Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Avant que nous disparissions

Kiyoshi Kurosawa est un des rares cinéastes que je peux trouver génial (Shokuzai) ou très mauvais (Le secret de la chambre noire).

Avant que nous disparissions est plutôt un bon cru. Il commence très fort avec un mélange habile de mystère, de violence et de "rationalisation" d'une situation sur le fond parfaitement loufoque : des extra-terrestres prennent possession des esprits humains pour acquérir les concepts de l'humanité.  

Quand un extra-terrestre pique un concept à un humain (par exemple le sens de la propriété, ou l'amour), ce dernier disparaît de l'esprit de l'humain dépossédé. On se régale durant toute  la première partie des quiproquos plutôt noirs que génère cette idée riche et surprenante.

Plus le film avance vers sa fin à grand spectacle, plus il perd à mon avis de son intérêt. Son originalité placide et sa tranquille impertinence s'effacent progressivement au profit d'une certaine gaucherie un peu mièvre, qui constitue malheureusement un trait caractéristique des fins de film, chez Kurosawa.

Avant que nous disparissions est toutefois très recommandable : il brille par la qualité (somptueuse) de sa mise en scène et par sa sourde originalité.

Kiyoshi Kurosawa sur Christoblog : Kairo - 2001 (**) / Shokuzai - 2012 (****) / Real - 2012 (**) / Vers l'autre rive - 2015 (**) / Le secret de la chambre noire - 2017 (*)

 

2e

Voir les commentaires

Tesnota

Incroyable. 

On a beau se dire qu'il n'y a pas de satisfecit particulier à attribuer à un film au prétexte qu'il est le premier de son auteur, Tesnota affiche une telle maîtrise dans tous les domaines qu'on dirait la réalisation d'un auteur complet et parfaitement aguerri.

Commençons par la mise en scène. Elle est à la fois totalement maîtrisée (perfection des cadres, montage syncopé, lumières merveilleuses, couleurs incroyables) et toujours ouvertes aux aléas de la vie. Un plan d'une seconde résume le génie du film de ce point de vue : lorsque la mère retrouve retrouve son fils, elle trébuche dans son élan, et je parierais que cela n'était pas écrit dans le scénario.

La façon de filmer de Balagov mélange les oripeaux traditionnels du vérisme européen (pour faire simple, à la Dardenne) à l'irréfragable désir de sublimation de l'âme russe, dont maints éléments du film témoignent, comme par exemple les sons sidérants qui ponctuent les scènes références, ou la profondeur inquiétante de certains plans qui frôlent avec le surnaturel (les veines saillantes du cou de Ila, le passage en apnée que constitue le "clip" tchétchène).

Tesnota, comme toutes les grandes oeuvres, ne se réduit pas à une intrigue simple. Il est à la fois, un portrait de jeune fille avaleuse de vie comme notre occident n'en produit plus, un thriller juif claustrophobe, un tableau saisissant de la situation dans le Caucase et une collection de dilemmes moraux comme on n'avait perdu l'habitude d'en voir depuis la mort de Kieslowski.

C'est fantastiquement beau, frappant, dérangeant. C'est de l'essence de cinéma.

 

4e 

Voir les commentaires

Concours DVD Les chatouilles

A l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3 exemplaires du DVD du film de Andréa Bescond et Eric Métayer, Les chatouilles, un des meilleurs films français de 2018 (voir ma critique)

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Où a été joué pour la première fois le spectacle dont le film est tiré ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 19 mars 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le DVD envoyé directement par le distributeur.

NB : un des trois DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

Voir les commentaires

Concours Les étendues imaginaires : Gagnez 2x2 places

A l'occasion de la sortie le 6 mars du film de Yeo Siew Hua, Léopard d'or au dernier Festival de Locarno, je vous propose de gagner 2 x 2 invitations valables partout en France.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "De quelle nationalité est l'acteur Peter Yu ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 8 mars 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite les invitations, envoyées directement par le distributeur.

NB : un des deux lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

Voir les commentaires

Concours DVD L'assemblée (Terminé)

A l'occasion de la sortie en DVD du film de Mariana Otero, je vous propose de gagner 2 DVD.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Dans quel pays a vécu la réalisatrice pendant cinq ans  ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 11 mars 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le DVD envoyé directement par le distributeur.

Voir les commentaires

Call me by your name

Dans la famille d'Elio, il est courant de dire des phrases comme "Quelqu'un a vu mon Heptaméron ?" On jette facilement son vélo et ses noyaux de pêches par terre, mais ce n'est pas grave car le vieil Anchise répare les vélo et la bonne Mafalda fait le ménage.

Bref, sous les lustres en cristal de cette villa italienne, Elio s'ennuie et quand le bel Oliver arrive, il en tombe amoureux. Call me by your name est donc principalement l'histoire d'un premier amour : c'est parfois beaucoup, c'est ici pas assez. La mise en scène de Guadagnino est en effet trop quelconque pour sublimer une histoire aussi simple. Le jeu des acteurs m'a paru passablement mauvais : Oliver est moyennement convaincant, plusieurs seconds rôles ne sont pas du tout au niveau (Marzia par exemple). Timothée Chalamet, quand il ne minaude pas trop, parvient seul à intriguer un peu.

En fait, il me semble que le film péche par manque d'enjeux : l'amour des deux hommes n'est pas transgressif socialement (il est même encouragé), il n'est ni menacé ni menaçant, il manque tout simplement de sel.

Un peu ennuyeux, pas complètement raté, trop long et plutôt fade, Call me by your name est agréable comme un verre d'eau tiède.

 

2e

Voir les commentaires

Corps et âme

Ours d'or au Festival de Berlin 2017, ce curieux film hongrois brille essentiellement par son pitch bizarre (un homme et une femme qui se connaissent à peine font chaque soir le même rêve, dans lequel il est un cerf et elle est une biche) et surtout une mise en scène d'exception.

Lui est infirme, directeur d'un abattoir et s'il a connu beaucoup de femmes, il est désormais seul. Elle a de sérieuses difficultés dans sa relation aux autres, beaucoup trop directe et pour tout dire très maniaque (elle ressemble énormément au personnage de Saga dans la série Bron - The bridge).

Bien sûr, le début d'une romance va naître entre ses deux grands écorchés, ce qui n'est pas très très original. Ce qui l'est plus, c'est l'intelligence constante de la réalisatrice Ildiko Enyedi, qui parvient par la magie de sa réalisation à rendre passionnant la plupart des plans du film.

Il y a dans Corps et âme un effet qui le rend unique : l'exposé de la réalité y est extrêmement rationnelle (l'abattoir est ainsi montré sans effet gore, mais d'une façon très impressionnante), mais il est zébré de brusques incursions dans le domaine du rêve et des sensations. 

L'interprétation des acteurs est pour beaucoup dans la réussite du film, qui avance d'une façon très élégante sur une mince ligne de crête, bordée d'un côté par le gouffre des oeuvres souffreteuses d'auteurs d'Europe de l'Est et de l'autre par l'abime de la fausse bonne idée qui fait pschitt, sans jamais tomber dans l'un ou dans l'autre.

 

3e

Voir les commentaires

La forme de l'eau

Le dernier film de Guillermo del Toro est étonnant à plus d'un titre.

Tout d'abord, sous son esthétique très Jean Pierre Jeunet (du vieux très coloré qui fait neuf, des éclairages peu naturel), perce par éclair une radicalité plus sauvage, typique du réalisateur mexicain.  Je pense par exemple à ce sein énorme qui s'échappe du corsage de la très formatée épouse américaine, ou à la façon très précise qu'à une balle de traverser une joue.  

De la même façon, ce que raconte l'histoire (pour faire simple, La belle et la bête) est un vernis qui recouvre des thématiques plus profondes et plus contemporaines : la libido féminine, la célébration des différences, le machisme ordinaire, la solitude.

La forme de l'eau est une oeuvre étrange, que la mise en scène hyper-fluide de Del Toro rend très agréable à regarder : lisse à l'extérieur, profonde à l'intérieur. Si l'émotion classique n'est pas réellement au rendez-vous, on est constamment stimulé intellectuellement, soit par une scène de toute beauté (le premier plan du film, les gouttes de pluies qui se poursuivent sur la vitre du bus), soit par une performance d'acteur remarquable (Sally Hawkins et Michael Shannon au meilleur de leur forme), soit par une digression intrigante (la musiques, les claquettes, les films à la télé, l'insert en noir et blanc).

Un film aimable, qu'il faut laisser reposer quelques heures dans un coin de sa mémoire pour en apprécier pleinement la chaleureuse densité.

 

2e

Voir les commentaires

L'apparition

L'apparition commence très bien. 

Xavier Giannoli parvient à installer rapidement une ambiance qui suscite la curiosité du spectateur. Les arcanes secrètes du Vatican, l'attitude circonspecte des autorités religieuses, la constitution de la commission d'enquête façon thriller : tous ces éléments contribuent à installer un vrai suspense.

L'attitude purement rationnelle du personnage que joue Vincent Lindon fait plaisir à voir, alors que la jeune fille qui voit les apparitions (Galatea Bellugi) est remarquable par son jeu neutre et impénétrable.

Malheureusement (et c'est une constante dans le cinéma de Giannoli), le film ne tient pas la distance et part progressivement en quenouile : une nouvelle preuve que les réalisateurs ne font pas forcément de bons scénaristes.

Dans sa deuxième partie, L'apparition perd donc progressivement de l'intérêt. L'extraordinaire coïncidence de l'icône est un coup de poker scénaristique qui ne fonctionne pas. Le basculement de Jacques dans la colère nuit à l'originalité du film, comme d'ailleurs l'effacement progressif de la commision d'enquête. 

Le final est lourdingue, l'escapade en Syrie et la résolution de l'intrigue à la va-vite est une très mauvaise idée : toute l'ambiguïté que le film avait patiemment construite autour du mystère d'Anna est balayé par une scène de quelques secondes, d'une banalité effrayante.

Un film qui commence en ballerines et finit en gros sabots.

 

2e

Voir les commentaires

Phantom thread

On peut dire à propos de Phantom thread les mêmes choses qu'à propos de There will be blood : la mise en scène est virtuose, Daniel Day Lewis est exceptionnel, le nappage musical incessant gâche tout, le film est beaucoup trop long ramené à son scénario squelettique et le maniérisme de Paul Thomas Anderson confine parfois au mauvais goût.

On s'ennuie d'abord lourdement. Même si les mouvements de caméra sont brillants, la naphtaline qui engonce le récit endort tout intérêt. 

Il faudra attendre le dernier tiers du film pour que le scénario se réveille un peu, d'une façon d'ailleurs toute relative. On peut dire que l'essentiel de l'histoire pourrait faire l'objet d'un moyen-métrage d'une heure environ. De toute façon, la musique, envahissante et disgracieuse, aura détourné votre attention depuis longtemps quand les évènements commenceront à devenir un tout petit peu originaux. Il faut vraiment insister sur la façon dont ces nappes de violons, cette sorte de free jazz maladroit et cet ersatz de musique baroque pourrissent véritablement le film, comme un nappage de gros sel polluerait un bon gâteau au chocolat.

La réalisation de PTA n'évite pas par ailleurs les lourdeurs. Pour n'en citer que quelques unes : l'insistance sur la cueillette des champignons, la scène de Nouvel an résolument ratée, l'amplification des bruits quand Alma mange et la scène au ski avec la neige qui tombe, d'une laideur remarquable.

Un beau gâchis.

PTA dans Christoblog : Punch-drunk love - 2001 (*) / There will be blood - 2008 (**) / The master - 2012 (*)

 

2e

Voir les commentaires

Concours L'amour des hommes (Terminé)

A l'occasion de la sortie le 28 février du film de Mehdi Ben Attia, je vous propose de gagner 2 x 2 invitations valables partout en France.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "De quelle nationalité est le réalisateur Mehdi Ben Attia ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 27 février 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite les invitations, envoyées directement par le distributeur.

Voir les commentaires

Jusqu'à la garde

Xavier Legrand, avec ce premier film doublement récompensé à Venise, et encensé par la critique, signe une entrée retentissante dans le cinéma français.

Il reprend approximativement  les deux personnages de son précédent court-métrage (Avant que de tout perdre) là où il les avaient laissé. Denis Ménochet et Léa Drucker jouent toujours Miriam et Antoine. Le divorce a maintenant eu lieu, et il s'agit d'organiser la garde des enfants.

Ceux qui connaissent le court-métrage seront probablement moins surpris par l'évolution de l'histoire que ceux qui découvrent cette famille classique - et infernale. 

La grande force du film est de revisiter intégralement le naturalisme à la française. Si la première scène au tribunal est de facture relativement classique (champ/contrechamp, montage ordinaire bien que millimétré) Xavier Legrand enchaîne ensuite avec une mise en scène étouffante, originale et très maîtrisée. L'attention portée aux sons est par exemple incroyable : le bruit de la ceinture de sécurité ou celui de l'interphone sont des personnages de l'histoire. La scène de la fête d'anniversaire, filmée en condition réelle par de longs mouvements de caméra, est de toute beauté.

La densité du jeu des acteurs, le dépouillement spartiate des péripéties, le travail sur la banalisation des décors : beaucoup d'éléments dans le film contribuent à en faire une oeuvre d'exception dans le paysage du cinéma français actuel, qui n'avait encore jamais montré avec cette acuité l'emprise psychologique d'un homme violent sur sa famille.

Il ne manque pas grand-chose pour que le film obtienne la note maximale. Peut-être le besoin de ressentir un peu plus le film, plutôt que de l'admirer.

 

3e

Voir les commentaires

Games of thrones - Saison 7

Je n'ai jamais eu envie jusqu'à présent d'écrire sur Games of thrones, peut-être parce que le fait d'avoir lu l'intégralité des romans de RR Martin m'ont fait regarder tout le début de la série avec un oeil détaché, puisque je connaissais l'histoire.

Le fait qu'on ait maintenant dépassé depuis deux saisons la fin des romans me procure un vrai plaisir de spectateur. C'est un délice de découvrir de nouveaux évènements à chaque épisode. Et puis cette saison 7, ramassée en sept denses épisodes, me plait beaucoup.

Tout d'abord, elle concentre les principales qualités de la saga : un mix particulièrement réussi de batailles homériques (sur mer, sur terre et dans la neige, elle sont cette saison particulièrement impressionnantes) et de conversations stratégico-politiques dignes des Rois maudits. Chacun aura bien sûr son idée sur la meilleure conduite à tenir en matière de tactique militaire, d'alliance stratégique, et le spectateur, plus que jamais, peut ici se rêver stratège.

Cette septième saison brille aussi par sa façon de resserrer encore plus l'intrigue sur l'essentiel. Les personnages secondaires (même très importants) continuent à mourrir, alors que le clan Starck se reconstitue à Winterfell, comme si les saisons 2 à 6 n'étaient qu'une vaste parenthèse aboutissant à un retour aux sources empreint d'une sourde nostalgie. L'empreinte du temps qui passe a durement marqué les visages des frères et soeurs que sont Arya, Sansa, Bran, Jon (et aussi Theon, élevé avec eux). Le simple souvenir des épreuves que chacun d'entre eux a traversé suffit à glacer le sang.

On retrouve également dans cette saison 7 le pouvoir de surprendre qui fait le charme des meilleurs moments de Games of thrones. Si certaines évolutions du scénario sont facilement anticipables, d'autres sont vraiment très bien amenées (je pense par exemple à l'extraordinaire confrontation Sansa / Arya / Lord Baylish).

Voici donc la série la plus célèbre au monde bien calée pour attaquer sa saison finale, qui comptera six épisodes et sera diffusée en 2019.

 

4e 

Voir les commentaires

La douleur

Je suis très embêté pour commenter ce film.

D'un côté je me suis royalement embêté (j'y reviendrai plus tard), de l'autre il me faut reconnaître qu'il y a ici un véritable projet de cinéma qui rend le film, si ce n'est aimable, du moins respectable.

Dès le premier plan, la caméra s'égare, flotte, film vaguement le ciel de Paris et une tasse à café et la nuque de Mélanie Thierry, pendant que les phrases inimitables de Duras flottent dans l'air comme des bribes évanescentes. Pour le coup, la mise en scène est à l'unisson du texte durassien : vaguement quelconque, peu empathique, désespérément anti-narratif. 

On voit bien le projet de Finkiel, qui est de donner une traduction visuelle du livre, sans s'illustrer littéralement, et c'est assez réussi de ce point de vue. Le souci, c'est que les états d'âme de Mélanie Thierry m'ont laissé complètement indifférent. Pire que cela, je n'ai pas compris ses évolutions : pourquoi s'entiche-t-elle du personnage joué par Benoît Magimel ? Pourquoi vouvoie-t-elle et tutoie-t-elle alternativement Dionys ? Quelle est la nature de sa douleur ? Tout ses auto-apitoiement verbeux et souvent abscons ("Mes pieds marchent" "Ma voix se tait") m'ont énervé : je me rends compte que le problème que j'éprouve vis à vis du film (en plus d'un certain formalisme corseté), c'est que je n'aime aucun de ses personnages.

La douleur confirme également un fait déjà constaté : Benjamin Biolay est bien le pire acteur sévissant aujourd'hui dans le cinéma français. Sa variété d'expression est d'une pauvreté sans nom, et se limite à l'expression bornée, dégingandée et lippue qui semble consubstantielle à sa façon d'être (et je ne parle même pas de sa mèche de cheveux toujours aussi artistement disposée). Il a le charisme d'une éponge en fin de vie. 

A vous de voir en fonction de votre appétence pour Duras. Si vous aimez (et comprenez) des phrases, comme celle-ci, allez-y : "Ainsi seconde après seconde la vie nous quitte nous aussi, toutes les chances se perdent, et aussi bien la vie nous revient, toutes les chances se retrouvent."

 

2e

Voir les commentaires

Indivisibili

Premier film d'un jeune réalisateur italien, Edoardo de Angelis, Indivisibili, que j'ai vu au Festival d'Arras, est très peu distribué en France.

Le pitch du film est intéressant : des soeurs siamoises (reliées par la hanche) gagnent leur vie en chantant, dans une banlieue défavorisée du Sud de l'Italie.

Leur connivence, leur personnalité, leur métier survivront-ils à l'annonce de la possibilité de les séparer sans difficulté ?

Le sujet du film, intéressant, ne résiste malheureusement pas au traitement hétéroclite du réalisateur, qui ne parvient jamais à nous intéresser aux enjeux psychologiques et narratifs de l'histoire, pourtant prometteurs. Le style hésite en permanence entre virtuosité scorsesienne du plan-séquence alambiqué, réalisme sordide à la Gomorra, éclairs oniriques lyncho-felliniens et fable morale à la mode du cinéma roumain.

C'est too much en général et raté en particulier, malgré quelques éclairs inspirés.

 

2e

Voir les commentaires

Wonder wheel

Rien à sauver dans le dernier Woody Allen, un océan de médiocrité noyé dans les pires éclairages que j'ai vu au cinéma. 

Il faudrait empaler le directeur de la photographie Vittorio Storaro (c'est déjà celui de Cafe Society) pour avoir osé proposer des lumières aussi outrageusement oranges, ou roses, ou rouges, ou parfois les trois à la fois. J'en avais la nausée.

Le décor, un Coney Island de carton-pâte, est à l'unisson de l'image : factice, moche, invraisemblable. 

Chaque personnage évolue dans son registre sans aucune subtilité (la Palme de la la nullité est attribuée à Justin Timberlake) et la pauvre Kate Winslet erre dans tout le film comme une âme en peine, surjouant un rôle qui ne lui convient pas du tout. Le scénario - en réalité celui d'une tragédie antique - éclate dans le film comme le bruit dérangeant d'un coussin péteur.

On a honte de voir Woody Allen descendre aussi bas.

Woody Allen sur Christoblog : Scoop - 2006 (**)  / Vicky Cristina Barcelona - 2008 (**) Whatever works - 2009 (**) Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu - 2010 (*) Minuit à Paris - 2011 (**)  / To Rome with love - 2012 (**) Blue Jasmine - 2013 (**) / Magic in the moonlight - 2014 (**) / L'homme irrationnel - 2015 (***) / Cafe society - 2016 (**)

 

1e

Voir les commentaires

Centaure

Difficile de rester insensible à ce joli film kirghize, qui a l'apparente simplicité d'une fable, mais s'avère au final assez fin.

Il est par exemple tout à fait jouissif de voir le voleur-plaisir soumis à la vindicte haineuse du voleur-professionnel qui voit dans l'activité du premier un déshonneur pour la profession. 

De même les relations qu'entretient Centaure avec les femmes embrouillent aussi bien le spectateur que les autres personnages du film, et nous amènent globalement à revoir nos stéréotypes. 

Tout Centaure est ainsi parsemé de plaisirs délicats : découvrir de magnifiques paysages et de curieuses coutumes, se confronter au prototype du nouveau riche d'Asie Centrale (Brrrr) et rire parfois (les oies).

Seul bémol à mon appréciation, je trouve la fin bien trop mélodramatique et pas du tout au diapason du reste du film. 

 

2e

Voir les commentaires

Gaspard va au mariage

Beaucoup de choses sympathiques dans ce petit film, qui peine toutefois à tenir la distance.

Parmi les points forts du film d'Anthony Cordier, il faut d'abord signaler un casting d'un goût exquis, incluant la révélation de Jeune femme, Laetitia Dosch, aussi bien que le grand acteur flamand Johan Heldenbergh, qu'on a vu dans tous les grands films belges récents (de La merditude des choses à Alabama Monroe).

Autre élément favorable, la fantaisie déjantée de cette famille hors du commun, qui se matérialise dans quelques scènes amusantes (le bain de poissons par exemple).

Malheureusement, l'esprit enjoué et facétieux du début s'étiole vite. C'est probablement la faute à un scénario qui file tout droit, sans véritables surprises, et qui ne parvient pas à mettre en véritable relation des personnages qui sont tous individuellement intéressants.

Gaspard va au mariage manque également (et paradoxalement) d'unité et ressemble finalement à un puzzle moche dont chaque brique est agréable à l'oeil. La relation quasi incestueuse du frère et de la soeur + les inventions Chindogu + les animaux ont une âme + c'est triste de perdre sa mère + les tatouages + .... = Trop.

 

2e

Voir les commentaires

Total recall

La vision la semaine dernière sur Arte de Total recall m'a laissé une drôle d'impression.

La première partie du film m'a beaucoup plu. Le scénario diabolique issu de l'imagination de Philip K Dick est brillant, l'aspect cartoonesque de l'interprétation (Schwarzenegger, et encore plus Sharon Stone) colle bien au style visuel du film. On peut juste regretter à ce stade que certains éléments de décor (notamment les voitures) vieillissent particulièrement mal - mais c'est le lot commun, et paradoxal, de tous les films de SF. Le futur se démode plus que le présent.

La seconde partie m'a semblé beaucoup moins intéressante, abandonnant plusieurs des ressorts complexes du début pour se muer en un film d'action beaucoup plus traditionnel. 

Il reste quand même sur toute la durée du film une patte Verhoeven reconnaissable, même s'il s'agit ici d'un film de commande, comme par exemple le mauvais goût assumé de nombreuses scènes gore, au nombre desquelles celle des deux bras sectionnés par l'ascenseur fait figure de joyau. 

 

2e

Voir les commentaires

Certaines femmes

Le problème avec le cinéma de Kelly Reichardt, c'est que je n'en perçois pas les intentions.

Quel intérêt de voir Michelle Williams se promener dans les bois, faire des sandwichs et boire du vin pendant que son mari regarde du sport à la télé ?

S'il s'agit de montrer sa tristesse ou de matérialiser sa solitude, alors le film est un grand pléonasme, tant la façon qu'à Reichardt de filmer (pas de musique, une image terne et sombre, des scènes qui s'étirent) souligne les thèmes abordés (incommunicabilité, solitude). La réalisatrice filme de façon dépressive et minimaliste des situations déprimantes.

Il est intéressant de comparer ce film à Moonlight. Les deux films partagent en effet un certain nombre d'éléments communs : ils sont constitués de trois parties distinctes, abordant chacune une thématique différente, et mettent tous deux en scène des personnages en difficulté dans leur relation aux autres. Alors que Moonlight est porté par une foi dans le cinéma qui lui permet de donner de sublimes plans presque joyeux dans la façon dont il sont conçus, Certaines femmes ajoute de l'ennui à l'ennui, et de la tristesse à la tristesse. 

Vingt-quatre heures après l'avoir vu, il faut tout de même que je reconnaisse que certains moments laissent une empreinte profonde : la scène du cheval dans la troisième partie par exemple. Ces quelques séquences ne rendent pas le film passionnant, mais juste intéressant.

 

2e

Voir les commentaires