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Christoblog

L'économie du couple

Joachim Lafosse aime s'emparer de sujets dérangeants, et au premier abord peu engageants : une mère qui tue ses quatre enfants dans A perdre la raison, l'affaire de l'Arche de Zoé dans Les chevaliers blancs.

Il propose ici de décrire dans le détail le quotidien d'un couple qui se défait, et de montrer comment les conditions matérielles de la séparation influe sur la vie quotidienne. Le sujet semble plus anodin que celui de ses films précédents, mais il n'est pas moins ardu.

De fait, L'économie du couple remplit parfaitement son programme : on voit bien comment les problèmes d'argent peuvent devenir les vecteurs (et les agents) de la discorde. On parle gros sous, on estime le prix du travail et on le compare à celui du capital hérité, on chipote sur l'utilisation des différents étages du réfrigérateur. 

Tout cela est à la fois édifiant et malheureusement un peu sclérosant. On n'apprend pas grand-chose qu'on ne sait déjà sur la nature humaine : oui, la mauvaise foi n'est jamais loin lors des séparations, et oui, aucune des deux parties n'est innocente.

Les limites de la démarche d'entomologiste de Lafosse sont parfois dépassées par le brio de sa mise en scène, parfois exceptionnellement fluide dans un espace qui n'est pas si grand. 

Si Bérénice Béjo est parfaite, on a un peu de mal à voir en Cédric Kahn un travailleur manuel, malgré tous les efforts qu'il déploie. Le pauvre est également desservi par une scène particulirement ratée, qu'il doit assumer en grande partie (la douloureuse scène de repas avec les amis).

Malgré d'évidentes qualités, une petite déception de la part d'un cinéaste dont j'attends beaucoup.

Joachim Lafosse sur Christoblog : A perdre la raison - 2012 (***) / Les chevaliers blancs - 2015 (**) 

 

2e

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Frantz

Il faut reconnaître à François Ozon une capacité unique à changer totalement d'univers d'un film à l'autre, tout en restant fidèle à ses problématiques préférées.

C'est plus ou moins réussi suivant les films, mais on a toujours le plaisir de la découverte et de la surprise. 

Avec Frantz, Ozon tente un pari risqué : faire un remake d'un film oublié de Lubitsch (et son plus gros échec commercial), en noir et blanc, et en allemand. On imagine la moue dubitative des producteurs...

Le résultat est très réussi. Je me suis laissé emporté par cette intrigue étonnante, qui semble au départ limpide et tendue comme un arc, avant de bifurquer vers des directions tout à fait improbables. Durant toute la première partie, Ozon joue habilement avec ce qu'on croit savoir de lui et de son cinéma (j'essaye de ne pas trop spoiler), et c'est très bien fait.

Le film présente de nombreuses qualités au rang desquelles on peut citer une interprétation parfaite (quelle découverte que l'actrice Paula Beer !), une grande finesse dans les approches psychologiques, un suspense teinté de nostalgie qui m'a rappellé les récents films d'Almodovar, une science aigüe des décors (intérieurs et extérieurs), une résonance politique avec l'actualité (Brexit, réconciliation), etc.

Un bon moment de cinéma, étonnamment chaste et retenu pour un Ozon !

 

3e

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Nocturama

Nocturama nous montre des jeunes qui font des trucs dans le métro : ils utilisent leur pass navigo, prennent leur montre en photo et regardent les autres voyageurs d'un air coupable. 

Ils font tous salement la gueule : on sent bien que ça ne va pas rigoler, et qu'un truc horrible les attend, du genre passer le bac, ou aller chez le dentiste.  

D'où viennent-ils, comment se sont-ils connus : on ne le saura pas. Ils sont pourtant visiblement d'origine, de milieu et d'âge très différents, et leur rencontre est bien curieuse. Bonello n'a pas l'intention de nous fournir d'explication, et il les filme comme il filmerait des employés de bureaux en train de classer des archives. 

Au bout d'un moment infiniment long, une bombe explose au Ministère de l'Intérieur, et là, il faut bien le dire, le responsable des effets spéciaux de Nocturama mérite instantanément d'être rayé des répertoires professionnels, tellement l'image semble photoshoppée par un stagiaire de niveau BTS.

Nos apprentis terroristes, pour qui poser des bombes semble un agréable passe-temps, se réfugient dans un grand magasin, ce qui à l'évidence est une idée géniale pour se dissimuler. Ils prennent des bains, essayent des fringues, boivent de l'alcool et écoutent de la musique placidement, en attendant qu'arrivent des gendarmes dans un fourgon réformé, qui les tirent comme des lapins.

L'ensemble du film semble durant toute sa durée essayer de combler le vide qu'il creuse : sa bêtise insigne l'en empêche peu à peu. Il sombre progressivement dans des abîmes de nullité indigente, à l'image des apparitions de Luis Rego et Adèle Haenel, prodigieusement ratées. Tout devient artificiel et de mauvais goût, de la bande-son à la dernière image.

Nocturama, malgré son sujet explosif, ne parvient pas à être polémique tellement il insulte l'intelligence des spectateurs. C'est triste, pitoyable, et même pas beau, ce qui est un comble pour un film de l'esthète Bonello.

Très décevant.

Bertrand Bonello sur Christoblog : L'Apollonide, souvenirs de la maison close - 2011 (****) / Saint-Laurent - 2014 (**)

 

1e

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Bloodline (Saison 1)

Depuis son arrivée dans le petit monde des séries, Netflix essaye de rafler la mise en créant des oeuvres qui semblent confectionnées pour ratisser large, en suivant des méthodes éprouvées.

Cette approche génère des produits formatés qui brillent et semblent attractifs, mais s'avèrent au final sur-écrits et peu originaux.

Si House of cards représentait parfaitement les défauts Netflix, Bloodline confirme à un degré moindre mon opinion. Le principal défaut de la série est son caractère exagérément manipulateur. L'écriture détaillée des épisodes et la mise en scène utilisent de très grosses ficelles qui sont franchement gênantes : un montage alterné bien lourd pour nous inciter à penser quelque chose, la caméra qui ne montre que les pieds d'un personnage pour ménager un demi-suspense, des péripéties inutiles, des personnages qui en rajoutent. Je pourrais écrire plusieurs pages sur tous les menus défauts qui émaillent la série.

Le second problème est le délire accumulatif qui semble s'être emparé des showrunners. On dirait que tous les tics et tous les thèmes d'une série à succès ont été rassemblés dans Bloodline : flashforward à l'échelle d'une saison ou d'un épisode, flashbacks bien lourdingues avec filtre jaune, enquête policière, sexe, histoires parallèles, secrets de famille... On a parfois l'impression en regardant un épisode de Bloodline de regarder plusieurs séries en même temps.

Ses remarques qui empêchent de considérer Bloodline comme une excellent série ne m'empêche pas d'avoir tenu jusqu'au dernier épisode. La structure globale de l'histoire est assez bien vue, et le personnage du bad boy joué excellement par Ben Mendelsohn est tellement détestable qu'on a du mal à ne pas être intéressé par son sort. Les décors naturels de la Floride sont d'autre part parfaitement utilisés.

Pour résumer, une série écrite avec les pieds par des scénaristes qui voudraient à la fois faire Breaking Bad et Six feet under, mais qu'on ne lâche pas avant le dernier épisode quand même. 

 

2e

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Mimosas, la voie de l'atlas

Certains films me donnent l'impression qu'ils se foutent de moi. Ce fut le cas dans le passé de l'inénarrable Chant des oiseaux d'Albert Serra, une référence absolue en matière d'hermétisme abscons. 

Aujourd'hui, le jeune réalisateur espagnol Oliver Laxe peut donc prendre sa place dans cette confrérie de cinéastes prestigieux qui se moquent bien qu'on s'ennuie durant leur film, et qui font même de l'assemblage inintelligible une technique de mise en scène : Carlos Reygadas, Alexander Sokurov, Bela Tarr, Lisandro Alonso.

Dans Mimosas, disons-le tout net, on ne comprend rien. D'ailleurs, les difficultés qu'on peut éprouver à résumer le film l'exprime bien. Par exemple : dans une époque indéterminée, un cheikh veut rejoindre ses proches pour mourir, alors que dans un monde parallèle, un homme est envoyé en taxi pour aider les caravaniers de fortune.

Les actes des uns et des autres sont inexpliqués et incompréhensibles. On parle de rempart, de citadelle. Il y a une pendaison laborieuse. On se prend rapidement à douter de sa propre santé mentale, avant de mettre en cause celle du réalisateur. Et puis, en lisant le catalogue de la Semaine de la Critique, je lis que pour Oliver Laxe, le film est un prétexte à parcourir l'Atlas... OK, il s'agit donc de tourisme ésotérique.

Entendons-nous bien. Un film peut être poétique, lacunaire ou allusif, mais il doit être porté par un souffle, une vision, un élan. Je n'ai vu ici que prétention pédante et irrespect pour le spectateur, qui ressent à la fin de la projection ce que le personnage semble ressentir sur la photo ci-dessus.

 

1e

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Rester vertical

Alain Guiraudie aura donc connu les honneurs de la compétition à Cannes avec un de ses films les moins convaincants, alors qu'il aurait à l'évidence plus mérité cette sélection en 2015 avec L'inconnu du lac.

Autant ce dernier possédait une structure resserrée très prenante, autant Rester vertical part lui dans toutes les directions, sans entraîner l'adhésion.

Le début du film est très réussi. Son étrangeté naïve surprend et inquiète à la fois. Une menace plane, la nature est belle et indifférente. Le personnage principal semble le seul à adopter un comportement normal dans un ballet d'attitudes bizarres.

Hélàs, ce beau début lozérien se gâte quand les allers-retours avec les autres endroits commencent à se mettre en place (la guérisseuse, la maison du vieux, la ville). Le film devient alors un peu mécanique, enchaînant les moments creux et les morceaux de bravoure pseudo-provocante (l'euthanasie sodomite et l'accouchement), dans une ambiance grand-guignolesque qui n'autorise pas l'empathie.

Rester vertical finit par reposer sur les épaules de son acteur principal, Damien Bonnard, qui interprète avec une certaine maladresse la candeur inefficace. J'ai regretté pendant le film que Guiraudie ne fasse pas une place un peu plus grande au personnage de Marie, campée avec une assurance terrienne par la prometteuse India Hair.

La scène finale est au diapason du reste du film : elle en fait trop.

 

2e

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Le fils de Jean

Difficile d'avoir une opinion vraiment tranchée sur Le fils de Jean

D'un côté, je ne peux pas vraiment dire que je me suis ennuyé. 

La réalisation soignée et sensible de Philippe Lioret rend la séance assez plaisante et rarement ennuyeuse.

Je suppose qu'il faut être complètement ignorant de l'intrigue, ce qui était mon cas, pour profiter pleinement du film, parfaitement servi par ailleurs par un casting impeccable, de Pierre Deladonchamp au dernier petit rôle. 

La "traversée de l'Atlantique" donne au film un petit air décalé et nostalgique (Truman contient le même motif, avec un effet similaire), et la façon qu'a Lioret de filmer le Québec évite tout exotisme de pacotille. Si les sentiments sont bien là, ils sont montrés avec une certaine pudeur et une délicatesse de bon aloi, comme d'habitude chez ce réalisateur.

En bref Le fils de Jean est plutôt agréable, même si on pourra juger que son encéphalogramme est un peu plat, et peut-être que les coutures de son scénario sont un peu trop visibles. Les qualités de Philippe Lioret sont là, mais sans atteindre le niveau de certains de ses films précédents (Welcome).

Philippe Lioret sur Christoblog : Je vais bien, ne t'en fais pas - 2006 (**) /  Welcome - 2009 (****)

 

2e

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Divines

Qu'il est bon d'aimer et de défendre un film dont les nouveaux bien-pensants (Les Cahiers du Cinéma par exemple) diront qu'il se distingue par son mauvais goût ! 

En effet, le film de Houda Benyama ne brille pas, à l'image de sa réalisatrice, par son sens de la réserve et par la subtilité de son approche. Divines carbure à la gouaille de quartier, aux répliques qui claquent, aux sentiments faciles et à l'énergie brute.

Dans ce portrait d'une jeune fille qui est prête à tout pour réussir, y compris dans l'illégalité, il y a un peu de Scarface et beaucoup de Pagnol. Houda Benyama ose ce qu'on ose uniquement dans les premiers films (le film a obtenu la Caméra d'Or à Cannes cette année) : des astuces de mise en scène originales, des idées de cinéma frappantes (ce superbe décor dans les cintres), des contrastes de couleurs inhabituels. Bref, tout un attirail de coups divers et variés, destinés à l'évidence à frapper le spectateur au plexus. Dans mon cas, cela a marché, et je me suis viscéralement attaché aux jeunes Dounia et Mamounia.

Le scénario est assez malin, mélangeant les genres habilement, de la comédie au drame, en passant par le simili-documentaire, le film de genre et la comédie romantique. Plutôt que de se demander ce qu'on regarde exactement, il faut se laisser emporter par cette brindille de Dounia, femme en bourgeon et enfant effrontée, magnifiquement interprétée par l'incroyable Oulaya Amamra.

Une petite bombe émotionnelle à qui on peut prédire un beau succès en salle. Je le recommande chaudement.

 

4e 

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Toni Erdmann

Pour une fois, la publicité de l'affiche ("La Palme du public et de la presse") n'est pas mensongère.

De mémoire de festivalier, j'ai en effet rarement ressenti sur la Croisette un engouement aussi immédiat et unanime pour un film : le seul cas similaire qui me vienne à l'esprit, c'est celui de La vie d'Adèle.  

Toni Erdmann ne possède pourtant au départ rien de bien séduisant : un film allemand de 2h42, réalisé par une quasi inconnue du grand public. A Cannes, ceux qui avaient eu la chance de voir le film se moquaient cruellement des spectateurs timorés qui avaient zappé le film pour cause de nationalité / durée / manque de notoriété, et qui ne pouvaient le rattraper.

Les premières images du film renforcent d'ailleurs les a priori qu'on peut avoir à son encontre : image un peu sale, mise en scène qui ne ressemble à rien, intrigue qui démarre bien lentement. Rapidement cependant, Maren Ade parvient à nous intriguer : on réalise assez vite que l'écriture du film est millimétrique, que les développements du scénario sont imprévisibles et que les deux comédiens principaux sont tout simplement énormes.

L'intérêt pour le film monte ainsi crescendo d'une façon très étonnante, comme si le sismographe des émotions, à 0/10 avant l'entrée en salle, puis à 1/10 après dix minutes, montait régulièrement pour atteindre après une ou deux heures des 10/10 tonitruants, lors de plusieurs scènes d'anthologie, de types très différents au demeurant. 

A Cannes, la salle a applaudi de contentement et de surprise mêlés au moins deux fois (lors de la célèbre chanson, et au moment de la réception). Ce sont peut-être les moments de communion les plus forts que j'ai vécu à Cannes depuis cinq ans. L'ambiance y était alors euphorique.

Résumons nous : Toni Erdmann ne ressemble à aucun film que vous avez vu jusqu'à présent, et c'est pourquoi il est si difficile d'en parler. Tour à tour comédie de situation et drame sentimental, brûlot politique et fable morale, le film de Maren Ade est une pépite comme on en voit rarement, qui se permet d'embrasser plusieurs thématiques très différentes en profondeur.

Si le sujet des relations père / fille est au coeur du film, c'est loin d'être le seul abordé : Maren Ade y évoque aussi les relations entre pays riches et pays plus pauvres, les modes de fonctionnement du business international, les responsabilités individuelles, la misère sexuelle de notre époque et une dizaine d'autres sujets encore. 

Que le jury de Cannes ne lui ait décerné aucune récompense, alors qu'il les méritait toutes (scénario, mise en scène, interprétation) est incompréhensible. 

Le meilleur film de l'année, sans nul doute.

 

4e 

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Dernier train pour Busan

Pour apprécier Dernier train pour Busan, il ne faut pas être réfractaire au film de zombie.

Ce postulat étant posé, le film de Sang-ho Yeon (remarqué à Cannes il y a quatre ans pour un remarquable et terrible film d'animation, The king of pigs) est de facture très solide.

Au rayon des points faibles, on pourra toujours dire que les personnages ont des caractères assez grossièrement dessinés et que la mise en scène, peu recherchée, ne favorise pas véritablement l'empathie. 

A celui des points forts, il faut noter un scénario assez imaginatif, surtout dans la deuxième heure du film, une efficacité et une sobriété redoutables dans les scènes d'action, et la performance remarquable de la toute jeune actrice.

Dernier train pour Busan, s'il n'évite pas quelques facilités critiquables, reste un agréable divertissement pour amateur du genre. Il se différencie des blockbusters américains par sa capacité à éliminer progressivement et sans vergogne les gentils, et par sa modestie narrative, au final assez sympathique.

 

2e

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Sieranevada

Sous ses aspects classiques de film de repas familial (façon Festen, Un air de famille ou Un conte de Nöel), Sieranevada brasse de nombreuses problématiques complexes, qui toutes au final évoquent la condition humaine.

Sans chercher à être exhaustif, Cristi Puiu évoque le communisme, la religion (d'abord moquée, puis procurant au final un véritable moment de grâce), l'amour et sa variante qu'on dirait inévitable, l'adultère (scène hilarante de la femme qui débite les turpitudes de son mari, ce qui provoque un fou rire général), la mort du père, la tentation de la violence salvatrice, etc. 

Tout l'intérêt du film, qui est par ailleurs trop long (2h53), consiste dans ce dialogue permament entre une mise en scène de haute volée exploitant incroyablement l'espace confiné de l'appartement, et les grandes interrogations sur le sens de la vie.

Le film a des allures d'En attendant Godot matérialiste, le repas attendu ne semblant jamais devoir commencer, alors que comme le fait remarquer justement le personnage principal, tout s'arrange quand les estomacs se remplissent.

Mimi Bramescu porte le film sur ses épaules, toujours calme et apaisant, tentant de concilier les points de vues et d'extraire de toutes les situations, aussi bizarres soient elles, quelque chose d'utile.

Brillant exercice de style, parfois confondant de vituosité, mais aussi souvent un peu vain, Sieranevada conviendra avant tout aux amateurs de cinéma roumain. Ils me comprendront.

Cristi Puiu sur Christoblog : La mort de Dante Lazarescu - 2005 (***)

 

2e

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Concours L'étage du dessous

A l'occasion de la sortie en DVD le 6 septembre du film roumain L'étage du dessous, je vous propose de gagner 4 DVD.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Quel est le réalisateur du film?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 1er septembre 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le DVD, envoyé directement par le distributeur.

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Lea

Des films de mafia, on en a vu des paquets. Des durs, des sanglants, des burlesques...

Il manquait le film réaliste qui montre le calvaire d'une épouse de mafioso qui veut quitter ce milieu. 

Le réalisateur Marco Tullio Giordana, qui réalisa il y a quelques années un chef-d'oeuvre longue durée (Nos meilleures années), excelle à mettre en valeur la forte personnalité du personnage de Lea, interprétée avec maestria par Vanessa Scalera. Il faut en effet un cran énorme, on s'en doute, pour claquer la porte d'une famille dont on ne divorce pas.

En dressant de petits tableaux très réussis, espacés à chaque fois de plusieurs années, le film parvient à donner le sentiment du temps qui passe, et donne à voir le vieillissement physique et mental de Léa.

La première partie du film est de facture assez classique, mais la deuxième partie devient réellement passionnante. Et glaçante.

Un très beau film.

 

3e

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La vie est belge

Aller voir La vie est belge, c'est retrouver le goût de comédies anciennes (celles de Gérard Oury par exemple), qui étaient capables d'apporter le sourire et le rire, sans être niaises ou racolleuses.

D'abord, signalons qu'il faut être complètement cinglé pour monter un projet aussi borderline que celui-ci : faire se croiser l'univers de Christophe Honoré (période Chansons d'amour) et celui de Benoit Poelvoorde ! 

La vie est belge insère des morceaux chantés dans son intrigue, qui sont exclusivement des tubes belges, flamands ou wallons. Evidemment, on connaît mieux les seconds : Lio, Plastic Bertrand, Adamo. Le résultat est souvent touchant, et toujours charmant. Quand les chansons se doublent d'une petite chorégraphie, on se croit fugitivement chez Demy, aux USA ou même à Bollywood - c'est super gonflé.

Le scénario suit son sentier avec fermeté et une certaine originalité. La fin du film, bien que consensuelle, brille par son efficacité foutraque et joyeusement débridée, à l'image du très beau générique de fin.

Les personnages féminins sont épatants, les personnages masculins sont souvent délicieusement caricaturaux. 

La vie est belge provoque alternativement rires complices et petites larmes en coin, avec une efficacité et une bonne humeur communicative. 

Plus qu'une curiosité, un super bon moment.

 

3e

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El clan

Le pitch de El clan est un pitch en or : une série d'enlèvements et de meurtres sont commis par un patriarche charismatique, avec l'aide directe ou tacite de sa petite famille.

A la vision de la bande annonce affriolante, on s'attend à un film cruel mettant en évidence le contraste terrible entre la violence crapuleuse et une vie de famille bien rangée.

Malheureusement, Pablo Trapero semble prisonnier de ses recherches documentaires. A force de vouloir trop coller à la vérité historique, il suscite la confusion, puis l'ennui. Les longues scènes d'exposition du début nous égarent, nous laissant à penser qu'on assiste à un thriller, à un mélodrame familial, à un tableau sociologico-politique de l'Argentine post-dictature, et même à une comédie noire.

Finalement, El clan est un peu de tout ça, sans réussir pleinement dans une des voies qu'il esquisse. Le film progresse à grand coups d'ellipses alambiquées, et l'énorme talent de Trapero en tant que réalisateur (beaucoup d'effets réussis, une efficacité redoutable) ne suffit pas à combler les béances de l'écriture.

El clan est un qui film échoue par excès d'ambition.

Pablo Trapero sur Christoblog : Carancho - 2010 (*)

 

2e

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Truman

Sur le papier, il y a tout à craindre de ce genre de sujet : deux vieux copains se revoient alors que l'un d'entre eux va mourir.

On imagine immédiatement les scènes larmoyantes, les vieux souvenirs qu'on se raconte tout une nuit durant, les effusions en tout genre.

Le mérite de Cesc Gay est d'éviter toutes les chausse-trapes possibles. 

Le générique de début est à ce titre exemplaire : le voyage de Tomas du Canada en Espagne est résumé en quelques minutes, à raison d'un plan par situation (maison, taxi, salle d'embaquement, avion, etc). Le réalisateur choisit une mise en scène et un montage qui visent à l'épure et au dépouillement, ce qui rend son film pudique, amusant et émouvant.

Les relations entre Julian et Tomas seront ainsi toujours dessinées comme en creux, avec beaucoup de pudeur, et même parfois de dureté. Les deux amis se disent les choses parfois très crûment et entre eux peu de moments semblent portés par l'émotion. Les vecteurs de leur amitiés se situent ailleurs : un sens de l'humour partagé, le personnage de Paula, le chien Truman, l'argent qu'on partage sans aucun tabou, des objets qui changent de main (le livre que Tomas reprend).

Truman est perpétuellement sur le fil du rasoir, se tenant parfaitement entre deux gouffres béants : celui de l'inconsistance nauséeuse et celui du mélodrame tire-larmes. Il y parvient principalement grâce au jeu miraculeux des deux acteurs principaux. Ricardo Darin est très émouvant avec ses airs de grand ado beau gosse sûr de son charme, mais Javier Camara est encore meilleur, dans un rôle étonnant et magnifique d'observateur concerné. Il lui suffit d'un regard de côté ou d'une respiration avant de prendre la parole pour faire passer au spectateur une émotion, une réflexion et même parfois toute une histoire.

Cesc Gay s'affirme avec Truman comme LE réalisateur espagnol à suivre, dans un genre qui rappellera plus Truffaut que Refn : son style n'en est pas vraiment un. Il préfère l'élégance d'un montage précis aux effets clipesques, et l'alternance parfaite de différents types de plans à l'esbrouffe visuelle. Il confirme également être un des meilleurs directeurs d'acteurs en activité.

Le film à voir cet été.

Cesc Gay sur Christoblog : Les hommes ! De quoi parlent-ils ? - 2012 (***)

 

4e 

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Sparrows

Auréolé de toute une série de prix à travers les festivals du monde, Sparrows est finalement un produit assez consensuel et peu original.

Un adolescent doit quitter Reyjkavik pour rejoindre son père dans un fjord isolé de l'Ouest du pays. Le paternel s'avère être un poivrot, et le jeune héros va découvrir la vie au cours d'un été : premier amour, premier rapport sexuel, premier travail, première cuite, premier deuil, etc. Les rapports père / fils vont évoluer au fil des évènements, et de la construction de la personnalité du jeune personnage.

La mise en scène est relativement sage, les scènes s'étirent sans réelle utilité, et le scénario ne ménage qu'une idée vraiment originale, qui constitue la dernière partie du film. Runar Runarsson joue assez bien avec la lumière variable de l'Islande, mais avec une image de médiocre qualité.

Si le film plait tant, ce n'est que par la grâce du jeu des acteurs, tous parfaits, et peut-être aussi pour l'exotisme que dégage cet endroit complètement reculé, dans lequel les hommes semblent minuscules.

L'Islande a produit récemment de bien meilleurs films : Béliers  (****), L'histoire du géant timide (***), et le film franco-islandais de Solveig Anspach L'effet aquatique (***).

 

2e

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Tout de suite maintenant

Il est assez rare de voir un film français entremêler aussi habilement différents genres.

En suivant les premiers pas de Nora dans son nouveau job, on se demande à quoi on est en train d'assister : une description d'un certain milieu d'affaire où les intérêts financiers priment sur toute autre considération, une success story de jeune femme dans un monde de mâles dominants ?

Quand le personnage du père de Nora entre en scène (Bacri qui joue le misanthrope plus qu'il ne l'a jamais fait, c'est vous dire), on ne comprend vraiment plus : le film semble devenir une comédie dramatique familiale.... d'autant plus qu'une histoire d'amour contrariée avec l'énervant Vincent Lacoste vient en plus polluer le propos.

En faisant progresser à grand coup d'ellipse son film, Pascal Bonitzer flirte même avec le genre fantastique (le chien, les ouvriers plonais), avant de revenir progressivement à une résolution d'intrigue assez sage, concluant un exercice qui, à défaut d'être renversant, est très agréable à suivre. 

Il faut signaler comme point fort du film, l'incroyable casting, avec des performances renversantes de Lambert Wilson, Isabelle Huppert et Pascal Greggory.

 

2e

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The strangers

On ne peut qu'être stupéfait par l'incroyable virtuosité dont fait preuve le réalisateur Na Hong-jin dans son dernier opus.

Mais avant de développer il me faut signaler que le film n'est probablement pas destiné à un public très large : il faut pour pleinement l'apprécier ne pas être réfractaire au cinéma de genre, tendance exorcisme et épouvante.

Ceci étant dit, The strangers présente toutes les caractéristiques du film culte destiné à marquer les esprits. 

Il commence comme une comédie grinçante coréenne (c'est à dire, mettant en scène des flics incompétents), avant de basculer dans le thriller fantastique, puis de verser au final dans un sidérant huis-clos à ciel ouvert, si je peux dire, entre un policier benêt et l'ensemble des forces du mal réunies.

Le film, dans cette dernière partie, n'évite pas une certaine confusion qui pourra dérouter. En réalité, on ne sait plus trop qui est qui, qui fait quoi, et dans quel camp se situent les différents personnages. Cette incroyable maelstrom de forces occultes plonge le spectateur dans un état de sidération qui n'est pas très éloigné de celui du héros. Na Hong-jin réussit alors un coup de maître : nous sommes nous-mêmes, en tant que spectateur, désorientés par les forces du mal.

Le film est par ailleurs d'une beauté confondante dans tous ses aspects : utilisation géniale des décors, scènes gore parfaites de réalisme, excellents acteurs, mise en scène souveraine. 

L'interprétation globale qu'on peut avoir de The strangers pourra être très différente : chant d'amour d'un père pour sa fille, ou tableau désespérément noir de la condition humaine face aux forces qui la dépassent. C'est le propre des grands films.

Na Hong-jin sur Christoblog : The chaser - 2008 (***) / The murderer - 2011 (***)

 

3e

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La tortue rouge

Tout le monde, ou presque, s'extasie sur cette production des Studio Ghibli, réalisé par le néerlandais Michael Dudok de Wit.

Je dois être une sacrée tête de pioche, ou avoir un sacré coeur de pierre, pour être passé à côté de la magie de ce film, qui m'a paru simplet et inconsistant. 

Le sujet est ultra mince : un naufragé sur une île déserte, une tortue qui se transforme en jolie fille (ben oui, pourquoi pas ?), un bébé, le temps qui passe, la mort. Tout cela sans parole et en 1h et 20 minutes. C'est joli, bien qu'un peu répétitif (les décors servent 10 ou 15 fois chacun), et très gentil, bien que franchement naïf (l'amour c'est vachement bien). L'animation m'a semblé un peu coincée.

A part quelques sensations liées à la nature vraiment bien évoquées, je ne vois pas ce qu'on peut trouver à ce dessin animé somme toute très sage, et dépourvu de la verve onirique des meilleurs Miyazaki, Le voyage de Chihiro par exemple.

A réserver aux esthètes minimalistes et aux adeptes de robinsonades mystico-écologiques.

 

2e

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