène, la beauté de la photographie douce et dure à la fois.

Si Girl s'impose désormais comme le film de référence dans le domaine transgenre, il sublime également sa thématique (comme l'a fait La vie d'Adèle) pour donner à voir une destinée individuelle absolument captivante.

L'un des éléments qui donne au film sa force incroyable, c'est que les "méchants" sont quasiment absents du film : tout le monde est bienveillant envers Lara (à part certaines de ses copines). Le seul ennemi de Lara est à l'intérieur de Lara et sera vaincu par Lara. Girl peut aussi être vu comme une lutte de l'esprit contre le corps, dans l'exercice de la danse comme dans l'apprentissage de l'amour.

Girl est le plus beau film que j'ai vu à Cannes en mai dernier. Il y a gagné la Caméra d'Or et Victor Polster le prix d'interprétation dans la section Un certain regard. 

C'est un film magnifique. Vous ne devez le rater à aucun prix.   

 

4e 

Voir les commentaires

Beau Séjour

Le pitch de cette série flamande semblait plutôt sympa : une jeune adolescente assassinée se réveille morte et assiste en tant que fantôme à l'enquête concernant son propre meurtre. Elle est invisible pour la plupart de l'humanité, sauf pour quelques proches.

Sur cette base osée, Beau Séjour déroule une intrigue classique, mélange d'ambiance glauque (tendance The killing) et d'enquête balisée (tendance... un peu toutes les séries dont l'élément fondateur est un meurtre).

Le résultat n'est pas déplaisant, mais n'est pas non plus très excitant. Le postulat de base (un mort parmi les vivants) n'est curieusement pas ou peu exploité, et c'est la grande déception que génère la série. La présence du fantôme de la jeune héroïne Kato n'est pas utilisé de façon dramaturgique, sauf dans une belle scène dans laquelle son père (qui est censé la voir) fait croire à sa mère (qui ne la voit pas) qu'elle est présente.

La série se résume finalement à une enquête classique (le meurtrier est comme d'habitude un des proches les plus insoupçonnables), et à une ambiance nordiste qui est sa principale qualité : Beau séjour est en effet une collection de vignettes plus grises les unes que les autres. Paysages ruraux improbables, bars miteux, club de motocross (!?) et supermarché lambda.

NI génial, ni spécialement novateur, mais relativement efficace.

 

2e

Voir les commentaires

Noces

On aura rarement autant ressenti le poids des traditions tribales et familiales que dans ce film. 

La famille de Zahira, d'origine pakistanaise, est bien intégrée en Belgique. Tout le monde dans la famille, est sympathique, ouvert d'esprit. Jusqu'au moment où Zahira doit se marier...

Pas question de religion ici, mais simplement de conventions, et conséquemment, d'honneur, la grande affaire. Se mésallier, dans la communauté de Zahira, c'est perdre la face, et il n'en est simplement pas question. On mesure parfaitement dans le film l'importance relative des droits de l'homme (et de la femme) et de la tradition, et on voit très bien que la vraie différence entre la famille de Zahira et celle de sa copine se situe dans l'inversion de ce rapport.

La grande qualité du film du jeune réalisateur belge Stephen Streker est de montrer tout cela avec une belle empathie envers tous ses personnages, sans didactisme, mais en s'attachant à mettre de la chair et des émotions derrière les réactions de tous les protagonistes. Le scénario parvient à maintenir une intensité dramatique sur la durée, en évitant tous les chausse-trappes inhérents à son sujet.

La jeune actrice Lina El Arabi est absolument renversante, pleine de vie et d'assurance, sorte d'Antigone des temps modernes. La mise en scène est d'une élégance racée, multipliant les bonnes idées (le travail sur la bande-son lors de la fête) et les effets subtils au service de la narration.

On est parfois ébranlés par les arguments ou les attitudes de la famille de Zahira (l'argument du père sur les célibataires dans la société belge, les manipulations de la soeur), jusqu'au dénouement, qui est bouleversant même s'il est attendu. Le générique de fin, à l'image du film, est brillant et glaçant.

Un grand film.

 

3e

Voir les commentaires

La vie est belge

Aller voir La vie est belge, c'est retrouver le goût de comédies anciennes (celles de Gérard Oury par exemple), qui étaient capables d'apporter le sourire et le rire, sans être niaises ou racolleuses.

D'abord, signalons qu'il faut être complètement cinglé pour monter un projet aussi borderline que celui-ci : faire se croiser l'univers de Christophe Honoré (période Chansons d'amour) et celui de Benoit Poelvoorde ! 

La vie est belge insère des morceaux chantés dans son intrigue, qui sont exclusivement des tubes belges, flamands ou wallons. Evidemment, on connaît mieux les seconds : Lio, Plastic Bertrand, Adamo. Le résultat est souvent touchant, et toujours charmant. Quand les chansons se doublent d'une petite chorégraphie, on se croit fugitivement chez Demy, aux USA ou même à Bollywood - c'est super gonflé.

Le scénario suit son sentier avec fermeté et une certaine originalité. La fin du film, bien que consensuelle, brille par son efficacité foutraque et joyeusement débridée, à l'image du très beau générique de fin.

Les personnages féminins sont épatants, les personnages masculins sont souvent délicieusement caricaturaux. 

La vie est belge provoque alternativement rires complices et petites larmes en coin, avec une efficacité et une bonne humeur communicative. 

Plus qu'une curiosité, un super bon moment.

 

3e

Voir les commentaires

Les Ardennes

Au début, on a l'impression d'avoir vu ce type d'histoire mille fois : deux frères, un braquage qui tourne mal, l'un qui s'en sort et l'autre pas.

Que le frère qui échappe à la taule pique la copine de l'autre renforce le sentiment qu'on va assister à un énième ersatz de cinéma social, façon Dardenne (justement), mais en flamand, c'est à dire violent.

C'est d'ailleurs en partie vrai. Dans sa première partie, le film oscille entre de très bons moments lors desquels la sensibilité du casting fait merveille, et d'autres, qui semblent un peu convenus. La mise en scène de Robin Pront s'affirme dès les premiers plans comme tape à l'oeil, et plutôt agréable à regarder, même si elle semble essayer successivement toutes les possibilités de cadrage et de focale que le cinéma permet !

Vers le milieu du film, alors qu'on commence à s'intéresser vraiment à l'issue du conflit larvé entre les deux frères aux personnalités si différentes, Les Ardennes glisse tout à coup vers un tout autre genre : règlement de compte très noir et franchement gore, dans un décor de nature sauvage et inquiétante. Oui, je parle ici des Ardennes, montrées comme si c'était l'enfer sur terre. 

On aura rarement vu récemment au cinéma un décor aussi bien filmé. On peut d'ailleurs presque ranger dans ce décor le formidablement inquiétant acteur Jan Bijvoet, vu dans le décapant Borgman.

Le cinéma de Pront devient alors glaçant et jouissif, pourvu qu'on apprécie les rebondissements sanglants, l'équarissage de corps humain et les twists improbables. Le film rappelle alors un peu ceux du jeune Jeremy Saulnier (Blue ruin).

Avec un coup d'essai aussi frappant, et malgré les imperfections d'un premier film dans lequel il a voulu trop en mettre, Robin Pront semble promis à un grand avenir.

 

3e  

Voir les commentaires

Le tout nouveau testament

Jaco van Dormael n'est pas réellement un cinéaste subtil, mais son film est drôle, réjouissant et longuement blasphématoire. Cela devrait inciter un bon nombre de spectateurs à aller se faire plaisir.

Le tout nouveau testament regorge de trouvailles : l'idée géniale des dates de décès balancées dans la nature (et toutes les digressions que cette plaisanterie autorise), la machine à laver, la création de l'homme, le nombre d'apôtres calé sur les équipes de hockey ou de base-ball.

Chaque personnage est croqué en quelques plans vifs et acidulés, comme dans une Amélie Poulain sous acide.

Si les rapports entre les six personnages se construisent un peu benoitement, le film parvient à maintenir son rythme grâce à un mauvais goût poétique et lourdingue qui pourra rappeler dans ses meilleurs moments les Monty Python : plus c'est gros, plus c'est drôle. Van Dormael se maintient constament à la limite  de la pochade bon enfant et du burlesque (le gorille, l'Ouzbekistan). Il emporte le morceau par ses trouvailles visuelles insensées (la main qui danse, le poisson fluorescent) et la gouaille gourmande de ses bons mots. 

Un film qui fait un bien fou.

 

3e    

Voir les commentaires

Alabama Monroe

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/95/39/32/20462992.jpgLa frontière qui sépare le somptueux mélo et le drame larmoyant de mauvais goût n'est pas bien épaisse, et le nouveau film du cinéaste belge flamand Felix van Groeningen menace de basculer en permanence d'un côté ou de l'autre.

Lui est musicien (dans un groupe de country bluegrass). Elle travaille dans une échoppe de tatouage. De leur amour nait une petite fille, qui tombe malade.

La trame du film est éminemment casse-gueule et pendant toute sa première partie il ne tient guère la route que par la grâce des deux acteurs/trices principaux, qui sont vraiment formidables, et par la virtuosité d'une mise en scène redoutablement efficace. Lorsque commence la deuxième heure du film, le ton change notablement et Alabama Monroe passe alors dans une sphère supérieure. La direction d'acteur, le montage et la mise en scène continuent d'être exceptionnelles mais le scénario prend aussi une épaisseur très émouvante et intrigante. La fin du film est en tout point remarquable.

L'empreinte que laisse la vision de cette belle histoire est persistante, et ce n'est pas seulement le résultat de l'émotion et de la satisfaction esthétique (la photo est magnifique) : la musique hors du temps que joue le groupe contribue à diffuser à travers le film une douce et tendre nostalgie. Les morceaux qui accompagnent plusieurs moment décisifs du film sont vraiment magnifiques.

Le plus beau mélodrame de ces dernières années.

Félix van Groeningen sur Christoblog : La merditude des choses

 

3e

Voir les commentaires

Les géants

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/82/68/60/19720401.jpgVu un soir d'avant-première dans une salle quasi vide du Katorza, je ne peux pas dire que le dernier film de l'acteur Bouli Lanners m'ai fait un gros effet.

Trois jeunes enfants sont abandonnés à eux-mêmes l'espace d'un été dans la campagne luxembourgeoise.

Que font ils ? Ils fument du cannabis, laissent la vaisselle s'empiler, parlent de branlette, se font exploiter par de méchants adultes, recueillir par une gentille dame (comme dans Babar) qui a une fille handicapée et joue du piano, se teignent les cheveux en blond, conduisent une voiture, fracturent une maison, se réfugient dans une cabane en forêt.

Ce n'est pas nul, c'est simplement inconsistant. Les fantômes d'autres cinéastes de l'enfant/adolescent (Van Sant, les Dardenne), autrement plus talentueux, rôdent dans le film.

Seule curiosité : la campagne luxembourgeoise est filmée comme s'il s'agissait de la jungle amazonienne, et c'est assez réussi.

 

1e

Voir les commentaires

La merditude des choses

MK2 DiffusionIl arrive qu'une affiche soit particulièrement trompeuse.

Celle de La merditude des choses (un homme nu sur un vélo) en est un bon exemple. A sa vision on pense au pire à une version belge de Jackass, au mieux à l'image illustrant la chanson Fat Bottomed Girls de Queen.

En réalité La merditude des choses propose un tout autre programme. Il faut imaginer un de ces films réalistes anglais (Mike Leigh, Ken Loach, Shane Meadows) passé au mixeur de la comédie italienne des années 70 (façon Ettore Scola).

C'est drôle, c'est grave, c'est inventif, c'est attachant. Un jeune garçon de 13/14 ans grandit au milieu d'une tribu d'alcooliques fêtards (son père et ses oncles). Il doit gérer les incartades (crades, machos, rigolotes) de la bande. En parallèle le film montre la même personne adulte, devenue écrivain, à la fois victime traumatisée de son passé et passée à autre chose.

Cette partie est peut-être moins convainquante, jusqu'au moment - sublime - de la rencontre à l'hospice, et de l'obligation faite au héros de chanter des chansons paillardes dans un but universitaire.

Sinon les moments d'anthologie égrillardes de succèdent : un Tour de France alcoolisé dans lequel le mont Ventoux au whisky se révèle fatidique, la visite de l'assistante sociale "Fuckodey" dont la petite culotte sera explorée, la course cycliste à poil, le concours de beuverie, etc...

C'est un miracle que cette accumulation de vomi entraîne l'empathie, comme si Bienvenue chez les ch'tis croisait Affreux Sales et Méchants.

Et au final, les deux scènes de père et de fils, courant en baskets neuves dans les champs et apprenant à faire du vélo : ne sont-elles pas les pépites cachées au coeur de la merditude des choses ?

 

3e

Voir les commentaires