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Articles avec #agnes jaoui

Ma vie ma gueule

Difficile de voir le dernier film de Sophie Fillières sans penser aux conditions de son tournage. La réalisatrice a en effet déclaré une maladie foudroyante pendant le tournage, puis est décédée soudainement avant d'avoir terminé le montage, repris alors par ses deux enfants, Agathe et Adam Bonitzer.

Le film étant un autoportrait déclaré (Agnès Jaoui porte les vêtements de Sophie Fillières, va voir le vrai psy de Sophie Fillières, etc), l'émotion est d'autant plus présente : on a l'impression étrange de recevoir un message d'outre-tombe, à la fois sépulcral, fantasque et amusant.

Dans cette chronique touchante, on sourit beaucoup, on rit parfois, on est touché par de belles trouvailles de scénario (les cigarettes dans le Scrabble et retrouvées plusieurs décennies après avoir été cachées). Agnès Jaoui propose une partition solide de femme déprimée, perdue, puis décidée à remonter la pente.

Philippe Katerine apparaît dans ce beau film modeste, comme un spectre bienveillant qui aide l'héroïne à traverser les Limbes pour finalement parvenir à une sorte de douce résurrection, dans un paysage écossais magnifique.

Ma vie ma gueule est aussi un film poétique, proposant de nombreuses punchlines efficaces. Le personnage principal dit par exemple à un homme qui l'a connue ado et dont elle ne se souvient plus : "Je te préviens que je ne suis plus la femme que je n'étais pas encore".

A découvrir.

 

2e

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Le dernier des Juifs

Ce premier film de Noé Debré (réalisateur et scénariste facétieux de la série Parlement) est à moitié réussi.

Ce portrait du jeune Bellisha et de sa mère, derniers Juifs de leur quartier et qui hésitent à le quitter, est parfois amusant, et souvent un peu ennuyeux.

Bellisha ment comme il respire, par faiblesse la plupart du temps, mais aussi pour protéger sa mère, gravement malade. La manière dont il fuit constamment la réalité génère chez le spectateur un certain inconfort, égayé de loin en loin par un subtil décalage et quelques scènes attendrissantes.

C'est trop peu pour conseiller ce film modeste qui tente avec difficulté de se maintenir sur une ligne de crête poético-humoristique très étroite, bordée d'un coté par un océan de mièvrerie, et de l'autre un lac d'inconsistance.

Il faudra apprécier la sensibilité pince sans rire de Noé Debré dans un autre contexte, et la voir se déployer sur la base d'un scénario plus dense. 

 

2e

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Wahou !

Les films de Bruno Poladydès sont à mon sens assez inégaux, mais celui-ci est véritablement délicieux !

Je ne m'attendais pas à voir un chef d'œuvre, tout juste un plaisant divertissement, mais au final Wahou ! s'avère à la fois plus profond et plus amusant que ce que j'espérais.

On rit en effet assez franchement au numéro des différents acteurs et actrices, qui semblent ici prendre un grand plaisir à jouer ensemble. Sabine Azéma, 74 ans, en fait 15 de moins, et sa malice enjouée continue à faire merveille : on n'oubliera pas de sitôt sa formidable tirade sur ce qui se passe dans les entrées de maison. Karin Viard rayonne littéralement, alors que Bruno Podalydès excelle en agent immobilier raté et mielleux. Son frère Denis réussit en une scène muette à nous faire rire, alors que Roschdy Zem livre une courte prestation très drôle de père possessif puis tout à coup enjoué suite à un amusant quiproquo.

On sourit et on rit en permanence donc, mais on est aussi gagné par l'émotion à plusieurs occasion. Une scène est en particulier réussie, qui montre une infirmière à bout de nerf jouée par l'excellente Florence Muller. Ce mélange d'émotion et de drôlerie est assez rare dans le cinéma français.

Le film est amusant et émouvant, mais il est aussi très bien réalisé, avec un mélange réussi de tendresse bienveillante et de subtil détachement, assaisonnée de petites pointes de malice (comme la caricature du jeune couple et de ses Bromptons). Les cartons de fin, qui parodient les messages de fin de film du style "Dix ans après, Paul est devenu père de trois enfants", sont irrésistibles de drôlerie.

A ne pas rater, pour passer un excellent moment.

 

3e

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On connait la chanson

Parsemer une histoire somme toute assez insignifiante de morceaux de chansons françaises que les personnages entonnent en play-back au milieu d'une conversation : il fallait oser. 

Alain Resnais l'a fait, et ce fut je pense le premier. Le procédé est étonnant, relativement plaisant et donne au film cet esprit si particulier, mélange d'exigence cinéphilique et de culture populaire. Ce fut à l'époque un grand succès public (le plus gros box office pour Resnais, plus de deux millions de spectateurs) et critique (Prix Louis Delluc et quelques Césars).

On connait la chanson peut se regarder de deux façons différentes. Au premier degré, c'est une sorte de comédie vaudevillesque assez quelconque : les personnages sont caricaturaux, les péripéties téléphonées, le jeu des acteurs parfois outrancier, la mise en scène transparente. A part quelques éléments spécifiques, comme la belle relation qui se noue entre les personnages de Bacri et de Dussolier, le scénario de Jaoui et Bacri est moyen.

Au second degré, si on s'attache à guetter l'irruption des morceaux chantés, qu'on soupèse leur pertinence au regard de la psychologie des personnages, qu'on repère les petits détails (Jane Birkin chante en play-back son propre tube vieux de quinze ans), qu'on se réjouit des situations les plus improbables (Dussolier qui chante Bashung sur son cheval), alors le film devient un jeu délicat et légèrement euphorisant.

Un ovni, si typiquement français.

 

2e

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Un air de famille

Tiré d'une pièce à succès du duo Bacri Jaoui (Molière du meilleur spectacle comique en 1995), le film de Klapisch est plus que du théâtre filmé. 

Si le décor unique et confiné du bar miteux que tient Henri est bien au centre du film, et en constitue même un personnage à part entière, le cinéaste parvient à imprimer son style par de nombreuses idées et effets : brèves escapades à l'extérieur, effets de transparence et de reflets sur de multiples objets, variétés des cadres et des points de vue, exploitation maximale des espaces (cave, annexe, escalier).

Le film vaut évidemment beaucoup par la qualité de l'écriture et la justesse de l'interprétation. Agnès Jaoui, Catherine Frot, Jean Pierre Bacri, Jean Pierre Darroussin sont tout simplement géniaux. Ils parviennent à jouer des personnages très proches de la caricature, tout en ne paraissant à aucun moment caricaturaux eux-même. Petit à petit, chacun laisse sourdre des émotions particulièrement intenses et fait subtilement évoluer son comportement.

Le personnage de Yoyo est en ce sens sûrement le plus formidable : à la bêtise insondable qu'on croit d'abord discerner chez ce personnage, Catherine Frot parvient progressivement à superposer une volonté de vivre rayonnante (qui se concrétise dans la magnifique scène de danse), puis un sentiment d'injustice très émouvant et enfin une belle empathie.

Comme les meilleures des comédies italiennes, Un air de famille parvient à nous faire sourire avec des personnages faisant face à des abîmes de douleur. Dans son genre modeste, il est parfait.

 

3e

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Les bonnes intentions

Les bonnes intentions est un film qui se moque de tout le monde, qui joue avec les clichés pour mieux les détourner et qui n'hésite pas à flirter avec le mauvais goût.

Gilles Legrand et sa scénariste Léonore Confino manient de la nitroglycérine humoristique, en se moquant des bobos (peut-être ce pourquoi la presse parisienne boude le film), en faisant d'une gentille prof allemande la petite-fille de Heinrich Himmler, et en se moquant gaillardement de différentes origines et religions.

Si le film tient parfaitement debout, c'est parce que la rigueur de l'écriture est exceptionnelle. Du premier plan (des réfugiés prennent des prospectus pour des cours de français afin de les brûler pour se réchauffer) au dernier, le script est remarquablement rythmé. Les personnages évoluent tout au long de la narration, et notre perception des différentes attitudes change en conséquence, comme par exemple lors de la très belle scène du mariage en Bosnie.

Les bonnes intentions est à la fois drôle, grinçant et touchant, à l'image d'Alban Ivanov qui, de film en film (Le sens de la fête, Le grand bain), affirme un potentiel comico-tragique de très haut niveau, un peu dans la lignée de Jacques Villeret. 

Un divertissement de qualité.

 

3e

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Comme un avion

Comme un avion marque le retour en forme de Bruno Podalydès.

La première partie du film, qui expose l'acteur-réalisateur en infographiste doux dingue, est particulièrement réussie. On est intrigué, puis séduit, par cet éternel enfant que fait rêver l'Aéropostale.

La figure légèrement inquiétante de Sandrine Kiberlain, trop bienveillante pour être honnête, rehausse l'étrangeté du film pour le porter vers des sommets de bizarrerie poétique.

Le film perd ensuite un peu en intensité quand notre ami passe à l'acte, les effets si légers du début devenant plus appuyés. Arditi en pêcheur psychopate, Vimala Pons en évidente aguicheuse, sont des clichés certes efficaces mais un peu téléphonés.

De cette seconde partie on retiendra principalement la sensualité épanouie d'Agnès Jaoui, remarquable en femme d'âge mûr jouant avec les post-it.

Un éloge de la fugue nécessaire et plaisant.

 

2e

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Au bout du conte

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/95/36/54/20470648.jpgIl y a des films sur lesquels on n'a même pas envie de taper. Ils sont tellement médiocres, vides et immédiatement oubliables qu'écrire trop longtemps à leur sujet leur ferait trop d'honneur.

Au bout du conte fait partie de ces films. Ceux dont l'intégralité des bons moments sont dans la bande annonce (et encore, il ne s'agit que d'énièmes rodomontades à la Bacri). Ceux dont on se dit en sortant qu'il reposent sur du vent, qu'ils ne sont que l'ombre d'un film.

Tout est mauvais dans la dernière production Jaoui/Bacri, de Biolay en loup, dont le personnage s'appelle subtilement Wolf, au procédé type Instagram qui transforme l'écran de cinéma en écran de téléphone portable effet "verre poli".

L'idée de plaquer des éléments de contes sur une histoire d'une banalité affligeante ne fonctionne pas, il s'agit d'une fausse bonne idée, qui au final donne du sous-sous-Woody Allen.

A fuir.

 

1e

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