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Articles avec #guillermo del toro

Nightmare alley

Del Toro devait probablement finir par filmer des monstres de fête foraine, tout comme Tim Burton devait à un moment de sa carrière choisir un cirque comme décor (Dumbo).

Dans ce remake d'un film de 1947 que peu de spectateurs auront vu, le brillant réalisateur mexicain réussit un emberlificotage de haut niveau. Nightmare alley commence en effet comme un film holywoodien lambda : certes bien rythmé et remarquablement mis en scène, mais globalement convenu, engoncé dans une esthétique vieillotte et une photographie jaunâtre (j'ai songé à la direction artistique désuète du West side story de Spielberg).

Et puis progressivement, la narration au long cours du film vire au noir, de façon figurée et littéralement (la nuit prend de plus en plus de place). La deuxième partie du film devient donc une longue et tortueuse descente aux enfers, émaillée de choix faustiens, d'éclairs de cruautés de plus en plus saignants (culminant dans l'incongruité de l'épisode de l'oreille). Nightmare alley brasse alors une série d'allusions psychologiques traumatisantes qui ne trouveront aucune explication satisfaisante (la cicatrice du docteur, les traumatismes d'enfance du héros principal et sa relation aux vieux hommes, les horreurs perpétrées par Ezra Grindle aux jeunes filles).

Ainsi le miracle (le piège) opéré par le magicien Del Toro fonctionne-t-il parfaitement : le film commence comme un produit manufacturé de série et se finit dans un mauvais rêve cruel, à l'image du générique de fin. Nightmare alley aura profondément manipulé son spectateur.

Délectable : 2h30 qui passent en un clin d'oeil.

 

4e

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La forme de l'eau

Le dernier film de Guillermo del Toro est étonnant à plus d'un titre.

Tout d'abord, sous son esthétique très Jean Pierre Jeunet (du vieux très coloré qui fait neuf, des éclairages peu naturel), perce par éclair une radicalité plus sauvage, typique du réalisateur mexicain.  Je pense par exemple à ce sein énorme qui s'échappe du corsage de la très formatée épouse américaine, ou à la façon très précise qu'à une balle de traverser une joue.  

De la même façon, ce que raconte l'histoire (pour faire simple, La belle et la bête) est un vernis qui recouvre des thématiques plus profondes et plus contemporaines : la libido féminine, la célébration des différences, le machisme ordinaire, la solitude.

La forme de l'eau est une oeuvre étrange, que la mise en scène hyper-fluide de Del Toro rend très agréable à regarder : lisse à l'extérieur, profonde à l'intérieur. Si l'émotion classique n'est pas réellement au rendez-vous, on est constamment stimulé intellectuellement, soit par une scène de toute beauté (le premier plan du film, les gouttes de pluies qui se poursuivent sur la vitre du bus), soit par une performance d'acteur remarquable (Sally Hawkins et Michael Shannon au meilleur de leur forme), soit par une digression intrigante (la musiques, les claquettes, les films à la télé, l'insert en noir et blanc).

Un film aimable, qu'il faut laisser reposer quelques heures dans un coin de sa mémoire pour en apprécier pleinement la chaleureuse densité.

 

2e

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Crimson peak

Impossible, malgré les nombreux défauts que je peux trouver au film (des décors tape à l'oeil, des seconds rôles falots, des effets convenus), de dire que je ne l'ai pas aimé.

Je me suis laissé prendre par cette histoire, fort peu originale au demeurant, en me demandant constamment quelle allait être son évolution. Il faut dire que je m'attendais à un film d'horreur gothique, ce que le film n'est pas. Pour paraphraser l'héroïne, Crimson Peak est un film avec des fantômes, plutôt qu'un film sur les fantômes.

Si j'ai été aussi bon public, c'est par la grâce des deux actrices : une Mia Wasikowska craquante d'ingénuité amoureuse et une Jessica Chastain irrésistible en âme damnée (et avec des cheveux noirs). Dans cette tenaille impressionnante, Tom Hiddlestone parait bien faible et chétif : comme je suis de bonne humeur, je vais dire que c'est fait exprès.

Ajouter à ces ingrédients la mise en scène élégante de Guillermo del Toro, quelques visions horrifiques dont il a le secret, une photographie intéressante, et vous obtiendrez un bon film de samedi soir. 

 

2e 

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