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Christoblog

Articles avec #reda kateb

Omar la fraise

Omar la fraise commence plutôt bien. La plongée qu'il propose dans une Alger inaccoutumée, mix de petite délinquance décontractée et de convivialité exubérante, est plutôt agréable.

Dans ce contexte de pieds nickelés sans prétention on est prêt à beaucoup pardonner au couple Reda Kateb / Benoit Magimel, excellents tous les deux, y compris l'introduction d'une mièvre histoire d'amour. La formidable utilisation des décors naturels d'Alger donne beaucoup de charme au film d'Elias Belkeddar, qui prend parfois des airs de tragi-comédie à l'italienne.

Malheureusement, le fragile équilibre du film se délite assez rapidement, par la faute d'un scénario qui tourne en rond, puis choisit des voies totalement improbables, qui détruisent son charme. 

C'est dommage, car il y avait de quoi faire avec tous ces ingrédients un portrait doux-amer de malfrats à la petite semaine, dans un décor formidable.

On guettera avec attention le deuxième film d'Elias Belkeddar.

 

2e

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Nos frangins

Lorsqu'un film décrit des faits divers dramatiques récents comme le fait Nos frangins, il doit choisir entre deux options : la reconstitution minutieuse et documentée, ou le développement d'un point de vue mettant la psychologie de certains personnages en valeur.

Rachid Bouchareb ne réussit ni l'un ni l'autre,  en s'égarant quelque part entre ces deux possibilités.

Côté reconstitution, il faut noter l'utilisation intéressante des archives, qui se mêlent habilement avec les images de fiction. Pour le reste, on reste sur sa faim, n'apprenant pas grand-chose de nouveau sur l'enchaînement des évènements durant ces quelques jours. 

L'introduction de personnages de fiction est particulièrement ratée : le flic de l'IGS par exemple, joué par Raphael Personnaz, traverse le film comme un spectre inexpressif. Il ne fait que ralentir sans raison l'intrigue.

Les acteurs principaux surjouent tous leur personnage, Samir Guesmi dans l'égarement hébété, Lyna Khoudri dans l'effondrement dépressif, Reda Kateb dans la colère agressive puis l'incompréhension passive.

Le découpage du film m'a semblé très mauvais. Le fait d'avoir saucissonné la scène fatale de l'agression en la répartissant tout au long du film m'a paru maladroit, voire même gênant : comme si Bouchareb voulait soutenir artificiellement l'intérêt du spectateur. 

Au final, et c'est un comble, j'ai trouvé que Nos frangins ne rendait pas justice au sort de Malik Oussekine, et encore moins à celui d'Abdel Benyahia, que le film semble d'ailleurs traiter plus superficiellement que celui de Malik, reflétant tristement une disparité de traitement au sein-même du film.

Rachid Bouchareb sur Christoblog : Indigènes - 2006 (**)  

 

1e

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Les promesses

Je n'ai pas grand-chose à reprocher au film de Thomas Kruithof, si ce n'est peut-être un petit manque de crédibilité dans le jeu d'Isabelle Huppert (elle est très mauvaise dans l'exercice du discours) et une facilité dans l'écriture de certains passage (par exemple le dénouement).

Pourtant je n'ai pas été complètement enthousiasmé par Les promesses. J'ai très souvent eu l'impression d'être devant un épisode de Baron noir, en moins cynique et sans beaucoup plus de moyens. 

J'ai suivi, c'est vrai, avec un certain plaisir les vicissitudes de cette maire de banlieue (c'est d'ailleurs un des intérêts du film de donner à voir la vie des quartiers sans drogue et sans violence), et peut-être encore plus les états d'âme de Reda Kateb, parfait comme d'habitude.

Un bon film sur l'exercice de la politique, auquel je préfère toutefois l'indépassable L'exercice de l'Etat de Pierre Schoeller.

 

2e

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En thérapie

La série phénomène d'Arte, succès public lancé à grand renfort de publicité, me laisse perplexe.

Elle est certes agréable à regarder, son dispositif étant structurellement addictif. On a forcément envie de savoir ce qu'il y a de caché dans l'esprit des patients, et le travail du psy s'apparente finalement à celui de l'enquêteur. De plus, si une des histoires vous plait moins qu'une autre, ce n'est pas grave, les épisodes ne durent que 20 minutes.

Mais aujourd'hui, plus de trois semaines après l'avoir terminée, je me rends compte qu'il ne m'en reste pas vraiment de souvenirs marquants. L'histoire entre Frédéric Pierrot et Mélanie Thierry ne m'a pas passionné, pas plus que celle du couple joué par Pio Marmai et Clémence Poesy. Ce sont les personnage joués par Reda Kateb et Céleste Brunnquell qui sont les plus riches, même si leur développement n'est pas à mon sens convaincant sur toute la durée de la série. J'ai trouvé Carole Bouquet particulièrement mauvaise.

L'impression générale est donc celle d'une relative déception, d'un potentiel qui n'a pas réussi à se concrétiser complètement, ni par le scénario, ni par la mise en scène, ni par le jeu des acteurs.

Au final, une friandise de début de soirée qu'on peut savourer en pensant à autre chose.

 

2e

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Le chant du loup

Il y a quelque chose de fascinant à voir une idée de scénario assez intéressante devenir une bouillie indigeste à l'écran par la seule magie de l'incompétence d'un réalisateur (ou de son équipe).

Le monde des sous-marins, la reconnaissance acoustique, la dissuasion nucléaire : tous ces sujets auraient pu donner un bon film, à la fois distrayant et crédible.

Ce n'est malheureusement pas le cas ici. Le premier défaut du film est son casting : si Kassovitz est plutôt à l'aise dans un rôle ou il peut reprendre les habits du Bureau des légendes, Omar Sy ne parvient pas à rendre son personnage crédible (on s'attend à ce qu'il sorte une blague à chaque dialogue) et François Civil est absolument décalé, avec sa mèche flottante et sa façon de jouer qui convenait bien mieux à Mon inconnue.

Le scénario se perd ensuite dans une succession de clichés, d'invraisemblances risibles et de fioritures ringardes (la romance entre Chanteraide et Diane), avant que les carences évidentes de la mise en scène (problèmes de rythme, direction d'acteur catastrophique) ne finissent par faire couler définitivement le film.

Mieux vaut revoir A la poursuite d'octobre rouge.

 

1e

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Hors normes

Reconnaissons d'abord à Toledano et Nakache d'avoir eu le mérite d'utiliser leur notoriété pour mettre sur le devant de la scène un sujet délicat et a priori peu porteur : l'absence de lieux adaptés pour gérer les cas les plus lourds d'autisme, et le dévouement absolu dont font preuve les animateurs d'associations que l'on voit à l'écran.

Il est renversant (et formidable) de voir des salles UGC bourrées de bouffeurs de pop-corn se figer silencieusement à la vue des tribulations de Joseph et Valentin.

En ce qui concerne le cinéma, le film vaut surtout pour deux points : l'interprétation phénoménale de Vincent Cassel (un acteur que j'aime détester, mais qui est ici formidable d'humanité) et son aspect documentaire, qui donne à voir le travail quotidien des accompagnateurs d'une façon particulièrement vivante.

Pour le reste, Hors normes n'est pas exempt de quelques défauts : une musique envahissante et un peu trop tire-larmes par moment, quelques facilités de scénario inutiles (par exemple la romance entre Dylan et la jeune orthophoniste, jouée par Lyna Khoudri, formidable dans le récent Papicha). Mais ces quelques défauts ne pèsent pas bien lourds si on les met en balance avec l'extrême utilité du film, son efficacité immédiate et l'énergie qu'il dégage.

 

3e

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Django

Pour commencer, il me faut préciser que je n'aime pas trop les biopics. Le genre me parait toujours contenir en lui-même ses propres limites : on connait a priori les ressorts de l'intrigue et l'original est toujours plus intéressant que la copie.

Les rares réussites dans le genre utilisent généralement des artifices qui permettent d'éviter les risques susnommés.

Dans le genre, Django réussit à séduire. En s'intéressant à une période très particulière de l'histoire de son modèle, en dérivant progressivement vers une problématique plus large (la situation des tsiganes sous l'occupation) et en confiant son rôle principal à un acteur qui livre une excellente performance, le réalisateur Etienne Comar réussit à produire un film très plaisant.

La direction artistique (décors, lumière, costumes) est quasiment parfaite et contribue elle aussi à donner une patine de réalisme à Django, qui mérite beaucoup mieux que l'accueil qui lui a été réservé.

Je le conseille donc dans cette période ultra-calme qui précède Cannes.

 

2e

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Les derniers parisiens

En entrant dans la salle pour voir ce film, je ne m'attendais à rien. Je n'en avais pas entendu parler, et je ne connaissais pas les réalisateurs.

Les premières scènes montrent caméra à l'épaule un Pigalle sans fard. On ne comprend pas vraiment ce vers quoi va nous mener le film, et ce sentiment est plutôt ... agréable.

Reda Kateb campe un personnage attachant (même si on a vite envie de lui mettre deux baffes) : il trouve ici à mon avis son meilleur rôle. Le reste du casting est formidable.

Plus le film avance, plus il nous captive. Outre le tableau assez sidérant d'un quartier parisien qui semble filmé comme jamais auparavant (sauf peut-être dans le film Neige de Jean Henri Roger et Juliet Berto), les réalisateurs élaborent un drame fraternel qui n'est pas sans rappeler la dureté de Scorsese.

Au final, le film est très bon : il est à la fois doux et sec, puissant et concis.

 

3e

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Lost river

S'il y a bien un film que je m'attendais à ne pas aimer, c'est bien celui-ci. Les références à Lynch et Refn étaient un peu lourdes à porter, et le réalisateur, Ryan Gosling, vraiment trop beau gosse pour être intelligent. Je m'attendais donc à sortir la sulfateuse à sarcasmes pour dégommer une oeuvre que je j'avais déjà prévu de qualifier de pompeuse et de maniérée, sans l'avoir vu, bien sûr.

Mais la mauvaise foi, parfois, n'est pas récompensée. Lost river est en effet réussi en tout point.

D'abord, le décor fantasmagorique d'une ville abandonnée d'après la crise est absolument fabuleux (il s'agit en grande partie de Detroit). Les décors constituent un des atouts indiscutables du film.

Dans ce contexte désolé et post-apocalyptique, campons les personnages. Une femme seule (incroyable Christina Hendricks, la secrétaire rousse à l'abondante poitrine de Mad men) élève seule deux garçons. Le plus grand des deux est amoureux de la fille d'en face, dont la mère a arrêté de parler quand son mari est mort. Il y a aussi dans ce monde bizarre et en même temps très familier, un méchant qui découpe les lèvres de ses ennemis aux ciseaux (pas joli, joli, le résultat), un cabaret macabre dans lequel le (faux ?) sang coule à flot, et une ville engloutie.

Présenté comme cela, on pourrait imaginer que le film est un pensum lourdingue : il est au contraire une chronique intimiste dans laquelle chaque personnage trouve exactement le bon ton, la bonne posture.

La mise en scène est imaginative (presque trop, on sent parfois que Gosling s'enflamme - au propre comme au figuré), les seconds rôles impeccables (Reda Kateb, Paul Mendehlson et son incroyable danse).

Le film est une fête pour l'imagination, les péripéties s'enchaînant avec souplesse dans une ambiance délicate, très bien servie par un montage au cordeau et une photographie superbe de Benoit Debie, le directeur photo le plus en vue du moment (Refn, Noé, Korine...).

Un très beau premier film, qui consacre sans conteste un futur grand talent. 

 

3e

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Hippocrate

Je n'aime pas tellement Vincent Lacoste.

Oui, je sais, lancer la critique d'un film sur des bases aussi étroites en terme d'analyse filmique n'est pas très glorieux, mais je n'y peux rien : je trouve qu'il a une palette de jeu très limitée. Il joue par exemple ici un rôle de jeune interne exactement sur le même ton que dans le très poussif film de Riad Sattouf, Les beaux gosses

Sa faible prestation m'a empêché d'adhérer au film, même s'il semble assez réaliste, aux dire des professionnels du milieu médical.

Hippocrate court beaucoup trop de lièvres à la fois pour être intéressant : il se veut descriptif (la micro société hospitalière), dénonciateur (le manque de moyens), et bien sûr moral (l'euthanasie). Toutes les pistes ouvertes sont traitées légèrement sur la base de poncifs éculés. On est sidéré par l'accumulation de coïncidences et de concomittances douteuses à visées démonstratives : la mort par manque d'ECG (ou pas ?) + la vieille femme à réanimer (ou pas ?).

Si Reda Kateb tire son épingle du film, c'est bien le seul : Jacques Gamblin n'est par exemple pas crédible du tout.

Hippocrate, c'est donc du Urgences low-fi, mixé à la sauce syndicale.

 

2e

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Gare du nord

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/177/21017770_20130705110925321.jpgJe ne m'attendais pas à grand-chose en allant voir le dernier film de Claire Simon. Le fait même qu'il ait été couplé à un documentaire tourné au même endroit (Géographie humaine) me semblait d'une certaine façon nuire à la pureté de la fiction. L'accueil relativement frileux fait aux deux films présentés à Locarno me confortait dans mes a priori.

Mais, une fois n'est pas coutume, je ressors ce soir assez enthousiasmé par le travail de la réalisatrice.

Tout d'abord, l'utilisation de cet extraordinaire décor que constitue la Gare du Nord est parfaite. La gare est elle-même un paysage et Claire Simon fait preuve d'une maestria de très haut niveau pour la filmer : cadrages impeccables, jeux avec les transparences et les reflets maginfiques, photographie d'une pureté hallucinante, mouvements de caméra fluides et signifiants.

La deuxième grande force du film est dans le jeu des acteurs, tous renversants. Nicole Garcia est extrêmement touchante (ce moment où elle réajuste sa perruque), Reda Kateb est convaincant, François Damiens, tout en retenue et dérapages contrôlés est irrésisitible, et enfin Monia Chokri est pour moi la véritable révélation du film.

C'est du côté du scénario qu'on pouvait craindre le pire, si Claire Simon n'avait que greffé quelques micro-histoires individuelles sur un matériel documentaire. La vraie surprise du film est de fournir une substance intéressante en matière de narration, mêlant habilement les quatre destinées des personnages principaux, installant une réelle progressivité dans l'histoire jusqu'à des dénouements importants - même si ceux-ci sont un peu téléphonés. J'ai particulièrement apprécié les interactions spatiales des protagonistes, tantôt aléatoire, tantôt non, et l'irruption dans le canevas du film d'éléments presque fantastiques.

Le tout forme un puissant tableau de la condition - et de la solitude - humaine, en même temps que le beau portrait d'un lieu exceptionnel.

 

3e

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