Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Yi Yi

Disons-le simplement : Yi Yi, d'Edward Yang, est probablement l'un des meilleurs films jamais réalisé.

L'histoire qu'il conte est celle de la vie ordinaire : on suit les membres d'une famille dans un quotidien marqué par les évènements et les sensations que chacun de nous a éprouvé ou éprouvera. Rien de spectaculaire, donc.

Le génie du film tient dans la façon dont ces évènements sont racontés. La mise en scène ample et élégante, principalement constituée de plans larges et distanciés, donne au film une tonalité à la fois intime et sacrée. C'est comme si Edward Yang nous donnait à voir l'envers mystique d'une réalité triviale, exactement comme le petit garçon renfermé prend en photo la nuque des gens pour leur montrer ensuite (car personne ne voit jamais sa nuque, au final).

L'écoulement majestueux du film, qui dure 2h53 mais ne semble jamais long, est servi par un montage d'une intelligence rare. Les scènes se répondent, s'interpellent d'une partie à l'autre du film, et parfois nous laissent suspendus dans une expectative rêveuse et chargée d'émotion (je pense par exemple à celle du petit garçon dans la piscine, ou celle de la jeune fille avec la grand-mère).

Le jeu de la caméra avec les reflets et les transparences, l'utilisation poétique et parfois éclatante des couleurs (le rouge et le rose de mariage), le jeu au cordeau des acteurs et actrices : il ne manque rien à ce chef-d'oeuvre intemporel, dont on mesure mieux aujourd'hui à quel point il fut la matrice féconde de tout un courant du cinéma asiatique, consacré à la famille et au temps qui passe.

A voir absolument.

 

4e

Commenter cet article