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Articles avec #al pacino

House of Gucci

Assez mal accueilli à sa sortie, House of Gucci est très intéressant pour qui ne connait pas l'histoire de Maurizio Gucci, ce qui était mon cas.

Ridley Scott nous conte d'une façon très professionnelle ces mésaventures familiales, qui n'ont rien à envier en férocité à celles de la famille Roy dans Succession.

La première partie du film est véritablement captivante. Lady Gaga révèle un potentiel d'actrice insoupçonné, Adam Driver est incroyablement juste et séduisant, Jared Leto compose un personnage unique avec classe, Al Pacino n'en fait pas trop et Jeremy Irons est glaçant. La qualité du casting est d'un niveau rarement atteint.

La direction artistique est parfaite et la mise en scène redoutablement efficace. A noter que le sujet du film n'est pas du tout la mode, ce qui a été pour moi une vraie surprise. C'est à peine si on voit dans le dernier tiers du film quelques images d'un défilé de Tom Ford.

Le film s'assombrit doucement alors que les années passent, et le récit se délite un petit peu dans la deuxième partie. Le rythme semble s'amollir et notre intérêt s'émousse, peut-être parce que le personnage joué par Lady Gaga devient secondaire. Les tensions dramatiques paroxystiques qui se développent alors manquent d'incarnation, et les 2h37 du film se font par moment lourdement sentir.

L'ensemble constitue toutefois un morceau de choix, qu'on pourra apprécier de différentes façons, suivant qu'on soit plutôt sensible à la munificence des décors, ou à la maestria des acteurs et actrices.

 

2e

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The irishman

En réunissant à l'écran Joe Pesci, Al Pacino et Robert de Niro pour cette crépusculaire histoire de mafiosi, Scorsese semble vouloir  donner à son oeuvre une sorte de codicille pré-posthume.

Le résultat se regarde facilement, sans une seconde d'ennui, tellement le script est fluide et l'intrigue passionnante. La petite histoire (la destinée d'un tueur anonyme) rencontre la grande (les Kennedy et la mafia), et forme un ensemble qui se dévore, comme une série. 

L'amitié entre le personnage de Jimmy Hoffa (extraordinaire Pacino) et son homme de confiance (un de Niro aux drôles de mimiques figées, probablement par la faute du fameux de-aging) est le coeur du film, et la trahison sans état d'âme du second illumine comme un diamant noir la fin élégiaque de cette saga aux multiples ramifications.

Si on reconnaît le savoir-faire inégalable de Scorsese, on ne peut s'empêcher de remarquer ici ou là les symptômes d'une certaine nonchalance dont on ne sait s'il faut l'imputer au support Netflix (faites ce que vous voulez...), à l'âge ou au sentiment que le chose racontée vaut désormais plus que la façon dont on la raconte. 

La mise en scène n'a donc pas la précision des chefs-d'oeuvre de la grande époque (Casino, Les affranchis), elle est même assez quelconque. Cela ne gâche pas le plaisir que procure la vision de ce film fleuve qui aurait probablement mérité un traitement en mini-série.

 

3e

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L'épouvantail

L'épouvantail commence par un premier plan d'anthologie : sous un ciel magnifique, un homme descend une colline calleuse avant de franchir maladroitement une clôture de fils de fer barbelé.  Son béret, ses lunettes rondes, ses vêtements élimés et ses cigares vont rapidement nous devenir familiers. Sa violence compulsive et son goût pour la bagarre aussi. Gene Hackman trouve probablement en Max le meilleur rôle de sa carrière. Il donne une profondeur charnelle et fragile à ce clochard monomaniaque qui sillonne l'Amérique.

Face à lui, le tout jeune Al Pacino est absolument magistral. Il campe un Francis lunaire, petite boule d'énergie noiraude rappelant le jeune Springsteen des débuts, évoluant vers une prestation de clown lunaire. Le film prend d'ailleurs parfois des airs de tragi-comédie italienne : la tristesse vient après, ou par le rire.

Nos deux compères ont leurs manies. Max a économisé pour ouvrir un car wash, il empile les couches de vêtement et dort toujours en plaçant une chaussure sous son oreiller. Francis veut retrouver la femme qu'il a quitté enceinte il y a 6 ans, et transporte avec lui un cadeau pour son enfant qu'il ne connait pas : une lampe de chevet.

Le road trip plutôt sympa devient au fur et à mesure des étapes une suite d'épreuves dont on pressent qu'elles pourraient, qu'elles vont, devenir tragiques. La force du film est de ne pas dévoiler trop tôt d'où viendra la catastrophe, mais de semer dans plusieurs scènes très belles des indices qui amènent à reconsidérer l'ensemble de l'aventure une fois terminée. Dans sa dernière demi-heure la narration atteint des sommets de violence mentale, et ceux qui ont vu le film n'oublieront pas de sitôt la scène étourdissante de douleur lors de laquelle Al Pacino téléphone à Annie.

Jerry Schatzberg, dont la carrière sera pour le moins irrégulière, réussit un coup de maître dans ce film qui lui vaudra la Palme d'Or à Cannes en 1973. Sa mise en scène, sans être renversante, est plutôt efficace, alternant curieusement les plages assez lentes (la première scène, celle de la rencontre au bord d'une route déserte, dure 7 minutes) et les accélérations brutales, parfois même chargées d'adrénaline.

Mais c'est surtout pour la performance des deux acteurs que le film mérite d'être vu. Hackman et Pacino sont époustouflants en clochards funambules.

4e
 

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