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Christoblog

Articles avec #paolo sorrentino

La main de Dieu

Sorrentino, qui donne souvent dans la démesure, fait ici preuve d'une retenue remarquable.

Si La main de Dieu commence comme un Fellini (créatures fantastiques et conte baroque), il évolue vite vers une chronique familiale d'abord burlesque, puis tendre et dramatique.

Le film est beau comme un Amarcord assagi, trouvant une énergie brute et solaire dans le magnifique décor de la baie de Naples. Il est non seulement un voyage agréable au soleil qui nous fait découvrir l'amour fou d'une ville entière pour un footballeur, mais aussi un intéressant aperçu de la jeunesse d'un apprenti cinéaste.

Comme d'habitude, c'est magnifiquement filmé.

Paolo Sorrentino sur Christoblog : This must be the place - 2011 (***) / La grande belleza - 2013 (***) / Youth - 2015 (**)

 

3e

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Youth

Il faut aujourd'hui un certain aplomb pour défendre Sorrentino.

Il faut en tout cas résister à l'influence du triumvirat de la bien-pensance cinéphilique tendance soporifique thaïlandaise : Libération, Les Inrocks, Les Cahiers. Pour ces gens-là, Sorrentino est définitivement classé avec une véhémence haineuse comme un réalisateur pompier (lire ma Lettre ouverte aux Cahiers), alors que Gomes et Weerasethakul, pour ne citer qu'eux, sont géniaux avant même d'avoir levé leur caméra.

Pour le spectateur vierge de tout a priori que je suis, la vision d'un film de Sorrentino génère deux émotions opposées : le plaisir que procurent les trouvailles baroques d'un réalisateur surdoué, et l'ennui qui découle de voir ces trouvailles juxtaposées sans constituer un ensemble cohérent et profond.

Dans La Grande Belleza, le plaisir était largement supérieur à l'ennui, parce que le sujet se prêtait admirablement à la démesure triste de la mise en scène.

Ici, et même si le film abordent les mêmes sujets que le précédent (la vieillesse, la sublimation par l'art, la déchéance physique), ce n'est pas tout à fait le cas.

Si la photo est toujours admirable, les images incroyablement bien composées, le plaisir est un peu gâché par une impression d'épate à tout prix (la scène d'ouverture, le clip de la pop star, le concert de la fin). La retenue de Michael Caine (excellent) et de Harvey Keitel fait pourtant mouche au début du film. Associée à le netteté suisse, cette sourdine inhabituelle donne une tonalité nouvelle au cinéma de Sorrentino : on navigue dans une sorte d'humour british, et les répliques spirituelles fusent.

Malheureusement, l'équilibre précaire du film se délite dans son dernier tiers (le pitoyable concert de fin, atrocement filmé, la lévitation du bonze, ridicule).

Je rêve d'un jour où Sorrentino débarassera son cinéma de toutes ses scories (Hitler ! Maradona ! Miss Monde qui pense ?!) pour exprimer pleinement ses incroyables qualités de plasticiens et d'amuseur.

Paolo Sorrentino sur Christoblog : This must be the place (***) / La grande belleza (***)

 

2e

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La grande bellezza

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/073/21007325_2013052116483405.jpgIl est assez étonnant de lire beaucoup de critiques sur ce film qui le relient à La dolce vita, car les deux films n'ont finalement pas grand-chose à voir, si ce n'est Rome et le goût des fêtes décadentes. Pour le reste, que ce soit pour la mise en scène, les thématiques ou les péripéties, les films sont assez différents. Le film de Fellini est beaucoup plus noir et désabusé que celui de Sorrentino.

Alors pour commencer, je dois dire que j'ai adoré l'interprétation de Toni Servillo, impérial en dandy vieillissant, qui parvient à jouer le détachement sans aucun cynisme. Ensuite, le film m'a impressionné par la puissance évocatrice de ses scènes, dont beaucoup sont ennivrantes, comme celle de la première fête, qui fait ressembler les orgies de Spring breakers à des réunions de séminaristes.

Au-delà de la virtuosité formelle de Sorrentino, qui est exceptionnelle, le film regorge également de personnages diablement attachants, comme la sainte de 104 ans, ou plus encore, la magnifique femme qui est mortellement malade (superbe scène où elle écoute Jap pérorer à propos de la conduite à tenir dans les enterrements, alors qu'elle se sait condamnée, et pas nous).

Evidemment, l'exubérance créatrice de Sorrentino n'évite pas un certain mauvais goût (les flamands roses), mais cela me semble négligeable au regard de la puissance visuelle du film.

Une des scène les plus violentes vues à Cannes figure dans ce film : celle durant laquelle Jap dit ses quatre vérités à une femme qui la ramène un peu trop, avec le sourire, mais avec une exhaustivité et une précision destructrice. D'autres scènes marquent profondément le spectateur : ce cabinet étrange de docteur dont on ne saisit pas vraiment l'activité, le berceau dans le palais, cet artiste contemporain qui se prend en photo tous les jours, ce couple qui propose une bizarrerie sexuelle à Jap que je n'ai pas comprise...

La grande bellezza traite du temps, de la mort et des souvenirs. A ce titre, le passage du voyage vers le Concordia, et les souvenirs du premier amour qui y sont associés, sont splendides.

Un bien beau film, sous un fatras un peu tape-à-l'oeil, c'est vrai.

 

4e

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This must be the place

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/83/94/10/19744482.jpgIl m'arrive (rarement) d'aller voir certains films à reculons, et d'en sortir convaincu.

C'est ce qui s'est passé pour le dernier film de Paolo Sorrentino.

Au départ, il y a l'accueil glacial du festival de Cannes en compétition officielle. Puis un bouche à oreille plutôt flippant, des critiques très mitigées, et enfin une bande annonce qui conforte tous les a priori négatifs que le film peut susciter : il sera lent, poseur, artificiel.

Le début du film conforte d'ailleurs ces présupposés. Sean Penn, doté d'un maquillage outrancier et d'une élocution incroyablement composée, nous paralyse. Il faut s'habituer à son jeu comme il faut que les yeux s'accoutument lors d'un changement de focale : c'est inconfortable, voire douloureux. Et puis, on ne comprend pas grand-chose à ce qu'on voit. Il y a une star de rock, dotée d'une femme et de copains plutôt normaux alors que lui ne l'est pas, des adolescents morts, et un père juif qui meurt.

Puis, petit à petit, le film commence à construire sa charpente. La personnalité de Cheyenne, ex rock star, se révèle progressivement sous nos yeux. Une sorte de road movie improbable se développe, finalement beaucoup plus complexe et cohérent que le début ne le laisse présager.

Pour aider le film à décoller, la mise en scène de Sorrentino n'hésite pas sur les moyens. C'est du lourd en matière de mouvements de caméra alambiqué, de photos de magazine de voyage et de plans saugrenus. Mais cela fonctionne. Il me faut admettre que certaines scènes frôlent même la perfection : le concert de David Byrne, la visite à la vieille dame, la chanson avec le petit garçon ou les scènes dans la caravane.

Cela me donne envie de rechercher dans ma pile de DVD Il divo, le précédent film de Sorrentino. Et de lire son roman, qu'on dit très bon, Ils ont tous raison. Bon, il faut savoir reconnaître qu'on a failli se tromper.

Ecouter la chanson originale de Talking Heads : This must be the place, qui donne son titre au film.

Ecouter la reprise d'Arcade Fire, dont il est question dans le film.

 

3e

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