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Christoblog

Articles avec #lea drucker

Mars express

Le principal intérêt du film d'animation de Jérémie Périn est le monde du futur qu'il décrit : on a envie de se promener à l'infini dans ce décor dans lequel chaque détail mérite l'attention.

Il y a bien sûr les paysages superbes de cette ville construite sous cloche sur Mars, tantôt dépouillés, tantôt très urbains, mais aussi mille merveilles technologiques qui donnent lieu à de belles idées de mise en scène ou de scénario (répliques d'êtres humains, créatures à moitié robotiques, fantômes d'humains décédés revivant dans des machines, reconstitutions vidéos en 3D, chat qui peut changer de peau...).

Cet environnement est particulièrement réussi, tant du point de vue de sa cohérence que de son aspect esthétique, vraiment de toute beauté. L'animation est très réussie. 

Pour le reste, Mars express ne présente quasiment pas d'intérêt. Il propose une histoire qui reprend l'ambiance des grands romans noirs américains (j'ai pensé très fort à Dashiell Hammet), appliquée à des thématiques inspirées d'Asimov et de Philip K. Dick. Quelques jours après avoir vu le film, j'ai quasiment tout oublié de ses péripéties.

Difficile de le conseiller, même si je ne regrette pas de l'avoir vu : à vous de voir, en fonction de votre appétence pour la SF d'une part, et pour les films d'animation pour adulte d'autre part.

 

2e

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L'été dernier

Le sujet du nouveau film de Catherine Breillat est-il aussi scandaleux que ce qu'en disent la plupart des critiques ? 

Je ne trouve pas. Pour ce qui est de la relation amoureuse / sexuelle des deux protagonistes, il faut beaucoup d'imagination, me semble-t-il, pour la ressentir comme véritablement incestueuse : les deux sont à l'évidence consentants, expérimentés, et le lien d'autorité entre le jeune homme et sa toute nouvelle belle-mère (qui seul justifie l'infraction, car l'ado a largement la majorité sexuelle) n'est pas évidente.

La première partie de L'été dernier ne m'a donc pas vraiment convaincu, énième représentation de la naissance d'une relation estivale entre deux personnes que plusieurs éléments éloignent, sur fond de soleil écrasant, de baignade et de randonnée en deux roues. Une sorte de Call me by your name chez les bourgeois, mais dans lequel l'intensité des sentiments n'est pas réellement perceptible. La prestation de Samuel Kircher m'a parue très faible : le jeune acteur n'exprime en gros que deux émotions : la gouaille séductrice et la moue boudeuse.

La deuxième partie du film est plus intéressante et Léa Drucker y assez convaincante dans un rôle assez difficile. J'ai toutefois éprouvé l'impression curieuse de ne pas croire totalement à ce qui m'était proposé, comme si la volonté de démontrer l'emportait sur la vérité psychologique. Plusieurs passages m'ont semblé peu crédibles (le cambriolage par exemple). Les toutes dernières scènes m'ont semblé complètement artificielles, semblant ne vouloir que choquer au détriment d'une progression narrative raisonnée.

De la sensibilité et un vrai talent de mise en scène, gâchés par un manque d'incarnation rédhibitoire.

Catherine Breillat sur Christoblog : Romance - 1999 (*) 

 

2e

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Incroyable mais vrai

Tout est mauvais dans Incroyable mais vrai, à un point qui dépasse l'entendement.

Les deux idées qui construisent le film (la trappe mystérieuse et la bite électronique) ne sont que des idées. Jamais leur potentiel dramatique / narratif n'est exploité. Le film n'est qu'une construction intellectuelle qui tourne à vide : aucun vertige, aucune interrogation, aucune ouverture. 

Il est curieux que quelqu'un puisse mettre de l'argent dans un projet aussi vide de sens, aussi peu attractif, aussi sèchement creux : Quentin Dupieux est sûrement le réalisateur le plus surcôté du moment. Les seconds rôles poussent la caricature à l'extrême (Benoit Magimel, même pas drôle), l'image est d'une laideur insigne (c'est peut-être fait exprès), l'intrigue est en roue libre.

Il n'y a que l'embryon d'un début de court-métrage dans ce brouet indigeste et lourdingue. 

A éviter.

 

1e

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Le monde d'hier

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la date de sortie de ce film est subtilement choisie : il raconte en effet des événements se déroulant les trois derniers jours avant le premier tour d'une élection présidentielle !

Le pitch du film est plutôt sympa : alors qu'il est certain que le second tour opposera un candidat de la droite républicaine à un représentant de l'extrême droite, la présidente en exercice apprend qu'une vidéo compromettante pour le candidat républicain sortira entre les deux tours, à l'initiative de la Russie, garantissant ainsi la victoire finale du candidat extrémiste. Que faire ?

Cela  aurait pu donner un thriller très intéressant, et les trente premières minutes laissent d'ailleurs espérer cela. 

Malheureusement, le réalisateur Diastème choisi une autre voie : celle d'une opaque marche funèbre, dans laquelle tous les personnages semblent seuls et impuissants, évoluant dans des décors et des ambiances lugubres, et par ailleurs assez peu réalistes (comment peut on imaginer une présidente si isolée à deux jours d'une présidentielle ?). Il pense également bon de parsemer le scénario de digressions aussi inutiles que maladroites (la maladie, la fille, l'ex-mari).

Léa Drucker et Denis Podalylidès sont très bien dans leur rôle, mais les personnages secondaires sont à peine dessinés, et je n'ai pas vraiment compris la fin du film, ce qui laisse au final une impression de scénario un peu bâclé.

En ce qui concerne le monde politique, Les promesses était bien plus convaincant. Je déconseille.

 

2e

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Deux

Le pitch du film est intéressant.

Deux lesbiennes âgées qui n’ont pas fait leur coming out (alors qu’elles se connaissent depuis leur jeunesse) sont victimes d’un terrible accident de la vie : l’une des deux est victime d’un AVC.

Barbara Sukowa, qui joue avec beaucoup de conviction « celle qui reste », est impressionnante de classe et de détermination. La mise en scène, d’abord intrigante lors de premières scènes plutôt réussies, tourne rapidement à vide, et finit par paraître un peu prétentieuse.

Les seconds rôles ne sont pas vraiment convaincants : la femme de ménage, le fils, et la fille (jouée abruptement par Léa Drucker) sont réduits à de pauvres stéréotypes.

Je me suis progressivement désintéressé de l’intrigue qui avance vers un dénouement assez prévisible, après avoir suivi un chemin à la fois très balisé et parfois approximatif. L’impression finale, sans être catastrophique, est mitigée.

 

2e

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Jusqu'à la garde

Xavier Legrand, avec ce premier film récompensé doublement à Venise, et encensé par la critique, signe une entrée retentissante dans le cinéma français.

Il reprend approximativement  les deux personnages de son précédent court-métrage (Avant que de tout perdre) là où il les avaient laissé. Denis Ménochet et Léa Drucker jouent toujours Miriam et Antoine. Le divorce a maintenant eu lieu, et il s'agit d'organiser la garde des enfants.

Ceux qui connaissent le court-métrage seront probablement moins surpris par l'évolution de l'histoire que ceux qui découvrent cette famille classique - et infernale. 

La grande force du film est de revisiter intégralement le naturalisme à la française. Si la première scène au tribunal est de facture relativement classique (champ/contrechamp, montage ordinaire bien que millimétré) Xavier Legrand enchaîne ensuite avec une mise en scène étouffante, originale et très maîtrisée. L'attention portée aux sons est par exemple incroyable : le bruit de la ceinture de sécurité ou celui de l'interphone sont des personnages de l'histoire. La scène de la fête d'anniversaire, filmée en condition réelle par de longs mouvements de caméra, est de toute beauté.

La densité du jeu des acteurs, le dépouillement spartiate des péripéties, le travail sur la banalisation des décors : beaucoup d'éléments dans le film contribuent à en faire une oeuvre d'exception dans le paysage du cinéma français actuel, qui n'avait encore jamais montré avec cette acuité l'emprise psychologique d'un homme violent sur sa famille.

Il ne manque pas grand-chose pour la note maximale : peut-être le besoin de ressentir un peu plus le film, plutôt que de l'admirer.

 

3e

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La chambre bleue

Il y a plusieurs films dans La chambre bleue.

Le premier pourrait être le polar, dans lequel on se demande qui a tué qui, avec la complicité de qui. Ce film là n'est pas très passionnant : Amalric ne cherche d'ailleurs pas à maintenir un incroyable suspense sur ce plan.

Le deuxième film dans le film pourrait être la chronique de la vie provinciale (ici les Pays de Loire) . Cet aspect est assez bien traité, dans une optique finalement assez fidèle à l'esprit de Simenon : le coin de rue de la pharmacie, la plage des Sables d'Olonnes, les machines agricoles, le tribunal d'une petite ville de province, tous ces éléments dessinent le décor d'une tragédie ordinaire d'une façon convaincante.

Le troisième film est peut-être le moins convaincant à mon goût : c'est l'histoire d'amour, censément être puissamment érotique. Je n'y ai pas vraiment cru, je n'ai jamais senti l'attirance réciproque des deux corps.

Au final, l'assemblage de tous ces aspects sur une durée très courte (le film dure 1h15) pourrait être intéressant, s'il n'était gâché par des afféteries que j'ai jugé assez insupportables : une musique beaucoup trop envahissante, des dialogues qui sonnent faux, des voix qui semblent volontairement mal synchronisées (lors de la première rencontre entre les deux amants par exemple, au bord de la route), un découpage alambiqué, des inserts sans rapport avec la trame principale.

Un film ambitieux, dont les ingrédients ne s'assemblent pas vraiment pour former une oeuvre parfaitement cohérente. 

 

2e 

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