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Christoblog

Articles avec #vincent macaigne

Chronique d'une liaison passagère

On se retrouve toujours en terrain connu (et entre gens de qualité) dans un nouvel Emmanuel Mouret.

Ce nouvel opus ne déroge pas à la règle. Les petits cartons qui rythment la chronique, l'écoulement du temps, le sens du rythme aiguisé, la vertu performative des dialogues, la sincérité des sentiments - et leur fugacité : tout est délicieux et surprenant, comme d'habitude.

La maturité venant, le réalisateur s'assagit tout de même, et le propos se fait ici plus grave. Les situations sont moins cocasses que dans sa jeunesse, et la chronique se teinte ici d'une pointe de nostalgie et de regret. Cette inflexion, que l'on sentait poindre dans ses deux derniers films, se matérialise ici par de nouveaux types de plans : un arrêt silencieux sur une nuque qui s'incline, des plans fixes sur les lieux qu'ont fréquenté les personnages, une façon de filmer les personnages de dos. Autant de petites respirations douces-amères qui permettent de méditer sur la pertinence des choix que font les personnages.

Kiberlain, et surtout Macaigne, sont dirigés de main de maître et dévoilent une profondeur qu'on ne leur connaît pas forcément.

Un bon cru, peut-être moins subtil que d'habitude, et moins riche narrativement que Les choses qu'ont dit, les choses qu'ont fait, mais très agréable à regarder.

Emmanuel Mouret sur Christoblog  : Promène toi donc tout nu ! - 1999 (**) / Laissons Lucie faire ! - 1999 (**) / Vénus et Fleur - 2003 (**) / Changement d'adresse - 2006 (***) /  Un baiser s'il vous plait  - 2007 (****) / Fais moi plaisir - 2008 (**) / L'art d'aimer - 2011 (**) / Caprice - 2014 (**) / Mademoiselle de Jonquières - 2018 (***) / Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait - 2020 (****)

 

3e

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Médecin de nuit

Quelle excellente surprise que ce thriller tendu et nocturne d'Elie Wajeman qui s'était un peu égaré dans son film précédent, Les anarchistes.

Dans cette histoire qui se déroule au cours d'une seule nuit, on passe par toutes les émotions que procurent les grands films d'errance nocturne : sentiment d'ivresse et de perdition, peur, fascination, tension sexuelle, désinhibition, impression de prendre des décisions qui changent la vie, etc.

La mise en scène est parfaite, nerveuse, tendue comme un arc, proche des visages. Elle est servie par une photographie admirable et une brochette d'acteurs au top de leur talent. Vincent Macaigne trouve ici probablement son meilleur rôle, alors que Pio Marmai est parfait dans un rôle ambigu et Sara Giraudeau plus magnétique que jamais.

Le scénario de ce film ramassé (1h22 seulement) nous tient en haleine jusqu'au dernier plan renversant. Une pépite noire.

Elie Wajeman sur Christoblog : Les anarchistes - 2014 (*)

 

3e

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L'origine du monde

L'origine du monde est une comédie qui n'est pas très drôle, construite sur un pitch qui se veut à la fois transgressif et bizarre (attention, spoil à suivre) : pour faire rebattre son coeur, Jean-Louis doit donner une photo du sexe de sa mère à une guérisseuse.

Toutes les péripéties qu'on voit à l'écran ne sont que des saynètes qui progressent lourdement vers le but ultime que j'ai énoncé en introduction.

Le film est globalement indigeste dans son intention et pataud dans sa réalisation, alternant maladroitement des styles différents, de l'introspection inquiète (les scènes d'introduction et leurs gros plans signifiants) au burlesque débridé (les acteurs qui se déshabillent), sans que l'amalgame ne prenne jamais vraiment.

Si l'ensemble ne tient que moyennement la route, il subsiste tout de même ici où là quelques éclairs drôles et une curiosité : voir pour une fois Vincent Macaigne en autre chose qu'en bobo barbu aux yeux de cocker. Quant à Laurent Lafitte, j'espère qu'il est dans la vie moins hautain et désagréable que son personnage : sa prestation le soir de l'avant-première à l'UGC de Lille permet d'en douter.

 

2e

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Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait

Pour peu qu'on ne soit pas allergique au style et aux motifs récurrent d'Emmanuel Mouret (des gens parlent ad libitum de leurs peines de coeur, et tout le monde veut coucher avec quelqu'un d'autre que celui ou celle avec qui il ou elle est), on considérera que ce dernier film est le grand oeuvre du cinéaste marseillais.

Le marivaudage élégant qui constitue sa marque de fabrique se teinte ici de tonalités plus graves et plus profondes. Le résultat est donc aussi brillant que d'habitude, une fois que la musique romehrienne des dialogues très écrit est intégré, mais également plus émouvant.

Toutes les composantes de Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait semblent d'ailleurs bonifiées : l'écriture est souveraine, le découpage du film parfait, l'utilisation de la musique (une sorte de best of de morceaux classiques pour piano) très pertinente, et même la mise en scène, usuellement quelconque chez Mouret, prend ici des couleurs.

Mais l'arme fatale du film, c'est le haut niveau d'incandescence que semblent atteindre acteurs et actrices. Camélia Jordana est brillante, Niels Schneider convaincant en Candide indécis, Guillaume Gouix impérial en goujat malgré lui et Vincent Macaigne trouve ici un de ses meilleurs rôles. Emilie Dequenne porte enfin le dernier arc narratif du film sur ses épaules et propose un personnage bouleversant. Sa prestation, exceptionnelle, justifie à elle seule la note maximale accordée au film.

Du grand Mouret.

 

4e 

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Fête de famille

On a déjà vu mille fois au cinéma le thème de la réunion de famille qui tourne au règlement de compte par le biais de révélations successives, le mètre-étalon en la matière étant bien entendu Festen.

La contribution qu'apporte Cédric Kahn au genre n'apporte pas grand-chose : les frères dissemblables s'engueulent, les enfants courent partout, la grand-mère toute puissante est bienveillante, et la fille qui a disparu depuis trois ans cache un lourd secret.

Je pourrais, au regard de la prestation par moment très prenante d'Emmanuelle Bercot, être indulgent vis à vis de ce film quelconque, s'il n'était pas aussi mal écrit. Les dialogues semblent souvent plaqués, certaines scènes ne fonctionnent pas du tout (l'accident de voiture par exemple) et globalement tout le film souffre d'un manque de rythme.

Dispensable.

 

2e

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Doubles vies

Le dernier Olivier Assayas mêle de façon assez grossière une réflexion lourdingue (et déjà datée) sur la révolution numérique et des histoires quelconques de coucheries entre bobos.

Sur le premier sujet le film se contente d'enfiler les poncifs tout au long de séquences verbeuses et de longs exposés didactiques qui sonnent particulièrement faux. Cela donne des débats de haute volée dans le genre : "Une liseuse ne remplace pas la bonne odeur du papier ", suivi de :  "Oui, mais on peut partir avec plus de livres en vacances". Passionnant.

Les interactions entre les personnages sont absolument inintéressantes. On retrouve une jeune fille bisexuelle et carriériste qui semble le clone de Kristen Stewart, jouée par une Christa Théret transparente, un Vincent Macaigne égal à lui-même en écrivain raté et une Juliette Binoche en roue libre. Guillaume Canet est un tout petit peu plus intéressant que d'habitude, mais c'est surtout le personnage jouée par l'excellente Nora Hamzawi qui empêche le film d'être complètement nul.

En ce qui concerne le cadre, on navigue dans un univers bourgeois bon chic bon genre sans caractère : propriétés cossues, villa de bord de mer et appartements parisiens platement filmés. La mise en scène est paresseuse.

Tout cela sent l'entre-soi chichiteux, le rance et le roussi. 

N'est pas Alain Resnais qui veut. Le marivaudage sonne ici triste et même pas cruel.

Olivier Assayas sur Christoblog : Après mai - 2012 (*) / Sils Maria - 2014 (****) / Personal shopper - 2016 (**)

 

1e

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Le sens de la fête

Il y a dans le cinéma de Toledano / Nakache une volonté de bien-faire, un respect pour le travail des acteurs et une sorte d'aversion pour la vulgarité crasse qui place le duo dans la lignée d'une comédie française à la Gérard Oury.

Difficile en effet de ne pas comparer la prestation de Bacri à celles qu'offraient Louis de Funès ou Bourvil au réalisateur du Corniaud.

Les ressorts comiques étaient chez Oury à la fois prévisibles et délicatement efficaces, exactement de la même façon qu'ici Vincent Macaigne enchaîne les différentes variantes d'un même running gag. 

Ce n'est jamais franchement hilarant, mais presque toujours plaisant, et même touchant (la scène du concert improvisé est un parangon d'efficacité). La diversité des thématiques évoquées (l'amour du métier, le sens de la débrouillardise), l'efficacité de la mise en scène et la performance des acteurs rendent le film diablement aimable. 

On ne peut vraiment lui reprocher que deux éléments : les histoires d'amour un peu gnan-gnan et des procédés qui tournent trop facilement à la répétition. C'est peu de chose, en comparaison du plaisir simple qu'il procure.

Une excellente soirée détente.

 

2e

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La loi de la jungle

Il y a une sorte de coolitude à être fan de La loi de jungle, si l'on en juge par les critiques hype, tendance Inrocks + Cahiers.

Curieusement, ce que les partisans du film aiment, ce sont ses défauts : un aspect bricolage de gags avec les moyens du bord, un burlesque qui s'assume dans l'approximation, un mélange des genres complètement foutraque et des références régressives qui échapperont à la plupart des spectateurs (la musique de Goldorak par exemple).

Pour ma part, je n'ai jamais vraiment accroché avec les très grosses blagues du film. Macaigne fait du Macaigne et Vimala Pons de l'Audrey Tautou sous acide. Ils sont assez convaincants tous les deux, contrairement aux seconds rôles qui semblent égarés dans la jungle de ce film : un Mathieu Amalric très mauvais, un Pascal Legitimus en perdition. 

L'aspect lunaire et poétique du précédent film d'Antonin Peretjatko est ici sacrifié au profit d'une tonalité plus fantasque et plus basiquement politique. Le nombre d'idées par plan est tellement énorme que certaines finissent tout de même par faire sourire (la scène d'aphrodisiaque, quelques gags purement visuels, les animaux), même si la majorité tombent à plat.

La loi de jungle manque de rythme, et souffre de trop d'imperfections pour être aussi drôle qu'il prétend l'être. Peretjatko semble plus doué pour avoir des idées que pour les concrétiser.

Antonin Peretjatko sur Christoblog : La fille du 14 juillet (**)

 

2e

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Les deux amis

Pour son premier long métrage, Louis Garrel nous offre un film délicieux.

Impossible de ne pas succomber au charme extraordinaire de Golshifteh Farahani, et à celui, un poil plus convenu, de la paire d'adulescent Garrel/Macaigne. 

Les deux acteurs jouent des rôles qui leur collent chacun à la peau : Garrel est beau, trop sûr de lui, donneur de leçon et fouteur de merde. Macaigne incarne à la perfection le Droopy amoureux, timide, indécis et dépendant. 

Plus que leur amitié superficielle, et typiquement parisienne (on pense à Dans Paris, de Christophe Honoré, ce dernier ayant co-écrit le scénario), c'est la beauté du jeu de Golshifteh Farahani qui donne de la valeur au film. Elle parvient à être à la fois sublime et terrienne, désirante, vulgaire et décidée. Son personnage fait du film une sorte de manifeste féministe qui renvoie les deux hommes au rôle de simples faire-valoir, juste bons à donner un titre au film, faibles, menteurs et ridicules.

Les deux amis est donc un badinage profond, cruel et amusant.

Louis Garrel avait auparavant réalisé un moyen-métrage de très bonne facture : Petit tailleur.

 

2e

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Eden

Si vous voulez en savoir plus sur la French Touch, n'allez pas voir Eden. Si vous voulez être passionné par une histoire, ou ressentir des émotions fortes, non plus. Si vous voulez par contre connaître la vie du frère de la réalisatrice, alors dans ce cas, ce film est fait pour vous.

Pas évident sûrement pour Sven Love, le frère de Mia Hansen-Love de se voir ainsi projeté à l'écran : incapable de garder une fille, ne sachant pas gérer son budget, obligé à près de 40 ans à enchaîner les petits boulots... Tout cela n'est pas très intéressant si on n'est pas de la famille, il faut le dire. Les dialogues sont pauvres, la direction d'acteur très approximative, la mise en scène quelconque. Félix de Givry, qui joue le personnage principal, est pour moi un inconnu, et gagne à le rester.

Le film ne présente donc pratiquement aucun intérêt, si ce n'est de guetter les apparitions successives de guest stars plus ou moins prestigieuses : Greta Gerwig, Vincent Macaigne, Golshifteh Farahani, Laura Smet. 

Eden est creux et ennuyeux, il ne fait pas honneur à la scène électro française, ni au cinéma hexagonal.

 

1e

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Tristesse club

Tristesse club cumule tous les poncifs du film d'auteur français récent : road movie provincial (merci le financement des régions), fratrie dissemblable réunie à l'occasion de la disparition de la figure paternelle, scènes décalées à la limite de l'irréel, masculinité défaillante.

Vincent Mariette ne parvient jamais à transcender son histoire improbable et ses stéréotypes marqués : Laurent Lafitte en super beauf (mais au fond, c'est un garçon si sensible), Ludivine Sagnier minaudant en femme-enfant fatale, Vincent Macaigne en cocker puceau énamouré.

Il résulte de cet embrouillamini lourdingue un ennui pesant et un intense sentiment de gâchis. Comment peut-on tourner des films aussi peu originaux, aussi auturo-nombrilistes que celui-ci ? On a presque honte de voir des comédiens qu'on aime se fourvoyer dans des inepties de ce genre. Présenté comme une comédie, le film n'est ni drôle, ni émouvant, ni tendre. Il est raté.

 

1e

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Tonnerre

J'avais remarqué, comme beaucoup, le moyen métrage de Guillaume Brac diffusé dans les salles l'année dernière : Un monde sans femme. J'étais donc curieux de retrouver son acteur fétiche (Vincent Macaigne) transporté des plages de Picardie dans les frimats de Bourgogne.

Le résultat est très convaincant. On est tout de suite happé par cette histoire de presque rien, cette romance de province qui se transforme en cauchemard potentiel. C'est le ton très juste dans lequel le film grandit qui fait sa qualité. Tout y sonne vrai : les tristes décors d'une petite ville endormie, les intérieurs aux papiers-peints défraîchis, les seconds rôles aux visages très expressifs, les acteurs "nature".

La progression dramatique du film est très subtile. Guillaume Brac nous emmène à chaque virage dans une direction inconnue, et bien malin celui qui pourra se targuer d'avoir prévu les développements de la seconde partie du film.

Vincent Macaigne, toujours fabuleux dans le rôle de candide respectueux, trouve ici à exprimer une variante un peu plus ambiguë de son jeu. Tonnerre fourmille de jolies scènes (la danse, la promenade en barque, le chien qui apprécie la poésie) et de discrètes réussites (la relation au père, les éléments qui se font écho d'un bout à l'autre du film). Il marque la naissance d'un réalisateur avec qui le cinéma français devra désormais compter.

Je le conseille vivement.

Retrouvez les films avec Vincent Macaigne critiqués sur Christoblog.

 

3e

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2 automnes 3 hivers

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/606/21060625_20131125143613489.jpgPrésenté dans la sélection ACiD lors du dernier festival de Cannes, 2 automnes 3 hivers consacre Vincent Macaigne comme l'acteur de l'année 2013 / début 2014 (La bataille de Solférino, La fille du 14 juillet, Tonnerre)... pour peu qu'on soit sensible à son look débraillé (évitons look improbable, bien qu'ici le terme puisse être parfaitement adapté), et à son jeu tout en nuance.

Bien que très imparfait techniquement, le film de Sébastien Betbeder emporte la mise, avec son apparente décontraction misant sur des procédés qui chez d'autres paraîtraient bien lourdingues : intertitres, personnages racontant l'action face caméra, etc.

Débutant comme une comédie romantique low-fi, le film évolue ensuite dans un ton beaucoup plus grave, brassant des thématiques pas toujours gaies (AVC, solitude, avortement) avec une légéreté qui fait toujours mouche. C'est un peu comme si l'inventivité de Donoma croisait les batifolages d'Emmanuel Mouret.

Parfois hilarant, souvent touchant, 2 automnes 3 hivers est hautement recommandable.

 

3e

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La bataille de Solférino

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/059/21005928_20130515104818045.jpgLa bataille de Solférino est un film bien imparfait, mais contrairement au flop pas chic de  Tip top, il a le mérite de vouloir bien faire.

Le système que met en place la réalisatrice Justine Triet est diabolique : tourner un film dans la rue, lors d'un événement mémorable (l'élection de François Hollande). On voit la difficulté de la chose : toutes les scènes prévues dans le script pour ce jour-là doivent être tournées ce jour-là, quoiqu'il arrive.

D'où évidemment une pression maximale ce 6 mai 2012, avec un nombre de caméra impressionnant et un nombre d'heures de tournage excédant probablement les limites du droit du travail (mais comme il ne s'agit pas de Kechiche, on ne dira rien). Le concept permet en plus de bénéficier de la puissance de 10000 figurants ... gratuitement !

Les scènes d'extérieur sont donc sidérantes, et le fait d'avoir choisi le métier de journaliste pour l'actrice principale est une idée géniale. Laetitia Dosch est tout à fait crédible dans ce rôle.

Le film ne se résumerait qu'à une prouesse technique s'il ne séduisait pas également par son intrigue intelligemment agencée : un père dont on comprend qu'il a des problèmes psys tente de revoir ses enfants, mais son ex-femme l'en empêche par des moyens qui font douter de sa propre santé mentale (par exemple les emmener dans le tohu-bohu de Solférino).

Les scènes d'intérieurs sont étonnantes, jouées sur le fil par des acteurs inspirés dont on dirait qu'ils improvisent leurs répliques. C'est parfois drôle, souvent intéressant, mais la répétition de certaines phrases pourront aussi énerver ("Je sens une spirale d'angoisse, là"). La fin du film lui donne une dimension supplémentaire (le juriste, le copain, quelques silences qui paraissent assourdissants après les logorrhées de Macaigne).

A Cannes 2013 on peut dire que si le cinéma français a ouvert quelques fenêtres et fait souffler un vent frais dans les salles, c'est en grande partie grâce à Justine Triet.

 

3e

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La fille du 14 juillet

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/97/57/81/20537280.jpgUne sorte d'hystérie collective s'est développée à Cannes autour d'un nouveau cinéma comique français dont les parangons seraient Tip top de Serge Bozon et La fille du 14 juillet d'Antonin Peretjatko. Cet engouement soudain s'est manifesté entre autre par le supplément Cannes du Monde et le numéro d'avril des Cahiers. De quoi s'agit-il ? Faire des comédies avec trois francs six sous (et pas d'euros, il y a d'ailleurs une pièce de 0 euro qui circule dans le film), être inventif avec peu de moyens, regarder plutôt vers le passé que vers l'avenir, et distiller de subtils messages en rapport avec l'actualité.

Si j'ai trouvé l'exercice absolument raté dans le cas de Tip top, je l'ai un peu plus apprécié dans le film de Peretjako.

Hector, gardien de musée, tombe amoureux de Truquette. Il descend dans le midi avec elle, son copain Pator, Charlotte (une amie de Truquette) et Bertier, qui lit un manuel de séduction en vue de conquérir Truquette. Le film est loin d'être parfait. D'abord techniquement : le manque de moyen se fait cruellement sentir, ce qui se traduit par des approximations désagréables (j'ai lu dans un article que certains champ / contrechamp avaient été réalisés à plusieurs mois d'intervalle). Ensuite le côté rétro est parfois pesant, il suffit de lire les références citées par la presse : Tati, Rozier, Iosseliani, un Godard drôle, Jean Yanne, Mocky, Dino Risi, Blake Edwards... tout cela est fort flatteur et en partie fondé, mais le film souffre de cette accumulation de références.

Ceci étant dit, Peretjatko s'en sort tout de même par des éclairs de génie drôles et/ou poétiques : l'introduction montrant les cérémonies du 14 juillet filmées en accéléré, l'idée d'avancer la rentrée d'un mois à cause de la crise, certains gags visuels. Le film propose une telle accumulation d'idées que certaines sont forcément bonnes. Il faut également noter un effort de construction beaucoup plus rigoureux que le style du film ne le laisse présager (histoires dans l'histoire, flash backs, etc..). Le personnage du faux médecin colérique, joué avec brio par Serge Trinquecoste, mérite presque à lui même le déplacement.

Au final, j'ai un peu de mal à avoir une opinion tranchée sur ce film, plongée anecdotique - mais pas désagréable - de hipsters contemporains dans la France profonde de la Nationale 7.

 

2e

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Un monde sans femmes / Le naufragé

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/32/91/19835450.jpgLa diffusion d'un moyen métrage est assez rare pour être saluée. Un monde sans femmes, de Guillaume Brac, renoue avec la tradition française des films de plage, dans la lignée de Rohmer, et encore plus de Jacques Rozier.

Sylvain (excellent Vincent Macaigne), est esseulé à Ault (Picardie). Esseulé, seul, solitaire, sorte de Droopy au physique de Philippe Katerine, cheveux gras en bataille et embonpoint assez prononcé pour détruire toute prétention à être / paraître un peu sexy.

L'été apporte sur la plage une mère et sa fille, parisiennes (nobody's perfect). La mère est fofolle, prête à coucher avec le premier venu, pourvu qu'il soit bien foutu et entreprenant. La fille est réservée, bien que super-mignonne, et lit dans son lit. Sylvain profite de leur compagnie, et découvre qu'un monde avec les femmes est délicieux.

Le film n'est pas hyper-ambitieux, il vise surtout à faire ressentir aux spectateurs de multiples micro-tourments et de nombreuses variations sur les thèmes de la timidité, de la maladresse, de l'amour, de la solitude.

C'est à la fois très peu, et - parce que la réalisation et la direction d'acteurs fait sens - beaucoup.

Le court métrage présenté en introduction (Le naufragé) est délicieusement connecté avec Un monde sans femmes, qui se déroule dans le même décors, avec le même acteur... dans le même appartement et avec les mêmes fringues.

Une expérience délicate hautement recommandable.

 

3e

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