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Christoblog

La part des anges

La part des anges a été récompensé par le Prix du Jury au dernier Festival de Cannes. De tout le palmarès, il me semble que c'est un des prix qui prête le moins à contestation.

Au milieu d'une sélection très atone, ou très sombre lorsque les films étaient de qualité, le dernier Ken Loach se distingue en effet par sa cohérence stylistique, l'intelligence de son scénario et sa joie de vivre revendiquée. Ce fut la bouffée de bonne humeur du Festival et à ce titre le film méritait d'être distingué.

Loach démarre en trombe avec une scène hilarante dans une gare : un alcoolique titube sur la voie ferrée alors qu'un train arrive, peinant à remonter sur le quai, alors que le chef de gare l'invective par l'intermédiaire du haut parleur permettant de faire les annonces. C'est à la fois drôle à en mourir (si je puis dire), affligeant, et subtilement porteur de messages (l'autorité est bonhomme, mais distante et impuissante). 

Notre ami porté sur la boisson se retrouve dans une équipe de jeunes délinquants, réunie pour des travaux d'intérêt général. Nous allons suivre tout ce petit monde et un des personnages en particulier : Robbie, joué par un jeune acteur peu connu mais excellent, Paul Brannigan.

La grande habileté de Loach est de bâtir la première partie de son film comme un drame social à l'anglaise (genre dans lequel il excelle), avant de le transformer en aventure picaresque de Pieds Nickelés scottish. Il nous égare ainsi entre émotion, inquiétude, sourire et francs éclats de rire, avec un talent de conteur retrouvé. Il y a dans ce film un peu de ce qui faisait le charme de Looking for Eric, et aussi un air de comédie italienne (le mélange farce et tableau d'une noire réalité sociale).

Un bon moment de détente - et de cinéma - qui fleure bon le pur malt.

 

3e

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The raid

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/95/62/20074884.jpgConnaissez-vous le silat ?

 

Il s'agit d'un art martial indonésien, qui peut être vu comme un croisement de catch et de savate (les puristes hurleront, mais les puristes m'importent peu).

 

Le silat est amusant de plusieurs points de vue. D'abord, il semble qu'on puisse y frapper autant de fois que l'on veut le visage de son adversaire avant d'y imprimer une petite marque. Conséquence : prendre l'ennemi par les pieds et lui fracasser le dos contre un mur, un balcon ou un parapet s'avérera plus efficace qu'une séance de pugilat interminable.

 

Il y a quelque chose de sexuel dans le silat. Les ahannements y sont chroniques et explicites. Et quand de guerre lasse on a fatigué son partenaire/adversaire jusqu'au seuil de la mort, on lui tord le coup langoureusement.

 

Voilà. Y'a-t-il un autre intérêt à The raid ?

 

La réponse est non, aucun.

 

1e

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Faust

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/88/83/19812591.jpgCi-dessous un courriel reçu à propos de Faust

 

Cher Christoblog

 

J'a appris que vous décerniez annuellement le Prix du Grand Film Con du Grand Auteur Qui Se La Pète.

 

Permettez-moi d'attirer aujourd'hui votre attention sur le dernier film d'Alexandr Sokurov, qui me semble un candidat idéal pour 2012.

 

Le Grand Film Con se distingue d'abord par un maniérisme un peu pédant, et il se trouve que Faust cumule d'emblée plusieurs atouts : un écran presque carré (avec des coins arrondis, façon Instagram du riche) et déformations de l'image. Des procédés d'ailleurs curieusement utilisés par un autre prétendant : Post Tenebras Lux de Reygadas, présenté à Cannes, mais je m'égare.

 

Outre son aspect formel alambiqué et chichiteux, Faust écrasera probablement sa concurrence par une intensité de dialogues incompréhensibles et creux qu'aucune autre oeuvre récente, aussi bavarde et absconse soit-elle, n'est capable d'égaler à mes yeux.

 

Le public de la salle dans laquelle j'ai subi ma séance de torture de 2h14 a largement contribué à ma décision de vous soumettre ce film. En effet, j'ai pu constater de mes yeux tous les symptômes occasionés par un lauréat du GFCGAQSLP : asssoupissements plus ou moins volontaires, trépignements, ronflements, changement de fesse, oscillation d'avant en arrière, objets qui tombent (les actes manqués !), nettoyage intempestif de lunettes, téléphones portables qui vibrent opportunément, etc... A noter que contrairement à votre brillante théorie du Saut à l'élastique exposée dans votre article sur Le cheval de Turin, j'ai même assisté à un départ définitif.

 

Je sais que vous voyez beaucoup de films ennuyeux, cher Christoblog, et que votre connaissance dans le domaine des errements crypto-philosophiques est vaste et profonde, mais si mon plaidoyer ne vous a pas encore convaincu, je peux ajouter :

- des personnages et des costumes ridicules (le chapeau de la photo ci-dessus ne suffit-il pas à lui seul à décridibiliser tout le projet ?)

- une utilisation des animaux comme symbole systématique et ridicule (chats, chiens, rats, lapin, cigogne, cheval...)

- un décors final à mi-chemin entre Valhalla rising et la fin new age de The tree of life

- une voix off envahissante

.... et mille autre petites tartufferies prétentieuses.

 

Voilà. J'espère sincèrement que la dizaine de tranches de 5 secondes magnifiques visuellement ne fausseront pas votre jugement et que vous saurez reconnaître in fine le caractère à la fois Con, Grand et profondément Chiant de Faust. D'ailleurs, le film a obtenu le Lion d'Or à Venise et fait la couverture des Cahiers du Cinéma de ce mois : la caution intellectuelle pour l'intronisation de l'étron est donc avérée.

 

En vous remerciant pour votre action en faveur de la reconnaissance des plus grosses merdes ennuyeuses de l'histoire du cinéma, cinématographiquement vôtre.

 

1e

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The deep blue sea

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/87/37/55/20078814.jpgIncroyable film. Qu'on l'aime ou pas, il faut bien reconnaître la puissance du défi esthétique qu'il représente.

 

Terence Davies propose en effet une oeuvre qui semble d'un autre temps, à l'opposé de toute modernité, une oeuvre pour ainsi dire réactionnaire en terme de formalisme. Cela se traduit non seulement pas une certaine lenteur, des cadres très serrés, des décors qui sentent l'encaustique, mais aussi par un rythme à la fois fluide et pesant (?), une image sombre et légèrement ternie et une direction d'acteur qui semble inspirée par Balzac ou Maupassant.

 

L'histoire est celle d'une émancipation féminine : Hester quitte dans les années 50 son vieux mari, juge et haut personnage, pour un jeune homme qui a fait la guerre et qui la délaissera à son tour. Rien de bien extraordinaire donc dans le scénario, mais sous le pinceau ténébreux de Terence Davies, le propos devient tragique et on ne peut s'empêcher de songer constamment aux pièces classiques, alors que le film est tiré d'une oeuvre des années 50.

 

Le montage présente des caractéristiques virtuoses, avec des flashbacks imbriqués sur la base d'un rythme lancinant. La réalisation est étonnante, mélange de morceaux de bravoure et de poses un peu glaciales.

 

Si finalement je penche de justesse pour un avis positif, c'est principalement grâce à l'interprétation magistrale de Rachel Weisz, qui parvient parfaitement à donner corps à son personnage de femme luttant pour conquérir sa liberté.

 

L'aspect hyper-formel du film, certains de ses tics (les épouvantables violons du début), et l'ambiance réfrigérée et ralentie qui baigne toutes les scènes pourront aussi déplaire. Il subsiste toutefois après la vision du film l'impression étrange d'avoir assisté à un rêve éveillé.

 

A essayer.

 

2e

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Madagascar 3

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/81/48/20133653.jpgElle est belle la France vue par Dreamworks !

 

Quand ils atterrissent chez nous, les singes partent en courant dans la nature, empêchant la joyeuse troupe de réparer l'avion. Explication des Américains : entre jours de congés et RTT, les Français travailleraient ... 2 semaines par an. Je n'ai pas contrôlé la version en VO pour me faire une idée des phrases originales, mais cela doit être du même tonneau.

 

Quant à la méchante, elle est gendarme, cruelle, moche, et française ! Les scénaristes lui font chanter Piaf (l'impact Cotillard ?) avec un air de Cruella, ce n'est pas joli joli. La gendarmette et ses collègues sont affublés de matériel archaïque digne de l'époque de De Funès et, cerise sur le gâteau, le scénario évite soigneusement notre pays pour passer directement de Rome à Londres.

 

Bon, tout cela n'est pas très grave et je remballe ma fierté patriotique mal placée. On s'en fout. Et le film ? Pareil.

 

Pas d'originalité, quelques saillies bien vues, un rythme (dans l'action comme dans les dialogues) qui frôle l'hystérie : le produit est calibré dans le droit fil suivi par la franchise. Si le début m'a assez bien accroché j'ai été révulsé par le cirque final, sorte de vertige multi-vitaminé sous acide qui nous fait perdre toute affection pour cette troupe de losers jusqu'alors plutôt sympathiques. Regardable, mais les scénaristes devraient travailler un peu plus en profondeur. J'avais préféré l'épisode africain.

 

La saga sur Christoblog : Madagascar 2

 

2e

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The dictator

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/77/28/20138696.jpgCe qu'il y a de drôle dans The dictator, c'est tout ce qui n'est pas dans le film : la bande-annonce, certaines scènes coupées dans le générique de fin, des annexes comme le montage photo ci-contre ou les vidéos félicitant François Hollande pour sa victoire.

 

Le film en lui-même est pathétique. Sacha Baron Cohen, qui avait réussi un coup marketing et en partie artistique avec son mémorable Borat, échoue ici complètement dans ses tentatives de nous faire rire.

 

Borat enfonçait le clou de la mauvaise foi et de la vulgarité crasse à un point tel qu'on se demandait parfois vraiment ce qu'on voyait, d'autant que les standards du documentaire étaient parfaitement respectés (en réalité, de nombreuses scènes étaient même tournées en caméra cachée, captant les réactions d'anonymes sans leur accord).

 

Dans The dictator, cette fois-ci une fiction pure, Sacha Baron Cohen et le réalisateur Larry Charles se compromettent à dresser un tableau presque sympathique d'un tyran, au point de le faire tomber amoureux d'une bio-passionaria, avec poils sous les bras. La charge comique du film en est désarmorcée.

 

Quand à la critique des Etats-Unis, qui était si percutante et féroce dans Borat, elle se retrouve ici résumée à quelques minutes (les meilleures du film) lors desquelles le despote décrit sa vision de la didacture parfaite ... qui s'avère le tableau de l'Amérique de Bush.

 

Sinon, c'est très vulgaire, les photos ci-contre sont plutôt classes par rapport à ce que vous verrez dans le film.

 

A éviter. Et à ne pas confondre avec The great dictator, de Chaplin.

 

1e

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Adieu Berthe

Il est difficile de dire beaucoup de mal (ou de bien) du dernier film de Bruno Podalydès, tellement Adieu Berthe se situe en-dehors de son époque.

Sur les films de Mouret pas exemple, on peut gloser pratiquement à l'infini, rien qu'en évoquant la filiation rohmerienne passée à la moulinette contemporaine, et en particulier sexuellement triviale.

Ici, le film est résolument situé hors du temps. Les lieux paraissent choisis pour leur non-singularité, leur aspect étonnamment sans âge. Le lotissement dans lequel est situé la pharmacie est ainsi ni moche ni beau, ni pauvre ni riche, ni ancien ni récent. La nature est totalement quelconque, et rien ne rend les pelouses ou l'étang de la maison de retraite remarquables. Dans ces décors anodins Bruno Podalydès place des personnages quelconques : il joue lui-même un croque-mort confident au physique transparent, alors que son frère traîne une apparence assez peu à son avantage, cheveux en désordre et costard frippé, englué dans le piège de l'indécision.

Le film brille dans sa première partie, mettant en place des dispositifs assez amusants (le concept de rupture douce, l'accueil extraordinaire des Pompes Funèbres Définitif) bien servis pas des répliques légèrement décalées. Le personnage d'Armand, un peu lunaire, partagé entre deux amours (excellentes Valérie Lemercier et Isabelle Candelier), y déambule sur une trotinette électrique, glissant sans bruit et avec une certaine classe, comme le film.

Ces bonnes idées épuisées, Adieu Berthe revient sur un terrain beaucoup plus formaté (à partir de la nuit passée dans la maison de retraite), plus tourné vers le sentimentalisme, et même la mièvrerie.

C'est dommage, l'aspect bricoleur et gentiment déglingué du film, dressé contre une certaine suffisance du cinéma d'auteur français (Obsécool vs Définitif), était une veine à creuser, dans un style qui aurait pu être gondriesque, à l'image de cette tirade surréaliste sur l'inactivité des volcans depuis la mort de Haroun Taziouf (sic), de l'apparition de Noémie Lvovsky en pleureuse anonyme ou des funérailles elles-mêmes, burlesques et futuristes.

On préférera retenir de ces sentiments contradictoires l'impression que le tandem fraternel et décalé de Versailles rive gauche revient plutôt en forme.

 

2e

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J'ai croisé Agnès Varda passage Pommeraye à Nantes

Varda2-copie-1

Dans le cadre du Voyage à Nantes, manifestation culturelle intégrée à l'échelle d'une ville, je me promenai cet après-midi passage Pommeraye, quand je tombai sur Agnès Varda, facilement reconnaissable à sa curieuse chevelure bicolore.

 

"Agnès, mais que fais-tu donc ici ?"

 

Bon, alors, au tombereau d'incultes lillois ou marseillais qui échoueraient sur ce blog, il me faut préciser :

- qu'Agnès Varda fut l'épouse du (éternellement) regretté Jacques Demy Pommeraye

- que le passage Pommeraye, outre qu'il soit un passage couvert comme peu de villes européennes peuvent s'en targuer (avec un dénivelé de 9m40 qui plus est), est un must de l'imaginaire nantais et français, faisant partie intégrante du patrimoine artistique mondial

 

Donc, dans ce lieu emblématique, Agnès aurait pu me répondre qu'elle proposait une installation reconstituant le magasin de téléviseur que tenait Michel Piccoli dans le chef d'oeuvre de Demy Une chambre en ville. Et effectivement, tout y est : cette infâme couleur verte, quelque part entre Babar et Ireland forever, ces télévisions éventrées, plusieurs extraits du film (cf ci-dessous le visage halluciné de Piccoli), et une installation de 6 téléviseurs présentant des choses confuses et importantes que vous aurez l'occasion de détailler si vous venez à Nantes.

 

Plus haut, Agnès Varda a conçu une installation extrêmement touchante sur les squatts. C'est brillant et intelligent, en plus d'être beau, à son image.

 

Voilà, maintenant, au boulot, vous n'avez plus qu'à venir à Nantes.

 

Varda3

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La petite Venise

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/96/16/20017466.jpgUn pêcheur agé, seul et pauvre, rencontre une chinoise immigrée qui tente de faire venir en Italie son fils de 8 ans. Une amitié se noue entre eux.

 

Sur cette trame simple (simpliste ?), Andrea Sangre réussit un film honnête, construit sur une trame humaniste, mais sans trop de pathos.

 

Plus que le scénario, plutôt sommaire, c'est la mise en scène qui attire l'attention. Une image splendide, des mouvements de caméra amples et séduisants, un cadre parfait, un montage au cordeau : la forme du film est séduisante.

 

L'autre point à signaler, c'est l'utilisation optimale du décors, à la fois beau et étonnant, que constitue la lagune à Choggia, assez loin de Venise. L'acqua alta qui envahit les rues est admirablement filmée. L'interprétation des deux acteurs principaux est parfaite également.

 

Un film intéressant qui donne envie de suivre la carrière d'Andrea Sangre.

 

2e

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Une seconde femme

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/57/30/20103002.jpgBien qu'autrichien, Une seconde femme peut être inscrit dans une série de films allemands de qualité qui prennent pour sujet l'immigration turque : De l'autre côté, L'étrangère, Almanya...

Le sujet est ici hautement polémique : un homme d'un certain âge prend une seconde femme en Turquie, sur les conseils de sa première, atteinte d'un cancer, et la ramène en Autriche. Pour donner le change, la famille prétend que c'est le fils de la famille qui a pris femme.

A partir de cette idée plutôt osée, le réalisateur Umut Dag aurait pu filer une trame de style "drame social et sociétal", mais il préfère ici se cantoner à une stricte étude des comportements et réactions des membres de la famille. C'est ainsi que les relations entre la nouvelle femme et l'ancienne, ou entre la nouvelle et les enfants de la première, vont être disséqués, observés et admirablement rendus par une brochette d'actrices très inspirées.

On est ravi par la première partie du film, magnifique (photographie hors du commun, admirable lumière) et dont l'intrigue est plus retorse que le pitch ne le laisse supposer. Dag s'y révèle être un cinéaste très doué, disposant à la fois d'un beau sens de la narration et d'un don évident pour trouver le bon cadre.

Sur la fin, le récit devient plus prévisible et il m'a semblé que le style d'Umut Dag se faisait un peu trop pesant (les fondus au noir sont très beaux mais deviennent trop nombreux par exemple). Une seconde femme présente tout de même des qualités hors du commun (un art consommé de l'ellipse par exemple)

En ce mois de juin plutôt morose en terme de sortie, Une seconde femme peut être sans risque conseillé aux cinéphiles curieux.

 

3e

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L'amour et rien d'autre

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/61/57/19788233.jpg

Il y a bien des choses qui m'énervent dans L'amour et rien d'autre. Des seconds rôles qui jouent mal, une mise en scène (trop) sage et appliquée, des scènes franchement peu crédibles, une façon de s'attarder plus que nécessaire sur certaines péripéties.

 

Mais il y a aussi une performance assez incroyable de l'actrice Sandra Hüller, qui, avec son petit air buté et ses lèvres trop fines, se révèle être presque une figure mythologique.

 

Il y a en effet de l'Antigone dans sa résolution de ne pas laisser le destin l'accabler, dans sa farouche volonté de préférer l'Amour à l'être aimé.

 

Il m'est difficile de déflorer l'intrigue, sous peine de gâcher votre plaisir si vous n'avez pas encore vu le film, mais - à mots couverts - il me semble qu'un des handicaps du film est de vouloir ajouter l'improbable à l'exceptionnel. Ceux qui ont vu le film me comprendront, je pense.

 

Bref, un nouveau témoignage de la vitalité du cinéma allemand, après Barbara. Le réalisateur, Jan Shomburg, dont c'est le premier film, nous livre ici quelques éclairs prometteurs, comme le premier plan, absolument magique : le personnage principal écoute les yeux baissés une déclaration d'amour en anglais sans qu'on comprenne excatement de quoi il s'agit. Le plan est serré, et c'est magnifique.  

 

L'amour et rien d'autre fait partie de ces films qui vous trottent dans la tête plusieurs jours après la première vision.

 

2e

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Le grand soir

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/17/40/20085063.jpgIl y a quelque chose de profondément déplaisant dans ce film du duo Delépine / Kervern. Un manque de respect envers les personnages, le scénario, les spectateurs, le mouvement punk et même le cinéma.

 

Rien ne fonctionne, tout est artificiel dans ce pensum : les acteurs sont grotesques (Dupontel se rend copieusement ridicule à plusieurs reprises / je veux bien dire Dupontel, non son personnage), les différentes scénettes se résument le plus souvent à l'expression d'une idée grossièrement filmée.

 

Exemple : je vais filmer deux conversations qui se superposent, je vais utiliser les écrans de surveillance dans mon film, je vais filmer un pendu dans un manège...

 

Pour donner un peu d'épaisseur à leurs poncifs, Delépine et Kervern pratiquent le guest dropping comme d'autres le name dropping : ils invitent donc Didier Wampas, Bouli Lanners, Brigitte Fontaine, Yolande Moreau, Barbet Schroeter, et même ce gros plouc poujadiste qu'est devenu Depardieu.

 

Il y a dans tout cela une suffisance béate, un air de précieux ridicules qui consiste à se croire Depardon quand on cadre un paysage de zone commerciale.

 

Quand au message du film, quel est-il ? Qu'il faut se libérer des chaînes de la consommation en jetant les caddies de supermarchés dans les champs et en précipitant une botte de foin enflammée vers la caméra. Révolutionnaires au petit pied, contempteurs chroniques et mesquins, les réalisateurs nous ennuient. Quand aux vrais punks, il se retourneront dans leur tombe historique en voyant leur mouvement grossièrement caricaturé par ces tristes guignolades.

 

Le grand soir, film le plus laid de 2012 ? C'est probable.

 

Delépine / Kervern sur Christoblog : Mammuth

 

1e

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Chercher le garçon

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/52/86/20052374.jpgChercher le garçon est un film assez déconcertant.

 

Vu sous un angle purement objectif il faut bien reconnaître qu'il apparaît plutôt comme une petite chose bricolée à la va-vite, sans moyen et aussi sans grande ambition. D'un format plus proche du moyen-métrage que du long (le film dure 1h10), Chercher le garçon est un objet non identifié, guilty pleasure de samedi soir, dont la vision est à la fois agréable et sans conséquence.

 

Le personnage principal, jouée par Sophie Cattani (la mère de la petite fille dans Tomboy), a 35 ans, et cherche l'homme de sa vie sur Meet Me. S'en suit une dizaine de rencontres qui réserveront chacune surprises ... et déceptions.

 

Les comédiens n'avaient aucune ligne de texte pour ces rencontres. Ils disposaient seulement de leur "profil" et ensuite devaient improviser, un peu comme lors d'une vraie rencontre. A l'écran, cette improvision se ressent nettement, avec des phrases qui se superposent, des regards vraiment étonnés, des mimiques de protection. C'est surprenant.

 

Le film gagne de cette façon une fraîcheur assez étonnante, bien servie par une utilisation optimale des décors naturels de Marseille et de ses environs, et de son folklore (Aurélie Vaneck, actrice dans Plus belle la vie, joue son propre rôle). La morale de l'histoire est un peu (beaucoup) bateau : finalement les deux rencontres que fait Emilie (un ami et un amoureux) seront dues au hasard et pas à Meet Me, évidemment !

 

Le film est toutefois à conseiller, pour ses airs de Rohmer méridional. A noter qu'Emmanuel Mouret est crédité au générique de fin, en rapport avec le scénario. Le film ne ressemble pourtant pas à du Mouret, sauf parfois par le côté incisif de certaines répliques.

 

2e

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Les femmes du bus 678

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/84/19/20069453.jpgQuel bonheur de voir enfin un film qui raconte une histoire complexe, et qui le fait bien. Quel plaisir de voir de bons acteurs qui émeuvent, un scénario malin et cohérent qui évite d'être simpliste, et un réalisateur qui utilise sa caméra au service de l'histoire qu'il raconte et non pour flatter son égo.

Ca fait du bien. Que ce bonheur nous vienne d'un des plus grands pays de cinéma au monde, l'Egypte, me ravit.

Les femmes du bus 678 sont trois. Fayza, Seba et Nelly ont toutes les trois subi des violences sexuelles. Elles sont issues de milieux très différents, mais vont être confrontées à des réactions terribles de la part de leurs proches : rejet du mari suite à un viol, pression pour ne pas porter plainte des parents, réactions négatives de l'opinion publique dans un pays où celle qui se fait harceler semble plus coupable que son agresseur...

Un tableau glaçant de la condition de la femme en Egypte, mais qui évite le manichéisme et présente une richesse narrative qui empêche le film d'être sèchement didactique.

Mohamed Diab parvient à nous passionner à travers les portraits qu'il dessine habilement, dont celui du commissaire de police, bonne pâte pagnolesque absolument délicieux. C'est fort, brillant, généreux, habile. Je pourrais trouver au film quelques menus défauts, mais pour une fois, je n'en ai pas envie.

Le cinéma égyptien sur Christoblog, c'est aussi l'excellent Femmes du Caire, dans lequel vous retrouverez la belle actrice qui joue Nelly dans Les femmes du bus 678, Nahed El Seba.

 

3e

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