Ma Loute
On trouve dans Ma Loute tout le cinéma de Bruno Dumont : le couple de policiers empruntés mais déterminés de P'tit Quinquin, Juliette Binoche comme dans Camille Claudel, les paysages du Nord superbement filmés dans Hors Satan, etc
Tout le cinéma, et un peu plus : il est assez rare de voir un réalisateur sublimer toute son oeuvre pour produire quelque chose de nouveau. Et beau.
Parce que oui, pour commencer, Ma Loute est d'abord une splendeur visuelle. Perfection de la photographie, direction artistique (décors, costumes, accessoires) hors du commun, cadrages démentiels, génie du paysage : le film est d'abord une réussite totale d'un point de vue esthétique.
Au-delà de cet aspect visuel, Dumont parvient à entremêler brillamment plusieurs strates de discours : du burlesque pur (Tati, Max Linder), de la critique social au vitriol (les bourgeois à bout de course consanguins, l'apologie tronquée du capitalisme) et - ce que personne ne semble relever - une merveilleuse histoire d'éveil amoureux.
Rien que pour ces raisons, Ma Loute mériterait déjà tous nos éloges (et peut-être une Palme d'Or), mais on peut encore ajouter que Bruno Dumont trouve en plus le moyen de nous émerveiller (ces superbes scènes de lévitation), de nous choquer (la soupe un peu gore) et de nous emporter (un sens du rythme inattendu, les belles scènes de mer).
Beaucoup de détails dans le film pourraient faire l'objet de longues exégèses (l'extraordinaire travail sur le son par exemple), mais pour aller directement au fait, je résumerai de la façon suivante :
Courez-y.
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