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Christoblog

Articles avec #nahuel perez biscayart

Si tu voyais son coeur

Difficile de comprendre comment il est possible de réussir et de rater à ce point un film.

La première scène par exemple est magnifique. On se retrouve projeté dans un mariage gitan extraordinairement filmé par un plan-séquence d'anthologie. 

La chronologie est très audacieuse, puisque les séquences de différentes temporalités alternent sans aucune indication spécifique : c'est donc la subtilité du scénario qui fait tenir l'ensemble debout. 

Et pourtant, malgré tous ses atouts et un casting exceptionnel pour un premier film (Nahuel Perez Biscayart avant qu'il explose dans 120 BPM, Karim Leklou très bon comme d'habitude, Gabriel Yared à la musique),  Si tu voyais son coeur ne parvient jamais à vraiment emporter le spectateur. Gael Garcia Bernal est trop mou, trop lisse. Marine Vacth est trop belle pour être crédible dans son rôle de Madonne du pauvre et leur histoire ne nous intéresse pas. Le film hésite et se perd entre plusieurs sujets : documentaire sur la communauté gitane, film de rédemption, puzzle sensoriel, histoire d'amour. La recherche de la belle image est aussi par moment un peu pesante. 

Le film de Joan Chemla est comme un kaleidoscope qui proposerait alternativement le meilleur et le pire du cinéma, tout en partant dans tous les sens. Au final, le projet du film, son intention me semble bien plus intéressant que le produit final, mal maîtrisé.

 

2e

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Au revoir là-haut

J'aimerais pouvoir dire beaucoup de bien de ce film : Albert Dupontel m'est sympathique (j'ai adoré 9 mois ferme), le casting est épatant et le scénario est sur le papier un des plus attrayant que le cinéma français a produit ces dernières années.

Mais curieusement, je ne suis jamais vraiment entré dans le film. La virtuosité un peu vaine de la caméra de Dupontel convient assez mal au caractère noir de l'histoire, comme d'ailleurs les décors ripolinés et la photographie bien léchée.

On n'est jamais loin de la caricature, ou a minima d'une sorte de BD dans laquelle les personnages seraient croqués à grand traits, dans un style un peu trop net pour être réellement intéressant. 

Quelques aspérités du livre sont gommées, à l'évidence dans le but de rendre le film à la fois plus spectaculaire et plus aimable : le fait que ces arrangements soient effectués avec la bénédiction de Pierre Lemaitre, qui a participé au scénario, ne les rend pas moins inutiles.

Ceci étant dit, le film se laisse regarder, un peu comme une série de samedi après-midi pluvieux : il ne prête guère le flan à la critique frontale, sauf peut-être pour les détracteurs de l'esthétique à la Jean Pierre Jeunet. Il y a en effet un peu du style de ce dernier dans Au revoir là-haut.

A vous de voir.

Albert Dupontel sur Christoblog : 9 mois ferme - 2012 (****) 

 

2e

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120 battements par minute

Dans 120 battements par minute coexistent au moins trois films différents, qui auraient pu chacun être très bons.

Le premier est de nature quasi-documentaire. Il analyse, avec un sens de la répétition parfois lassant, le fonctionnement et les luttes d'influence dans un groupe d'activistes. Que ce groupe traite du SIDA, n'est, pour cette partie du film, qu'accessoire : il s'agit de montrer comment l'expression collective est (ou n'est pas) prise en compte, comment le groupe trouve des moyens de capter l'attention, comment il identifie et s'attaque à ses ennemis, comment il gère son recrutement, etc.

Mon impression globale est que le film est principalement constitué de cette matière, que j'ai au départ trouvée assez intéressante (le fonctionnement des RH, les modes d'action), mais qui au final me laisse un peu sur ma faim : certains personnages semblent caricaturés ou accessoires (le personnage joué par Adèle Haenel par exemple) et surtout je n'ai pas vraiment ressenti l'impact du SIDA dans la société française. 

Le deuxième film dans le film est l'histoire d'amour de Sean et Nathan. C'est pour moi le coeur palpitant du film, très platement filmé au début, mais qui lui donne ensuite ses meilleures scènes : le long passage au lit, la fin tragique.

Le troisième est sûrement celui qui reflète le plus la sensibilité de Campillo. Ce sont toutes ces scènes quasi oniriques et très frappantes visuellement : la boîte de nuit, les particules de poussières flottant dans l'air, le virus, l'arrosage des plantes en gros plan (?!), la Seine entièrement rougie (une vision magnifique).

Le souci, c'est que Campillo ne parvient pas à associer dans une seule oeuvre ces trois tendances (naturaliste / lyrique / sensuelle) complètement divergentes : les différentes approches m'ont paru tout au long du film comme les pièces d'un puzzle qui ne s'ajustaient jamais parfaitement entre elles. Le film peine du coup à générer chez moi la dose d'empathie suffisante pour m'emporter complètement, et je n'ai pas pleuré durant 120 battements par minute, alors que je suis habituellement une madeleine au cinéma.

Reste une oeuvre suffisamment engagée et sincère pour méritée d'être vue par le plus grand nombre.

 

2e

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