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Christoblog

Hugo Cabret

Pourquoi n'ai je pas été voir ce film à Noël ?

Je me le demande encore, tellement sa magie entre en résonnance avec la période du sapin, de la crèche et des contes.

Son aspect artificiel, dont les décors en carton-pâte sont la parfaite illustration, est d'ailleurs à la fois sa force et sa faiblesse. Si on y croit, on écrasera probablement une petite larme en se laissant entraîner comme un gamin (ce fut mon cas). Si on n'y croit pas, le film pourra paraître indigeste comme un loukoum trop sucré.

Le film me réconcilie avec Scorsese, avec qui j'étais en froid depuis Casino. Un beau moment de cinéma, qui sonne à la fois comme un cadeau et un testament.

Et maintenant au boulot. Idées de dissertation :

  • A partir de la photo ci-dessus (Scorsese se met lui-même en scène en train de photographier Mélies), vous expliquerez en quoi le film constitue un hommage au cinéma en général , et de quelle façon il utilise la mise en abyme pour le faire.
  • A partir des oeuvres récentes de Woody Allen, Christopher Nolan, et Martin Scorsese, vous analyserez la vision qu'ont de Paris les cinéastes américain du XXIème siècle. Vous comparerez à la vision qu'en ont eu Minelli, Wilder et Polanski.
  • Explicitez le rôle que joue l'automate dans Hugo Cabret. Représente-t-il le cinéma ? Expliquez comment il relie tous les personnages du films, et concluez sur le regard de ses orbites vides dans le dernier plan du film.
  • Le cinéma répare-t-il les êtres ou construit-il les rêves ? Illustrez votre proposition par des scènes du film.
  • Hugo Cabret, film des passages. Vous commenterez cette assertion en examinant successivement les notions de passages secrets, de transmission des savoirs et de rite de passage à l'âge adulte.
  • Lorsque le gendarme sauve Hugo, peut-on dire qu'il agit en automate ? Pourquoi cette scène peut-elle être considérée comme un point nodal du film ?
  • Vous analyserez les sources littréaires du film (Hugo, Dickens, Stevenson, Verne) et détaillerez comment elles nourrissent la narration à travers trois thématiques : les orphelins, les machines et la destinée.
  • Trucages et illusions : couleur, 3D, effets spéciaux, images de synthèse. L'illusion moderne est elle plus moderne que l'illusion au temps de Mélies ? Argumentez.

 

3e

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Louise Wimmer

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/89/77/19859577.jpg Louise Wimmer n'est pas une personne qui attire la sympathie. Presque 50 ans, plus d'appartement, un job de femme de ménage, elle dort dans une vieille Volvo break et se débrouille comme elle peut. Prendre le plateau repas d'une cliente qui s'en va, dans une cafétéria, pour se servir au buffet à volonté, syphonner les réservoirs des poids lourds, prendre sa douche dans une station service : elle use de tous les expédients qui la maintienne dans une condition de presque SDF.

 

Et si j'ai commencé cette critique par dire qu'elle n'est pas aimable, c'est parce que Louise est revêche, peu conciliante, et qu'elle parait même vaniteuse (refuser les avances d'un ami sincèrement épris, décliner les offres d'aide d'un amant de passage, s'inventer un domicile lors des démarches sociales, par fierté).

 

Louise Wimmer n'est pas un film aimable. Il ne s'y passe pas grand-chose, la mise en scène est sage et paraît peu exigeante. Cyril Mennegun explore des lieux tristes et peu séduisants : parking de gare, rue quelconque, station service, hôtel de passage, bar PMU. Autant de non-lieux issus d'une mythologie urbaine cafardeuse. Le film traîne une nonchalance studieuse et un peu rêveuse, que certains qualifieront de minimalisme.

 

On s'attend à plusieurs moments à un coup du sort, un accident de voiture, une agression nocturne, mais le film ne nous propose que des personnes attentionnées (le prêteur sur gage, la tenancière du PMU, l'ami, l'assistante sociale) ou de médiocres méchants (le patron de l'hôtel). Il ne nous éclaire pas plus sur le passé de Louise. L'espoir du film, sans cesse recommencé, semble consister à tenter de capter toutes les variations possibles des sentiments sur le visage et le corps de son (exceptionnelle) actrice. Jouissance, tristesse, désespoir, bonheur, colère, dédain, honte, espoir. Programme austère, temps de crise, ambition blafarde.

 

Louise Wimmer et Louise Wimmer ne sont pas aimables.

 

Et pourtant on les aime tous deux : elle, le personnage, qui rayonne comme la force brute de la vie (magnifiques derniers plans) et lui, le film, qui donne l'impression de voir la précarité au cinéma ... pour la première fois. Une femme qui se bat au bord du gouffre.

 

A voir absolument.

 

3e

 

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Une nuit

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/61/47/19851011.jpgJ'avoue que je connaissais pas le réalisateur d'Une nuit, Philippe Lefebvre, avant d'aller voir son dernier opus. Après quelques recherches, je découvre qu'il n'a que très peu tourné au cinéma, et un peu plus pour la télévision. Les mauvaises langues en profiteront pour dire qu'Une nuit est un honnête téléfilm, mais pour une fois, cela pourrait ne pas sonner comme une critique.

 

En effet, dans le genre polar stylé et pas prétentieux, Une nuit s'impose comme une réussite, certes mineure, mais pas désagréable.

 

Simon Weiss travaille pour la mondaine. Il est un peu verreux et travaille en cheville avec un vieux copain, patron de boîte. Il a l'IGS sur le dos. Le film le suit durant toute une nuit, en compagnie d'une jeune recrue (Sara Forestier, très crédible), alors que se joue une partie à plusieurs bandes entre lui et certains parrains de la nuit.

 

L'un des points forts du films est de restituer une très jolie ambiance du milieu interlope de la nuit parisienne : on explore toutes sortes de bars et de boîtes dans les pas d'un Roshdy Zem bluffant. Chaque visite de lieu est séparée de la suivante par des scènes de voitures tournées dans les rues d'un Paris désert et illuminé, qui dégagent une poésie sourde et prenante. Certains personnages croisés, fragiles, brisés, sont très émouvants.

 

Ici où là affleurent quelques naïvetés ou approximations, mais globalement le film tient bien la route, et s'il ne casse pas des briques, il ne nous casse pas non plus les bonbons. Du solide.

 

2e

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Résultats FA2

 

FA2big

D'abord un grand merci aux votants : Squizzz, Platinoch, dasola, Wilyrah, ffred, Bob Morane, pierreAfeu, heavenlycreature, pépito, Marcozeblog, neil, et Gagor. Pour ceux qui veulent en savoir plus : règlement ici.

http://images.allocine.fr/r_120_160/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/35/42/44/19854147.jpg http://images.allocine.fr/r_120_160/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/35/82/07/19750814.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/59/20/19804702.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/72/46/35/19816517.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/97/93/19828366.jpg

Meilleur film : Carnage 

Le film de Polanski l'emporte d'une courte tête sur celui de Cronenberg, qui a longtemps été en tête, à la lutte avec 17 filles, surprise du festival et véritable révélation pour plusieurs d'entre nous. Shame finit quatrième, alors qu'il compte plus de premières places que tous les autres films. A noter une première pour un festival sur Christoblog : les 6 films ont été cité au moins une fois à la première place, même Contagion et L'art d'aimer.

Meilleur acteur / actrice : Kate Winslet / Christoph Waltz

Si Kate Winslet domine très largement sa catégorie, Michael Fassbender se fait dépasser sur le fil par ce cabotin de Christoph Waltz, grâce au vote dans les dernières secondes de Gagor. A noter que si on ajoute les votes pour sa prestation dans A dangerous method, Fassbender l'emporte.

Meilleur scénario : Contagion Meilleur réalisateur : Cronenberg / McQueen / Delphine et Muriel Coulin / Polanski

Une grande dispersion dans ces catégories, ce qui montre que la compétition était très serrée (et le niveau uniformément moyen diront certains). Les soeurs Coulin réussissent une belle entrée en cinéma en associant leur nom à ceux de trois grands réalisateurs.

Prix spécial : Donoma

Si vous l'avez vu, vous comprenez pourquoi.

Et voilà, merci encore à vous. La sixième aventure a déjà commencé, et vous pouvez vous inscrire : il s'agit du festival d'hiver

 

1.ffred 2.Marcozeblog 3.Neil 4.heavenlycreature 5.Bob Morane 6.PierreAfeu 7.pepito 8.Chris 9.Platinoch 10.Wilyrah 11.dasola 12.Squizz 13.Gagor 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Tot
Carnage 6 5 4 2 2 2 6 4 2 5 4 6 5 53
A dangerous method 5 2 5 3 3 6 4 6 3 2 5 2 6 52
L'art d'aimer 4 4 1 1 5 1 2 3 6 3 2 1 1 34
Contagion 3 3 2 6 4 4 1 1 4 4 3 4 2 41
17 filles 2 1 3 5 6 5 5 5 5 1 1 5 4 48
Shame 1 6 6 4 1 3 3 2 1 6 6 3 3 45
Prix spécial                            
Sleeping beauty 1                         1
Les adoptés   1                       1
Hara Kiri     1                     1
Donoma       1   1   1           3
50 / 50         1       1         2
Les neiges du Kilimandjaro             1             1
Les révoltés de l'île du diable                   1       1
Le Havre                     1     1
Tous au Larzac                         1 1
Hugo Cabret                       1   1
Meilleur actrice                            
Jodie Foster 1   1                     2
Kate Winslet (Carnage) 1 1 1 1   1 1 1   1 1 1 1 11
Frédérique Bel   1                       1
Carey Mulligan       1     1     1       3
Louise Grinberg         1       1         2
Keira Knightley         1     1       1 1 4
Kate Winslet (Contagion)           1               1
Julie Depardieu                 1   1     2
Meilleur acteur                            
Michael Fassbender (Shame) 1 1 1 1     1     1 1 1   8
Christoph Waltz 1 1 1   1   1     1 1 1 1 9
Viggo Mortensen       1   1   1 1       1 5
Laurent Stocker         1                 1
Michael Fassbender (A dangerous method)           1   1           2
John C Reilly                 1         1
Meilleur réalisateur                            
Polanski 1           1       1 1 1 5
Cronenberg 1   1       1 1         1 5
Mouret   1     1       1         3
McQueen   1       1       1 1 1   5
Soderbergh     1 1           1       3
Delphine et Muriel Coulin       1 1 1   1 1         5
Meilleur scénario                            
Carnage 1 1         1     1   1 1 6
A dangerous method 1   1     1   1         1 5
Contagion   1 1 1   1     1 1 1     7
Shame       1             1     2
17 filles         1   1 1 1     1   5
L'art d'aimer         1                 1

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Take shelter

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/00/93/19856893.jpgTake shelter, deuxième film du jeune réalisateur sudiste Jeff Nichols, icône du genre southern gothic, arrive sur les écrans précédé d'une répétition avantageuse, initiée en festival, relayée par la presse et amplifiée par quelques critiques de blogueurs. Le film ne fait pas moins que la couverture du nouveau Positif (le premier en couleur), alors que les Cahiers du cinéma de janvier y consacrent de nombreuses pages.

L'acteur Michael Shannon campe un américain pauvre, en proie à l'apparition des symptômes d'une maladie mentale (schizophrénie, paranoïa ?) et confronté aux difficultés financières pour se soigner.

Shannon possède un visage très expressif en lui-même, une démarche hallucinée et une élocution comateuse qui collent parfaitement à son rôle. Sa performance est assez convaincante, même si on peut considérer que son physique le prédispose à des rôles de zarbis dont ils devient spécialiste (Bug, une apparition marquante qui constitue le meilleur moment des Noces rebelles). Jessica Chastain est encore meilleure à mon sens, dégageant un flux d'amour infini, dont bénéficient son mari et leur petite fille sourde. La mise en scène est d'une sobriété assez étonnante, champ / contrechamp très sages, cadres hyper-classiques, caméra posée. Tout cela est très bien fait, légèrement malsain mais pas trop, parfois même assez brillant. La promotion du film dévoile les principaux ressorts du scénario, par ailleurs il faut le dire assez squelettique, gâchant un peu l'effet de découverte à la vision.

Le film est plaisant à regarder, surtout dans sa première partie lors de laquelle les séquences oniriques sont assez impressionnantes, sans être tape-à-l'oeil. Il s'essoufle à mon sens dans la deuxième, basculant curieusement dans une rationalité qui fait tomber la pression, puis dans une charge sociale certes intéressante, mais qui paraît devoir être un tout autre film. Quant au dernier plan, je le trouve très décevant - assez caractéristique d'un réalisateur qui tient une bonne idée mais ne sait pas trop comment la conclure.

Take shelter est donc une oeuvre de qualité, qui débute plutôt bien 2012, mais qui me semble un peu relever du pitch intéressant bien servi par un réalisateur talentueux, plutôt que du chef d'oeuvre un peu trop vite annoncé. Le film à l'évidence interroge le mythe d'une certaine Amérique, reprenant des éléments de la figure tutélaire du Sud : Terrence Malick. Entendre un journaliste parler du film comme d'un Shining à ciel ouvert est assez typique de l'emballement médiatique qui semble aujourd'hui devenu une sorte de règle : Nichols, avec ses qualités (très belle façon de filmer les visages, sensibilité à la nature qui le rapproche de The tree of life), doit encore parcourir un long chemin pour approcher Kubrick.

A voir, y compris par les âmes sensibles, le film étant bien moins stressant que certains veulent bien le dire (ce sont les mêmes qui essayeront de vous faire peur dans l'escalier de la cave).

 

2e

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Festival d'hiver 2

fdh2.jpg

 

Merci à mymp pour la déco. 

Il y a un plus d'an, un groupe d'irréductibles cinéphiles créaient le festival d'automne 2010.

Depuis, vous avez été 22 blogueurs différents à participer à l'une des cinq éditions des festivals sur Christoblog.

Rappelons brièvement les règles : le festival est ouvert à ceux qui tiennent un blog, et les critiques de films doivent être consultables par tous les participants. Chacun m'envoie son classement des films par message privé : le meilleur film a 10 points, le moins bon 1 point. Le film gagnant est celui qui a le plus de points. Attention : pour que le vote d'un blogueur soit pris en compte, il doit avoir vu tous les films.

Avec son classement, chacun m'envoie également ses :

- 2 meilleurs acteurs

- 2 meilleures actrices

- 2 meilleurs scénarios

- 2 meilleurs réalisateurs

repérés parmi les films vus.

Chaque participant a enfin la possibilité d'attirer l'attention sur un film coup de coeur sorti pendant le festival mais ne faisant pas partie de la sélection. Le film le plus cité dans ce cadre reçoit un prix spécial.

Pour s'inscrire c'est simple : un commentaire sur cet article et c'est fait.

 

4 janvier Take Shelter de Jeff Nichols (USA) 

4 janvier Louise Wimmer de Cyril Mennegun (F)

11 janvier La colline aux coquelicots de Goro Miyazaki (Japon)

25 janvier The descendants d'Alexandre Payne (USA)

25 janvier Café de Flore de Jean Marc Vallée (Québec)

1er février Detachment de Tony Kaye (USA)

8 février La taupe de Tomas Alfredson (UK)

15 février La désintégration de Philippe Faucon (F)

29 février Les infidèles de Lellouche, Dujardin, Hazanavicius, Cavayé... (F)

29 février Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin (USA)

 

Sont déjà inscrits :

- les membres fondateurs, qui ont participé à toutes les éditions :   ffredBob Morane, Gagor, pierreAfeu, heavenlycreature

- les habitués : Marcozeblog, neil,

- les novices : jujulcactuspépito,

 

... et pourquoi pas vous ?

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Corpo celeste

Lors du dernier Festival de Canne, Corpo celeste, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, fut un des premiers films les plus remarqués.

On comprend pourquoi. Sa réalisatrice, Alice Rohrwacher, possède une vraie sensibilité. Elle filme avec beaucoup de talent cette petite fille de 13 ans qui a été élevée en Suisse et arrive avec sa mère et sa soeur en Calabre, dans un univers qu'elle ne connaît pas.

Le point de vue adopté est, un peu comme dans Tomboy, celui de la petite fille. C'est à travers ses yeux qu'on observe le monde curieux et inquiétant des adultes, l'évolution de son propre corps qui se transforme et qui saigne, et surtout sa découverte de Jésus et de ses mystères.

Le film est en effet construit autour de deux pôles : la fin de l'enfance et la religion. Aux mystères profonds de la vie de Jésus est opposée une profonde déliquescence de la religion catholique. Un prêtre un peu raté, nourrissant de vains espoirs de promotion, une femme qui enseigne courageusement un pauvre catéchisme et s'est amourachée du prêtre, un évêque et son aide, ignobles tous deux, une collusion avec la politique, tout ce tableau est absolument terrible. Il est beaucoup plus à charge que la récente farce gentillette de Moretti. On comprend que le film ait été accusé de sacrilège en Italie.

Beaucoup de qualités donc, qui ne se développent malheureusement pas sur la base d'un scénario solide, ce qui plombe le film et ne permet pas de transformer une admiration de cinéphile en émotion de spectateur.

 

2e

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2011, une année de cinéma

anatolie2.jpg

 

D'abord, et puisque c'est la tradition, mon top 10 de l'année (vous avez accès aux articles correspondant en cliquant sur les titres) :

 

1 / Il était une fois en Anatolie

2 / Une séparation

3 / Donoma

4 / Winter's bone

5 / Tomboy

6 / Black swan

7 / La guerre est déclarée

8 / Restless

9 / Polisse

10 / L'Apollonide, souvenir de la maison close

 

2011 fut inconstestablement une année prodigieuse pour le cinéma français. Le point très positif de l'année est la rencontre entre des réalisateur(trice)s très auteurs dans leur démarche (Sciamma, Donzelli, Bonello, Maïwenn, Schoeller) et un vaste public.

Deuxième point essentiel : la révélation 2011. Je veux bien sûr parler de Donoma, dont il ne faut pas avoir peur de dire qu'il signe la naissance d'un réalisateur (Djinn Carrénard) et d'une façon de faire du cinéma qui rappelle l'irruption de la Nouvelle Vague.

Troisième point de satisfaction, des productions de qualité dans les différents genres : la comédie (Intouchables), l'animation (Chico et Rita, Les contes de la nuit, Le tableau), l'actualité judiciaire (Présumé coupable, Omar m'a tuer), le documentaire (Ici on noie les Algériens, le sublime Mafrouza).

Quatrième point pour terminer : de petits films discrets, mais très attachants et plein de promesses quant à leurs auteurs (Angèle et Tony, 17 filles, Avant l'aube, Poupoupidou).

 

Du coup, la production américaine de l'année apparaît comme très décevante. Black swan, Restless et Fighter sortent du lot, mais pour le reste c'est la production indépendante qui a fourni les meilleurs films US de l'année : Winter's bone, Blue Valentine, Beginners.

 

2011 est un cru très pauvre pour l'Asie, dont je retiens principalement The murderer pour la Corée et Hara-kiri pour le Japon. C'est peu, surtout en comparaison de 2010.

 

C'est finalement dans les autres cinématographies qu'il faut rechercher des concurrents à la suprématie française : en Angleterre d'abord (les solides Discours d'un roi et We want sex equality), en Italie (La solitude des nombres premiers, La prima cosa bella) et à l'est de l'Europe (le très beau Choix de Luna, en provenance de Bosnie, passé complètement inaperçu). Encore plus à l'est, l'Iran a rayonné sur cette année avec trois films majeurs (Une séparation, Au revoir, Ceci n'est pas un film). Incroyable pour un pays où faire du cinéma est un véritable chemin de croix.

 

Enfin, le véritable chef-d'oeuvre de 2011, Grand prix à Cannes et qui aurait très probablement remporté la Palme d'or si Malick ne se trouvait en compétition : Il était une fois en Anatolie, qui rassemble tout ce qu'on peut espérer d'un film, beauté formelle, intelligence de la mise en scène, subtile étude psychologique, scénario fouillé. Le film laisse une empreinte durable et allant s'amplifiant dans l'esprit de ceux qui l'ont vu.

 

Je reviendrai tout au long de 2012 sur la filmographie de Nuri Bilge Ceylan, qui est probablement aujourd'hui un des plus grands réalisateurs en activité.

 

anatolie.jpg

 

 

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Mission impossible : protocole fantôme

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/93/03/19870015.jpgQue certains (comme les Cahiers du cinéma) trouvent un quelconque intérêt à MI4 me laisse rêveur.

 

Un film d'action de ce type ne se distingue des autres que si :

- il adopte un ton très particulier (ce qui n'est pas le cas ici, l'hypothèse d'une approche décalée à travers le personnage de Simon Pegg étant scandaleusement sous-exploitée)

- il bénificie d'un scénario haut de gamme avec de préférence un méchant puissant (dans le cas présent le scénario semble s'égarer en chemin et le méchant est insignifiant)

- il sublime les décors ou les situations rencontrées par un traitement hors du commun (MI4 propose une imagerie de carte postale)

 

Casino Royale, le premier des Bond avec Craig, excellait dans ces trois catégories. On est ici loin du compte, et le film ressemble plus à une Ratatouille (le film précédent du réalisateur Brad Bird, dont c'est le premier long-métrage qui n'est pas d'animation) qu'à du caviar.

 

On retiendra comme plaisir la première scène, très efficace (et nous permettant une rapide retrouvaille avec le Sawyer de Lost, zigouillé par notre pimpante Léa Seydoux) et une séquence au Kremlin, basée sur un écran virtuel s'adaptant au regard du spectateur, véritable allégorie du cinéma.

 

Mais c'est trop peu, pour le 150ème (et dernier) film vu en salle cette année.

 

1e

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Christoblog sur Facebook

Vous pouvez, si vous utilisez l'infernal outil de notre ami Zuckerberg, vous abonner à la page Facebook de Christoblog :

 

Le blog reste évidemment le lieu principal de mon activité critique, mais cette page servira d'animation plus légère. Vous y trouverez :

 

- des infos en direct quand Christoblog couvrira des festivals (je devrais notamment être une semaine à Cannes cette année si tout se passe bien )

- un post à chaque nouvel article

- des liens vers d'autres sites et actualités du cinéma

- des liens exclusifs vers certaines pages de Christoblog, comme l'index général en attendant qu'il soit sur le blog

- des annonces d'articles à venir

- des animations et des sondages

 

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Quels seront les bons films de 2012 ?

Bonne année dans les salles !

 

takeshelter-copie-1.jpg

 

En attendant mon top 2011, voici une petite liste des films les plus attendus de l'année.

 

Côté des gros calibres américains, tout le monde aime déjà sans l'avoir vu The dark knight rises, de Christopher Nolan. L'année sera aussi celle de Tim Burton qui devrait sortir deux films : Frankenweenie et Dark Shadows. Spielberg célébrera une amitié entre un jeune homme et un cheval (Cheval de guerre), Di Caprio jouera Gastby le Magnifique dans le film de Baz Luhrmann, et les super-héros seront de retour (The amazing spider-man de Marc Webb, Sherlock Homes 2 de Guy Ritchie,  Avengers de Josh Wedon, Jack et le tueur de géants de Bryan Singer). Le nouveau Coppola, au script torturé (Twixt) sera visible au festival de Gérardmer avant d'arriver dans les salles. Sont également prévus un thriller violent signé Soderbergh (Haywire), un Cronenberg prometteur (Cosmopolis), un nouveau Ridley Scott (Prometheus), un film se déroulant dans l'espace d'Alfonso Cuaron (Gravity). Dès janvier nous découvrirons un biopic d'Eastwood (J. Edgar) et un remake de Fincher (Millenium). Les frères Farrelly proposeront une nouvelle comédie (The three stooges), ainsi que Jude Appatow (This is 40). On regardera avec curiosité de nouveau film du québécois Jean-Marc Vallée, auteur de C.R.A.Z.Y. : Café de Flore, énorme succés au box-office canadien.The dictator de Larry Charles, avec Sacha Baron Cohen, divisera probablement la critique.

 

L'année US devrait se terminer en fanfare avec le western de Tarantino Django Unchained, au casting de rêve (Di Caprio, Kurt Russel, Samuel L. Jackson...).

 

Le début d'année mettra à l'honneur la fine fleur du cinéma indé US avec Take Shelter de Jeff Nichols, Detachment de Tony Kaye et Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin, en attendant Take this waltz de Sarah Polley. 

 

The place beyond the pines, deuxième film de Derek Cianfrance (Blue Valentine), avec Ryan Gosling, est annoncé en  septembre.

 

Côté France, on notera le retour du film à sketch avec Les infidèles qui sonnera comme le manifeste d'une nouvelle génération de réalisateurs et acteurs français (Kounen, Hazanavicius, Cavayé, Lellouche, Dujardin). Tout le monde attendra Valérie Donzelli au tournant avec son prochain film (Main dans la main). Ceux que Donoma ont enthousiasmé se rueront sur le deuxième film de Carrénard (Faire l'amour).

 

Certaines pointures héxagonales honoreront 2012 de leur production : Vous n'avez encore rien vu d'Alain Resnais, Jimmy Picard d'Arnaud Desplechin, L'écume des jours de Michel Gondry, Adieu Berthe de Bruno Podalydes, De rouille et d'os de Jacques Audiard, Après mai d'Olivier Assayas. Et enfin toute une génération ira voir le nouvel opus de Leos Carax (Holly motors), 10 ans après Pola X.

 

L'international des auteurs proposera entre autres : Isabelle Huppert actrice chez Hong Sang-Soo (In another country) et Brillante Mendoza (Captive), Kiarostami tournant au Japon (Like someone in love), un nouveau documentaire sur la peine de mort signé Herzog (Into the abyss), Haneke peut-être à Cannes (Amour), comme Wes Anderson (Moonrise kingdom) et pourquoi pas le canadien Xavier Dolan (Laurence anyways). Les esthètes iront voir Faust d'Alexandre Sokourov, Lion d'or à Venise. On verra peut-être aussi en 2012 L'histoire du cranage d'Arkanar d'Alexeï Guerman, en tournage depuis 10 ans, en post-production depuis 4 ans, film culte an attente permanente de sortie par la faute du perfectionnisme maladif de son auteur. Ceux qui ont aimé le beau Valse avec Bachir se délecteront du nouveau film d'Ari Folman (The congress), tourné en partie avec le même procédé et se déroulant en 2030. Quentin Dupieux (Steack, Rubber) continuera à faire joujou dans le bac à sable avec Wrong.

 

En provenance d'Asie sont attendus le nouveau Tsui Hark (The flying swords of dragon gate), Tokyo goen de Shinji Aoyama,  The grand master de Wong Kar-Wai, Miracle d'Hirokazu Kore-Eda et Saudade de Katsuya Komita (primé au festival des 3 continents à Nantes). Park Chan-Wook devrait sortir en 2012 son premier film américain (Stocker) et Bong Joon-Ho commencera en mars à Prague le tournage de son nouveau film : un thriller postapocalyptique inspiré d'une BD française, Le Transperceneige.

 

J'attendrai enfin pour ma part la nouvelle réalisation de deux jeunes réalisateurs que j'ai à l'oeil : La taupe de Tomas Alfredson (Morse) et Les hauts de Hurlevent d'Andrea Arnold (Red road, Fish tank).

 

Côté animation, le nouveau Pixar Rebelle fera l'actualité de l'été, et on verra aussi la nouvelle production des studios Ghibli La colline aux coquelicots. L'année sera marquée par le retour de la bande de Wallace et Gromit : Peter Lord signera Pirates !

 

En vrac, quelques films en plus que j'ai oublié : le nouveau James Bond, Skyfall, dirigé par Sam mendes, Bilbo le Hobbit de Peter Jackson, les franchises Twilight 5, Madagascar 3, L'age de glace 4, Jennifer Lawrence, l'actrice de Winter's bone dans un film de SF Hunger Games, Extrêmement fort et incroyablement près de Stephen Daldry avec Tom Hanks, d'après le roman de Froer, The flowers of war de Zhang Yimou avec Christian Bale, Tyrannosaur, film britannique de Paddy Considine multi-primé ...

 

 

Et vous, qu'attendez vous en 2012 ?

 

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2011 : Un beau ramassis de ...

... déceptions.

 

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La mode, c'est quand même un truc bizarre. Allez expliquer à un visiteur du futur que Ryan Gosling dans Drive, au milieu des rayons de supermarchés (ouh, il a l'air méchant), a excité la planète cinéphile en 2011.

Aucune chance. Mais la hype auteuriste, ça brille et ça fait parler dans les festivals, même si c'est mauvais à en crever d'ennui comme dans Somewhere, Le cheval de Turin, Hors Satan et Pater.

 

Les Américains célèbres ne font plus quant à eux de bons films, c'est triste à dire, mais c'est comme ça. Ils l'ont prouvé de Eastwood (Au-delà, le titre comme une prémonition), aux Coen, qui continuent leur immersion progressive dans la médiocrité (True grit) en passant par un Soderbergh anémié, dont la filmographie semble tourner en rond autour du zéro (Contagion).

 

Côté français, l'année 2011 fut plutôt excitante, donc pas beaucoup de déceptions, si ce n'est l'insupportable Un amour de jeunesse et son jeune acteur Bouclettes.

 

Quelle tristesse de voir un film prometteur se résumer à un exercice de style un peu vain (Shame), un hommage compassé (Tron, l'héritage), un clip lourdingue (127 heures) ou à de tristes tentatives de réveiller le grand genre du western (Blackthorn, La dernière piste).

 

L'Asie enfin, qui m'enchante si souvent, ne m'a pas réservé cette année que de bonnes surprises (I wish I knew, J'ai rencontré le diable).

 

Heuereusement, il y eut aussi en 2011 plein de bons films. Nous verrons cela dans quelques jours.

 

NB : tous les films cités ci-dessus ont obtenu la note la plus basse possible sur Christoblog. Il y en a d'autres, mais dont j'attendais peut-être moins. 


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Gazette du festival d'automne 2

FA2smallComme pour les éditions précédentes, cette gazette va tenter de vous tenir informé de ce qui se passe sur les blogs des participants :  ffred, Bob Morane, Gagor, pierreAfeu, heavenlycreature, Marcozeblog, Hallyne, Anna, Squizzz, Tching, Herodonte, fredastair, Ben, jujulcactus, Stoni, black-cloud, Wilyrah, dasola, pépito, Platinoch, Claire, neil

Pour les visiteurs qui se demandent de quoi il s'agit, ils trouveront tous les renseignements ici. On peut toujours s'inscrire en cours de festival.

Allez hop, c'est parti, faudrait voir à programmer ses sorties à partir de maintenant. Sir, yes, sir !

Rappel de la sélection :

9 novembre : Contagion de Steven Soderbergh

23 novembre : L'art d'aimer d'Emmanuel Mouret

7 décembre : Carnage de Roman Polanski

7 décembre : Shame de Steve McQueen

  14 décembre : 17 filles de Delphine et Muriel Coulin

  21 décembre : A dangerous method de David Cronenberg

 

6 janvier

Nous en sommes à 12 votants avec la participation de Squizzz, Platinoch, dasola et Wilyrah.

29 décembre

La date limite pour voter est fixée au 7 janvier.

28 décembre

Ont voté : myself, ffred, Bob Morane, pierreAfeu, heavenlycreature, pépito, Marcozeblog, neil, et devinez quoi ... c'est à un duel franco-canadien qu'on assiste ! Côté acteur / actrice, deux favoris se détachent qui jouent chacun dans deux films de la compétition... je vous laisse réfléchir à tout ça.

14 décembre

Honte sur Shame : Christophe, ffred, myself

Shame bof : pierreAfeu, heavenlycreature,

Aime Shame : Marcozeblog, Squizzz, Herodonte, Ben, Wilyrah, dasola, neil,

Est-ce que cela suffira pour gagner ? Peut-être...

13 décembre

ffred finit le festival de plus en plus tôt, il m'a déjà envoyé son classement après avoir vu A dangerous method hier soir... mais je n'en dirai rien pour ne pas influencer les prochains votants. A noter que la date limite pour voter est désormais fixée : je vous propose le 2 janvier. Le festival d'hiver 2 débutera le 4 janvier avec Take shelter, s'étendra jusqu'à fin février avec pour dernier film Martha Marcy May Marlene qui répondra à Take Shelter comme dans un miroir, et sera à connotation "découvertes et jeunes auteurs". Une preview de la programmation peut-être ce soir vers 22 h sur Christoblog, si j'ai le temps.

Si Carnage ne suscite ni enthousiasme délirant, ni sabrage en règle, il en va autrement de Shame qui divise profondément les blogueurs, il y a les archi-contre (dont je fais partie), les contre, les pour, et les archi-pour. Je reviendrai d'ici la fin de semaine sur cette segmentation.

8 décembre

On aborde le coeur du festival avec deux films cette semaine. Carnage partage les blogueurs. Si j'ai trouvé le film moyen, ffred a beaucoup aimé, comme Wilyrah. Shame semble décevoir quelques spectateurs, si j'en crois les commentaires vus sur Facebook. Le niveau de festival d'automne 2 serait donc aussi uniformément faible que celui d'été était fort ?

28 novembre

La gazette revient après la polémique liée à l'annulation de 50/50, polémique ayant entraîné des échanges rappelant furieusement le festival de Cannes 1968 ... sans qu'il soit heureusement ici question d'annulation.

Bref, cette bataille d'Hernani VO/VF passée, faisons le point. Tout le monde, ou presque, a vu Contagion, et le film partage les blogueurs. Si si, certains ont aimé, comme Herodonte et fredastair et aussi jujulcactus. Diable, et si finalement Contagion créait la surprise... ?

Sur L'art d'aimer, les avis sont aussi mauvais partagés, même si la tonalité générale est à la déception (1,5/10 chez black-cloud, aïe aïe aïe). Le festival accomplit toutefois sa mission en faisant découvrir le cinéma de Mouret à Marcozeblog.

Premier avis (excellent) sur Shame chez Wilyrah. Le film de Steve McQueen confirme son statut de grand favori en puissance. A moins que Cronenberg...

18 novembre

Je reviens de deux jours de déplacements, et que vois-je ? Une heure de lecture de commentaires dignes d'une bataille d'Hernani sur ma gazette !

Je rappelle quelques éléments basiques, et fais quelques constats :

- les festivals sur Christoblog sont destinés à se faire plaisir, pas à s'emmerder (comme dirait mymp)

- je ne forcerai personne à aller voir un film étranger en VF, c'est une affaire de religion

- la qualité des films sélectionnés ne peut pas être connue à l'avance (heureusement !)

- jusqu'alors les sélections n'ont jamais "oublié" un film important, et ont à l'inverse permis de découvrir des films qui ont parfois triomphé (Une séparation, Restless)

- les votes sont très serrés sur Doodle pour les 3 films de remplacement : Le cheval : 5, Hara Kiri : 5, The Lady : 5 !!

- Hara Kiri et Le cheval de Turin auront des diffusions peut-être restreintes

- d'autres films pourraient aussi être "rattrapés" (Donoma par exemple)

Ce qui me permet (après avoir entendu toutes les parties) de décider :

- d'enlever 50/50 de la sélection

- de ne pas le remplacer

Du coup, le prix spécial revêtera pour cette édition une importance particulière.

J'organiserai éventuellement après le festival un match entre le vainqueur du festival et le prix spécial, si celui-ci est plébiscité.

Voilà, une solution pragmatique, équilibrée, qui devrait satisfaire le plus grand monde.

12 novembre

Premiers avis assez négatifs, bien que contrastés, sur Contagion. Celui qui a le moins aimé : myself. Le plus : Squizzz. Sinon, vous pouvez faire mieux connaissance avec la vedette cachée du film, le virus Nipah.

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A dangerous method

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/79/98/48/19828696.jpgA force de faire des critiques négatives, je me prends à penser que je suis un blogueur bien ... négatif. Et franchement, avant de voir le dernier Cronenberg, je craignais - le coeur triste et l'âme grise - de devoir rempiler pour une énième descente en flamme.

Mais non. A dangerous method m'a beaucoup touché. D'abord le film est un peu décevant. Keira Knightley semble surjouer, les décors paraissent curieusement ir-réels et en même temps sur-réels (une première touche Cronenbergienne), et l'histoire patine à ses entournures.

Et puis, progressivement, le film décolle. D'abord par de brusques accélérations narratives, puis par la grâce de l'apparition / disparition de plusieurs personnages étonnants (Freud / Gross / la femme de Jung), et enfin par la mise en scène de Cronenberg, pernicieuse et très maîtrisée comme d'habitude. Le Canadien s'affirme de plus en plus comme un des réalisateurs les plus intéressants de sa génération, puisqu'il réussit à surprendre de film en film, contrairement à d'autres qui radotent ou cachetonnent.

Au final, si le résultat n'est pas renversant, il est très plaisant (et instructif, même s'il est aussi simpliste). Une mention spéciale doit être décernée aux acteurs / actrices excellent(e)s, et en particulier à Fassbender, qui tient là peut-être son meilleur rôle depuis Hunger, tour à tour enfant distrait, homme perdu, créateur égoïste et coeur blessé.

La fin est particulièrement émouvante avec une magnifique scène sur un banc dont je ne dirai rien, et des cartons de fin (procédé un peu vulgaire, j'en conviens) terriblement efficaces.

Je recommande le film à tous ceux qui ont besoin d'une analyse, et même aux autres, mais y en-a-t-il ?

 

3e

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Le cheval de Turin

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/60/75/19796808.jpg

Introduction

 

Le film décrit la vie d'un vieillard et de sa fille, dans une ferme isolée. C'est la fin du monde. Le film en décrit les six derniers jours.

 

Premier jour

 

Le premier plan est de toute beauté. Je me dis que mes a priori ne sont peut-être pas justifiés. Dans le générique, j'ai vu qu'une des boites de production s'appelait Zéro fiction, et ça m'a fait un peu peur. Je comprends progressivement que le film est décomposé en plusieurs jours. C'est un peu lent. Première phrase de dialogue au bout d'un quart d'heure. Deuxième dialogue, dix minutes après. La mise en scène baisse d'intensité. Je commence à m'emmerder sérieusement.

 

Deuxième jour

 

Je sens que ça va être horrible, quand les scènes vues dans le premier jour se reproduisent.

Lever, habillage, coup de gnôle, absorption d'une pomme de terre bouillie avec les mains. Aie, aie, aie, ça sent le pâté. La mise en scène est devenue en plus quelconque : plans fixes d'une minute sur un mur ou un linge étendu, fondus au noir grossiers, zooms moches. Le film ressemble de plus en plus à un pensum de première année de l'école de cinéma de Brno. La répétition des scènes me rappelle quelque chose, mais quoi ? Oui : le dentiste ! Vous savez : vous allez chez le dentiste pour un simple contrôle et ce dernier vous trouve une carie bien avancée. Vous avez droit à 5 séances avec dévitalisation, fraises de toutes tailles, et moulages en tout genre (avec les petits coussins oranges contre les gencives). La première fois, vous regardez le plafond en étudiant les mouvements d'une mouche. La deuxième fois, vous surveillez la répétition des gestes de préparation avec une attention inquiète. La troisième, vous pleurez dans la salle d'attente.

Hé ben, là, pareil.

 

Troisième jour

 

Le moment délicat. Il s'est vaguement passé des trucs, mais assez horriblement filmés. Un mec est venu la veille, déblatérant un salmigondis de crypto-philosophie de comptoir, et jouant comme un pied une sorte de boudha hongrois et alcoolique. Maintenant ce sont des tsiganes d'opérette qui déboulent, attiffés comme des épouvantails, et donnant prétexte à une interprétation raciste (en plus d'être sexiste) du film.

Les gens autour de moi se font indubitablement chier à mort. La mamie devant discute avec sa copine pendant les scènes de vent (très bruyantes) et consulte régulièrement les textos de ses petits-fils. Le mec derrière moi change son manteau de fauteuil toute les cinq minutes et pose régulièrement son menton sur ses genoux en soupirant. Truc incroyable qui ne m'arrive jamais : je croise le regard d'un autre spectateur qui s'emmerde autant que moi. Je rêve de faire un esclandre en me levant et en criant à la cantonnade : "Vous avez tous payé 4,5 euros pour voir cette merde, bande de cons !". Oserais-je ?

 

Quatrième jour

 

Je me demande pourquoi personne ne sort de la salle. J'ai une explication : l'effet Saut à l'élastique.

L'effet Saut à l'élastique. Votre copain Marcel vous a conseillé un restau. Vous y êtes allé, vous avez aimé. Marcel vous a dit d'écouter le groupe Jolie Poids, vous avez écouté, et vous avez aimé. Marcel vous a ensuite dit : "Tu devrais essayer le saut à l'élastique, c'est génial". Hop, aussitôt pensé, aussitôt programmé, vous voilà le week-end suivant avec 10 copains sur un viaduc métallique, fixant le néant sous vos pied pendant qu'une sorte de Bernard Lavilliers ardéchois et tatoué tente un noeud de marin inusité autour de vos chevilles, avec un élastique rouge élimé. Vous n'avez qu'une idée en tête : vous barrer en courant. Mais ce serait trop con. Vous le regretteriez ce soir sous votre couverture (trouillard ! trouillard !) et tous vos copains vous regardent.

C'est pour ça que personne ne s'en va.

 

Cinquième jour

 

Le quatrième jour s'est terminé sur une scène d'une irréelle laideur : la fille regardant par la fenêtre, comme une copie de Munch en noir et blanc, conçue sur la butte Montmartre. Le cinquième commence avec la cérémonie des patates cuites à la vapeur, alors que le puits s'est tarri hier.

Moi : Oh, mais y font quoi, y mangent des patates cuites dans quelle eau ?

Moi : Il leur en reste peut-être de la veille...

Moi : Ben y sont vraiment con de cuire des patates dedans, y ferait mieux de la boire !

Moi : Et les patates cuites sous la cendre tu connais ?

Moi : Hé connard, j'ai pas trop vu de papier alu dans le coin...

Et tout à coup, coup de théâtre : un gars en bas à gauche sort de la salle. J'ai envie de crier : "Non, pas toi, pas maintenant ! T'en a chié pendant 2 heures, et tel le cycliste dont les fesses sont tapissées d'ampoules, tu abandonnerais l'ascension de l'Alpe d'Huez dans le dernier lacet ? Non ! Cela ne se peut !". Ouf, l'incontinent est juste parti soulager sa vessie et revient, nous irons donc tous jusqu'au bout, ensemble.

 

Sixième jour

 

Le meilleur. Il dure 2 minutes. C'est comme si, alors que vous êtes torturé à mort par un monstre et que craigniez encore plusieurs séances éprouvantes, ce dernier sortait tout à coup un flingue et vous dise : "C'est fini", et vous tire une balle dans la nuque. Délivrance subite et miséricordieuse.

 

Conclusion

 

Les habitués de Christoblog se rapelleront peut-être que Le chant des oiseaux, d'Albert Serra, représentait pour l'instant le parangon de la vacuité prétentieuse en noir et blanc. Aujourd'hui, c'est Le cheval de Turin qui en constitue le nouveau mètre-étalon.

 

1e

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The killing

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/78/08/77/19445750.jpgForbrydelsen.

Pour ceux qui ont vu la série danoise (oui, oui, danoise) dont je parle dans cet article, ce mot évoquera le générique angoissant (et ô combien agréablement attendu) de chaque nouvel épisode.

Un jeune fille a été tuée par un sadique. L'enquête va durer 20 jours (= 20 épisodes). Bien entendu les fausses pistes vont se multiplier avant le dénouement final dont je ne dirai pas un mot, soyez rassuré.

Un couple adorable d'enquêteur est sur la brèche. Elle est entièrement bouffée par son métier (sa mission, son sacerdoce ?), lui ne peut pas l'encadrer et voudrait bien s'en débarrasser.

Quoi de neuf, allez vous me dire ? Et en particulier par rapport aux séries US ? Eh bien, chers lecteurs, le rythme. Parce qu'ici vous êtes priés de ne pas être pressé. Avant de voir l'enquête avancer (doucement), il vous faudra apprendre à connaître dans l'intimité chacun des protagonistes du drame. A savoir : les parents de la victimes (insoutenables phases du deuil), le politique lié (ou pas ?) à cette sombre affaire, plus une incroyable série de seconds rôles parfaitement interprêtés (conseillers, collègues, professeurs, amis de la victimes, journalistes, etc..).

C'est extraordinairement bien joué, le scénario est millimétrique et la mise en scène impeccable.

Pas étonnant qu'un remake US existe, au demeurant tout à fait honnête, parait-il.

Il existe une mini-deuxième saison que je commenterai quand elle sera sortie, mais en attendant, si vous aimez les séries et que vous rêviez d'un drame mélangeant l'urgence haletante de 24 h chrono et la densité de réalité de The wire, The killing est pour vous, sautez sur l'occasion.

 

4e

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Marché sexuel des filles

marche_sexuel_des_filles.jpgNon, Christoblog n'est pas devenu un site porno.

 

Il faut simplement que je vous parle d'une expérience extrêmement traumatisante vécue lors du dernier festival des 3 continents, à Nantes. Anna, qui était de passage, en parle aussi sur son blog.

 

D'abord, une petite mise en perspective. Il s'agit là d'un roman-porno, genre à part entière, développé par la Nikkatsu à partir de 1971. Il s'agit le plus souvent de films à petit budget, tournés en une semaine. Ils sont érotiques, et non pornographiques, et entrent en résonnance avec les phénomènes socio-culturel du Japon de l'époque. De grands cinéastes y ont fait leurs armes. Je ne connais pas d'exemple similaires dans l'histoire du cinéma mondial.

 

Sans être grand spécialiste, j'ai cru comprendre qu'il existe des romans-pornos burlesques, violents, mélodramatiques ou tragi-comiques.

 

Ici, la situation est d'une noirceur absolue. Le film montre les activités des prostituées d'Osaka, et suit en particulier l'une d'entre elle, qui s'occupe en plus d'un frère handicapé mental. Le film impose des scènes d'une violence psychologique insoutenable. La bestialité des hommes et leur tyrannie sur les femmes sont montrées avec une crudité que je n'ai jamais vu ailleurs. Le réalisateur n'hésite pas à filmer des scènes extrêmement dérangeantes comme une prostituée qui semble éprouver du plaisir durant un quasi viol, ou une fellation effectuée par l'héroïne à son propre frère. Devant ce spectacle on est comme hébété, tant les codes politiquement corrects de nos habitudes sont balayés. On se demande si le cinéaste est en train de dénoncer ce qu'il nous montre avec ostention, ou s'il joue complaisamment avec nos instincts de voyeur.

 

La mise en scène est abracadabrante, passant gaillardement du gros grain noir et blanc à la couleur sans crier gare. Bref, une expérience absolument hors du commun.

 

3e

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17 filles

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/97/93/19860722.jpgBien sûr, ceux qui le voudront trouveront des aspects négatifs à 17 filles.

Avant de parler de ce qui fait la valeur du film, je passe donc rapidement sur ses défauts : certaines maladresses de mise en scène, des seconds rôles très approximatifs et un montage un peu mou. Voilà, c'est fait.

Rappelons le pitch du film : 17 jeunes filles (mineures, 16 ans), décident de tomber enceintes en même temps. On nous précise en introduction que le film est inspiré de faits réels - ce qui ne présente en soi aucun intérêt -  nous sommes bien d'accord, sauf quand il s'agit de dire aux spectateurs : notre histoire, aussi invraisemblable puisse-t-elle paraître, est vraie.

Ce qui me plait incroyablement dans ce film, c'est sa part féminine. Exit en effet les garçons, réduits à de simples inséminateurs (qu'on peut rétribuer comme des taureaux reproducteurs), et exit aussi les pères et les mères, absent(e)s ou impuissant(e)s. Que reste-t-il ? La boule de volonté pure de Camille, enceinte par accident, qui va assumer son état et créer une mode, si je veux être cruel, un projet politique, si je veux être idéaliste. Et l'énergie qui se dégage de ces filles, à peine pubères pour certaines, au corps de bimbos pour d'autres, emporte tout sur son passage. 

Elles rêvent d'un autre monde, et vomissent le nôtre. Comme dit Camille : avoir un bébé, c'est être sûr que quelqu'un t'aimera pour de vrai toute ta vie. C'est un programme. Et un peu moins illusoire que les autres, peut-être.

Alors oui, j'en entends déjà qui pinaillent sur ceci ou cela, mais oui, je peux dire que les plans fixes sur les ados dans leur chambre, au milieu de leurs nounours, et mélancoliquement filmées en plan fixe, sont un peu lourds. Mais leur répétition fait sens : elles sont seules au monde, et leur démarche est une profonde manifestation de ce que l'humanité à de plus forte en elle. La liberté !

Et alors que l'amour n'est nulle part, l'utopie est partout.

 

3e

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Le tableau

le-tableau.jpgL'animation française confirme d'année en année sa bonne santé. Après Michel Ocelot, Jacques Rémy Girerd, et Sylvain Chomet (entre autres), voici donc le nouveau film d'un réalisateur rare : Jean François Laguionie, 72 ans.

 

Nous sommes dans un tableau. Trois sortes de personnages : les Toupins (qui sont tout peints), les Pafinis (qui ne sont pas finis) et les Reufs (au stade de l'esquisse). Le début du film, qui nous présente les rapports entre ces trois castes, est passionnant. On sent que ce monde est riche en métaphores de divers types (les classes sociales, la discrimination raciale, le passage de l'enfance à l'âge adulte).

 

Ce qui enchante également, c'est l'incroyable talent de coloriste que révèle le film. Certains plans sont d'une beauté irréelle.

 

Dans un deuxième temps, trois personnages vont chercher à s'échapper du tableau pour retrouver le peintre, et faire en sorte que chacun puisse être terminé. Si cette quête réserve quelques très beaux plans (comme la chute hors du cadre), on pourra la trouver un peu plus lassante, et moins originale que la première partie. Le rythme du film dans sa partie médiane souffre donc d'une chute de régime, qui rend plus évident l'aspect rustique de l'animation elle-même.

 

La fin manque un peu de sel : changer de couleur pour changer de classe parait un raccourci un peu simplificateur, voire douteux, si on l'applique aux couleurs de peau humaines (je n'ai pu m'empêcher de penser à Michael Jackson). D'une certaine façon j'aurais préféré pour la beauté du geste que les Pafinis mettent un point d'honneur à rester Pafinis (ce que fait d'ailleurs la jeune fille qui s'échappe à la fin du film).

 

Ces petites réserves ne doivent pas vous empêcher d'aller voir ce film étonnant et plastiquement très réussi, qui vaut le coup d'oeil.

 

2e

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Père Noël Origines

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/98/00/19720573.jpgMais qui peut avoir une idée aussi bizarroïde que celle qui est à l'origine de ce film ? Et surtout comment les concepteurs ont pu trouver l'argent pour en faire un long-métrage ? Voilà les questions que vous vous poserez certainement en allant voir Père Noël Origines.

 

La réponse tient dans la hype qui entoure le réalisateur, Jalmari Helander, qui réalisa en 2003 un court-métrage avec 3500 € (Rare Exports Inc), qui connut à l'époque son heure de gloire sur Internet, et fut remarqué, dit-on, par Luc Besson.

 

On a beau aller beaucoup au cinéma, il arrive qu'on soit encore surpris pour le meilleur, pour le pire, ou comme ici, pour rien du tout.

 

Père Noël Origines commence comme du Spielberg. On a l'impression d'assister à un grand spectacle (montagne enneigée en décors naturel, travelling aérien, image soignée), et on se dit : "Voilà un thriller nordique intéressant". Et puis, on suit un petit garçon, et là on commence à penser à un Stephen King nordique. Le film change alors d'optique pour aller vers du fanstastique d'ambiance, avant de bifurquer vers une sorte de film d'action avec gros calibres. Tout ça avant un passage digne du Seigneurs des Anneaux en terme de moyens (mais d'où vient tout ce pognon, c'est hallucinant). Dans les derniers plans, il semblerait que le film soit finalement une comédie. Ca sent le délayage de court-métrage.

 

Un point à noter : l'absence totale de femmes dans le film. On ne sait pas trop si c'est volontaire, mais cela contribue à donner au film sa patine de film potache tape à l'oeil.

 

Basta, vous l'avez compris, je n'ai pas du tout adhéré à cette co-production franco-norvégo-suédo-finlandaise, et je suis prêt à parier que le bide va être retentissant. En effet, le film n'est fait pour aucun public : les enfants auront peur, les ados ne le trouveront pas assez gore, les adultes amateurs de sensations fortes l'estimeront trop sage et les autres trop osé. Les cinéphiles ont autre chose à voir en ce moment, comme Donoma par exemple.

 

1e

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