Le géant égoïste
Il est rare qu'un film aussi balisé que celui de Clio Barnard procure des émotions aussi fortes. Parce que, il faut bien le dire, le terrain qu'explore le film a déjà été parcouru bien des fois par les cinéastes anglais de tout poil : misère sociale, ville du Nord déshéritée, accent à couper au couteau, enfants livrés à eux-même, petites combines et marché noir.
Sur le papier, rien de nouveau, donc.
Mais sur l'écran, deux jeunes acteurs absolument renversants qui vous arracheront à coup sûr de francs éclats de rire et de profonds sanglots. Leur performance commune est probablement ce que j'ai vu de plus fort à Cannes, où le film était présenté à la Quinzaine. Ils sont entouré par un casting absolument parfait.
Derrière la caméra, une réalisatrice très douée, excellente directrice d'acteur, et qui trouve constamment le ton juste, entre poésie et vérisme social, une sorte de mélange de Ken Loach et d'Andrea Arnold, qui joue avec le même brio du gros plan et du plan très large. La progression dramatique du film, évoluant au fil de brusques accélérations, est remarquable.
Le film est ample et resserré à la fois, d'une cohérence imparable, et d'une efficacité époustouflante.
Un des meilleurs films de l'année, sans aucun doute.
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