The Florida project
Très remarqué pour son premier film, Tangerine, Sean Baker était attendu au virage du deuxième film.
Il négocie celui-ci plutôt bien avec The Florida project, un tableau à la fois coloré, décapant et parfois émouvant, mettant en scène une jeune femme white trash vivant dans un motel avec sa petite fille.
Le film parvient, un peu à la façon des comédies italiennes des années 70, à manier de front plusieurs registres.
Le premier est le film d'enfants. La petite Moonee est renversante, et Sean Baker saisit parfaitement ce qui fait le sel des jeux d'enfants et des amitiés naissantes. L'aspect quasi documentaire du film (la petite fille jouant Jancey a été recrutée sur place suite à un casting sauvage) est très intéressant.
Le second registre du film est le drame qui montre la descente aux enfers progressive de la jeune femme jouée par l'explosive Bria Vinaite. Ces parties sont un peu moins convaincantes, par la faute probablement d'un scénario un peu faiblard et par le sentiment d'avoir déjà vu ce type d'enchaînement dramatique des dizaines de fois (par exemple dans Moi, Daniel Blake, dans un tout autre genre, évidemment).
Le troisième dominante du film, la plus plaisante pour moi, c'est le tableau vivant de la petite communauté vivant dans ces motels hyper-colorés jouxtant Disney World. Outre le décor extrêmement photogénique, on appréciera particulièrement la prestation tout en subtilité de Willem Dafoe. Sean Baker parvient à signer des scènes à la fois poétiques (le safari des vaches, les échassiers devant le motel), tendre (la locataire qui doit cacher ses seins) ou inquiétante (le pédophile qui rôde).
Un petit miracle chamarré, imparfait et attachant.
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