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Christoblog

Articles avec #lyna khoudri

Houria

Houria souffre des comparaisons.

Tout d'abord, son thème rappelle irrésistiblement celui d'En corps : une danseuse classique se blesse, sa vie et sa santé mentale en sont bouleversées, mais elle va se reconstruire en tissant de nouveaux liens sociaux et en s'initiant à la danse contemporaine. Mais là où le film de Klapisch emportait son spectateur, certes parfois avec maladresse, le film de Mounia Meddour semble figé dans son propos, et n'exalte pas vraiment les corps. 

Je n'ai pas été bouleversé par les malheurs de Houria, et sa rédemption ne m'a semblé ni crédible, ni jouissive : il y a un manque d'incarnation dans la façon dont Lyna Khoudri danse.

L'autre comparaison dont souffre Houria, c'est celle qu'on ne manque de faire avec le film précédent de la réalisatrice, Papicha : même actrice principale, même façon façon de filmer nerveuse, thèmes semblables (une jeune fille empêchée dans la réalisation de son destin artistique par la violence de la société algérienne).

Là où Papicha touchait toujours juste (profondeur du contexte, intensité des émotions, lente évolution du contenu narratif) Houria rate à peu près tout : les péripéties sont survolées (les combats du début par exemple), les relations entre les personnages ne sont qu'esquissées et le film apparaît au final comme un gentil portrait plutôt que comme un destin brisé.

On attend maintenant que la réalisatrice Mounia Meddour mette son talent, qui est grand, au service d'une histoire plus complexe et plus ambitieuse.

Mounia Meddour sur Christoblog : Papicha - 2019 (***)

 

2e

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Nos frangins

Lorsqu'un film décrit des faits divers dramatiques récents comme le fait Nos frangins, il doit choisir entre deux options : la reconstitution minutieuse et documentée, ou le développement d'un point de vue mettant la psychologie de certains personnages en valeur.

Rachid Bouchareb ne réussit ni l'un ni l'autre,  en s'égarant quelque part entre ces deux possibilités.

Côté reconstitution, il faut noter l'utilisation intéressante des archives, qui se mêlent habilement avec les images de fiction. Pour le reste, on reste sur sa faim, n'apprenant pas grand-chose de nouveau sur l'enchaînement des évènements durant ces quelques jours. 

L'introduction de personnages de fiction est particulièrement ratée : le flic de l'IGS par exemple, joué par Raphael Personnaz, traverse le film comme un spectre inexpressif. Il ne fait que ralentir sans raison l'intrigue.

Les acteurs principaux surjouent tous leur personnage, Samir Guesmi dans l'égarement hébété, Lyna Khoudri dans l'effondrement dépressif, Reda Kateb dans la colère agressive puis l'incompréhension passive.

Le découpage du film m'a semblé très mauvais. Le fait d'avoir saucissonné la scène fatale de l'agression en la répartissant tout au long du film m'a paru maladroit, voire même gênant : comme si Bouchareb voulait soutenir artificiellement l'intérêt du spectateur. 

Au final, et c'est un comble, j'ai trouvé que Nos frangins ne rendait pas justice au sort de Malik Oussekine, et encore moins à celui d'Abdel Benyahia, que le film semble d'ailleurs traiter plus superficiellement que celui de Malik, reflétant tristement une disparité de traitement au sein-même du film.

Rachid Bouchareb sur Christoblog : Indigènes - 2006 (**)  

 

1e

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Novembre

Pas de doute. Dès les premiers plans, on sait qu'on est devant un film de Cédric Jimenez : crissement de pneus de grosses voitures noires filmées au ras du sol, envol de pigeon opportun, gros plan sur un téléphone qui sonne dans la nuit.

Les amateurs de finesse et de réflexion sur l'art de raconter une histoire peuvent passer leur chemin, la mise en scène est basique, la caractérisation des personnages se cantonne au niveau 0. 

Au vu du sujet (l'immersion dans la section anti-terroriste au lendemain des attentats du 13 novembre), le résultat obtenu pourrait être considéré comme acceptable : on suit cahin-caha des flics émus, se gourant parfois, mais finissant par atteindre leur but. Mais la vérité est que le scénario est trop laborieux pour être vraiment intéressant, et que les stéréotypes sont trop marqués pour que le film soit captivant. 

Le casting rassemble une bonne partie du gratin français du moment, mais Sandrine Kiberlain est à peine crédible et je n'ai pu m'empêcher de penser à OSS 117 dans certaines des intonations de Jean Dujardin (surtout dans ses dernières scènes). C'est Lyna Khoudry qui crève vraiment l'écran, grâce à une prestation solide et nuancée.

Pas de quoi me réconcilier avec le cinéma lourdaud de Jimenez. A voir éventuellement pour l'aspect documentaire sur le travail de la police.

Cédric Jimenez sur Christoblog : Bac Nord - 2020 (*)

 

2e

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The French Dispatch

A force de faire des films avec un rapporteur et un compas, Wes Anderson finit par oublier  que le cinéma est avant tout histoire de sensations.

Dans ce film manifeste qui se veut d'une certaine façon le couronnement d'une "méthode", le cinéaste américain multiplie les vignettes, d'une qualité inégale.

La première des trois histoires est assez plaisante, grâce à Léa Seydoux, Del Toro et Brody. La seconde est faible : je n'y ai vraiment rien trouvé d'intéressant et Lyna Khoudri n'est malheureusement pas à sa place, au milieu du casting le plus prestigieux qu'on ait peut-être jamais vu. Quant au troisième récit, il concentre le pire de ce qu'on peut reprocher au film : les procédés de Wes Anderson y deviennent des recettes éculées, servies par un style compassé, qui peut encore toutefois faire mouche. 

Trop d'idées, trop de plans, trop d'infos dans chaque plan, trop de détails, trop de langues, trop d'intentions, trop de caricatures. Et pas assez d'émotions. Le contraste avec le film précédent d'Anderson, L'île aux chiens, exigeant, simple et sombre, est frappant.

Wes Anderson sur Christoblog : La vie aquatique - 2003 (*) / A bord du Darjeeling Limited - 2007 (***) / Fantastic Mr. Fox - 2009 (****) / Moonrise kingdom - 2012 (****) / The grand Budapest hotel - 2013 (**)  / L'île aux chiens - 2018 (****)

 

2e

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Gagarine

Faux documentaire, vrai film onirique, Gagarine pose un problème au critique consciencieux et objectif que je suis.

D'un côté il faut reconnaître au film un élan vital exceptionnel, une sensibilité à fleur de peau qui fait parfois mouche, et enfin une façon de filmer la banlieue qu'on a rarement vu. Parmi les autres points forts du film, une idée de scénario géniale, très bien mise en scène : la reconstitution d'une cellule spatiale dans l'immeuble abandonné.

De l'autre, de nombreuses maladresses difficilement pardonnables. Un casting très approximatif : un Finnegan Oldfield encore plus mauvais que d'habitude (si c'est possible), une Lyna Khoudri transparente, un Alséni Bathiny un peu asthénique. Il y a aussi dans Gagarine des ruptures de ton qui tombent un peu à plat et une sorte d'emphase naïve (la fin !) qui posent problème.

Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ce film sympathique mais imparfait. A vous de voir.

 

2e

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Papicha

Le premier film de Mounia Meddour dégage une impression de prévisibilité. Peut-être parce que sa raison d'être tient dans la tension dramatique qu'il maintient constamment entre la montée inexorable de l'intégrisme dans l'Algérie des années 90 et l'insouciante énergie de ses jeunes protagonistes.

D'une certaine façon, on sent dès le début du film que cela ne finira pas bien.

Malgré ce sentiment de fatum qui surplombe le film, on prend tout de même plaisir à suivre l'évolution des désirs et des espoirs de ces quatre jeunes filles, en particulier parce que le scénario est assez riche pour éviter une linéarité trop évidente. 

La caméra est toujours très proche des visages et des corps, créant un sentiment qui mêle claustrophobie, intimité, douceur et séduction. La mise en scène reflète une vraie personnalité et le film parvient sans difficulté à charmer et émouvoir, par la grâce d'une interprétation parfaite (les jeunes filles bien sûr, mais aussi les personnages secondaires comme la maman). Lyna Khoudri, qui interprète Nedjma, alias Papicha, est rayonnante et porte le film sur ses épaules.

On ne peut que conseiller d'aller voir ce beau film, qui outre ses qualités intrinsèques, donne aussi à voir avec brio la vie quotidienne algéroise.

 

3e

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