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Christoblog

Articles avec #elle fanning

Un jour de pluie à New-York

Ces quinze dernières années, les bons Allen se sont fait rares.

C'est d'autant plus plaisant de voir que Woody retrouve ici à la fois sa maîtrise, sa vivacité et son mordant. 

Du premier point de vue, celui de l'art de fabriquer un film, Un jour de pluie à New-York est quasiment parfait : un casting idéal, un scénario brillant sans être alambiqué, une mise en scène douce et élégante, un montage au cordeau, une direction artistique splendide qui donne de la ville une vision nostalgique sans être passéiste.

Le deuxième point fort du film, c'est son alacrité. A 83 ans, Woody Allen semble retrouver son ardeur juvénile à enchaîner les punchlines qui tuent, les situations bien troussée et surprenantes, et les vrais moments d'émotions. Le film est drôle, vif et parfois tendre.

Enfin, on a un grand plaisir à retrouver Woody moqueur, et parfois même cruel. Gatsby en prend pour son grade (sa façon d'embrasser notée 4/10 est une grande claque à l'ego), mais c'est surtout Ashleigh qui n'est pas épargnée. Son rôle de gourde absolue semble un moment pouvoir être sauvé par l'interprétation pleine d'emphase d'Elle Fanning, mais non, elle est vraiment trop bête, et sa dernière imbécillité lui vaudra d'être larguée dans la calèche, comble du romantisme. D'autres milieux (celui du cinéma en particulier) et personnages sont sensiblement moqués au passage.

Un jour de pluie à New-York n'est pas seulement beau, drôle et caustique : il parvient même à être profond lors de la scène qui voit la mère se confier à son fils dans un plan sublime. La superficialité des choses vole en éclat à se moment-là et donne une couleur au film un peu différente : un spleen diffus qui mêle le rire de la belle-soeur à la bêtise d'Ashleigh, qui rend les tableaux de Renoir plus beaux et l'horloge de Central Park plus romantique.

Le meilleur film de Woody Allen depuis Match point.

Woody Allen sur Christoblog : Scoop - 2006 (**)  / Vicky Cristina Barcelona - 2008 (**) / Whatever works - 2009 (**) / Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu - 2010 (*) / Minuit à Paris - 2011 (**)  / To Rome with love - 2012 (**) / Blue Jasmine - 2013 (**) / Magic in the moonlight - 2014 (**) / L'homme irrationnel - 2015 (***) / Cafe society - 2016 (**) / Wonder wheel - 2017 (*)

 

3e

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How to talk to girls at parties

Il est bien rare qu'un film apporte en même temps des plaisirs esthétiques, intellectuels et émotionnels, tout en restant léger et digeste.

C'est pourtant l'exploit que réussit le dernier film de John Cameron Mitchell, qui commence comme un tableau speed de la jeunesse punk des années 80 façon Dany Boyle, avant de se transformer en un délire psychédélique coloré et sucré.

Mitchell parvient avec une grâce incroyable à varier les tons, les rythmes et les ambiances avec un égal talent. Sous son apparente légèreté, How to talk to girls at parties aborde finalement avec un angle nouveau un sujet profond et universel : qu'est-ce que l'amour ? Le film est une sorte de comédie romantique acidulée, qui parvient à éviter la mièvrerie et tous les chausse-trappes inhérents au genre. Ce prodige est dû en particulier à la prestation mutine de Elle Fanning, qui s'affirme ici comme une vraie, grande actrice. Elle semble guidée dans cette émancipation par Nicole Kidman, méconnaissable en Cruella rock'n roll.

Le film n'est pas seulement beau et drôle, il est aussi piquant : pratiques sexuelles (ô combien) hors normes, punchlines décapantes, moqueries diverses. On sourit, on réfléchit, on est intrigués et émus. De la belle ouvrage.

 

4e 

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The neon demon

Au moins, maintenant, Nicolas Winding Refn ne cache plus son jeu.

Ce qui m'avait si fortement déplu sans ses deux derniers opus (en gros, une outrancière primauté du style sur le fond) est ici pleinement assumé. 

Cela commence fort, avec dans les cartons du générique les initiales NWR comme gravées en arrière plan. Refn n'est plus un cinéaste, il est devenu une marque. 

On n'est donc plus vraiment dans du cinéma, mais dans une sorte d'egotrip qui n'a que peu d'équivalent dans l'histoire du cinéma - je ne vois que Fellini pour avoir proposé des oeuvres aussi esthétisantes, certes dans un style très différent, dont le contenu narratif devient complètement accessoire. 

Au début du film, l'arrivée du personnage jouée par la diaphane (et redoutable) Elle Fanning dans l'impitoyable monde de la mode essaye de maintenir encore une sorte de canevas narratif. On pense subrepticement à Mulholland Drive pour l'aspect "jeune et innocente" dans un milieu hostile, filmé bizarrement, mais NWR n'arrive qu'au mollet de Lynch.

L'impression fait long feu, The neon demon évoluant tout à coup dans une abstraction absconse et tape-à-l'oeil (les triangles et tout le barnum géométrique). On nage en plein porno soft lesbien type pub pour Chanel : c'est très mauvais.

La fin du film revient à son climat esthétique minimaliste du début dans un dernier volet que j'ai trouvé particulièrement réussi. NWR cadre alors pour le plaisir des créatures improbables qui évoluent dans une sorte de non-sens onirique particulièrement flippant, dans lequel on gobe un oeil avec une voracité goulue. Ca me plait.

A ce moment-là, NWR approche de l'art contemporain plutôt que du cinéma et on a envie de lui dire : Allez mon gars, encore un effort.

NWR sur Christoblog : Le guerrier silencieux - 2009 (**) / Drive - 2011 (*) / Only god forgives - 2013 (*)

 

2e

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Twixt

A la sortie du dernier Coppola, on n'a guère le choix qu'entre la note maxi (si on est sensible au génie sous-jacent du film) ou la note mini (si on considère que ce génie n'est que sous-jacent)

Je suis pour ma part dans le deuxième cas, et je le regrette, car j'étais tout à fait disposé à aimer le film, et même à l'encenser, à la suite d'un Tetro qui m'avait ravi, à ma grande surprise.

Malheureusement, Twixt est d'un ridicule consommé. Tourné avec trois francs six sous, il propose une imagerie de carton pâte, cherchant en vain une esthétique qui se situerait à mi-chemin de David Lynch (les jeunes filles mortes, l'ambiance bizarre, les rideaux rouges) et Tim Burton (les gothiques, les arbres tordus, la pleine lune) : autrement dit nulle part.

Le scénario est complètement bâclé, à l'image de la fin, et le film ressemble curieusement à un film de fin d'étude, certes zébré d'éclairs de génie (ces cadres !), mais complètement bancal et bourré de facilités. Les jeunes filles entourant le beau garçon maquillé sont par exemple absolument ridicules. Le script est tiré d'un rêve que Coppola a fait à Istanbul, et on aurait souhaité qu'il soit un peu plus travaillé, d'autant plus que Van Kilmer propose un personnage attachant, sorte de Stephen King au rabais cherchant l'inspiration.

La présence d'Edgar Allan Poe finit par donner à Twixt un air de Minuit à Paris freak, ce qui sous ma plume, n'est pas un compliment. A éviter donc.

 

1e

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Super 8

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/78/07/83/19758322.jpgJJ Abrams flatte ce qu'il y a de plus tendrement enfantin en nous, et il le fait avec une délicatesse et une intelligence qui désarment le critique le plus cynique. C'est en ce sens, et seulement en celui-là, qu'on peut le qualifier de fils spirituel de Spielberg.

Super 8 n'est donc pas seulement un film de monstre se déroulant dans une petite ville américaine. Le prétexte de cette intrigue vue et revue ne paraît d'ailleurs pas passionner Abrams qui nous livre un monstre sans grand relief, comme si, finalement, ce dernier n'avait qu'une importance toute relative.

Le sujet du film est à rechercher (tout simplement) dans son titre. Il s'agit de l'histoire d'un groupe de 4 jeunes garçons et d'une jeune fille, qui grandissent ensemble le temps d'un tournage de film en Super 8, découvrant tout à la fois l'amour, le monde compliqué des adultes, les relations au père en l'absence de mère, et la profonde jouissance de la création artistique.

Nos cinéastes en herbe tournent en effet un film intitulé The case, une sombre et rudimentaire histoire de zombie. Il n'est pas interdit d'analyser tout le film (celui d'Abrams) sous l'angle de ce court métrage tourné dans le film. En dépit de la catastrophe qui les entoure, les enfants s'acharnent en effet à mettre en scène leur scénario, en situant les scènes dans les décors de leur propre réalité, créant ainsi un effet d'abyme délicieux qui révèle toute sa puissance dans le générique de fin (NE PARTEZ SURTOUT PAS AVANT), lors duquel est projeté "l'oeuvre" de la fine équipe dans son entier. De cette façon, c'est tout le film que l'on vient de voir, Super 8, qui devient le pré-générique de l'oeuvre principale, The case. Incroyable, magnifique et jubilatoire idée de confronter une grosse machine holywoodienne à la fraîcheur d'un film en Super 8 fait de bric et de broc. Une idée puissante, fortement évocatrice, comme seul JJ Abrams peut en avoir aujourd'hui.

A traver la réalisation de The case, les enfants évoquent par ailleurs toutes les difficultés de réalisation d'un film (rivalité amoureuse autour de l'actrice, problèmes techniques, effets spéciaux, financement, emprise du réalisateur sur l'équipe, répartition des rôles, panne d'inspiration, utilisation des impondérables, etc). Super 8 peut se lire à tellement de niveaux différents qu'il en devient une sorte de catalogue illustratif du cinéma populaire américain, en forme de poupée gigogne pop. 

L'aspect "nostalgie des années 80" m'a beaucoup moins intéressé que la plupart des critiques, car il me semble que le film n'a absolument pas besoin de ça pour exister, même si elle est très présente. Par sa délicate exploration des émois de l'enfance, il se suffit tout à fait à lui-même.

Le film, que j'ai bien aimé, ne m'enthousiasme cependant pas complètement. L'imagination d'Abrams est très puissante, mais je trouve qu'il l'exprime surtout à travers l'univers foisonnant des séries qu'il crée (Alias, Lost, Fringe et bientôt Alcatraz). Ses thématiques sont vastes et nourries de toute la culture américaine, son sens du coup de théâtre est inné, sa sensiblité extrême n'est jamais niaise. Le jour où il canalisera vraiment toute ses qualités au service d'un projet de long-métrage plus recentré et maîtrisé, il sera probablement le meilleur entertainer de son époque.

JJ Abrams sur Christoblog : Star trek / Lost

 

3e

 

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