Les barbares
La bande annonce du nouveau film de Julie Delpy a un grand mérite : en se contentant de montrer quelques images du tout début du film, elle ne dévoile rien de l'intrigue. L'humour qu'elle révèle est par contre lui tout à fait représentatif de l'ensemble du film : chaque personnage sera enfermé dans le carcan d'une caricature pré-définie, dont il ne sortira pas, ou peu.
Les barbares oscille donc constamment entre bien-pensance téléphonée, mièvrerie assumée (oh, les jolis amoureux) et une causticité parfois mordante, mais qu'on aurait aimé plus constante.
Au final, le problème du film est à mon sens qu'il ne semble choisir qu'un seul camp : celui du "tout le monde est finalement gentil", à l'image du happy end idyllique qui semble renvoyer tous les protagonistes au pays des bisounours, Laurent Lafitte compris, encore une fois connard d'exception.
A chaque fois qu'une réplique porte en siphonnant habilement une série de clichés (comme lorsque le garde-champêtre sort un impayable "Vous êtes sûrs que ce ne sont pas des Roms") on souhaiterait que la machine s'emballe encore un peu plus, et que tous les personnages soient poussés dans leur derniers retranchements. Ce n'est malheureusement pas le cas. Le résultat final, s'il le laisse regarder grâce à un certain nombre de qualités de fabrication (écriture solide, finesse d'observation), manque trop de goût pour attirer vraiment l'attention.
Dans un casting qui ne démérite pas, Jean-Charles Clichet m'a tapé dans l'oeil, dans un rôle de maire dépassé, naïf et mielleux : une composition que seul Philippe Katerine aurait pu assumer avec autant de brio.
Julie Delpy sur Christoblog : La comtesse - 2010 (**) / 2 days in New-York - 2012 (**)