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Shokuzai

Kiyoshi Kurosawa est certainement un des meilleurs cinéastes japonais en activité avec Hirokazu Kore-Eda, Shinji Aoyama et bien sûr Takashi Miike. Souvent cantonné au film de genre tendance fantastique, il fut révélé au grand public par son dernier film Tokyo Sonata. Malgré ce succès, il a toujours beaucoup de mal à financer ses projets de long-métrages, et s'est donc décidé à réaliser en attendant une mini série de 5 épisodes d'une heure pour la chaîne japonaise Wowow.

Shokuzai (Penance en anglais, Pénitences en français) commence comme un film de serial killer : un homme repère 5 petites filles qui jouent au ballon, il en choisit une, la viole et la tue. Les petites filles ne peuvent pas aider à identifier le tueur, et la mère de la victime les maudit pour cela : chacune devra aider à trouver le coupable ou devra payer une "contribution".

Les quatre premiers épisodes retracent la vie des quatre petites survivantes, quinze ans après les faits, et montrent comment elles payent leur dette. Le premier épisode est très réussi, dans un genre qui tire vers le fantastique, et un travail sur l'image magnifique. Le second est dans une tonalité mélodramatique et donne à voir la vie à l'intérieur d'une école japonaise avec ses drôles de rites. Le troisième est une sorte de thriller psychologique et le quatrième tranche totalement avec tous les autres en explorant un registre burlesque et cruel.

Dans ces quatre petites histoires, on ne peut qu'admirer la parfaite maîtrise de Kurosawa qui propose une mise en scène d'une exceptionnelle beauté : décors minutieusement choisis et astucieusement filmés, mouvements de caméra gracieux, cadres splendides, direction d'acteurs irréprochable, scénario mitonné aux petits oignons (il fallait voir les spectateurs du Festival des 3 Continent rivés à l'écran pendant 5 heures de suite), montage chirurgical. Chaque épisode commence par un retour sur la scène fondatrice (un peu comme un "previously in Shokuzai") qui nous la fait découvrir sous un angle différent à chaque fois : c'est très bien fait. Si les qualités intrinsèques sont les mêmes dans les quatre premiers opus, ils ont chacun leur style particulier, thème musical, photographie, tonalité des décors, utilisation de gros plans ou de plans larges, rythme du montage : dans la mise en scène de Kurosawa tout fait sens, rien ne semble laissé au hasard.

Le cinquième et dernier épisode est une sorte de feu d'artifice qui revient à l'époque du drame (et  même avant) et qui lorgne cette fois-ci du côté des coréens façon Park Chan-Wook ou Bong Joon-Ho. Le rythme devient halletant et les révélations succèdent aux rebondissements. Si le plaisir de spectateur est dopé à ce moment-là, il faut avouer que ce n'est plus à force de bon goût et de crédibilité, mais peu importe, le niveau de qualité global de l'ensemble reste impressionnant.

Le film est sorti en France sous forme de deux films : Celles qui voulaient se souvenir (1h59) et Celles qui voulaient oublier (2h28).

 

4e

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H
Le film offre au spectateur un large panorama des psychoses qu’un adulte peut développer suite aux tragédies de sa jeunesse. Et malgré les chemins alambiqués de son récit, Kurasawa arrive à trouver<br /> une cohérence étonnante et inquiétante.
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A
Je vois que ce film en deux périodes t'a plu également.Je l'ai vu lors du Festival du film asiatique de Deauville en mars dernier. L'assistance était suspendue les deux fois à cette excellente<br /> suite de chapitres très bien articulés. Je n'ai mis que 3 étoiles car j'ai trouvé le cinquième épisode un peu trop long et alambiqué. Mais ce film a été une agréable bonne surprise.
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C
<br /> <br /> Je l'ai vu dans les mêmes conditions que toi (en 5 épisodes au festival des trois continents) et j'ai beaucoup aimé. Un peu moins la fin, je suis d'accord avec toi.<br /> <br /> <br /> <br />