Passion
Passion est ce genre de film qui essaye de se maintenir constamment sur le fil qui sépare le ridicule du spectaculaire. En ce sens il est très proche du giallo, et en particulier du cinéma de Dario Argento.
Première partie : jeu d'influence entre deux garces dans un milieu professionnel très codifié. C'est propre, mais déjà entâché de multiples insultes au bon goût (et même à un simple respect du réalisme narratif). Par exemple, pourquoi après deux minutes de film, les deux protagonistes éclatent de rire, après un seul verre d'alcool, comme si ce dernier contenait l'euphorisant le plus radical ? Cette partie m'a personnellement rappelé la série Damages, en infiniment moins bien. Reste tout de même au crédit du film l'interprétation nickel de la brune et de la blonde, Mulholland Drive es-tu là ?
Deuxième partie du film. De Palma perd son sang-froid et semble avoir abusé de la vodka givrée : le cadre est systématiquement de travers et l'éclairagiste semble avoir oublié une ampoule sur deux. Le film part complètement en vrille, alternant rêve dans le rêve qui semble être la réalité alors qu'il s'agit d'un rêve, et fin qui cache une sous-fin qui enchaîne sur une vraie fin, avant qu'un réveil brutal ne nous signifie que le rêve dont on croyait qu'il simulait la réalité était en fait une énième variation dans la trame narrative avant le rebondissement final qui cache lui-même une chute qui s'avère surprenante, si tant est qu'à ce point quelque chose puisse paraître surprenant.
Alors oui, devant une telle escalade dans les effets tapageurs, certains pourront s'extasier en prétextant que l'extrême mauvais goût, sur une sphère, ne sera pas loin de rejoindre le génie. Ce n'est pas mon cas.
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