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Articles avec #suisse

La Mif

La Mif est un film qui peut rappeler dans l'esprit et par la méthode Entre les murs de Laurent Cantet : un mélange subtil de fiction et de documentaire, des personnages qui jouent un rôle basé sur leur propre personnalité, dans un milieu qui leur est naturel.

Au lieu de la salle de classe on est ici dans un foyer d'accueil pour adolescent. Le réalisateur, Frédéric Baillif, choisit un montage original qui fait mouche : chaque séance est centré sur un personnage, et on revoit certaines scènes dans plusieurs séquences, qui revêtent alors une signification différente (un effet Rashomon à répétition).

Au delà des intrigues parfois un peu tarabiscotées, c'est l'énergie vitale des actrices qui porte ce film attachant et efficace. Malgré toutes les horreurs vécues (que pour certaines, on ne fait qu'imaginer) les émotions, l'espoir et l'amitié peuvent continuer à briller. 

 

3e

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Olga

Olga réalise une double performance : il est à la fois un tableau fidèle et saisissant du sport de haut niveau, et un portrait de jeune fille très sensible.

Du premier point de vue, le film est un exploit comme on en voit peu. Bien souvent, le sport est mal représenté au cinéma : il est au pire caricaturé, au mieux esquissé à l'arrière-plan.

Ici on ressent physiquement le niveau d'effort et la maîtrise technique que nécessite la pratique de la gymnastique à un haut niveau. Le fait que les actrices soient elle-mêmes des gymnastes des équipes nationales (ou réserve) de l'Ukraine et de la Suisse expliquent bien sûr l'incroyable sentiment de réalisme que dégage le film.

Mais Olga n'est pas seulement un formidable film sur le sport, c'est aussi un très beau portrait de jeune fille. Nastya Budiashkina est à la fois solide comme un roc et vibrante comme une corde de violon. L'idée de confronter son immense volonté de performer à son amour de son pays natal est un ressort dramatique très puissant. 

La mise en scène est formidable à tout point de vue : photographie splendide, sens du montage spectaculaire (l'accident), brillant travail sur le son (la compétition à l'Euro), formidables transitions entre plans. 

A ne pas rater, un des sommets de l'année.

 

3e

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Ceux qui travaillent

Je n'avais initialement pas prévu d'aller voir ce film, mais porté par de bonnes critiques et une tendresse pour Olivier Gourmet, je me suis laissé tenté, hélas.

Ce premier film du Suisse Antoine Russbach ne présente en effet aucun intérêt notable, semblant réchauffer de nombreuses problématiques déjà abordées mille fois au cinéma : l'homme qui perd son boulot et fait semblant de continuer à y aller pour sauver les apparences (façon Jean-Claude Romand), la dureté du capitalisme mondial (vraiment, certains n'ont aucun scrupule), la facilité de prendre des décisions impliquant la vie des autres en ne quittant pas son écran d'ordinateur (une variante de l'expérience de Milgram), l'aspect désincarné des relations en entreprise, la charge mentale qui pèse sur les cadres, etc.

De tout cela il ne ressort rien d'original ou de simplement crédible. Tout est survolé sans approfondissement (la famille potiche en est une bonne illustration) et comme le jeu de Gourmet est bien trop monotone, on s'ennuie ferme, le réalisateur étirant les scènes sans raison (le film dure 1h42).

Seule éclaircie bien timide, l'escapade dans le port belge avec sa fille empêche Ceux qui travaillent d'être absolument catastrophique.

A éviter.

 

1e

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Ma vie de courgette

Il y a un phénomène de l'ordre de la magie pure dans Ma vie de courgette, qui transforme des marionnettes aux grosses têtes et aux bras filiformes en petit garçons et petites filles très réalistes. 

Tout ce qui peut éveiller une émotion (les yeux des personnages, les voix, la précision des textes, le scénario millimétré de Céline Sciamma) est ici réalisé à la perfection.

Le résultat est percutant, vivifiant, émouvant. Claude Barras distille juste ce qu'il faut de drame et d'humour pour que son film soit parlant à tous les âges. 

A tous ces compliments, il faut ajouter le plus important : une qualité esthétique hors du commun. Les plans de Ma vie de courgette sont des vrais plans de cinéma dans lesquels chaque élément (éclairage, cadrage, profondeur de champ) compte. Le travail sur les couleurs est fascinant, et dans chaque décor on trouvera des détails remarquables.

Puisque j'en suis à lister les innombrables qualités du film, je finirai par un montage parfait. Le rythme sur la longueur est parfaitement tenu, tout en étant très libre dans chaque séquence. Le séjour au ski, par la perfection de ses enchaînements, est en lui-même un petit chef d'oeuvre.

Si sa morale est somme toute classique, Ma vie de courgette brille par sa perfection stylistique et sa faculté à susciter de fortes émotions par des procédés proches de l'épure. Un des meilleurs films de l'année.

 

4e 

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Les grandes ondes (à l'ouest)

Oh, la charmante comédie subtile et décalée que l'on n'attendait pas !

Il faut sûrement être Suisse pour inventer une histoire aussi bizarre et originale : un trio de journalistes suisses en service commandé au Portugal se retrouve par hasard en pleine révolution des oeillets. Le vieux baroudeur (excellent Vuillermoz) perd progressivement la mémoire, l'ambitieuse jeune journaliste (pimpante Valérie Donzelli) est radicalement féministe, et le vieux technicien (charmant Patrick Lapp) a plus d'un tour dans son combi. Quand ces trois-là croisent le chemin d'un jeune portugais qui a appris le Français en regardant les films de Pagnol, on sait que le road movie, déjà délicieusement bancal jusqu'à présent, va partir sérieusement en vrille.

Et c'est bien ce qui se passe, lors d'une nuit lisboète très poétique et très drôle, durant laquelle les corps et les esprits trouveront à se libérer, pour notre plus grande joie.

Souvent amusant, le film est parsemé de gags doux et délicieux, de moments de grâce inatendus (la chorégraphie nocturne) et d'effets de contraste parfois saisissants (l'interview raciste, le compte-rendu de la petite fête nocturne).

C'est léger et plaisant, l'antidote parfait aux lourdeurs des Trois frères, le retour et de Supercondriaque. La comédie à voir en ce moment.

 

3e    

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L'amour est un crime parfait

L'intérêt N°1 du dernier film des frères Larrieu, ce sont les décors.

Les architectures sont non seulement magnifiques, mais de plus admirablement filmées. L'occasion est donc idéale de découvrir le fameux Rolex Learning Center, conçu par le cabinet d'architecte SANAA, qui est d'une beauté stupéfiante. Le chalet des deux personnages principaux est également sublime, dans un style plus traditionnel. Dans le genre moderne, la villa où se passe le barbecue nordique (un grand moment du film) est somptueuse également. L'appartement du père d'Annie et sa déco hyper-moderne, l'hôtel/bungalow dépouillé/chic au bord du lac, sont encore des endroits exceptionnels.

Au-delà des bâtiments, le décor naturel du film, les Alpes Suisses, est incroyablement photogénique, qu'il s'agisse de la forêt, des plus hauts sommets, ou de la ville de Lausanne. Les frères Larrieu s'en donnent d'ailleurs à coeur joie en multipliant les plans en extérieur et les trajets en voiture, qui cosntituent d'ailleurs un élément dramaturgique du film.

Pour le reste L'amour est un crime parfait ne m'a pas réellement convaincu. On lit beaucoup qu'il est vénéneux et malsain, je l'ai trouvé plutôt artificiel et compassé. Mathieu Amalric joue d'une façon trop uniforme pour être réellement ambigu. Maïwenn joue un personnage que le twist final rend peu crédible. Sara Forestier surjoue la jeune nymphomane hystérique. Seule Karin Viard distille un semblant de sentiment inquiétant.

Les dialogues sont très écrits, comme si Djian avait rencontré Rohmer, donnant au film un vernis de suréalisme un peu froid. Mais c'est le scénario, plein de blancs, de trous et d'imprécisions, qui me laisse le plus dubitatif. Bien sûr, on pourra arguer que ces éléments de flous font partie du mystère : je répondrai que de grands maîtres (Polanski, Hitchckock) savaient distiller des ambiances mystérieuses avec plus de précision.

Les frères Larrieu me semblaient beaucoup plus à l'aise avec un sujet qui se prêtait mieux à leur cinéma subtilement décalé dans Les derniers jours du monde.

 

2e

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