Kaamelott (Livres 5 et 6)
Le livre V de Kaamelott se présente comme la saison de transition entre les 4 premières, constituées de sketches courts à dominante comique et la sixième, qui devrait normalement être suivie de trois long-métrages de cinéma.
Elle marque donc une rupture de ton absolument totale et inédite à mon sens dans l'histoire de la télévision. Le format change, passant de quelques minutes à 40 minutes par épisode. Le générique abandonne au passage ses effets de trompettes pour monter en qualité et s'accompagner d'une musique entêtante.
Du running gag et de l'absurde à la française, le ton évolue vers une sorte de chronique dépressive et dans laquelle les éclairs d'humour deviennent de plus en plus décalés. Arthur abandonne volontairement le pouvoir et entame une errance désespérée visant à savoir s'il a eu des enfants de ses nombreuses maîtresses. Il y a entre les premiers Kaamelott et cette saison autant de différence qu'entre Woody et les robots et September dans la filmographie d'Allen.
Pour assister à cette parade funèbre une pléiade d'acteurs de renom (re)viennent jouer les guest stars, une façon pour eux de saluer la qualité et la fécondité du talent d'Alexandre Astier. Alain Chabat est fabuleux en duc d'Aquitaine tergiversant sans cesse, Christian Clavier est étonnant de retenue en juriste consulte maniaque, François Rollin est excellent en félon latiniste, et Antoine de Caunes joue à contre-emploi un idiot parfait. Tous sont présents pendant plusieurs épisodes. On notera également les apparitions de Géraldine Nakache, Guy Bedos, Patrick Bouchitey, Anouck Grimberg, Valérie Benguigui...
Le livre VI se déroule quant à lui chronologiquement avant tous les autres. Il réalise un exploit qui ne peut que ravir les fans de la série : il présente progressivement tous les personnages dans leur pré-histoire. Ce faisant, il concrétise un rêve que Lost n'est pas parvenu à réaliser, donner une explication à tous les éléments présents dans les 5 saisons précédentes : pourquoi Arthur n'a-t-il pas de relations sexuelles avec Guenièvre, pourquoi Perceval et Karadoc, malgré leur bêtise, ont été appelés à la Table ronde, comment est né l'amour de Lancelot, etc.
La série prend une ampleur qu'elle n'avait pas auparavant par l'utilisation des décors de Rome, la série de HBO, et par la présence d'acteurs de haut niveau, tous excellents : Patrick Chesnais, Pierre Mondy, Tcheky Karyo, Jackie Berroyer, Manu Payet, Bruno Salomone. Cette saison est intrinsèquement inégale (on sent parfois qu'Astier est un peu seul pour écrire, par comparaison avec les scénarios polis collectivement par toute une équipe de writers dans les séries US), mais elle constitue une incomparable friandise pour les connaisseurs.
La fin annonce très clairement les long-métrages au cinéma, normalement pour 2012.
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