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Christoblog

Articles avec #inde

All we imagine as light

All we imagine as light est un film de fiction qui se pare de tous les atours du film documentaire : attention extrême aux détails, capacité à saisir l'essence même de certains lieux, lumière naturelle, absence de péripéties dignes de ce nom dans l'intrigue (l'évènement le plus notable est l'arrivée d'un auto-cuiseur en provenance d'Allemagne).

Que cela ne vous freine pas pour aller voir ce film : la réalisatrice Payal Kapadia, remarquée pour son premier film, le très beau documentaire Tout une nuit sans savoir, est en effet une cinéaste capable de donner à ses trois personnages féminins une grande profondeur.

La première de ces femmes est infirmière, et elle est fidèle à son mari qui travaille à l'étranger. La seconde sort avec un musulman avec qui elle aimerait coucher (mais ce n'est pas facile). Et la troisième se fait évincer de son logement. Les trois femmes éprouvent à des degrés divers des pressions de la société, et leur appétit de vivre doit se frayer un chemin dans une jungle d'interdits et de conventions.

Mumbai est brillamment croquée dans un défilé d'images, recouvertes de voix off qui racontent des histoires dont on ne sait pas vraiment si elles se raccordent à nos personnages. L'ensemble dégage une poésie diffuse, servie par une photographie "plate", souvent bleutée, et des cadrages parfois magnifiques. 

Par la grâce de sa mise en scène délicate, Kapadia parvient à ennoblir ces femmes du peuple, et à donner de la sororité une image à la fois douce et puissante.

Probablement la naissance d'une très grande cinéaste.

 

3e

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Santosh

Dans ce formidable film présenté au dernier festival de Cannes, on suit Santosh, une jeune femme indienne recrutée à la place de son mari mort en service, dans son apprentissage du métier de gardien de la paix.

Le réalisateur anglo-indien Sandhya Suri parvient à mêler dans cette âpre chronique plusieurs genres avec un grand bonheur (et une redoutable noirceur).

Le film est d'abord, et avant tout, un tableau au vitriol de la société indienne contemporaine. Corruption à tous les étages, incompétence de la police, absence d'éthique, tensions inter-religieuses, absence de réponse politique, machisme décomplexé et agressif, violence quotidienne, pregnance néfaste du système de caste : tout cela forme la toile de fond de la narration.

Mais au-delà de cet aspect rude et brut, parfois proche d'un travail documentaire, le film raconte aussi une formidable histoire, compliquée, tortueuse, qui tient à la fois du polar, du thriller psychologique et de la chronique sociale. Il dresse enfin, et peut-être doit-on dire surtout, un beau portrait de femme : la formidable Shahana Goswami propose une composition à la fois sensible et très physique.

La mise en scène sert parfaitement le propos complexe du film, et parvient à donner au film à la fois un rythme lancinant et une atmosphère poisseuse.

Du très beau travail.

 

3e

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Monsieur

Beaucoup de délicatesse dans ce premier film indien de Rohena Gera, qui montre avec une grande subtilité la naissance d'un sentiment amoureux entre une domestique et son employeur. 

Monsieur a ceci de très plaisant qu'il évite tous les pièges inhérents à ce type d'histoire : il n'est ni larmoyant, ni misérabiliste, ni angélique, ni trop stigmatisant pour la société indienne.

Sa force est de donner à voir un personnage féminin d'une force exceptionnelle, qui génère très progressivement la curiosité, l'admiration puis l'amour chez le jeune homme. Rohena Gera analyse avec une acuité rare ces petits moment où les sentiments changent de nature.

Mumbai et l'appartement dans lequel se déroule l'histoire fournissent un bel écrin à cette jolie histoire, qui regorge de scènes subtiles et parfois très prenantes, à l'instar de cette scène de danse dans la rue, qui constitue un tournant dans la relation du couple (sûrement parce que les corps y prennent la première fois le pas sur les esprits).

Une franche réussite. 

 

3e

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The Mumbai murders

On peut se demander pourquoi Edouard Waintrop, l'excellent délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs de 2011 à 2018, s'est entiché de cet obscur cinéaste indien au point de lui offrir régulièrement une vitrine cannoise.

Waintrop a en effet proposé en quelques années dans sa programmation l'immense fresque Gangs of Wasseypur, Ugly, puis Raman Raghav 2.0, qui sort plus d'un an et demi après son exposition cannoise sous le nom de The Mumbai murders.  

Anurag Kashyap est un cinéaste de la démesure maîtrisée. On retrouve dans son cinéma la même exubérance que dans les films de Bollywood, mais elle est ici mise sous contrôle au service de genres plus conformes à nos goûts d'occidentaux : le thriller, le film policier, l'horreur.

Ce dernier opus est donc dans la lignée des précédents. On ne s'ennuie pas à suivre le périple d'un tueur en série plutôt jovial ("Je tue par passion"), qui parle avec Dieu et cherche un alter ego. Il est poursuivi par un flic plutôt antipathique, pourri, junkie et insomniaque.

Là où le film trouve rapidement une limite, c'est dans le désir forcené de nous imposer un point de fuite évident dès le départ : les deux personnages sont les mêmes, ils se valent. Le scénario, qui avance à marche forcée vers la conclusion de cette idée, manque en conséquence de subtilité. Restent à porter au crédit du film les imposantes scène tournées au sein des quartier pauvres de Bombay, qui sont formidables.

A voir si vous aimez ce type de cinéma indien décomplexé et jamais très loin du mauvais goût.

Anurag Kashyap sur Christoblog : Gangs of Wasseypur - 2012 (**) / Ugly- 2013 (**)

 

2e

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La saison des femmes

Pour apprécier La saison des femmes, mieux vaut ne pas être réfractaire au style bollywoodien.

Même si le film de la réalisatrice Leena Yadav n'est pas une comédie musicale à grand spectacle, il partage avec les productions bollywoodiennes un certain nombre de codes qui pourront choquer le spectateur français lambda : une photographie tape à l'oeil, des rôles surjoués par certaines actrices, un scénario qui cumule les situations improbables.

Si on n'est donc pas trop à cheval sur le réalisme, le film apporte un éclairage intéressant sur la terrible condition de la femme en Inde : mariage forcé, violences conjugales, manque d'éducation et partant, d'émancipation. Leena Yadav mélange, avec une énergie débordante, les styles les plus divers. On passe ainsi en un clin d'oeil d'une bleuette sentimentale à une scène d'une rare violence, puis à une séquence d'un érotisme torride : c'est un peu Harlequin chez Zola.

La saison des femmes est à découvrir si vous aimez être dépaysés, et si une relative dose de mauvais goût ne vous dérange pas.

Films indiens récents sur Christoblog : The Lunchbox (***) / Ugly (**) / Titli (****)

 

 2e

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Titli, une chronique indienne

Belle réussite que ce film présenté à Cannes l'année dernière, qui marque (avec quelques autres) l'entrée en force de l'Inde dans le paysage de la cinéphilie mondiale.

Titli est d'abord une chronique sociale très impressionnante. La vie quotidienne indienne y est montrée avec une acuité cruelle : pauvreté, détresse morale, corruption généralisée, police gangrenée, mariage arrangé, folie immobilière. 

Dans ce décor très sombre, Kanu Behl nous montre le parcours de trois frères, dominé par le plus agé des trois, véritable brute à sang-froid. Le cadet, timide et rêveur, aimerait se sortir de ce milieu immoral et criminel. Y parviendra-t-il ? Je ne vous le dirai évidemment pas.

Le film possède beaucoup de points forts : un scénario très puissant, une direction d'acteurs virtuose, une facilité à installer les ambiances psychologiques de chaque scène en quelques plans. Les scènes de violences sont rares, mais elles éclatent comme des orages après d'énormes moments de tension, exactement comme dans le cinéma de Scorsese. 

D'une façon générale, Kanu Behl n'hésite pas à filmer au plus près de ses personnages. Peur, colère, frustration, espoir, gêne : l'intensité des sentiments est souvent exacerbée.

Un film dur, mais remarquable. A découvrir absolument.

 

4e 

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Ugly

Déjà plus d'un an que j'ai vu ce film à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs : mystères insondables de la distribution !

Attention la suite contient des spoilers révélant la fin du film.

Le réalisateur indien Anurag Kashyap revenait en 2013 sur la Croisette après avoir présenté son Parrain en 2012 : le colossal Gangs of Wasseypur. Cette fois-ci la durée du film est plus raisonnable (2 heures au lieu de 6), mais la tonalité est un peu la même : c'est noir, très noir.

Le point de départ est limpide : une petite fille se fait enlever. Tous les membres de la famille vont alors se faire passer pour le kidnappeur pour toucher la rançon : l'ami du père, le frère de la mère, la nouvelle copine du père, etc... 

Pendant ce temps, le cadavre de la petite pourrit quelque part. 

C'est franchement amusant par moment (la conversation initiale avec le commissaire de quartier, comme un ping-pong verbal), et le film peut être rapproché sous cet angle du cinéma coréen : capacité d'auto-dérision portée à son maximum et tableau peu flatteur de la police locale.

Le film a un côté BD, avec sa bande originale très punchy et ses scènes d'action menées tambour battant, qui est plutôt agréable si vous aimez un type de cinéma qui décape sans complexe. 

 

2e

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The lunchbox

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/544/21054429_20131031170142327.jpgSuccès public et critique lors de la Semaine de la critique 2013, le premier long-métrage de Ritesh Batra est une véritable friandise.

Le pitch de départ est redoutable d'efficacité : une jeune femme prépare le repas de midi pour son mari, livré sur le lieu de travail par une Dabbawallah, entreprise de livraison de lunchbox. Manque de pot, le repas ne parvient pas au bon destinataire. S'en suit une correspondance épistolaire entre la jeune femme, délaissée par son mari, et son destinataire imprévu - mais ravi.

A partir de cette trame minimale, il est étonnant de voir le film développer une histoire finalement pleine de délicatesse, de rebondissements, et d'émotions.

En dehors de l'intrigue proprement dite, déjà remarquable, le film vaut aussi pour sa minutieuse et passionnante descrition de Mumbai, de ses quartiers, de ses trains et de ses rues. Grâce à l'acteur Nawazuddin Siddiqui, déjà vu dans Gangs of Wasseypur, ici dans un second rôle hilarant, le film prend aussi une tonalité burlesque tout à fait plaisante.

Léger, pétillant, drôle, émouvant, The lunchbox vous offre un excellent moment de cinéma indien.

 

3e

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RA. One

http://images.allocine.fr/medias/nmedia/18/89/09/32/20095849.jpgVu aux Utopiales 2012

RA. One, un des plus gros succès au box-office indien (et mondial) s'inspire clairement de nombreuses références : Terminator, Matrix et, en ce qui concerne les films indiens, Endhiran que j'ai vu l'année dernière aux Utopiales également.

Le pitch est assez simple : pour faire plaisir à son fils qui aime les méchants invincibles, un créateur de jeu vidéo en crée un, qui sort évidemment de l'univers virtuel pour tuer son créateur. Un clone de ce dernier reviendra faire justice, tout en réveillant chez le fils (et la mère !) des sentiments oubliés.

Le film multiplie les effets spéciaux spectaculaires (réalisés par des équipes d'Hollywood), mais ces derniers ressemblent à mon goût trop aux productions US. Ce sentiment est renforcé par le fait que toute la première partie se déroule à Londres, donnant au film une tonalité très occidentale qui s'éloigne des kitsheries indiennes si agréables dans les productions de ce genre.

Shah Rukh Khan a son abattage habituel, mais en le regardant de film en film présenter le même visage juvénile et un corps de plus en plus body-buildé, je ne peux m'empêcher de penser aux fortunes probablement dépensées pour entretenir tout ça. Il a quand même 47 ans. Sa partenaire Kareena Kapoor, qui n'en a que 33, fait le job, sans plus. Elle n'a pas le charisme (ni le charme) d'une Aishwarya Rai par exemple.

Les passages chantés et dansés ne sont ni très nombreux, ni particulièrement originaux, ni très réussis. 

Une déception donc.

 

1e

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Endhiran

Vu aux Utopiales 2011

Dans le cinéma indien populaire, Mumbai n'est pas seule. Il faut aussi compter avec les films tamouls (dits de Kollywood, en référence à un quartier de Madras / Chennai, où ils sont produits), dont les qualités et la démesure n'ont rien à envier à leurs homologues de Bollywood.

En 2010, au moment de sa sortie, Endhiran était le film le plus cher de l'histoire du cinéma indien, et on comprend pourquoi en jetant un coup d'oeil à cette bande-annonce, renversante.

L'histoire est classique : un homme crée un robot qui devient amoureux de la fiancée de son créateur. Ce type d'intrigue permet de décliner toutes sortes de situations cocasses et parfois émouvantes, dans lesquelles les deux mégastars (Rajni et la somptueuse Aishwarya Rai) peuvent cabotiner à loisir.

Si la première partie déroule les schémas classiques de la comédie sentimentale appliquée ici à l'apprentissage amoureux par une machine (mais avec A Rai on comprend que même un robot craque), la seconde devient complètement folle avec des effets spéciaux qui dépassent même ce que fait Hollywood.

Les intermèdes chantés et dansés sont encore plus kitschs et improbables que dans les films de Bollywood puisqu'ils  ne s'embarassent même pas ici d'établir un lien avec l'histoire. On se retrouve donc en décors naturel dans le désert ou à Macchu Pichu (pour un morceau appelé contre tout bon sens Kilimanjaro !), et dans bien d'autres endroits encore. La musique de AR Rahman, tamoul lui aussi, et connu en occident pour son travail sur Slumdog Millionaire, est comme toujours excellente.

Mauvais goût assumé, rires, morceaux de bravoure, kitscherie à tous les étages : un beau moment pour les amateurs.

 

2e

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Gangs of Wasseypur

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/91/72/52/20160269.jpg

Parmi les expériences extrêmes de mon séjour à Cannes en 2012 (voir 5 films dans une journée, assister à la projection du dernier Miike de 0h30 à 3h du matin, voir des films à 8h30, aller au Cinéma de la Plage les doigts de pied dans le sable), les 6h de projection - avec entracte - du film indien Gangs of Wasseypur tient une place de choix.

Dans la file d’attente de la Quinzaine, je regarde avec circonspection mes coreligionnaires : ces gens sont-ils donc tous fous pour s’enfermer toute une après-midi au sous-sol de l’hôtel Mariott à regarder une sorte de Parrain indien, dont on ne sait rien ? Il semble bien que oui, même si ma voisine de file d’attente, une sympathique dame cannoise (c’est la première autochtone que je rencontre …) m’informe de sa stratégie : regarder la première partie de 2h40 le jour même, puis la seconde partie de 2h40 deux jours plus tard.

Toujours durant l’attente, l’équipe du film nous distribue de jolis foulards indiens rouges, frappés au titre du film, ainsi qu’un arbre généalogique des personnages, sur une feuille A4 photocopiée. Damned, ce volumineux éventail de plusieurs dizaines de personnages représentant 4 générations nous inquiète plus qu’il ne nous rassure.

Dans la salle, l’équipe du film, également pléthorique, occupe plusieurs rangs. Ils rigolent tous, visiblement ravis d’être à Cannes, et les filles sont habillées comme des princesses indiennes.

La projection commence enfin, avec un premier plan d’une redoutable efficacité : une scène bollywoodienne, qui s’avère être un leurre, issue d’une télé qui est subitement mitraillée sauvagement. S’en suit l’assaut pétaradant d’un immeuble dans lequel un parrain a trouvé refuge.

Suit un long flash-back de plusieurs heures retraçant la guerre de deux clans pour le contrôle des activités criminelles dans une région de l’Inde. Tard dans le film, on revivra cette introduction sous un autre angle, filmée avec la même efficacité.

A l’image de cet élément de scénario, le film est rudement malin, par moment extrêmement attachant, même si sur une telle durée on ne peut nier quelques passages un peu plus faibles.

S’il ne comporte aucun élément chanté proprement dit, le film présente par moment quelques relents bollywoodiens (tous les grands évènements familiaux du type mariage ou funérailles sont accompagnés par un incroyable chanteur payé par la famille) qui donne au film un caractère vif, coloré et plaisant. Les personnages ne sont pas binaires, les gentils s’avérant parfois plutôt méchants, et réciproquement. Ils sont sacrément attachants et on suit les péripéties de ces familles avec plaisir, dans une ambiance de violence larvée qui n’est pas sans rappeler d’illustres modèles : Scorsese, Coppola et Sergio Leone en particulier.

La belle découverte d’un cinéma indien mainstream, ambitieux et grand public à la fois.

 

2e

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Devdas

Diaphana FilmsDevdas est souvent le film par lequel le public occidental entre dans l'univers de Bollywood. Il fut en effet présenté à Cannes en 2002, et connut une petite diffusion en Occident, précédé par sa réputation de film le plus cher de l'histoire du cinéma indien.

Pourtant, le film ne me semble pas le plus attrayant des films de Bollywood.

Son scénario est un peu faiblard (par exemple comparé au très beau Veer Zara), son démarrage un peu poussif et sa démesure dans le kitch dépasse de très loin tout ce que le cinéma occidental peut imaginer.

Le film est une adaptation d'un très célèbre roman indien de Sarat Chandra Chatterjee publié en 1917 et déjà adapté quatre fois au cinéma avant cette version. Il s'agit en gros d'une histoire du type Roméo et Juliette. Roméo est riche et s'appelle Devdas, Juliette est issue d'une famille modeste et s'appelle Paro. Ils étaient amis d'enfance, il tombent amoureux à l'âge adulte lorsque Devdas revient de Londres, et leur amour ne pourra se concrétiser par une union pour cause de différence de classe social.

Comme je le disais en introduction, les décors sont d'un faste tels que la masure de Paro ressemble ... à un palais des mille et une nuits. La propriété de Devdas est 10 fois plus grande, et celle du futur mari de Paro doit compter un millier de pièces au bas mot. C'est réellement délirant. Cette démesure empêche qu'on pénètre rapidement dans l'intrigue.

Passée cette demi-heure presque écoeurante d'or et de soierie, on est frappé par l'extrême cruauté de l'histoire développée et par la noirceur de l'intrigue (Devdas sombre dans l'alcoolisme). Tout cela finira très mal dans des accents de drame sans rémission, parfaitement irréel et maîtrisé.

Le film est donc indigeste, mais ses contrastes raviront l'amateur de sensations primaires : la cruauté de certaines scènes n'a d'égale que la magnificence des décors. Le romantisme exacerbé et sans complexe (mais chaste !) du film pourra séduire certains coeurs d'artichaut. Les deux interprètes principaux, les superstars Shah Rukh Khan et Aishwarya Rai, sont ici au faîte de leur carrière.

 

2e

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Kuch kuch hota hai

http://glanigan.free.fr/wp-content/uploads/Kuch_Aff.jpgKuch kuch hota hai (qui veut dire "quelque chose s'est passé") est le prototype de la comédie romantique.

Après une introduction dramatique plutôt réussie, le film glisse vers un loooong flash back (1h10 !).

L'action se passe alors dans une université où Rahul, Anjani et Tani terminent leurs études.

Anjali et Rahul sont amis, font des parties de basket endiablées que Anjali gagne toujours au grand dépit de Rahul, Anjali aime secrètement Rahul, qui aime Tani, la fille du proviseur arrivant de Londres. Dans cette partie le film développe une esthétique résolument criarde (le gars chargé des costumes semble avoir abusé de substances euphorisantes) et une approche qu'on peut qualifier de "film d'ado".

L'impression globale est de regarder une sorte de Grease indien.

Les passages chantés se font attendre un bon moment et sont assez convenus. Le plus impressionnant est d'un kitsch phénoménal (le concours interscolaire de chansons), mais comme d'habitude l'énergie des acteurs emporte la mise.

Puis Tani et Rahul se marient, et Tani meurt en accouchant d'une petite fille qui s'appelle Anjali. Tani a le temps de laisser une lettre par an que sa belle mère doit lire à Anjali le jour de son anniversaire (Au passage on peut se demander ce que retient d'une lettre une enfant de 1, puis 2, puis 3 ans, mais bon, la vraisemblance n'est pas le fort des films bollywoodiens) .

Pour son huitième anniversaire, Tani révèle à Anjali (sa fille) l'existence d'Anjali (l'ex copine de son mari). La petite fille va rechercher l'ex copine de son père, la trouver dans un camp de vacances (le costumier a du reprendre de l'ecstasy pour ce passage et en donner une dose au décorateur) et .... arrivera ce qui doit arriver dans tout bon Bollywood. Cette deuxième partie, comme dans Veer Zaara, fonctionne sur la base d'un contraste saisissant : l'Anjali garçon manqué de la première partie devient une beauté extrêmement féminine. Les scènes de retrouvailles sont assez réussies.

La complicité de l'acteur principal (notre ami Shah Rukh Khan) et de la ravissante et expressive Kajol crève l'écran. Les seconds rôles sont bons aussi, surtout dans le registre grotesque. C'est évidemment très surjoué, mais les 3 heures et quelques passent facilement, ce qui me parait a posteriori toujours fascinant.

Le film a raflé toute une série de prix à travers l'Inde et l'Asie, il a je crois été le premier film indien a entrer dans le top ten britannique.

Un bon moment, toutefois en retrait pour moi par rapport à l'intensité dramatique et la magnificence des décors et chansons de Veer Zaara. 

 

2e

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Veer Zaara

Bodega FilmsSi vous ne connaissez pas le cinéma de Bollywood, Veer Zaara peut constituer une bonne introduction à condition :

1 - que vous passiez au-delà de votre réaction de rejet lors des 10 premières minutes et que vous alliez jusqu'au bout

2 - que vous aimiez les mélos à la Douglas Sirk

3 - que vous vouliez voir un "vrai" Bollywood, faits par des indiens pour des indiens

Moyennant ces conditions vous aurez droit à du grand spectacle.

Au premier degré, Veer Zaara est une triste histoire d'amour rythmée par quelques chansons avec tout ce que Bollywood sait mettre de techniques, de couleurs, de mouvements de caméra grandioses.

Bien sûr, vous trouverez certainement que les acteurs surjouent, ce qui est normal pour un occidental. Les mimiques de Shah Rukh Khan, la mégastar indienne, vous énerveront au début, et puis vous verrez, on s'y fait. Preity Zinta a une pêche d'enfer, on dirait quand elle danse un robot animé.

Au deuxième degré, vous verrez des acteurs qui ne sont pas dupes de ce ce qu'ils font, s'arrêtant quelquefois au milieu d'une danse pour lever les yeux au ciel, ou plaisantant à moitié au milieu d'une scène tragique (Veer qui réalise qu'il devra disposer d'un tracteur pour promener Zaara et ses huit enfants). Vous apprécierez que le film aborde les relations indo-pakistanaise, ce qui est rudement osé (l'acteur principal, qui joue un sikh dans le film, est musulman). Vous regarderez les bonus et serez fascinés par l'exhumation de chansons vieilles de 30 ans pour ce film.

Au troisième degré, vous garderez le souvenir d'une ligne pure qui dessine la silhouette d'un amour infini comme peu d'oeuvre d'art ont su le montrer (on pense à Roméo et Juliette). La deuxième partie du film, excellente, parfait contrepoint du romantisme béat de la première partie, est somptueuse : rebondissements en tout genre, retournements de situation géants et ellipses improbables la rendent imprévisible. L'intensité des sentiments est telle que les acteurs n'ouvrent plus les lèvres pendant les chansons, c'est leur âme qu'on entend (?!).

"Sont ils humains ou sont ils des Dieux ?" demande un des personnages dans le film. Voilà qui résume bien l'extraordinaire histoire contée par Yash Chopra.

Si vous ne pleurez pas, c'est que vous avez un coeur de pierre.

 

3e

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