Ma vie ma gueule
Difficile de voir le dernier film de Sophie Fillières sans penser aux conditions de son tournage. La réalisatrice a en effet déclaré une maladie foudroyante pendant le tournage, puis est décédée soudainement avant d'avoir terminé le montage, repris alors par ses deux enfants, Agathe et Adam Bonitzer.
Le film étant un autoportrait déclaré (Agnès Jaoui porte les vêtements de Sophie Fillières, va voir le vrai psy de Sophie Fillières, etc), l'émotion est d'autant plus présente : on a l'impression étrange de recevoir un message d'outre-tombe, à la fois sépulcral, fantasque et amusant.
Dans cette chronique touchante, on sourit beaucoup, on rit parfois, on est touché par de belles trouvailles de scénario (les cigarettes dans le Scrabble et retrouvées plusieurs décennies après avoir été cachées). Agnès Jaoui propose une partition solide de femme déprimée, perdue, puis décidée à remonter la pente.
Philippe Katerine apparaît dans ce beau film modeste, comme un spectre bienveillant qui aide l'héroïne à traverser les Limbes pour finalement parvenir à une sorte de douce résurrection, dans un paysage écossais magnifique.
Ma vie ma gueule est aussi un film poétique, proposant de nombreuses punchlines efficaces. Le personnage principal dit par exemple à un homme qui l'a connue ado et dont elle ne se souvient plus : "Je te préviens que je ne suis plus la femme que je n'étais pas encore".
A découvrir.