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Christoblog

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La fille du 14 juillet

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/97/57/81/20537280.jpgUne sorte d'hystérie collective s'est développée à Cannes autour d'un nouveau cinéma comique français dont les parangons seraient Tip top de Serge Bozon et La fille du 14 juillet d'Antonin Peretjatko. Cet engouement soudain s'est manifesté entre autre par le supplément Cannes du Monde et le numéro d'avril des Cahiers. De quoi s'agit-il ? Faire des comédies avec trois francs six sous (et pas d'euros, il y a d'ailleurs une pièce de 0 euro qui circule dans le film), être inventif avec peu de moyens, regarder plutôt vers le passé que vers l'avenir, et distiller de subtils messages en rapport avec l'actualité.

Si j'ai trouvé l'exercice absolument raté dans le cas de Tip top, je l'ai un peu plus apprécié dans le film de Peretjako.

Hector, gardien de musée, tombe amoureux de Truquette. Il descend dans le midi avec elle, son copain Pator, Charlotte (une amie de Truquette) et Bertier, qui lit un manuel de séduction en vue de conquérir Truquette. Le film est loin d'être parfait. D'abord techniquement : le manque de moyen se fait cruellement sentir, ce qui se traduit par des approximations désagréables (j'ai lu dans un article que certains champ / contrechamp avaient été réalisés à plusieurs mois d'intervalle). Ensuite le côté rétro est parfois pesant, il suffit de lire les références citées par la presse : Tati, Rozier, Iosseliani, un Godard drôle, Jean Yanne, Mocky, Dino Risi, Blake Edwards... tout cela est fort flatteur et en partie fondé, mais le film souffre de cette accumulation de références.

Ceci étant dit, Peretjatko s'en sort tout de même par des éclairs de génie drôles et/ou poétiques : l'introduction montrant les cérémonies du 14 juillet filmées en accéléré, l'idée d'avancer la rentrée d'un mois à cause de la crise, certains gags visuels. Le film propose une telle accumulation d'idées que certaines sont forcément bonnes. Il faut également noter un effort de construction beaucoup plus rigoureux que le style du film ne le laisse présager (histoires dans l'histoire, flash backs, etc..). Le personnage du faux médecin colérique, joué avec brio par Serge Trinquecoste, mérite presque à lui même le déplacement.

Au final, j'ai un peu de mal à avoir une opinion tranchée sur ce film, plongée anecdotique - mais pas désagréable - de hipsters contemporains dans la France profonde de la Nationale 7.

 

2e

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La grande bellezza

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/073/21007325_2013052116483405.jpgIl est assez étonnant de lire beaucoup de critiques sur ce film qui le relient à La dolce vita, car les deux films n'ont finalement pas grand-chose à voir, si ce n'est Rome et le goût des fêtes décadentes. Pour le reste, que ce soit pour la mise en scène, les thématiques ou les péripéties, les films sont assez différents. Le film de Fellini est beaucoup plus noir et désabusé que celui de Sorrentino.

Alors pour commencer, je dois dire que j'ai adoré l'interprétation de Toni Servillo, impérial en dandy vieillissant, qui parvient à jouer le détachement sans aucun cynisme. Ensuite, le film m'a impressionné par la puissance évocatrice de ses scènes, dont beaucoup sont ennivrantes, comme celle de la première fête, qui fait ressembler les orgies de Spring breakers à des réunions de séminaristes.

Au-delà de la virtuosité formelle de Sorrentino, qui est exceptionnelle, le film regorge également de personnages diablement attachants, comme la sainte de 104 ans, ou plus encore, la magnifique femme qui est mortellement malade (superbe scène où elle écoute Jap pérorer à propos de la conduite à tenir dans les enterrements, alors qu'elle se sait condamnée, et pas nous).

Evidemment, l'exubérance créatrice de Sorrentino n'évite pas un certain mauvais goût (les flamands roses), mais cela me semble négligeable au regard de la puissance visuelle du film.

Une des scène les plus violentes vues à Cannes figure dans ce film : celle durant laquelle Jap dit ses quatre vérités à une femme qui la ramène un peu trop, avec le sourire, mais avec une exhaustivité et une précision destructrice. D'autres scènes marquent profondément le spectateur : ce cabinet étrange de docteur dont on ne saisit pas vraiment l'activité, le berceau dans le palais, cet artiste contemporain qui se prend en photo tous les jours, ce couple qui propose une bizarrerie sexuelle à Jap que je n'ai pas comprise...

La grande bellezza traite du temps, de la mort et des souvenirs. A ce titre, le passage du voyage vers le Concordia, et les souvenirs du premier amour qui y sont associés, sont splendides.

Un bien beau film, sous un fatras un peu tape-à-l'oeil, c'est vrai.

 

4e

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Shokuzai

Kiyoshi Kurosawa est certainement un des meilleurs cinéastes japonais en activité avec Hirokazu Kore-Eda, Shinji Aoyama et bien sûr Takashi Miike. Souvent cantonné au film de genre tendance fantastique, il fut révélé au grand public par son dernier film Tokyo Sonata. Malgré ce succès, il a toujours beaucoup de mal à financer ses projets de long-métrages, et s'est donc décidé à réaliser en attendant une mini série de 5 épisodes d'une heure pour la chaîne japonaise Wowow.

Shokuzai (Penance en anglais, Pénitences en français) commence comme un film de serial killer : un homme repère 5 petites filles qui jouent au ballon, il en choisit une, la viole et la tue. Les petites filles ne peuvent pas aider à identifier le tueur, et la mère de la victime les maudit pour cela : chacune devra aider à trouver le coupable ou devra payer une "contribution".

Les quatre premiers épisodes retracent la vie des quatre petites survivantes, quinze ans après les faits, et montrent comment elles payent leur dette. Le premier épisode est très réussi, dans un genre qui tire vers le fantastique, et un travail sur l'image magnifique. Le second est dans une tonalité mélodramatique et donne à voir la vie à l'intérieur d'une école japonaise avec ses drôles de rites. Le troisième est une sorte de thriller psychologique et le quatrième tranche totalement avec tous les autres en explorant un registre burlesque et cruel.

Dans ces quatre petites histoires, on ne peut qu'admirer la parfaite maîtrise de Kurosawa qui propose une mise en scène d'une exceptionnelle beauté : décors minutieusement choisis et astucieusement filmés, mouvements de caméra gracieux, cadres splendides, direction d'acteurs irréprochable, scénario mitonné aux petits oignons (il fallait voir les spectateurs du Festival des 3 Continent rivés à l'écran pendant 5 heures de suite), montage chirurgical. Chaque épisode commence par un retour sur la scène fondatrice (un peu comme un "previously in Shokuzai") qui nous la fait découvrir sous un angle différent à chaque fois : c'est très bien fait. Si les qualités intrinsèques sont les mêmes dans les quatre premiers opus, ils ont chacun leur style particulier, thème musical, photographie, tonalité des décors, utilisation de gros plans ou de plans larges, rythme du montage : dans la mise en scène de Kurosawa tout fait sens, rien ne semble laissé au hasard.

Le cinquième et dernier épisode est une sorte de feu d'artifice qui revient à l'époque du drame (et  même avant) et qui lorgne cette fois-ci du côté des coréens façon Park Chan-Wook ou Bong Joon-Ho. Le rythme devient halletant et les révélations succèdent aux rebondissements. Si le plaisir de spectateur est dopé à ce moment-là, il faut avouer que ce n'est plus à force de bon goût et de crédibilité, mais peu importe, le niveau de qualité global de l'ensemble reste impressionnant.

Le film est sorti en France sous forme de deux films : Celles qui voulaient se souvenir (1h59) et Celles qui voulaient oublier (2h28).

 

4e

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Le passé

http://fr.web.img6.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/97/39/33/20540906.jpgJ'aime beaucoup le cinéma d'Asghar Farhadi, que je défends depuis longtemps sur Christoblog. C'est peut-être pour cette raison que je suis très exigeant avec lui, et que je trouve que Le passé, bien qu'étant un bon film, est tout de même un peu décevant.

Premier point, il me semble que la mécanique scénaristique farhadienne, portée à son point le plus diabolique dans Une séparation, est ici un peu trop (pré)visible. Les rouages me paraissent légèrement grippés, et beaucoup d'enchaînements sont prévisibles.

Pourquoi le personnage d'Ahmad, entouré de mystère, disparaît-il aux deux tiers du film ? En quoi les causes du suicide de la femme de Samir sont-elles si importantes ? Courriels de la fille ou jalousie envers l'employée du pressing, quelle importance quand la relation de Samir et Marie allait devoir éclater au grand jour ?

Comme symbole de la perte relative de subtilité de Farhadi, il  me semble que la fin du film est exemplaire : plaquée, larmoyante, un peu too much - tout le contraire de la dernière scène d'Une séparation. Cette fin orientée vers la femme de Samir escamote le personnage de la jeune fille et le sujet de sa culpabilité, qui était le véritable ressort dramatique du film.

Ceci étant dit (qui aime bien, chatie bien), il faut reconnaître que le savoir-faire habituel du cinéaste iranien rend tout de même le film agérable : réseau dense de signes et de symboles, transparences diverses, espaces confinés, utilisation optimale des intérieurs, sens du détail, perspectives superbes. La mise en scène de Farhadi est parfaite, presque trop, et il me semble qu'elle empêche un peu l'expression des acteurs, Tahar Rahim étant encore une fois assez moyen dans ce film. Le titre du film, enfin, une fois n'est pas coutume, me semble très peu en adéquation avec son contenu.

Peut mieux faire.

 

Asghar Farhadi sur Christoblog : Les enfants de Belleville (***) / A propos d'Elly (***) / Une séparation (****) / A propos d'Une séparation : le vide avec un film autour

 

2e

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Enfance clandestine

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/31/55/20106543.jpgComment grandir avec des parents qui ont des activités clandestines dangereuses ?

Voilà la question que pose l'argentin Benjamin Avila, dont la mère a elle-même disparu lors de la dictature militaire sévissant en Argentine de 1976 à 1983.

En choisissant délibérément le point de vue du jeune garçon, remarquablement joué par Teo Guttierez Moreno, Avila parvient à trouver un ton très séduisant, qui donne au film des nuances d'éducation sentimentale plutôt que de chronique politique.

On suit ainsi les premiers émois amoureux du jeune Juan, plus concentré sur les charmes de sa jeune amoureuse que sur les risques encourus par ses parents. L'oncle, qui vit dans la maison, joué par l'excellent Ernesto Altiero, donne à son jeune cousin - et à toute la famille - des leçons de vie à la fois émouvantes et joyeuses. L'actrice qui joue la mère, la lumineuse Natalia Oreiro, très populaire en Argentine, est également excellente.

La grande réussite du film est que l'on s'habitue progressivement au danger qui plane sur la famille, comme le fait Juan, et qu'on finit par être plus préoccupé par la naissance du sentiment amoureux que par la mort qui rôde.

Avila multiplie les gros plans pour mieux nous immerger au plus près des personnages. Il n'hésite pas à utiliser de multiples effets (dessins animés à l'intérieur du film, scènes de rêve, écrans noirs, ralentis, effets sonores, caméra subjective) qui ne semblent pas toujours homogènes, mais qui au final ne nuisent pas au souffle vital qui traverse le film, ce qui explique l'accueil public enthousiaste que ce dernier reçut à la Quinzaine des Réalisateurs 2012.

Le film de la semaine.

 

3e

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Stoker

La question était : Park Chan-wook, le délirant réalisateur coréen, allait-t-il perdre de sa superbe en tournant aux Etats-Unis ?

La réponse est non. Le style est toujours le même, flamboyant, du genre à avoir une idée par plan. On n'en finirait pas de lister les figures de styles plus ou moins novatrices qui parsèment le film. Deux moments seulement, magnifiques, qui sont deux exemples parfaits d'enchaînement de plans : celui où un oeuf apparaît en surimpression sur l'oeil de la jeune fille, et celui où cette dernière marche dans une rue, puis sur une route, dans la continuité.

Park Chan-wook, c'est un peu les montagnes russes de l'imagination derrière une caméra. Nul doute que certains pourront du coup ressentir une impression de trop-plein.

Le fond, lui, est fortement empreint de perversion, comme souvent chez Park Chan-wook. Bien plus que le triste pensum de Brian de Palma (Passion), c'est bien dans Stoker qu'on pourra voir un ultime hommage au cinéma de Hitchcock. L'intrigue, bien qu'un peu trop flottante pour faire réellement référence, rappelle assez certains films de sir Alfred. Nicole Kidman est aussi une héroïne hitckockienne en diable. Alors bien sûr, la virtuosité de Park lui fait assez souvent perdre de vue la vraisemblance de l'intrigue, mais on est toutefois dans un registre infiniment plus maîtrisé que celui du délirant Thirst.

Stoker est un film brillant, que certains trouveront trop superficiel pour être marquant, et que d'autres adoreront comme on peut se laisser entraîner par un feu d'artifice particulièrement réussi.

 

3e

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Printemps, été, automne, hiver... et printemps

http://fr.web.img6.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/35/19/68/18371851.jpgPrintemps... fut le film qui fit connaître Kim Ki-duk au public européen et en particulier français, alors que son film suivant, moins connu, Samaria, décrochait simultanément l'Ours d'argent à Berlin, en 2004.

Rien d'étonnant à ce que ce film, pétri de philosophie, symbolique à plusieurs niveaux, et littéralement imbibé de la présence de la nature ait été plébiscité au milieu des années 2000 : il a un petit côté new age qui entrait parfaitement en résonance avec l'époque.

Aujourd'hui le film a plutôt bien vieilli, si l'on excepte l'affreuse musique pas toujours en harmonie avec les images, et le jeu parfois artificiel des enfants. Pour le reste, après la première "saison" un peu inquiétante (est-on en train de voir un reportage animalier ou un ersatz du National Geographic ?), le film prend son envol romanesque. Eté est captivant, Automne bouleversant, et Hiver impressionnant.

Les ficelles sont certes un peu grosses, mais le film fonctionne comme un bulldozer narratif et sensuel, entremêlant les perceptions changeantes du temps, les ellipses géantes, la symbiose avec la nature. Le déplacement du temple sur le lac place les personnages autant hors du temps que de l'espace. Il est impossible de résister à la puissance du film qui emporte tous les petits bémols sur son passage.

 

3e

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Survivre

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/96/85/49/20502441.jpgDrôle de projet que de porter à l'écran l'aventure de ce marin islandais, seul rescapé d'un naufrage, qui parvint en 1984 à survivre dans l'eau glacée pendant 6 heures, en contradiction totale avec toutes les certitudes scientifiques sur le sujet.

Un peu dubitatif avant le début du film, j'ai été complètement happé par sa justesse de ton. La première partie montre les difficiles conditions de vie sur ces petites îles volcaniques avec un sens aigu du raccourci, et se conclut par la scène très réaliste du naufrage.

Le réalisateur parvient ensuite à retranscrire les pensées du nageur d'une façon extrêmement subtile, grâce à de pseudo vieux films au format carré et aux coins arrondis. Il parvient à susciter l'émotion sur un sujet assez austère, là où échouait dans des conditions similaires Danny Boyle dans 127 heures.

L'après-naufrage est un petit peu moins intéressant à mon goût, mais le film continue toutefois de dérouler sa chronique sans aucune faute de goût.

Le réalisateur Baltasar Kormakur est certainement promis à un grand avenir, si Hollywood ne le mange pas tout cru : il filme en ce moment un polar avec Denzel Washington et Mark Wahlberg.

 

2e

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Hannah Arendt

http://fr.web.img6.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/93/88/20485508.jpgPeu de films prennent comme sujet la vie des philosophes. Il faut dire que filmer la pensée en train de s'élaborer est une sorte de défi ultime, et Hannah Arendt n'évite pas entièrement l'écueil de la vacuité, en exposant plusieurs fois son personnage principal allongée, en train de méditer.

Heureusement pour nous, le film montre bien autre chose, et d'abord le portrait d'une femme, avec son histoire très exceptionnelle (avoir été l'amante d'Heidegger n'est pas rien) et beaucoup plus quotidienne (son mari qu'elle appelle Frimousse, ses amies, ses cigarettes, ses parties de billard).

Ensuite, et c'est probablement le plus instructif, on suit le procès d'Adolf Eichmann comme si on y était. Margarethe Von Trotta choisit de ne montrer le nazi qu'au travers de véritables images d'archive, et là se situe sans nul doute le coup de génie du film. Il est tout à fait fascinant d'observer le visage de cet homme, impassible, et évoquant l'honneur comme justification des horreurs commises.

Du coup, l'élaboration du concept de Banalité du mal paraît assez claire. 

La dernière partie du film est peut-être la plus intéressante : elle montre avec brio comment des groupes de personnes peuvent juger d'une oeuvre sans même l'avoir lue, ce qui constitue un phénomène tout à fait classique. L'attitude d'Hannah Arendt, qui refuse obstinément de répondre, considérant qu'elle n'a pas à entrer dans une polémique qui n'est pas de son niveau, est remarquablement rendue. La longue scène finale du discours devant les étudiants permet à l'excellente Barbara Sukowa se déployer tout son talent.

Hanna Arendt est loin d'être un chef d'oeuvre cinématographique, mais c'est sans conteste un film agréable dont on sort plus intelligent.

 

3e

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Paradis : espoir

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/96/37/04/20462657.jpgAprès les claques des deux premiers opus Amour et Foi, le troisième volet de la trilogie d'Ulrich Seidl s'avère presque être une bleuette romantique. Enfin, presque.

Nous sommes cette fois-ci dans un camp pour enfants obèses, et nous suivons le sentiment amoureux naître chez la jeune Mélanie (13 ans), avec pour cible le médecin du camp, qui a plus de 50 ans.

La situation est donc, comme toujours chez Seidl, franchement tordue au départ, mais alors que dans les deux premières versions de la recherche du paradis les choses n'évoluaient pas du tout favorablement, on trouve ici une douceur et une lueur de bienveillance qui surprend.

Entendons nous bien : Mélanie ne trouvera pas plus son paradis qu'Anna Maria et Teresa, mais au moins aura-t-elle été respectée.

Si le réalisateur abuse ici des cadres symétriques qu'il affectionne, il faut reconnaître que sa caméra capte toujours aussi bien le frémissement des sentiments sur les visages (et peut-être encore plus sur - ou dans - les corps). L'intrigue du film est un peu faible, mais elle est sublimée par l'intensité de certaines scènes qui parviennent à nous émouvoir - ce qui n'était pas le cas dans les deux autres films de la trilogie Paradis.

A la fin de Paradis : espoir, on se rend compte avec une pointe de surprise que la petite tribu d'enfants que nous avions découvert au début (avec circonspection, car on craignait de verser dans une sorte de voyeurisme malsain) nous est devenue proche. Le résultat, une fois de plus, de l'incroyable précision de la direction d'acteur d'Ulrich Seidl, qui donne ici deux rôles remarquables à ses acteurs : celui de Mélanie et celui du médecin.

Un beau film.

Ulrich Seidl sur Christoblog : Paradis : amour / Paradis : foi

Une interview passionnante d'Ulrich Seidl sur le site d'Arte

 

3e

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Paradis : foi

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/96/72/57/20526626.jpgJe suppose qu'on pourra détester le cinéma d'Ulrich Seidl. Il y a dans ses films, et en particulier dans celui-ci, une sorte d'intransigeance sèche et de jusqu'au boutisme qui pourront rebuter.

Anna Maria est amoureuse ... de Jésus. Son amour est sans limite et se concrétise de plusieurs façons (mortification, prosélytisme forcené, rejet de la luxure). Elle est plus que bigote, mais malheureusement pas mystique. Quand son mari musulman revient d'Egypte, le choc est évidemment frontal. L'un et l'autre s'entredéchirent, et comme le mari est handicapé, la brutalité des situations conflictuelles est parfois quasi insupportable.

A partir de cette matière riche, Seidl réussit une sorte de tour de force : on n'est jamais complètement révulsé par le comportement d'Anna Maria. On l'observe comme on observerait un insecte dans un vivarium. Chez Seidl, les comportements sont toujours montrés dans leur cohérence, de telle façon qu'il paraissent naturels, même s'ils sont intrinséquement déviants, ou désespérés. C'est la grande force du cinéma de l'autrichien : donner à voir un pan de l'âme humaine comme le ferait un ethnologue, mais avec les moyens d'un peintre.

Je ne l'ai pas encore dit, mais le travail de mise en scène (au sens large, en incluant la direction d'acteur et le montage) est ici impressionant de virtuosité, par exemple dans la façon dont l'appartement quelconque de l'héroïne est filmé comme un monde à part entière. Les cadres de Seidl sont toujours une merveille.

Peut-être moins brillant que Paradis : amour, parce que parfois un peu trop démonstratif, le deuxième opus de la trilogie s'avère être toutefois une expérience de cinéma durablement marquante.

Ulrich Seidl sur Christoblog : Paradis : amour / Paradis : espoir

 

3e

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Paradis : amour

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/64/74/20341664.jpgS'il y a bien un film que je m'attendais à ne pas aimer, c'est bien celui-là. Une certaine froideur, un sujet désagréable, un réalisateur autrichien, le mot Amour dans le titre : mon esprit sentait l'ombre maléfique du grand faiseur prétentieux et doublement palmé s'allonger sur le film.

En réalité, et c'est ce que je vais essayer de démontrer, l'approche de Seidl est à l'opposé de celle de Haneke, appelé MH dans la suite de cet article.

Le sujet n'est pas rigolo, rigolo : on suit une cinquantenaire autrichienne, Teresa, en vacance au Kenya, dans des pratiques de tourisme sexuel montrées très crûment.

Teresa se laisse entraîner par une amie plus délurée qu'elle. La première évocation de ces sujets a d'ailleurs lieu lors d'une très belle scène lors de laquelle Teresa glousse un peu comme une jeune fille. On voit dans ces yeux, à ce moment là, qu'elle nourrit VRAIMENT l'espoir de trouver l'amour. Elle est naïve (le film le montre à de multiples reprises, lors de la longue tirade sur les yeux ou lorsqu'elle découvre que son amant est marié, etc). Elle est bête, raciste, mais elle tend vers l'amour. Le film porte donc merveilleusement son titre : l'amour n'est nulle part alors que Teresa voudrait qu'il soit partout.

La démarche de Seidl, on le voit, est donc à l'opposé de celle de Haneke. Seidl dit : la vie est une merde, je vais vous le montrer simplement et sans chichi, et puis je vais vous montrer aussi que certains espèrent. MH dit : je vais vous montrer que la vie est une merde, mais je vais vous faire croire autre chose en vous égarant dans des circonvolutions issues de mon esprit supérieur, et puis à la fin, je vous filerai à tous une baffe en vous démontrant, en plus, qu'il n'y a aucune raison d'espérer.

Côté mise en scène, j'ai été littéralement bluffé par l'aisance de Seidl que je ne connaissais pas. Ses plans fixes sont souvent somptueux, dignes de tableaux de Lucian Freud ou de Hockney (on est loin de l'esthétisme petit bourgeois de MH), son sens du rythme est étourdissant (le film est une alternance de petites scènes rapides et de longs plans sidérants), la photographie est magistrale.

Impossible de passer sous silence la performance de l'actrice Margaret Tiesel, qui joue sûrement une partie considérable de son être le plus intime dans cette aventure, mais qui le fait avec une sensibilité et une maestria qui m'ont donné les larmes aux yeux.

La population kenyane n'est montrée qu'au travers de ses beach boys, prostitués inavoués qui donnent leur plaisir aux sugar mamas. Le tableau n'est donc pas très séduisant, mais il donne au film toute une dimension politique supplémentaire : formidable retour de bâton du colonialisme, le film nous inflige aussi une grosse claque de ce côté là.

Comme pour toutes les grandes oeuvres, il me semble que je pourrais écrire des paragraphes entiers sur certains aspects du films, mais comme je prête attention à maintenir l'intérêt du lecteur, je ne le ferai pas. Simplement, à titre d'avant-goût pour un deuxième article, je pourrais écrire longuement sur : la scène d'ouverture qui montre Teresa en Allemagne dans son activité professionnelle, l'utilisation géniale des décors naturels, le sens du grotesque (le noeud rose, l'orchestre, la scène avec les singes), l'absence de musique, la sexualité féminine.

Au final, un beau film sur la laideur, puissant, signifiant et qui se coltine franco avec la réalité des classes moyennes. L'inverse de MH.

Vivement la suite de la trilogie.

Ulrich Seidl sur Christoblog : Paradis : foi / Paradis : espoir

 

4e

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Thy womb

Vu au Festival du film asiatique de Deauville en 2013. Le film n'est pas sorti en France.

Ce film étonnant de Brillante Mendoza ne ressemble en rien à ses précédents.

Thy womb est tourné parmi les populations musulmanes de petites îles complètement isolées au large des Philippines. On suit plus particulièrement un couple assez agé sans enfants.

La femme décide que son mari mérite une descendance et se met en quête d'une femme pour lui.

Mendoza commence à dresser un tableau quasi-documentaire de la vie très rude de ces peuplades éloignées de tout, ce qui donne au film un étrange aspect de tableau vivant aquatique qui rappelle tout à fait un autre film se déroulant dans le même type d'environnement : le mexicain Alamar.

Progressivement on s'attache au personnage joué par la formidable actrice Nora Aunor (une star aux Philippines), et alors qu'on s'attend à s'ennuyer ferme, on est progressivement surpris par les développements d'une situation un peu ubuesque, et qu'on n'imagine pas du tout pendant la première partie du film.

Si la progression de l'intrigue est très lente, il règne dans le film une atmosphère un peu magique, envoûtante, que Mendoza zèbre d'éclairs d'inquiétude ou de violence (la menace sourde de groupes terroristes est permanente). Thy womb constitue au final le tableau poignant d'humanité d'une femme force de la nature. La mise en scène, bien que plus discrète que dans les autres films de Mendoza, reste absolument limpide.

Brillante Mendoza sur Christoblog : Kinatay / Lola / Captive

 

3e

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Promised land

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/52/00/20395857.JPGComme beaucoup d'autres l'ont dit, le nouveau film de Gus Van Sant ne ressemble en rien à du Gus Van Sant. Il faut attendre un des derniers plans du film pour voir un homme en train de marcher et filmé au ralenti : c'est dire !

Passé ce préliminaire, et tentant donc de considérer le film uniquement pour ce qu'il est, je dois avouer qu'il m'a paru plutôt agréable.

Loin d'être le pensum anti gaz de shiste qu'on pouvait craindre, Promised land s'avère être un tableau très juste de la campagne américaine, loin des habituels clichés : les habitants n'y sont pas tous nuls, ni tous sympas, ni tous red neck.

L'avancée de l'intrigue est sympathiquement rythmée par la connivence qui règne entre un Matt Damon décidément excellent dans ce type de rôle de mec mal dégrossi, et une Frances McDormand à croquer.

Les enjeux économiques, moraux, écologiques, commerciaux, sont esquissés avec une grande subtilité, et toujours incarnés à travers un personnage, c'est la grande force du film. Si le coup de Trafalgar qui secoue le film m'a agréablement surpris (je mets quiconque au défi de le voir arriver), la toute fin m'a paru assez fade.

Au final, le film est tout de même recommandable. A noter qu'on entend pour la deuxième fois en peu de temps la chanson de Springsteen Dancing in the dark comme marqueur de l'Amérique profonde (après The place beyond the pines).

Gus Van Sant sur Christoblog : 2007 - Paranoid park (**) / 2008 - Harvey Milk (***) / 2011- Restless (****)

 

2e

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La belle endormie

La belle endormie est construit autour d'un fait divers qui a divisé l'Italie : l'histoire d'Eluana Englaro, jeune fille plongée dans le coma depuis 17 ans, que son père a décidé de "débrancher", provoquant la colère du Vatican et moult débats, y compris au Parlement, tenté de légiférer en urgence.

Marco Bellocchio ne montre à aucun moment Eluana ou sa famille, mais construit une fiction ample et romanesque autour de plusieurs personnages en rapport avec cette affaire, mais sans liens entre eux : un sénateur, sa fille, un couple de frères dont un est bipolaire, un médecin, une droguée, une actrice dont la fille est également dans le coma (splendide Isabelle Huppert).

On suit avec intérêt l'évolution de tous ces personnages, qui en quelques jours traversent plusieurs états d'âme, et doivent faire face à des décisions fondamentales, de plusieurs types.

Même si les histoires sont d'intérêt très inégal, j'ai été franchement séduit par la mise en scène de Bellocchio (on pense parfois à l'Almodovar de Parle avec elle, évidemment), et par l'intensité qu'il réussit à donner à certaines scènes. Alba Rohrwacher m'a tapé une fois de plus dans l'oeil, son interprétation est à la fois fine et dense.

Le film est aussi clairement politique, et profondément critique envers l'influence de la religion catholique. Certaines scènes sont édifiantes, comme celle dans laquelle on voit les sénateurs suivre les débats de leur sauna, comme directement sortis de la Rome antique.

Bellocchio parvient à évoquer bien d'autres sujets que l'euthanasie, et réussit un film bancal, singulier, un peu trop éparpillé, mais finalement aimable.

 

2e

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Effets secondaires

Je ne pensais plus devoir attendre quelque chose d'agréable de la part de Soderbergh, surtout après le lénifiant, et lui aussi médical, Contagion.

Erreur ! Autant Contagion souffrait d'une intrigue lâche et d'approximations coupables, autant Effets secondaires renoue avec une solidité scénaristique de premier ordre. Le film évolue d'une chronique de la folie vers un thriller criminel, tout en multipliant les fausses pistes (le film-procès contre les labos, le film-thèse sur la responsabilité morale et juridique).

J'ai pris un plaisir primaire à me faire manipuler avec autant de brio, quitte à gober quelques renversements de points de vue dans l'absolu improbables, mais finalement très cohérents au sein du film.

La mise en scène de Soderbergh est extrêmement maîtrisée, très classique dans sa forme et ses effets visant tous à amplifier le suspense ou à l'inverse l'explication. On est proche ici de l'esprit du meilleur de Hitchcock. Soderbergh impose ici un style dépouillé, sobre, et en même temps expressif, qui le place dans une longue et noble lignée de cinéastes classiques, prenant plaisir à raconter une histoire complexe et plaisante.

Jude Law est tout bonnement époustouflant, et le reste du casting est proche de la perfection. La musique est remarquable.

Difficile de trouver un défaut au film, qui procure du plaisir en flattant l'intelligence, ce qui est de moins en moins courant.

 

4e

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The impossible

Ayant raté le film à sa sortie, j'ai profité du Festival du Film Espagnol de Nantes 2013 pour aller voir le deuxième film de Juan Antonio Bayona (L'orphelinat).

Le sujet du film est limpide : c'est l'histoire vraie d'une famille espagnole victime du tsunami en Thaïlande (on voit d'ailleurs une photo de la famille dans le générique de fin). La mère est emportée avec le plus grand des trois garçons, alors que le père parvient miraculeusement à sauver les deux plus jeunes, puis à retrouver sa femme.

La première partie du film m'a enthousiasmé. L'atterrisage, les jeux et les cadeaux de Noël dans le village-vacance, les petits tracas liés au travail : tout cela est très bien montré, et Bayona parvient à ménager un vrai suspense, à peu de frais. On sait que la vague peut arriver à tout moment, VA arriver, et le sentiment éprouvé de l'imminence de la catastrophe est très intense.

D'ailleurs le tsunami lui-même est filmée magnifiquement, cela fait bien longtemps que je n'avais pas ressenti un telle impression de réalisme au cinéma. La façon dont Bayona peint l'attitude de la mère, gravement blessée, force l'admiration. Naomi Watts et le garçon sont remarquables. Cette partie du film, absurdement réaliste et totalement sans pathos, est parfaite.

Las ! Le passage de relais à Ewan McGregor gâche le plaisir, car d'une description saisissante de réalisme le film passe alors à une mièvrerie sentimentale dont on se serait bien passé, d'autant plus que l'enjeu du père paraît bien dérisoire : pourquoi met-il en danger ses deux plus jeunes fils pour rechercher sa femme et son aîné alors qu'à l'évidence la santé de ces deux derniers est indépendante du fait qu'il soient avec lui (ils seraient plus en sécurité dans un hôpital) ?

Le film dégringole dans sa deuxième partie une à une les marches de l'escalier de la facilité.

Dommage.

 

2e

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Les lendemains

Les lendemains, premier film de Bénédicte Pagnot, est un film modeste.

Modeste dans son propos : Audrey est une jeune fille sans histoire, qui vient d'avoir son bac, et qui part en fac à Rennes. Elle rencontre des squatters, et partage leur expérience, de plus en plus radicale.

Dans la première partie, Audrey a les cheveux longs et un magnifique sourire. Elle regarde le monde avec un regard qui est encore émerveillé. Dans la seconde partie, elle a les cheveux courts, et son regard s'obscurcit à mesure qu'elle entre en action.

Les lendemains est aussi un film modeste dans ses moyens : une mise en scène sensible, très proche des acteurs, mais sans esbroufe, un montage resserré, des décors quelconques. Tout dans le film respire l'économie de moyens, mais aussi la profondeur de réflexion, l'attention aux détails. Le film a été imaginé, produit et tourné en Bretagne, ce qui lui donne un vernis absolument provincial.

Construit sur des thèmes assez proches d'Après mai (le passage à l'âge adulte, l'extrême gauche, les utopies de la vie communautaire), le film est diablement plus fin que le pensum nombriliste d'Assayas.

Les lendemains révèle enfin une actrice formidable, la jeune Pauline Parigot, qui prend en charge sur ses frêles épaules une bonne partie des risques contenus dans le scénario (une relative passivité du personnage principal, des tatonnements qui font se demander où va le film). Les scènes qu'elle joue avec son amie d'enfance (Pauline Acquart) sont très belles, à l'instar de celle qui ouvre le film.

Un beau film a découvrir, qui a remporté le Prix du public au Festival Premiers Plans d'Angers.

Vu ce soir au Katorza, en présence de Bénédicte Pagnot et de son producteur Gilles Padovani, qui ont longuement répondu aux questions des spectateurs. Où l'on a eu confirmation que tourner un long-métrage est souvent le fruit d'une obstination durable : le projet s'est étiré sur 10 ans....

 

2e

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Pieta

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/85/95/20483394.jpg Pieta, Lion d'or au dernier festival de Venise, est un film sparadrap.

Vouliez-vous en oublier le propos, l'ambiance ou le souvenir, que le film de Kim Ki-Duk vous poursuivra au plus profond de vos nuits, sans rémission. Car le film est ainsi : sec, aride, violent comme un coup de poing, peu aimable, comme du Pialat trash à la sauce coréenne, un objet qu'on pense détester avant de se rendre compte, avec horreur, qu'il a pris possession de votre âme.

Deux mots du pitch, avant d'aller plus loin, et sans spoiler, ce qui serait suprêmement dommageable (mais dire cela c'est déjà spoiler) : Kang-do recouvre des dettes. Il n'hésite pas à estropier ses victimes pour cela, afin qu'elles touchent une assurance (et parfois, comble de l'horreur, avec leur bénédiction). Un jour une femme se présente, qui est la mère de Kang-do, et entreprend de le sauver du mal...

Le film est remarquable de plusieurs points de vue. D'abord sa photographie, d'une beauté sur-réelle, qui rend les horreurs décrites presque aimables. Pieta, c'est un peu Léonard de Vinci qui illustre Sade ou Bataille. La mise en scène de Kim Kim-Duk est souveraine, aérienne, précise, cruelle. Le jeu des deux acteurs principaux est absolument magistral : lui est charismatique avec sa lippe boudeuse et sa lente transformation, elle est rayonnante. Quant au scénario, il est d'une complexité étonnante, la seconde visite à chacune des victimes s'avérant beaucoup plus ambigüe qu'il n'y paraît.

Ajoutez à cela l'incroyable génie des décors qui caractérise le film, et le tableau saisissant d'un quartier de Séoul qui se meure, et vous obtiendrez une pièce marquante du cinéma coréen contemporain.

Le film, qui ne présente aucune image gore, est considéré par certains comme extrêmement violent (témoins ces vagues de spectateurs bon chic bon genre quittant la salle à Deauville lors d'une fameuse scène qui s'avérera - ironie du script - autre chose que ce qu'elle paraît être, mais ceux qui ont quitté la salle ne le sauront jamais). Il ne l'est que par ce que nous pensons, nous spectateurs, de ce que nous voyons. Où est la bassesse, où est la raison, où sont les tords des uns et les raisons des autres ? Pieta est doistoievkien en diable et c'est pour cela que je l'aime.

Un oeuvre forte à déconseiller aux âmes chastes.

 

4e

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Le repenti

Au milieu de ma semaine cannoise 2012, j'ai eu la surprise de voir ce joli film, dans une petite salle repassant en fin de soirée des films de la Quinzaine. Merzak Allouache était là, avec une bonne partie de ses acteurs, qui, disons-le, sont tous excellents.

Il y avait dans l'air une atmosphère de gravité et d'émerveillement, lié au sujet du film, que je ne dévoilerai que très partiellement, pour ne pas gâcher votre plaisir de spectateur. Difficile dans ses moments d'émotion d'imaginer qu'Allouache est aussi le réalisateur de Chouchou.

D'abord, saluons le procédé narratif, très malin : un personnage donne une info à un autre lors d'une conversation téléphonique. On ne saura qu'à la fin du film la teneur, évidemment dramatique, de cette info, autour de laquelle tout le film va graviter.

Dans le contexte de l'histoire algérienne récente, de sa guerre civile et de ses horreurs, Le repenti traite avec un certain brio de la notion d'amnistie, et de pardon (la "Concorde civile" qui permit à certains islamistes de se réinsérer dans la société). Le début du film est particulièrement réussi, avec un côté naturaliste très plaisant. Il se développe ensuite sur un mode un peu trop lent, parfois opaque, avant un final particulièrement spectaculaire. Comme un bon vin il possède une belle longueur en bouche.

Le film a été très mal reçu en Algérie, ce qui révèle beaucoup de la profondeur des plaies encore ouvertes.

Une découverte.

 

2e

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