The murderer
J'avais été de ceux qui avait dit beaucoup de bien de The chaser, le premier film de Na Hong-Jin.
Pour son deuxième opus, le jeune réalisateur coréen n'hésite pas à tenter quelque chose de beaucoup plus difficile. The chaser était en effet une variation assez roublarde sur le thème du serial killer, alors que The murderer est une fresque au long cours (2h20 !) qui mêle chronique sociale, découverte de la communauté des sino-coréens de la province chinoise de Yanbian, film gore, exercice de style hyper-violent, film sentimental, enquête policière et film à énigme.
Le plus remarquable est probablement la mise en scène, très caractéristique et basée sur des a priori extrêmement pointus : une caméra légèrement flottante même dans les plans fixes (comme si elle était montée sur une bouée flottant sur une mer tranquille), un montage super-speed (95 % des plans doivent faire moins de 3 secondes) même dans les moments calmes, et une bande-son très travaillée. L'impression résultante est une sorte d'hyper-réalisme, à l'opposé exact de l'hyper-formalisme développé par Kim Jee-Woon dans J'ai rencontré le diable.
Le film, très intéressant dans sa première heure, devient ensuite une sorte d'enfilade de climax violents. La hache, le couteau et toutes les armes blanches sont copieusement utilisées pour sectionner, fendre et entailler les différentes parties de plusieurs dizaines de corps humains. A certains moments le grand-guignol n'est pas loin, mais comme l'ambiance reste réaliste, le spectateur est pris entre plusieurs sentiments contradictoires : rire, frémir, anticiper la scène suivante, ou sortir de la salle, comme l'on fait 5 spectateurs. La deuxième partie du film est donc une sorte de circuit de montagnes russes (calme, violence, développement de l'intrigue, calme, violence..) qui semble ne jamais devoir finir. Le scénario progresse en hoquetant et trébuchant, à grands coups de révélations fracassantes, de digressions inexpliquées, d'ellipses géantes, de montage en parallèle.
Une expérience borderline durant laquelle j'ai été à la fois intrigué, séduit et exaspéré. Trop longue sans doute et parfois trop riche, mais qui se finit sur une scène de toute beauté.
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