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Christoblog

Bienvenue à Cedar Rapids

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/82/78/73/19744042.JPGJ'aime bien de temps en temps parler d'un film nul, que personne n'a vu et sur lequel j'essaye d'avoir 0 commentaire. Vais-je y arriver ?

 

Il faut être dans un avion à 9000 mètres au-dessus du sol pour se laisser tenter par une comédie de Miguel Arteta ("c'est qui celui là ?", me demandez vous l'esprit embrumé, je vous réponds :  "Il a fait Be Bad, le bien nommé", vous : "Ah ouais").

 

Les acteurs me sont inconnus, ou presque. Ed Helms joue exactement dans le même ton que Steve Carell dans 40 ans, toujours puceau, en beaucoup moins convaincant. Comme je le disais dans ma critique récente de Mes meilleures amies, toute comédie américaine doit être grossière, le film possède donc son gros cradingue qui va débiter (si je puis dire) son lot de grossièretés machistes et pipi-caca. Il s'agit de JC Reilly, qui d'après mes sources jouerait dans We need to talk about Kevin, on verra ça. Anne Heche joue le rôle féminin, et franchement, cela n'a aucune importance, vous ne la connaissez pas, moi non plus, et vous avez autre chose à faire qu'à lire cet article, par exemple vous pourriez aller vous faire un thé ou prendre une glace au caramel au beurre salé.

 

Tout ce beau monde vit des péripéties affligeantes lors d'une réunion de représentants de commerce dans un motel minable. C'est glauque en essayant de faire glauque, mais au final ça l'est plus que nécessaire. Les enjeux sont d'une bêtise à pleurer et les rebondissements vous donnent envie de sauter par la fenêtre en criant : stop, ce que vous hésitez à faire, à 9000 mètres.

 

Il vaut mieux que j'arrête, je vais devenir méchant, je le sens.

 

1e

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This must be the place

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/83/94/10/19744482.jpgIl m'arrive (rarement) d'aller voir certains films à reculons, et d'en sortir convaincu.

C'est ce qui s'est passé pour le dernier film de Paolo Sorrentino.

Au départ, il y a l'accueil glacial du festival de Cannes en compétition officielle. Puis un bouche à oreille plutôt flippant, des critiques très mitigées, et enfin une bande annonce qui conforte tous les a priori négatifs que le film peut susciter : il sera lent, poseur, artificiel.

Le début du film conforte d'ailleurs ces présupposés. Sean Penn, doté d'un maquillage outrancier et d'une élocution incroyablement composée, nous paralyse. Il faut s'habituer à son jeu comme il faut que les yeux s'accoutument lors d'un changement de focale : c'est inconfortable, voire douloureux. Et puis, on ne comprend pas grand-chose à ce qu'on voit. Il y a une star de rock, dotée d'une femme et de copains plutôt normaux alors que lui ne l'est pas, des adolescents morts, et un père juif qui meurt.

Puis, petit à petit, le film commence à construire sa charpente. La personnalité de Cheyenne, ex rock star, se révèle progressivement sous nos yeux. Une sorte de road movie improbable se développe, finalement beaucoup plus complexe et cohérent que le début ne le laisse présager.

Pour aider le film à décoller, la mise en scène de Sorrentino n'hésite pas sur les moyens. C'est du lourd en matière de mouvements de caméra alambiqué, de photos de magazine de voyage et de plans saugrenus. Mais cela fonctionne. Il me faut admettre que certaines scènes frôlent même la perfection : le concert de David Byrne, la visite à la vieille dame, la chanson avec le petit garçon ou les scènes dans la caravane.

Cela me donne envie de rechercher dans ma pile de DVD Il divo, le précédent film de Sorrentino. Et de lire son roman, qu'on dit très bon, Ils ont tous raison. Bon, il faut savoir reconnaître qu'on a failli se tromper.

Ecouter la chanson originale de Talking Heads : This must be the place, qui donne son titre au film.

Ecouter la reprise d'Arcade Fire, dont il est question dans le film.

 

3e

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Mes meilleures amies

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/84/60/06/19749280.jpgMes meilleures amies est très représentatif des comédies américaines actuelles.

 

Kristen Wiig joue avec force mimique un personnage de ratée intégrale, Annie, malheureuse en amour (elle est le jouet d'un immonde beau gosse, qui n'est autre que le si distingué Don Draper de Mad Men). Dans sa vie, tout va mal (collocataires débiles, job inintéressant, mère déjantée), mais heureusement, elle a une amie : Lillian. Et cette dernière, big news, va se marier. 

 

Entre alors en scène une rivale redoutable, Helen, qui réussit tout ce qu'elle entreprend et va progressivement piquer à Annie sa copine, en même temps que l'organisation du mariage de cette dernière. Le film se complait alors à cumuler avec une certain talent les situations de plus en plus avilissantes pour Annie, qui franchit progressivement toutes les étapes de la déchéance.

 

C'est assez enlevé, peu original, souvent cruel. Au final Annie retrouve sa copine, dégotte un mec et Helen se révèle ridicule et esseulée.

 

Le film est intéressant en ce qu'il montre l'imprégnation de plus en plus importante des séries dans le cinéma américain. Hormis le cas cité plus haut, le rôle d'Helen est tenu par Rose Byrne, très remarquée dans Damages, et on pense très souvent à Sex and the city, voire à Desperate housewives. Il est également frappant de constater que la vulgarité brute des Farrelly/Apatow est devenue une sorte de standard dans les comédies US. Ainsi avons-nous droit au maintenant traditionnelles diarrhées, vomissements, et autres sécrétions. Originalité de ce film, une allusion à une séance d'épilation de l'anus.

 

Le film est assez agréable à regarder, car servi par une galerie de personnages bien dessinés. Paul Feig (un réalisateur de séries - encore ! - Nurse Jackie, The Office) s'en tire plutôt bien. A voir si vous n'avez rien d'autre à faire.

 

2e

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Super 8

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/78/07/83/19758322.jpgJJ Abrams flatte ce qu'il y a de plus tendrement enfantin en nous, et il le fait avec une délicatesse et une intelligence qui désarment le critique le plus cynique. C'est en ce sens, et seulement en celui-là, qu'on peut le qualifier de fils spirituel de Spielberg.

Super 8 n'est donc pas seulement un film de monstre se déroulant dans une petite ville américaine. Le prétexte de cette intrigue vue et revue ne paraît d'ailleurs pas passionner Abrams qui nous livre un monstre sans grand relief, comme si, finalement, ce dernier n'avait qu'une importance toute relative.

Le sujet du film est à rechercher (tout simplement) dans son titre. Il s'agit de l'histoire d'un groupe de 4 jeunes garçons et d'une jeune fille, qui grandissent ensemble le temps d'un tournage de film en Super 8, découvrant tout à la fois l'amour, le monde compliqué des adultes, les relations au père en l'absence de mère, et la profonde jouissance de la création artistique.

Nos cinéastes en herbe tournent en effet un film intitulé The case, une sombre et rudimentaire histoire de zombie. Il n'est pas interdit d'analyser tout le film (celui d'Abrams) sous l'angle de ce court métrage tourné dans le film. En dépit de la catastrophe qui les entoure, les enfants s'acharnent en effet à mettre en scène leur scénario, en situant les scènes dans les décors de leur propre réalité, créant ainsi un effet d'abyme délicieux qui révèle toute sa puissance dans le générique de fin (NE PARTEZ SURTOUT PAS AVANT), lors duquel est projeté "l'oeuvre" de la fine équipe dans son entier. De cette façon, c'est tout le film que l'on vient de voir, Super 8, qui devient le pré-générique de l'oeuvre principale, The case. Incroyable, magnifique et jubilatoire idée de confronter une grosse machine holywoodienne à la fraîcheur d'un film en Super 8 fait de bric et de broc. Une idée puissante, fortement évocatrice, comme seul JJ Abrams peut en avoir aujourd'hui.

A traver la réalisation de The case, les enfants évoquent par ailleurs toutes les difficultés de réalisation d'un film (rivalité amoureuse autour de l'actrice, problèmes techniques, effets spéciaux, financement, emprise du réalisateur sur l'équipe, répartition des rôles, panne d'inspiration, utilisation des impondérables, etc). Super 8 peut se lire à tellement de niveaux différents qu'il en devient une sorte de catalogue illustratif du cinéma populaire américain, en forme de poupée gigogne pop. 

L'aspect "nostalgie des années 80" m'a beaucoup moins intéressé que la plupart des critiques, car il me semble que le film n'a absolument pas besoin de ça pour exister, même si elle est très présente. Par sa délicate exploration des émois de l'enfance, il se suffit tout à fait à lui-même.

Le film, que j'ai bien aimé, ne m'enthousiasme cependant pas complètement. L'imagination d'Abrams est très puissante, mais je trouve qu'il l'exprime surtout à travers l'univers foisonnant des séries qu'il crée (Alias, Lost, Fringe et bientôt Alcatraz). Ses thématiques sont vastes et nourries de toute la culture américaine, son sens du coup de théâtre est inné, sa sensiblité extrême n'est jamais niaise. Le jour où il canalisera vraiment toute ses qualités au service d'un projet de long-métrage plus recentré et maîtrisé, il sera probablement le meilleur entertainer de son époque.

JJ Abrams sur Christoblog : Star trek / Lost

 

3e

 

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Les bien-aimés

Dans Les Biens-aimés Christophe Honoré renoue avec le style qui fit le succès des Chansons d'amour : des passages chantés écrits par Alex Beaupain, une histoire mêlant amour et mort, homo et hétérosexualité, et enfin une pléiade d'acteurs tout entiers acquis à la cause du film.

Les deux films, au-delà de leur parenté formelle, sont pourtant assez différents. Les chansons d'amour creusaient en effet un sillon éminemment parisien, et son ton était délibérément romanesque (à l'image d'un Louis Garrel plus cabotin que jamais).

Ici, Christophe Honoré paraît assagi, mélancolique. L'histoire s'étire au long de plusieurs décennies, visite quantité de lieux (Prague, Paris, Londres) et se frotte à quelques grands évènement (le printemps de Prague, l'apparition du sida, le 11 septembre). Honoré sort donc apparemment de ses tropismes habituels, tout en y restant, car sous la surface rutilante du monde et de ses changements (chaque époque est très bien rendue) les sujets du film sont typiques d'Honoré : l'Amour, la Légèreté, la Deuil.

Au coeur du film, les deux personnages féminins sont merveilleux : Madeleine (jouée jeune par une incroyable Ludivine Sagnier, puis par une Catherine Deneuve plus coquine que jamais) et sa fille Véra (magnifique Chiara Mastroianni). La mère est une femme légère dans une époque qui s'y prête (les années 60), la fillle voudrait l'être mais croise un amour impossible dans une époque qui est bien pesante (les années 2000). Le fil conducteur du film, comme le refrain d'une des chansons le dit, pourrait donc être : "Les filles légères ont le coeur lourd". La scène durant laquelle est chantée ce morceau est représentative de ce qui fait la qualité du film : sobriété, intensité dramatique de ce qui se dit, mouvements de caméra discrets mais parfaitement au service de la scène (oh les beaux travellings !), jeu parfait des actrices.

Autour de ces deux phares féminins gravitent des hommes qui les vénèrent, les aiment, mais peinent à les rendre heureuses. Il faut noter que Milos Forman et Michel Delpech sont tous deux excellents. Louis Garrel, pour une fois, fait preuve d'une certaine retenue, tout en lâchant quelques saillies dont il a le secret. Deux quasi-inconnus - en tout cas pour moi - (Paul Schneider et Rasha Bukvic) complètent à merveille la plus belle distribution de l'année.

Les chansons de Beaupain surprennent toujours, à la fois simples, profondes, osées (les rimes délite/trique/(or)bite/(spout)nik). Elles constituent un élément important du film en éclairant les personnages de l'intérieur. La façon dont se répondent la première (Je peux vivre sans toi, pleine d'espièglerie) et la dernière (Je ne peux vivre sans t'aimer, pleine de tristesse) donne la juste mesure de ce film ambitieux et idéalement réussi : il conte le temps qui passe.

Si Christophe Honoré n'existait pas, qui nous parlerait d'amour ?

 

4e

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Tous les soleils

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/82/78/87/19693977.jpgOn dirait que Tous les soleils s'est donné pour objectif d'accumuler le maximum de poncifs éculés.

 

Aussi a-t-on droit au solex façon Nanni Moretti dans Journal intime, au papa confronté au fait que sa petite fille devient une femme (oh, quelle horreur, un garçon l'embrasse), à l'inévitable bande de potes qui achète une maison de campagne, au quiproquo (ridicule) résultant d'une usurpation d'identité sur Facebook, etc.

 

L'ensemble est mis en scène avec la dernière médiocrité par un écrivain qui se prend pour un réalisateur, cruelle méprise.

 

Le personnage qui donne un peu de saveur au film est celui du frère (il attend la chute de Berlusconi pour sortir de l'appartement), mais il ressemble plus à un gimmick qu'à une personne.

 

Du jus de chaussette insipide un peu bobo.

 

1e

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La guerre est déclarée

Vu en avant-première à Nantes, en présence de Valérie Donzelli et de Jérémie Elkaïm.

La guerre est déclarée parle de la même chose que Melancholia : la fin du monde. Littérale dans le film de Von Trier, relative dans celui de Donzelli, puisqu'il s'agit, pour des parents, d'apprendre que leur enfant est atteint d'une grave maladie. Dans le premier cas, la palette de réaction des personnages est le déni, le suicide, la colère. Dans le deuxième, la fureur de vivre, l'amour, l'espérance. Les deux titres peuvent donc se regarder comme dans un miroir : la guerre est déclarée à la mélancolie.

D'un côté, un metteur en scène un peu usé, tournant en rond autour de ses obsessions dans un beau geste formellement brillant, de l'autre une jeune réalisatrice fonçant droit devant, sans craindre de bousculer les conventions. Dans les deux cas, des films sur le fil, qui ne tiennent que par la grâce de la personnalité et du vécu de leur auteur.

Ce qui me frappe dans le film de Valérie Donzelli, c'est l'extrême audace stylistique et l'efficacité rythmique.

Audace, parce que le film - si on le regarde avec attention - est fait de bric et de broc, à un point qui pourrait nuire à sa cohérence. Sa variété de tons est insensée : on passe d'un thriller monté à la hache (le départ en TGV) à une sorte de comédie allenienne à la française (les premiers amours), en passant par des accents truffaldiens (les parents), des inspirations mallickienne (ces inserts de cellules humaines), des éclairs lelouchiens (la dernière scène, très Un homme et un femme - et un enfant). Il y a aussi une chanson à la Honoré, des effets de couleurs très almodovariens (les personnages ont des T-shirt de la couleur du canapé et du papier-peint), une façon de montrer les hôpitaux qui rappelle Urgences, des ralentis, des accélérés, des effets sons étonnants, une Rancho verte, une fête foraine, une soirée open kiss et 1000 autres choses.

Rythme, parce que tout cela ne tient la route que parce que le film fonce à 100 à l'heure. Miracle d'un montage au cordeau, d'une progression scénaristique millimétrée et d'une bande-son époustouflante, bien que complètement hétéroclite.

La guerre est déclarée est donc un patchwork que certains trouveront peut-être indigeste mais qui transpire une énergie incroyable, le type d'énergie que je n'avais pas ressenti au cinéma depuis ... les premiers Spike Lee ? Le tout est trituré avec une intense intelligence - et une distance adorable (ah ce clin d'oeil avant d'entrer en salle stérile) par Valérie Donzelli, ce qui nous promet de beaux lendemains. Quelle pêche, quelle envie, quelle énergie tonitruante !

Probablement un des films les plus importants de l'année, qui suscitera l'ergotage de froids esthètes et laissera peut-être une partie du public en route ... mais pour ceux qui adhéreront comme moi, révolutionnaires du coeur, quel plaisir et que de larmes !

Choisissez votre camp, la guerre est déclarée.

 

4e

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Melancholia

Kirsten Dunst & Charlotte Gainsbourg. Les Films du LosangeMelancholia s'ouvre par une série de plans fixes à la beauté glaçante et aux lumières irréelles.

Par son aspect poseur, voire pédant, cette ouverture rappelle celle (complètement ratée) de Minuit à Paris. Elle fait également penser au long insert cosmo-panthéiste de Malick dans The tree of life. D'une certaine façon, les spectateurs pressés pourront se contenter de ces quelques plans : ils contiennent les plus belles trouvailles du film, le résume parfaitement (en en dévoilant d'ailleurs la fin) et illustre une de ses caractéristiques principales, la lenteur.

Deux soeurs : Justine (sublime Kirsten Dunst) et Claire (la sombre Charlotte Gainsbourg).

Deux parties. Dans la première, Justine se marie. Le mariage tourne au fiasco au fur et à mesure que Justine perd pied avec la réalité. Le film lorgne incontestablement vers le repas de famille du formidable Festen, le film de Thomas Vitenberg. Il n'en a malheureusement pas la force. Kiefer Sutherland, le héros de 24, semble importer ses tics de justicier, il regarde par dessus ses épaules avant de frapper à une porte comme si une armée de terroristes allait débarquer. Bref, sans être complètement nulle, cette partie dogme semble avoir été vue mille fois, et on s'ennuie ferme. Peut-être faut il être (ou avoir été) dépressif, comme Lars von Trier lui-même pour saisir toutes les nuances de la chute de Justine. Pour ma part, j'ai souffert et ne me suis pas passionné pour ces petits psychodrames mesquins et sans intérêt.

Dans sa deuxième partie, le film décrit les jours qui précèdent la collision de la planète Melancholia avec la Terre. Même décors (un hôtel de luxe et un golf), mêmes personnages (hors le mari éconduit, bien sûr). Au fur et à mesure que l'échéance approche, les personnages semblent inverser leur polarité : Justine devient sereine (elle préfère une grandiose catastrophe à de menues satisfactions) et Claire panique. Cette partie est plus réussie que la première, elle souffre cependant d'un goût curieux pour certains effets kitchissimes (le dernier plan !) et pour certains messages douteux (la Terre est mauvaise). Le scénario étire jusqu'à la rupture une intrigue minimale.

Melancholia laisse au final un sentiment d'oeuvre malade, riche de potentialités, mais n'étant parvenue à les concrétiser complètement.

 

2e

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Festival d'été : 10 août - 4 octobre

fest ete

Un grand merci à mymp qui offre au festival cette magnifique bannière, succédant ainsi à pierreAfeu, qui avait conçu celle du festival de printemps.

Vous avez aimé le festival d'automne (9 participants), celui d'hiver (14 participants) et celui de printemps (16 participants), vous adorerez le festival d'été !

Rappelons brièvement les règles : le festival est ouvert à ceux qui tiennent un blog, et les critiques de films doivent être consultables par tous les participants. Chacun m'envoie avant le 4 octobre son classement des films par message privé : le meilleur film a 10 points, le moins bon 1 point. Le film gagnant est celui qui a le plus de points : il gagne le Soleil d'or . Attention : pour que le vote d'un blogueur soit pris en compte, il doit avoir vu tous les films.

Avec son classement, chacun m'envoie également ses

- 2 meilleurs acteurs

- 2 meilleures actrices

- 2 meilleurs scénarios

- 2 meilleurs réalisateurs

repérés parmi les films vus.

Chaque participant a enfin la possibilité d'attirer l'attention sur un film coup de coeur sorti pendant le festival mais ne faisant pas partie de la sélection. Le film le plus cité dans ce cadre reçoit un prix spécial.

Pour s'inscrire c'est simple : un commentaire sur cet article et c'est fait.

La sélection (orgiaque) est la suivante :
 

10 août : Melancholia de Lars Von Trier
17 août : La piel que habito de Pedro Almodovar
24 août : Les Bien-aimés de Christophe Honoré
31 août : La guerre est déclarée de Valérie Donzelli
7 septembre : Habemus papam de Nanni Moretti
14 septembre : La fée de Dominique Abel, Fiona Gordon et et Bruno Romy
14 septembre : Crazy, stupid, love de John Requa et Glenn Ficcara

21 septembre : L'Apollonide, souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello
21 septembre : Restless de Gus Van Sant
28 septembre : We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay
 

De l'humour, de l'anglais, du sexe, une fin du monde, de l'amour, un enfant tueur, des psys, du fantastique, des chansons, de l'italien, de l'espagnol, des drames, du belge, bref, du bonheur. Pourquoi pas avec vous ?

 

fest ete petit visuelSont déjà inscrits : ffred, Christophe, Anna, Gagor, Laetitia, pierreAfeu, Robin, Bob Morane, Keira3, Luocine, heavenlycreature, Jérémy, Ben, Squizz, neil, Hallyne, Claire, Fabien, Kev44600, Tching,

Retrouver l'historique des festivals sur Christoblog.

 

 

 

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Devdas

Diaphana FilmsDevdas est souvent le film par lequel le public occidental entre dans l'univers de Bollywood. Il fut en effet présenté à Cannes en 2002, et connut une petite diffusion en Occident, précédé par sa réputation de film le plus cher de l'histoire du cinéma indien.

Pourtant, le film ne me semble pas le plus attrayant des films de Bollywood.

Son scénario est un peu faiblard (par exemple comparé au très beau Veer Zara), son démarrage un peu poussif et sa démesure dans le kitch dépasse de très loin tout ce que le cinéma occidental peut imaginer.

Le film est une adaptation d'un très célèbre roman indien de Sarat Chandra Chatterjee publié en 1917 et déjà adapté quatre fois au cinéma avant cette version. Il s'agit en gros d'une histoire du type Roméo et Juliette. Roméo est riche et s'appelle Devdas, Juliette est issue d'une famille modeste et s'appelle Paro. Ils étaient amis d'enfance, il tombent amoureux à l'âge adulte lorsque Devdas revient de Londres, et leur amour ne pourra se concrétiser par une union pour cause de différence de classe social.

Comme je le disais en introduction, les décors sont d'un faste tels que la masure de Paro ressemble ... à un palais des mille et une nuits. La propriété de Devdas est 10 fois plus grande, et celle du futur mari de Paro doit compter un millier de pièces au bas mot. C'est réellement délirant. Cette démesure empêche qu'on pénètre rapidement dans l'intrigue.

Passée cette demi-heure presque écoeurante d'or et de soierie, on est frappé par l'extrême cruauté de l'histoire développée et par la noirceur de l'intrigue (Devdas sombre dans l'alcoolisme). Tout cela finira très mal dans des accents de drame sans rémission, parfaitement irréel et maîtrisé.

Le film est donc indigeste, mais ses contrastes raviront l'amateur de sensations primaires : la cruauté de certaines scènes n'a d'égale que la magnificence des décors. Le romantisme exacerbé et sans complexe (mais chaste !) du film pourra séduire certains coeurs d'artichaut. Les deux interprètes principaux, les superstars Shah Rukh Khan et Aishwarya Rai, sont ici au faîte de leur carrière.

 

2e

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Les contes de la nuit

StudioCanalMichel Ocelot ne fait rien comme tout le monde. Alors que Azur et Azmar avait été conçu avec un logiciel en 3D, pour être finalement distribué en 2D, Les contes de la nuit sont cette fois-ci proposés en 3D alors que les personnages sont des ombres chinoises, donc "plats".

L'effet produit, s'il n'est pas désagréable, reste toutefois assez anecdotique. On remarquera ici où là des sur-impressions de noirs en relief qui produisent des impressions intéressantes. Le dernier conte, spécialement réalisé pour le film (les 5 premiers sont des reprises d'une série réalisée pour la télévision) utilise des effets plus classiques : monstre plongeant vers le spectateur où pluie d'étoiles envahissant l'espace situé entre le spectateur et l'écran (assez joli).

Sur le fond, on retrouve la magnificence des arrières-plans, capables de nous faire passer de l'Amérique précolombienne au Moyen Age en passant par le Tibet et les Antilles, tout en déversant des torrents de couleurs. Les histoires, quant à elles, sont d'un intérêt variable, et ne marqueront pas les esprits. Entre les contes, le film propose une mise en abyme qui ne m'a pas convaincu :  dans une salle de cinéma un vieux monsieur, une jeune fille et un jeune garçon s'amusent à construire des histoires. Ces scènes font un peu cheap. Je n'ai pas été séduit par l'exposé de la documentation réunie pour chaque conte, présentée d'une façon scolaire et rudimentaire.

De beaux moments et une perfection esthétique par moment, mais qui n'empêchent pas un certain ennui de s'installer.

 

2e

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The murderer

J'avais été de ceux qui avait dit beaucoup de bien de The chaser, le premier film de Na Hong-Jin.

Pour son deuxième opus, le jeune réalisateur coréen n'hésite pas à tenter quelque chose de beaucoup plus difficile. The chaser était en effet une variation assez roublarde sur le thème du serial killer, alors que The murderer est une fresque au long cours (2h20 !) qui mêle chronique sociale, découverte de la communauté des sino-coréens de la province chinoise de Yanbian, film gore, exercice de style hyper-violent, film sentimental, enquête policière et film à énigme.

Le plus remarquable est probablement la mise en scène, très caractéristique et basée sur des a priori  extrêmement pointus : une caméra légèrement flottante même dans les plans fixes (comme si elle était montée sur une bouée flottant sur une mer tranquille), un montage super-speed (95 % des plans doivent faire moins de 3 secondes) même dans les moments calmes, et une bande-son très travaillée. L'impression résultante est une sorte d'hyper-réalisme, à l'opposé exact de l'hyper-formalisme développé par Kim Jee-Woon dans J'ai rencontré le diable.

Le film, très intéressant dans sa première heure, devient ensuite une sorte d'enfilade de climax violents. La hache, le couteau et toutes les armes blanches sont copieusement utilisées pour sectionner, fendre et entailler les différentes parties de plusieurs dizaines de corps humains. A certains moments le grand-guignol n'est pas loin, mais comme l'ambiance reste réaliste, le spectateur est pris entre plusieurs sentiments contradictoires : rire, frémir, anticiper la scène suivante, ou sortir de la salle, comme l'on fait 5 spectateurs. La deuxième partie du film est donc une sorte de circuit de montagnes russes (calme, violence, développement de l'intrigue, calme, violence..) qui semble ne jamais devoir finir. Le scénario progresse en hoquetant et trébuchant, à grands coups de révélations fracassantes, de digressions inexpliquées, d'ellipses géantes, de montage en parallèle.

Une expérience borderline durant laquelle j'ai été à la fois intrigué, séduit et exaspéré. Trop longue sans doute et parfois trop riche, mais qui se finit sur une scène de toute beauté.

 

3e

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Kaamelott (Livres 5 et 6)

Alexandre Astier. Calt ProductionsLe livre V de Kaamelott se présente comme la saison de transition entre les 4 premières, constituées de sketches courts à dominante comique et la sixième, qui devrait normalement être suivie de trois long-métrages de cinéma.

Elle marque donc une rupture de ton absolument totale et inédite à mon sens dans l'histoire de la télévision. Le format change, passant de quelques minutes à 40 minutes par épisode. Le générique abandonne au passage ses effets de trompettes pour monter en qualité et s'accompagner d'une musique entêtante.

Du running gag et de l'absurde à la française,  le ton évolue vers une sorte de chronique dépressive et dans laquelle les éclairs d'humour deviennent de plus en plus décalés. Arthur abandonne volontairement le pouvoir et entame une errance désespérée visant à savoir s'il a eu des enfants de ses nombreuses maîtresses. Il y a entre les premiers Kaamelott et cette saison autant de différence qu'entre Woody et les robots et September dans la filmographie d'Allen.

Pour assister à cette parade funèbre une pléiade d'acteurs de renom (re)viennent jouer les guest stars, une façon pour eux de saluer la qualité et la fécondité du talent d'Alexandre Astier. Alain Chabat est fabuleux en duc d'Aquitaine tergiversant sans cesse, Christian Clavier est étonnant de retenue en juriste consulte maniaque, François Rollin est excellent en félon latiniste, et Antoine de Caunes joue à contre-emploi un idiot parfait. Tous sont présents pendant plusieurs épisodes. On notera également les apparitions de  Géraldine Nakache, Guy Bedos, Patrick Bouchitey, Anouck Grimberg, Valérie Benguigui...

Le livre VI se déroule quant à lui chronologiquement avant tous les autres. Il réalise un exploit qui ne  peut que ravir les fans de la série : il présente progressivement tous les personnages dans leur pré-histoire. Ce faisant, il concrétise un rêve que Lost n'est pas parvenu à réaliser, donner une explication à tous les éléments présents dans les 5 saisons précédentes : pourquoi Arthur n'a-t-il pas de relations sexuelles avec Guenièvre, pourquoi Perceval et Karadoc, malgré leur bêtise, ont été appelés à la Table ronde, comment est né l'amour de Lancelot, etc.

La série prend une ampleur qu'elle n'avait pas auparavant par l'utilisation des décors de Rome, la série de HBO, et par la présence d'acteurs de haut niveau, tous excellents : Patrick Chesnais, Pierre Mondy, Tcheky Karyo, Jackie Berroyer, Manu Payet, Bruno Salomone. Cette saison est intrinsèquement inégale (on sent parfois qu'Astier est un peu seul pour écrire, par comparaison avec les scénarios polis collectivement par toute une équipe de writers dans les séries US), mais elle constitue une incomparable friandise pour les connaisseurs.

La fin annonce très clairement les long-métrages au cinéma, normalement pour 2012.

Kaamelott (Livres 1 à 4)

 

3e

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Jusqu'en enfer

Lorna Raver. Metropolitan FilmExportIl y a deux façons de considérer Jusqu'en enfer, le dernier opus en date de Sam Raimi.

Au premier degré, le film ne vaut pas tripette, avec son scénario de série Z qui tient sur un timbre poste. Les effets sont toutefois réussis et le film arrive à nous faire sursauter plus d'une fois, ce que l'indigent Scream 4 n'est même pas parvenu à faire.

Au second degré, le film a tout ce qu'il faut pour être culte. La première scène d'épouvante entre une affreuse vieille gitane et une croustillante petite blonde n'hésite pas à mêler effets horrifiques et éclats de rire. Ainsi, la pulpeuse héroïne utilise une agrafeuse comme arme de défense (cf résultats ci-contre), y compris sur l'oeil de verre de la méchante...
Cette dernière perd également ses dentiers inférieurs et supérieurs, et quand elle essaye de dévorer sa proie, la morsure se transforme en gros patin baveux. Etc, etc. Les exemples se multiplient, souvent à base de déjections corporelles diverses (vers, sang, matière verdâtre, globe oculaire projeté sous l'effet de la pression après qu'une enclume ait fracassé la tête, etc...).

On peut aussi voir dans le film une satire du goût de réussir qu'ont les américains. Après tout, rien de tout cela n'arriverait si l'héroïne n'était dévoré par l'ambition. Jusqu'en enfer film moral, y compris et jusqu'à la scène finale !

L'ensemble est réjouissant et se regarde comme une sorte de friandise de cinéphile, qui ne porte pas à conséquence mais servira indubitablement de référence désormais dans la catégorie  "Film d'horreur bien fait avec blondasse pulpeuse dégénérant en parodie de lui-même, sans qu'il oublie de faire peur au passage". 

 

2e

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Deep end

La mode est à la ressortie de classiques (ou d'introuvables) en salle. Ce fut le cas récemment avec Il était une fois en Amérique, un Fassbinder sera visible à la rentrée, les Kubrick font l'objet de rétrospectives, et le succès d'Une séparation entraîne la ressortie des deux films précédents de Farhadi.

C'est un peu intrigué que je me suis essayé à revoir ce "vieux" film (1970), culte pour une génération, comme le raconte Etienne Daho dans Libé.

Le début est un peu inquiétant. Il faut le temps de s'habituer aux couleurs typiquement 70ies et à la mise en scène très typée (gros plans, caméra très mobile, scènes s'étirant en longueur, qualité d'image très variable, extérieurs peu convaincants).

Puis la magie du film opère, par la grâce des deux interprètes principaux (Jane Asher et John Moulder-Brown) qui réalisent un sans-faute. Le scénario accélère progressivement, et prend un tour hitckocko-polanskien avec l'affaire de la bague, qui l'emmène vers des sommets de tension. Le film est aussi un fabuleux réservoir à fantasmes, les allusions au sexe étant omniprésentes et menaçant constamment par leur violence et leur crudité le fragile - mais indestructible - sentiment amoureux qui emplit l'adolescent. Parmi les scènes les plus crues on soulignera le quasi-viol de Mike par la grosse femme sur un air de football et celle, magnifique, dans laquelle il voit Susan vendre ses charmes, dans le reflet d'un miroir glissé sous la porte.

Les bains publics de Deep end entrent également dans le panthéon des sites les plus photogéniques de l'histoire du cinéma (avec la maison de Psychose par exemple). Les couleurs des décors et des vêtements y sont profondément expressives (parfois symboliques à l'extrême comme le rouge, présent dans le générique de début comme dans le dernier plan).

La tension sexe/amour, exacerbée par l'utilisation des très gros plans et des couleurs pops, donne au film un air d'épouvante psychologique, de sorte de giallo sado-masochiste et anglo-polonais sur le thème de l'adolescent qui tombe amoureux d'une femme mûre et instable.


Un film à voir, pour tout cinéphile qui se respecte.

 

4e

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Au revoir Allociné, bonjour Overblog

Allociné nous a averti par mail le 15 juillet de notre migration à venir vers Overblog.
Certains d'entre vous sont tristes (et je les comprends), mais....
... c'est une nouvelle aventure qui s'annonce, mais il nous positiver !!

Les points positifs :
- beaucoup plus de possibilités graphiques pour personnaliser le blog
- des liens directs vers les photos d'Allociné sans avoir besoin de charger son espace sur Overblog
- une plus grande fiabilité et rapidité quand on écrit un nouvel article
- des possibilités de statistiques qui vont nous permettre de savoir qui vient vraiment nous voir (avec une différenciation visiteurs uniques / nb de visites)
- la notion de pages qui n'existe pas sur Allociné
- des facilités de connexions aux réseaux sociaux (FB et cie)
- une fonction recherche qui cherche principalement sur votre blog, puis sur Overblog
- possibilité pour les personnes qui vous suivent de s'abonner à une newsletter
- il y a un top blog cinéma  sur Overblog : ce sera bientôt à notre tour d'y figurer !
- possibilité d'insérer des lignes de code facilitant le référencement Google ou Yahoo
- possibilité de créer des communautés (par exemple pourquoi pas les "ex-d'Allociné")
- changement de nom des catégories une fois créées (impossible sur Allociné)
- laisser un commentaire est très facile (quid des spams ?)
- on peut mettre un compteur, voici comment, c'est très simple, je l'ai fait en 3 minutes. Vous pouvez partir du nombre que vous voulez

Les points négatifs :
- pas de sous-catégories, mais certains arrivent à contourner le problème en utilisant deux fonctionnalités, page et texte libre. Une explication ici. Cela peut paraitre difficile mais ça ne l'est pas.
- tous les liens hypertextes seront à refaire (et il n'est pas facile de leur donner une couleur différente que le texte, mais j'ai trouvé une astuce)

Quelques blogs de cinéphiles sur Overblog :
http://cinematheque.over-blog.net/
http://lecinedeneil.over-blog.com/
http://levolution.over-blog.com/
http://drorlof.over-blog.com/
http://www.tadahblog.com/
http://www.plan-c.fr/
http://tinalakiller.over-blog.com/


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Omar m'a tuer

Sami Bouajila. Mars DistributionAvant d'aller voir Omar m'a tuer on peut fortement craindre le pensum moralisateur et démonstratif, ou le film à thèse rigoureux mais pénible.

La (bonne) surprise n'en est que plus agréable. Car si le film est bien clairement à décharge, il ne néglige pas la finesse, ni l'exploration psychologique des personnages.

Comme beaucoup de commentateurs avant moi, j'ai été littéralement soufflé par la performance de Sami Bouajila qui arrive à nous faire ressentir les sentiments d'Omar Raddad avec une finesse et une conviction qui méritent ... un César ?
Le reste de la distribution est un peu moins convaincante, mais j'ai bien aimé le contrepoint offert par Denis Podalydes, qui nous laisse entrevoir un monde à l'opposé de celui d'Omar : celui des riches et des puissants.

Le film est très instructif par ailleurs, et n'a franchement pas besoin d'en ajouter aux faits, déjà hallucinants en eux-mêmes, pour nous convaincre que ce procès ne s'est pas joué dans des conditions normales.

D'un point de vue technique, on ne peut rien reprocher à la mise en scène. Elle est sobre, efficace. Le montage est particulièrement resserré, ce qui est assez rare pour être souligné. Le film dure 1h25, pas un plan n'est superflu.

Roschdy Zem est en train de rencontrer son public, et c'est très bien, il le mérite. En ce samedi pluvieux la salle était pleine, et on sentait les gens concentrés, émus, tendus. Un beau moment de vie, et de cinéma.

3e

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Hanna

Saoirse Ronan. Sony Pictures Releasing FranceUne jeune fille est élevée dans les bois par son père, qui la forme à être une machine à tuer. Un jour, elle rejoint la civilisation et doit tuer une certaine Marissa. Pourquoi ? Et qui est-elle vraiment ?

A partir de ce pitch intrigant Joe Wright développe un film assez plaisant, qui doit beaucoup à ses interprètes. La jeune Saoirse Ronan continue à impressionner de film en film. Je l'avais trouvée excellente dans Les chemins de la liberté, film par ailleurs moyen. Cate Blanchett est impériale en méchante et Eric Bana s'en tire avec les honneurs.

Peut-être parce qu'il se passe hors des USA, le film me rappelle la trilogie Jason Bourne : même tentative d'un certain réalisme, même errance d'un personnage pourchassé et complètement déphasé, même efficacité dans les scènes d'action, même utilisation optimale des décors.

Après un début tonitruant, le film s'essouffle un peu lorsque les personnages se retrouvent à Berlin. Tout devient alors plus classique.

On s'attache cependant à notre petite tueuse et le dernier plan venu, je n'ai pu m'empêcher de penser à une suite, que j'irais voir, c'est sûr. Un divertissement de bonne facture.

 

3e

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HA HA HA

Deux amis mangent une dernière fois ensemble avant que l'un d'entre eux parte à l'étranger. Le repas est montré à l'aide de photographies en noir et blanc. Chacun raconte alternativement (en voix off) ce qui s'est passé dans les dernières heures de sa vie. Ces tranches de vie font l'objet de flashbacks.

On découvre progressivement que chacun des deux amis, sans jamais se rencontrer, ont fréquenté les mêmes personnes, en étant parfois séparés uniquement par une fine cloison. Cette mécanique donne lieu à toute une série de situations légèrement burlesques, subrepticement décalées, dans lesquelles la comédie humaine déploie toute sa gamme de sentiments : humour, désespoir, dérision, amour, désillusion, violence, indifférence, cruauté.

Si les films de Hong Sang-Soo se ressemblent un peu tous, celui ci est particulièrement réussi. Le développement de l'histoire est très amusant à suivre, même si le réalisateur peut se révéler particulièrement cruel. Certaines scènes dégagent en effet une férocité très policée : une mère débite des atrocités sur le père devant son fils, un groupe "d'amis" éclate de rire autour d'en dépressif qui déclare sa maladie, et plus globalement, tout le monde critique tout le monde (et comme tout le monde s'essaye lourdement à la poésie ou au piano, les occasions ne manquent pas).

Le scénario est évidemment du grand ouvrage, qu'on dirait tissé main, chaque filament d'histoire étant subtilement relié aux autres. On relèvera les quelques objets qui se promènent d'un personnage à l'autre (la casquette rouge en particulier, ou l'appartement de la mère), les reliant plus sûrement entre eux que leur sentiments...

On retrouve avec beaucoup de plaisir les tics du réalisateur : un personnage de réalisateur raté, de l'alcool à profusion (tous les personnages semblent passer leur temps à en absorber), et un rôle prépondérant des femmes, beaucoup plus volontaires et positives que les hommes.

Le genre de film dont vous sortez avec la sensation d'être plus intelligent.

 

3e

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La prima cosa bella

Micaela Ramazzotti. Wild Bunch DistributionLes critiques sont globalement injustes vis à vis de La prima cosa bella. Certains lui reprochent d'être abusivement tire-larmes, d'autres comparent le film de Virzi à des chefs-d'oeuvre du cinéma italien, en particulier à Nous nous sommes tant aimés de Scola. Or le film est effectivement un mélo, ce qui n'est pas en soi un défaut, et le comparer à des films des années 70 parce qu'il se passe en partie dans les années 70 n'a pas beaucoup de sens.

Anna présente la double caractéristique d'avoir un corps superbe, tout en étant nunuche et optimiste. Cela en fait, aux yeux de certains, une femme volage, ce qui à mon avis est une preuve de strabisme critique. Le film est en effet beaucoup plus subtil dans sa façon d'analyser les rapports entre la mère et son environnement, dont font partie ses deux enfants : Bruno et Valeria. Le scénario alterne les séquences au présent montrant Anna en train de mourir (joyeusement), et les flashbacks reconstituant sa vie. J'admets que le procédé n'est pas d'une originalité folle, mais il fonctionne, avec des variantes plaisantes (le pharmacien).

Le film est servi par une brochette d'acteurs et actrices époustouflants (l'acteur et l'actrice principaux ont emporté chacun un Donatello, équivalent de nos Césars), en particulier Valerio Mastandrea qui joue un fils déprimé, ne s'assumant pas, et perpétuellement en recherche de drogues. Ce personnage de Droopy sous opiacés est vraiment craquant. J'ai également beaucoup aimé le moulin à parole qu'est le mari de Valeria. Je ne pense pas qu'il soit à l'écran sans parler (sauf à la fin bien sûr).

Comme dans tout bon mélo, le film ménage son lot de coup de théâtre : apparition d'un fils caché, mariage inattendu, séparation surprise. La mise en scène est relativement efficace, et parfois spectaculaire (à la limite du vulgaire, c'est vrai).

Un bon moment pour l'été, dans une atmosphère italienne à souhait, à savourer comme une gelato al limone.

 

3e

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