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Christoblog

Articles avec #frances mcdormand

The French Dispatch

A force de faire des films avec un rapporteur et un compas, Wes Anderson finit par oublier  que le cinéma est avant tout histoire de sensations.

Dans ce film manifeste qui se veut d'une certaine façon le couronnement d'une "méthode", le cinéaste américain multiplie les vignettes, d'une qualité inégale.

La première des trois histoires est assez plaisante, grâce à Léa Seydoux, Del Toro et Brody. La seconde est faible : je n'y ai vraiment rien trouvé d'intéressant et Lyna Khoudri n'est malheureusement pas à sa place, au milieu du casting le plus prestigieux qu'on ait peut-être jamais vu. Quant au troisième récit, il concentre le pire de ce qu'on peut reprocher au film : les procédés de Wes Anderson y deviennent des recettes éculées, servies par un style compassé, qui peut encore toutefois faire mouche. 

Trop d'idées, trop de plans, trop d'infos dans chaque plan, trop de détails, trop de langues, trop d'intentions, trop de caricatures. Et pas assez d'émotions. Le contraste avec le film précédent d'Anderson, L'île aux chiens, exigeant, simple et sombre, est frappant.

Wes Anderson sur Christoblog : La vie aquatique - 2003 (*) / A bord du Darjeeling Limited - 2007 (***) / Fantastic Mr. Fox - 2009 (****) / Moonrise kingdom - 2012 (****) / The grand Budapest hotel - 2013 (**)  / L'île aux chiens - 2018 (****)

 

2e

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Nomadland

Tous les films de Chloé Zhao possèdent plusieurs qualités en commun : une extrême attention aux protagonistes, une connexion à la nature qu'elle partage avec peu de cinéastes, et une mise en scène souple et déliée.

Le résultat est ici tout à fait convaincant, comme l'étaient ses deux premiers films. Je craignais que sa collaboration avec une actrice de la renommée de Frances McDormand nuise aux qualités quasi-documentaires de son travail, mais il n'en rien. L'actrice multi-oscarisée se fond avec un naturel stupéfiant au milieu d'un casting où les personnages jouent leur propre rôle.

Le résultat est d'une humanité rare. Le moindre geste d'attention (offrir un briquet, toucher la main, partager un feu) prend des proportions de sainteté, alors que la descente vers le Sud des Etat-Unis se transforme en une sorte d'épiphanie des marges. 

Bien sûr le film montre la pauvreté en lisière du rêve américain, comme le faisaient ceux de Chaplin et de Ford, et certains le verront probablement principalement sous cet angle, mais il est aussi (et pour moi surtout) une formidable ode à la liberté absolue, entre grâce et dénuement, trivial et sublime.

La mise en scène de Zhao est confondante de beauté, enchaînant travellings inspirés, montage rythmé et gros plans émouvants, le tout dans des tonalités bleutées et grisâtres. 

Nomadland mérite tous ses prix, mais il est plus qu'un gagnant, il est un passeur.

Chloé Zhao sur Christoblog : Les chansons que mes frères m'ont apprises - 2015 (****) / The rider - 2017 (****)

 

4e

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3 billboards, les panneaux de la vengeance

Voici un film qui possède tout ce que j'attends du cinéma : des surprises, de la beauté, des émotions.

La réussite est quasi générale quel que soit l'angle sous lequel on observe 3 billboards, mais ses deux points forts sont sans conteste son scénario et son casting.

Cela faisait bien longtemps qu'un scénario ne m'avait pas ébloui à ce point (disons Une séparation). On ne sait jamais vraiment là où le film va nous entraîner, que ce soit au niveau d'une scène (va-t-elle frapper ?) ou d'un pan entier de l'histoire générale. L'intrigue rebondit ainsi plusieurs fois dans le film sans qu'à aucun moment on ait l'impression d'être manipulé. Notre regard sur chacun des personnages ne cesse d'évoluer tout au long des développements de l'intrigue. Du grand art.

Côté interprétation, c'est du très très très haut niveau. Frances McDormand est évidemment impériale. Plutôt que d'insister comme tout le monde sur son côté John Wayne, je parlerais plutôt de l'incroyable plasticité de son visage. Woody Harrelson et plus encore Sam Rockwell sont parfaits également, mais la réussite ultime du film, c'est la farandole de seconds rôles parfaitement choisis. Je pense évidemment à Peter Dinkladge échappé de son rôle de Tyrion, mais aussi par exemple à Caleb Landry Jones dans le rôle de Red Welby.

Le talent de Martin McDonagh manipule différentes tonalités dans un ensemble parfaitement cohérent. On passe ainsi d'une série de punchlines jouissives à une scène très violente, qui peut être immédiatement contredite par une émotion profonde (les lettres post-mortem) ou un clin d'oeil tendre (le dialogue des pantoufles). Ce n'est pas le moindre des nombreux mérites du film que de fondre en un seul creuset une critique du Sud redneck, un dilemme moral de haut vol et l'ambiance d'un film noir.

3 billboards invente un nouveau genre, qu'il porte à la perfection : le mélodrame drôle et humaniste.

 

4e 

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Promised land

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/52/00/20395857.JPGComme beaucoup d'autres l'ont dit, le nouveau film de Gus Van Sant ne ressemble en rien à du Gus Van Sant. Il faut attendre un des derniers plans du film pour voir un homme en train de marcher et filmé au ralenti : c'est dire !

Passé ce préliminaire, et tentant donc de considérer le film uniquement pour ce qu'il est, je dois avouer qu'il m'a paru plutôt agréable.

Loin d'être le pensum anti gaz de shiste qu'on pouvait craindre, Promised land s'avère être un tableau très juste de la campagne américaine, loin des habituels clichés : les habitants n'y sont pas tous nuls, ni tous sympas, ni tous red neck.

L'avancée de l'intrigue est sympathiquement rythmée par la connivence qui règne entre un Matt Damon décidément excellent dans ce type de rôle de mec mal dégrossi, et une Frances McDormand à croquer.

Les enjeux économiques, moraux, écologiques, commerciaux, sont esquissés avec une grande subtilité, et toujours incarnés à travers un personnage, c'est la grande force du film. Si le coup de Trafalgar qui secoue le film m'a agréablement surpris (je mets quiconque au défi de le voir arriver), la toute fin m'a paru assez fade.

Au final, le film est tout de même recommandable. A noter qu'on entend pour la deuxième fois en peu de temps la chanson de Springsteen Dancing in the dark comme marqueur de l'Amérique profonde (après The place beyond the pines).

Gus Van Sant sur Christoblog : 2007 - Paranoid park (**) / 2008 - Harvey Milk (***) / 2011- Restless (****)

 

2e

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