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Christoblog

Articles avec #lion d'or

Roma

Alfonso Cuaron, habitué aux superproductions américaines, s'est lancé un véritable défi en voulant tourner un récit intimiste de 2h15, en noir et blanc, avec des acteurs inconnus. C'est d'ailleurs ce qui l'aurait conduit, selon lui, dans les bras de Netflix.

Alors que vaut finalement Roma, qui a raté Cannes pour cause de bannissement de la plateforme de streaming américaine, mais qui a remporté le Lion d'or à Venise, et qu'on ne verra pas dans les salles françaises ? 

Eh bien, difficile à dire. D'un côté j'ai été littéralement ébloui par le piqué de l'image, l'incroyable beauté du noir et blanc (qui est d'ailleurs plutôt une symphonie de gris), la perfection quasi-mathématique des cadres.

Le sentiment de réalité que dégage la direction artistique du film, l'attention portée au moindre détail, contribuent à produire chez le spectateur un sentiment de sidération qui fait apparaître le film un peu moins long que ce qu'il est.

D'un autre côté, ce que raconte Roma n'est en réalité pas très intéressant : les sentiers qu'il emprunte ont été parcourus mille fois dans l'histoire du cinéma (les domestiques sont intégrés dans la famille, mais en réalité pas vraiment dès que ça se gâte, et c'est bien triste ma brave dame). L'actrice principale est un peu trop figée dans ses attitudes pour qu'on s'intéresse à son histoire avec une réelle empathie. Le sous-texte politique n'est que grossièrement esquissé. Et si la réalisation est sous certains aspects exceptionnelle, elle verse parfois dans un maniérisme grossier (ces travellings qui, à force d'être beaux, en deviennent pénibles) qui ne sert pas l'incarnation de personnages par ailleurs assez plats.

Une demi-réussite, donc.

Alfonso Cuaron sur Christoblog : Les fils de l'homme - 2006 (**) / Gravity - 2013 (**)


2e

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Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence

J'attendais beaucoup de ce film, précédé par la réputation avantageuse qu'entretenaient les admirateurs des deux premières oeuvres de Roy Andersson. 

Vous connaissez peut-être le principe : 39 plans fixes, présentant des personnages tous lamentables, tristes et figés.

Au rayon des points positifs, il faut reconnaître que la capacité d'Andersson à dessiner de véritables tableaux vivants est remarquable. Les perspectives, les personnages qui se meuvent dans les seconds plans et les mini-histoires qui irriguent certaines scènes parviennent parfois à captiver. 

Au rayon des points négatifs, le problème n'est pas tant que le film est très pessimiste sur la nature humaine (comme c'est aussi le cas chez Franco, Haneke ou Seidl), mais plutôt qu'il l'est sur un mode un peu niais. Oui, la guerre c'est moche, l'esclavage c'est pas bien, la solitude c'est triste, et la mort c'est pas cool. Mais on le savait déjà.

Le film est bourré de tics qui m'ont aussi dérangé par leur caractère répétitif : la phrase que plusieurs personnages disent au téléphone, la musique qui revient tout le temps, le sketch des deux représentants de commerce qui se répète plusieurs fois.

Une curiosité donc, qu'on peut voir comme l'illustration d'un univers très personnel, intéressant mais pas captivant.

 

2e  

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Pieta

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/85/95/20483394.jpg Pieta, Lion d'or au dernier festival de Venise, est un film sparadrap.

Vouliez-vous en oublier le propos, l'ambiance ou le souvenir, que le film de Kim Ki-Duk vous poursuivra au plus profond de vos nuits, sans rémission. Car le film est ainsi : sec, aride, violent comme un coup de poing, peu aimable, comme du Pialat trash à la sauce coréenne, un objet qu'on pense détester avant de se rendre compte, avec horreur, qu'il a pris possession de votre âme.

Deux mots du pitch, avant d'aller plus loin, et sans spoiler, ce qui serait suprêmement dommageable (mais dire cela c'est déjà spoiler) : Kang-do recouvre des dettes. Il n'hésite pas à estropier ses victimes pour cela, afin qu'elles touchent une assurance (et parfois, comble de l'horreur, avec leur bénédiction). Un jour une femme se présente, qui est la mère de Kang-do, et entreprend de le sauver du mal...

Le film est remarquable de plusieurs points de vue. D'abord sa photographie, d'une beauté sur-réelle, qui rend les horreurs décrites presque aimables. Pieta, c'est un peu Léonard de Vinci qui illustre Sade ou Bataille. La mise en scène de Kim Kim-Duk est souveraine, aérienne, précise, cruelle. Le jeu des deux acteurs principaux est absolument magistral : lui est charismatique avec sa lippe boudeuse et sa lente transformation, elle est rayonnante. Quant au scénario, il est d'une complexité étonnante, la seconde visite à chacune des victimes s'avérant beaucoup plus ambigüe qu'il n'y paraît.

Ajoutez à cela l'incroyable génie des décors qui caractérise le film, et le tableau saisissant d'un quartier de Séoul qui se meure, et vous obtiendrez une pièce marquante du cinéma coréen contemporain.

Le film, qui ne présente aucune image gore, est considéré par certains comme extrêmement violent (témoins ces vagues de spectateurs bon chic bon genre quittant la salle à Deauville lors d'une fameuse scène qui s'avérera - ironie du script - autre chose que ce qu'elle paraît être, mais ceux qui ont quitté la salle ne le sauront jamais). Il ne l'est que par ce que nous pensons, nous spectateurs, de ce que nous voyons. Où est la bassesse, où est la raison, où sont les tords des uns et les raisons des autres ? Pieta est doistoievkien en diable et c'est pour cela que je l'aime.

Un oeuvre forte à déconseiller aux âmes chastes.

 

4e

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