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Christoblog

Articles avec #je n'aime pas

Houria

Houria souffre des comparaisons.

Tout d'abord, son thème rappelle irrésistiblement celui d'En corps : une danseuse classique se blesse, sa vie et sa santé mentale en sont bouleversées, mais elle va se reconstruire en tissant de nouveaux liens sociaux et en s'initiant à la danse contemporaine. Mais là où le film de Klapisch emportait son spectateur, certes parfois avec maladresse, le film de Mounia Meddour semble figé dans son propos, et n'exalte pas vraiment les corps. 

Je n'ai pas été bouleversé par les malheurs de Houria, et sa rédemption ne m'a semblé ni crédible, ni jouissive : il y a un manque d'incarnation dans la façon dont Lyna Khoudri danse.

L'autre comparaison dont souffre Houria, c'est celle qu'on ne manque de faire avec le film précédent de la réalisatrice, Papicha : même actrice principale, même façon façon de filmer nerveuse, thèmes semblables (une jeune fille empêchée dans la réalisation de son destin artistique par la violence de la société algérienne).

Là où Papicha touchait toujours juste (profondeur du contexte, intensité des émotions, lente évolution du contenu narratif) Houria rate à peu près tout : les péripéties sont survolées (les combats du début par exemple), les relations entre les personnages ne sont qu'esquissées et le film apparaît au final comme un gentil portrait plutôt que comme un destin brisé.

On attend maintenant que la réalisatrice Mounia Meddour mette son talent, qui est grand, au service d'une histoire plus complexe et plus ambitieuse.

Mounia Meddour sur Christoblog : Papicha - 2019 (***)

 

2e

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Everything everywhere all at once

A quoi ressemble le grand vainqueur des Oscars 2023 ? 

Pas facile à dire : il commence comme un film d'auteur de type Sundance (avec des petits bruits bizarres qui s'expliqueront plus tard), se poursuit comme un Matrix ludique, avant de devenir un mash-up improbable de plusieurs genres (du style boum boum Marvel au spleen romantique de In the mood for love), pour se finir en comédie dramatique familiale.

Est-ce que tout cela forme un film qui tient la route ? Pas vraiment. J'ai été tour à tour intrigué, momentanément séduit, mais le plus souvent submergé par une masse d'informations, d'inputs intellectuels, de stimulis sensitifs qui donnent l'impression d'être dans un tambour de machine à laver narrative.

Dans cette avalanche d'idées en tout genre, il y a forcément quelques pépites. J'ai beaucoup aimé par exemple le monde alternatif dans lequel les doigts des humains sont remplacés par des saucisses, ou celui dans lequel les deux héroïnes sont des ... cailloux, dont les dialogues apparaissent dans des bulles (on dirait un script de Quentin Dupieux).

J'ai conscience que cette chronique, si vous n'avez pas vu le film, doit vous paraître complètement barrée, mais elle reflète assez bien la démesure non maîtrisée du gloubi-boulga pop et tendance des Daniels.

A défaut d'être pleinement convaincant, ce long clip halluciné est étonnant dans sa démesure.

 

2e

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Empire of light

Dans le cinéma de Sam Mendes, tout est propre et net, chaque chose est parfaitement à la place requise, et rien de dépasse.

Empire of light ne déroge pas à cette règle : les lieux abandonnés, même envahis par les pigeons, y sont aussi propres et esthétiques que ne l'étaient les jolies tranchées proprettes de 1917

Pour ma part, cette recherche constante de perfection me fatigue. Je me lasse très vite des plans hyper-symétriques et des travellings onctueux, d'autant que le propos du film est nimbé d'une ambiance doucereuse assez indigeste. On est ici dans un monde où la dépression se matérialise par un bain avec des bougies, et la joie par un pigeon qui s'envole.

Dans cet univers aseptisé dans lequel tous les personnages secondaires semblent réduits à des caricatures ou des ectoplasmes (la mère de Stephen par exemple est très mal jouée, me semble-t-il), j'ai eu bien du mal à croire dans l'histoire d'amour qui m'était contée. Michael Ward est aussi lisse que les décors du film, et il faut le génie d'Olivia Colman pour sauver - un peu - Empire of light, et sortir le film de sa gangue de formalisme forcené.

Pour finir, ne cherchez pas ici de déclaration d'amour au septième art, la thématique de la séance de cinéma n'intervient que très tardivement dans le film, et de façon absolument accessoire.

Pour les adeptes d'esthétisme réfrigéré et de performance d'actrice.

Sam Mendes sur Christoblog : Les noces rebelles - 2008 (*)  / Skyfall - 2012 (**) / 007 Spectre - 2015 (*) / 1917 - 2022 (**)

 

2e

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La syndicaliste

La syndicaliste s'essaye à plusieurs styles, mais ne parvient à être convaincant dans aucun d'entre eux. 

Le film esquisse par exemple une explication de l’imbroglio ayant impliqué Areva et EDF, mais la façon dont le scénario survole les enjeux de ces grandes manœuvres n’aide en rien la compréhension des évènements. Il n'est donc pas un bon film politique.

La syndicaliste dresse également le portrait d’une militante de la CFDT dans l’exercice de son métier, mais c’est peu dire qu’Isabelle Huppert approche ici le degré 0 de la crédibilité : on a l’impression que le métier de syndicaliste consiste à répondre au téléphone, faire des effets de manches et se dorer la pillule au bord du lac d’Annecy dans une maison dont la valeur doit approcher les deux millions d’euros au bas mot. 

Alors peut-être le film est il un thriller métaphysique qui montre à quel point la vérité est difficile à saisir ? Cela aurait pu être le cas, à condition de ménager un suspens plus équilibré jusqu’à la fin du film, par exemple en prêtant à l'enquêteur un comportement un peu moins antipathique (Pierre Deladonchamps est plus caricatural que jamais en méchant flic).

Tentons une dernière hypothèse : La syndicaliste serait avant tout un beau portrait de femme. Cela aurait été à mon avis le meilleur film à faire, mais il aurait fallu une interprète plus subtile qu’Isabelle Huppert, qui ne sait plus jouer qu'elle même en train de jouer l'inflexibilité résolue.

Au final, voici le film que j'ai vu : l’illustration maladroite d’un fait divers passionnant, assez mal réalisée et souffrant d'un problème de rythme, recouverte d’un vernis politico-féministe inoffensif.

 

2e

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La nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé

La première série de Xavier Dolan commence bien.

J'ai été intrigué par les deux premiers épisodes, pendant lesquels je me suis vraiment demandé quels étaient les ressorts qui agitaient les différents personnages, tous plus déjantés les uns que les autres.

La mise en scène est dolanienne, fiévreuse, près des visages. Le québécois ne recule pas devant les passages obligés du format série : cliffhangers, effets faciles, rebondissements divers. Anne Dorval est formidable et Julie LeBreton une vraie découverte.

Malheureusement, mon intérêt a nettement baissé à partir du troisième épisode pour plusieurs raisons. Tout d'abord, j'ai deviné assez tôt ce qui s'était vraiment passé lors de la fameuse nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé, ce qui, évidemment, nuit à l'intensité du suspense. La disparition du personnage de la mère nuit également beaucoup à la qualité de la série : en son absence, j'ai eu l'impression que les enfants ne faisaient que meubler un temps imparti, et que les longueurs se multipliaient.

La mise en scène finit par lasser, les intrigues secondaires (Eliott et sa copine, la vie sexuelle de Chantal, l'avenir du couple Julien/Chantal) tournent court, et les flashbacks lourdingues ne sont pas du meilleur goût.

Au final, cette mini-série de cinq épisodes laisse un arrière goût d'inachevé. Dolan peut sûrement mieux faire.

 

2e

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La femme de Tchaïkovski

Nul doute sur le fait que Kirill Serebrennikov est un styliste hors pair.

La femme de Tchaïkovski est donc souvent, comme les films précédents du cinéaste russe, un véritable tour de force formel, que ce soit dans la mise en scène (ici aussi fluide que celle de La fièvre de Petrov était fiévreuse) que dans la photographie. Les longues cent quarante trois minutes que durent le film sont baignées d'une lumière  iréelle, dans laquelle flotte la poussière de vieux greniers et le souvenir des temps passés. 

Plus le film avance, plus le réalisateur se permet de fantaisies (plongées intégrales, plans séquences, chronologie bousculée), jusqu'à une fin d'un goût discutable à mon sens.

En ce qui concerne l'histoire, elle est édifiante et sinistre : une jeune femme tombe amoureux du maître Tchaïkovski, qui préfère les hommes. Elle sera donc réduite à un rôle d'épouse-écran, jamais aimée et même humiliée par son génial salaud de mari, jusqu'à aborder les rives de la folie.

Le sujet est intéressant, mais la sombre obstination de Serebrennikov à enfoncer plus bas que terre son héroïne esseulée rend le film un peu indigeste dans son masochisme forcené. Autrement dit, on en a vite marre de voir grandir l'aveuglement de la pauvre Antonina, merveilleusement jouée par l'actrice Alyona Mikhailova.

Kirill Serebrennikov sur Christoblog : Le disciple - 2016 (**) / Leto - 2018 (**) / La fièvre de Petrov - 2021 (**)

 

2e

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Astérix et Obélix : l'Empire du milieu

Au vu des avis des personnes en qui j'ai généralement confiance, je m'attendais au pire.

Ma surprise a été d'autant plus grande, lorsque je me suis pris à apprécier le début du film : la première rencontre avec les deux romains égarés est plaisante, les premiers échanges dans le village sont plutôt drôles. Philippe Katerine en Assurancetourix et Audrey Lamy en Bonnemine sont par exemple très convaincants.

La suite du film se gâte ensuite progressivement. Le voyage jusqu'en Chine remplit un cahier des charges assez proche de ce que les BD proposent : une progression en accéléré, des rencontres cocasses (au Petit Lutèce par exemple), quelques gimmicks établis (les pirates). On est, jusqu'à ce moment-là du film, dans un exercice somme toute assez proche de l'esprit d'Uderzo et Goscinny, et qui n'est à mon avis ni pire ni meilleur que ce que proposent les continuateurs qui ont pris la suite des géniteurs d'Astérix pour la BD.

C'est d'ailleurs peut-être ici que se situe le point d'incompréhension entre la critique et Guillaume Canet : ce dernier est finalement assez proche des BD (recentrage sur le couple Astérix/Obélix en mode buddy movie, abondantes allusions au monde actuel, jeux de mots plus ou moins foireux). Tous ceux qui compare ce film à Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre semble oublier à quel point ce dernier est plus un film d'Alain Chabat qu'une déclinaison de la "franchise". On ne se souvient d'ailleurs quasiment pas des personnages d'Astérix et Obélix dans ce film, mais plutôt de ceux plus susceptibles de porter l'humour de l'ex-Nul, par exemple ceux joués par Djamel Debbouze et Edouard Baer.

La partie chinoise dégrade nettement l'impression d'ensemble que laisse le film. Les faiblesses dans l'écriture (qu'on doit aux scénaristes des Tuches) apparaissent comme rhédibitoires. La mise en scène de Canet devient pauvre en intentions, les scènes d'action ne sont pas au niveau des 65 millions d'euros dépensés (le combat d'Antivirus / Zlatan Ibrahimovic avec les légionnaires est par exemple horrible à regarder) et plusieurs scènes semblent bizarrement frappées d'aphasie, comme si tout à coup toute l'équipe du film s'était désintéressée de ce qui était montré à l'écran.

Concernant la distribution, si Gilles Lellouche et Vincent Cassel tirent leur épingle du jeu, le reste du casting est faiblard. Guillaume Canet ne correspond à aucune des images qu'on peut se faire d'Astérix, et Jonathan Cohen, qui joue son rôle habituel (il ne sait en jouer qu'un), n'est pas du tout dans l'esprit. Quant aux multiples apparitions de célébrités, on s'en fout un peu : elles ne font ni de bien ni de mal au film.

Astérix et Obélix : l'Empire du milieu ne mérite pas à l'évidence le tir de barrage haineux et méprisant d'une bonne partie de la critique, tout en peinant à présenter de quoi attirer les louanges. 

Guillaume Canet, réalisateur, sur Christoblog : Les petits mouchoirs - 2010 (**) / Blood ties - 2013 (*) / Rock'n roll - 2016 (**) / Nous finirons ensemble - 2019 (**)

 

2e

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La montagne

J'aurais vraiment voulu aimer ce film, dans lequel tout m'attire, a priori :  les paysages de montagne, l'idée saugrenue de ne plus vouloir redescendre une fois qu'on est monté là-haut (alors qu'on est pas spécialement montagnard), la petite touche fantastique dont la bande annonce ne fait pas mystère.

Malheureusement, Thomas Salvador échoue à développer ces différentes pistes qui restent embryonnaires : la montagne n'est pas spécialement magnifiée, l'histoire de l'exil intérieur n'est ni explicitée ni illustrée, et l'aspect fantastique ne dépasse pas le joli effet des premières images. Le film répugne à donner une quelconque explication à ce que l'on voit : c'est un parti-pris que l'on peut comprendre, mais qui m'a horripilé, car il n'est pas compensé par une beauté onirique ou un vertige métaphysique.

La montagne aurait sûrement fait un formidable court-métrage d'une dizaine de minutes. Délayé pendant 1h52, il devient fastidieux (la première partie s'apparente à une publicité pour le département montagne de Décathlon) et artificiel (la romance avec le personnage jouée par Louise Bourgoin n'a aucun intérêt).

Thomas Salvador, réalisateur hors norme qui tente de renouveler le genre fantastique, s'avère enfin piètre acteur. 

Je suis donc désolé de devoir déconseiller ce film qui ne vaut que par l'étrangeté de son sujet.

Thomas Salvador sur Christoblog : Vincent n'a pas d'écaille - 2014 (**)

 

1e

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Tár

Tár raconte comment une femme de pouvoir arrivée au faîte de sa carrière chute de son piédestal, sous les coups de boutoirs de plusieurs évènements dont elle est en grande partie responsable.

Le fait que ce personnage soit chef d'orchestre n'est pas au final très important. Elle pourrait être chef d'entreprise ou chirurgienne, le film fonctionnerait exactement de la même façon. Au lieu de s'ennuyer en ne comprenant rien aux anecdotes concernant les musiciens, on s'ennuyerait en écoutant des blagues tirées d'articles de la Harvard Business Review ou des anecdotes sur la vie d'Ambroise Paré.

Pendant le film, qui dure 2h38, j'ai eu largement le temps de me demander comment un réalisateur pouvait trouver suffisamment d'énergie pour faire un film dont l'héroïne n'est pas sympathique, mais n'est pas non plus antipathique au point de susciter l'aversion : le risque d'ennuyer le spectateur est en effet considérable, d'autant plus que le film est pauvre en péripéties.

Vous l'avez compris, je me suis assez vite lassé de ces conversations interminable entre pontes mesquins, de ces innombrables plans répétitifs illustrant le quotidien de Lydia Tár (Lydia fait du footing, Lydia pianote sur un piano d'un air pensif, Lydia roule en voiture, Lydia entend des bruits qui n'existent pas, Lydia se lave les mains avec du gel hydroalcoolique, etc).

Il y a sûrement un intérêt à tout cela, qui se situe peut-être entre une réflexion sur la responsabilité morale et la façon dont l'ambition annihile les sentiments, mais il est trop profondément dissimulé pour m'atteindre. La froideur avec laquelle sont regardés les personnages et la préciosité un peu guindée de la mise en scène m'ont rappelé le cinéma de Haneke.

Je ne mets pas la note la plus basse tout de même, pour deux raisons : Cate Blanchett est parfaite dans ce rôle peu aimable, et la direction artistique est irréprochable.

 

2e

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My name is Gulpilil

Ce documentaire est consacré à l'immense acteur aborigène David Gulpilil, qui raconte sa vie à travers les nombreux films qu'il a tourné, de Crocodile Dundee à Charlie's country, en passant par Australia.

Le début du film est plutôt encourageant : on a plaisir à suivre les aventures de Gulpilil, qui est resté très attaché à sa terre et à ses traditions ancestrales, et qui détonne agréablement dans le monde sans pitié du cinéma international. Le charisme du personnage, le fait qu'il soit très malade (en réalité il doit mourir prochainement) ajoute un supplément d'émotion.

Mais petit à petit, le film met le spectateur mal à l'aise. Tout d'abord, les partis-pris de mise en scène font un peu toc (les images agrandies des cellules cancéreuses comme une abstraction), puis la façon dont Gulpilil est filmé devient de plus en plus dérangeante. Sa déchéance physique est montrée avec une certaine complaisance. Ses propos, qui deviennent de plus en plus décousus, donne progressivement l'impression qu'il radote.

Par ailleurs, un reproche que l'on peut faire au film est de ne pratiquement pas aborder les travers de l'acteur, son alcoolisme invétéré et son comportement violent envers sa femme qui lui valu un an de prison.

On finit par éprouver de la gêne à regarder l'agonie d'un homme qu'on n'est pas sûr de vouloir admirer.

David Gulpilil sur Christoblog : Charlie's country - 2013 (**)

 

2e

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Les banshees d'Inisherin

J'avoue avoir du mal à comprendre l'enthousiasme autour de ce film, qui vient de remporter un Golden Globe.

Son contenu se contente en effet d'illustrer péniblement un pitch initial assez amusant : une rupture amicale prend des allures de drame sentimental dans un cadre insulaire à la fois magnifique et oppressant.

Le script suit avec application une trame qu'on devine dès le début malaisante et toute entière tournée vers l'aggravation et le drame. Ce contenu programmatique nuit beaucoup à l'intérêt qu'on peut porter au film : rien ne nous surprend, tout est anticipable. 

La psychologie des personnages est de la même façon exposée dès le début, pour ne plus varier jusqu'à la fin du film, ce qui ne contribue pas à générer de l'empathie chez le spectateur, d'autant plus qu'aucun des deux personnages n'est aimable, ni attendrissant. Leurs dilemmes ne m'ont pas intéressés. 

Les banshees d'Inisherin n'évite pas non plus les maladresses (les raccords de lumière sont approximatifs dans quelques scènes, par la faute de la versalité du climat insulaire), ni les facilités (la façon dont l'étudiant en musique gobe le mensonge de Padraic, l'aspect caricatural des seconds rôles, l'esthétique artificielle des décors). 

Le résultat est un exercice de style froid et désincarné, pauvre en cinéma comme en émotion, qui m'a totalement laissé au bord de la route. 

Martin McDonagh sur Christoblog : 3 billboards, les panneaux de la vengeance - 2017 (****)

 

1e

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Nos frangins

Lorsqu'un film décrit des faits divers dramatiques récents comme le fait Nos frangins, il doit choisir entre deux options : la reconstitution minutieuse et documentée, ou le développement d'un point de vue mettant la psychologie de certains personnages en valeur.

Rachid Bouchareb ne réussit ni l'un ni l'autre,  en s'égarant quelque part entre ces deux possibilités.

Côté reconstitution, il faut noter l'utilisation intéressante des archives, qui se mêlent habilement avec les images de fiction. Pour le reste, on reste sur sa faim, n'apprenant pas grand-chose de nouveau sur l'enchaînement des évènements durant ces quelques jours. 

L'introduction de personnages de fiction est particulièrement ratée : le flic de l'IGS par exemple, joué par Raphael Personnaz, traverse le film comme un spectre inexpressif. Il ne fait que ralentir sans raison l'intrigue.

Les acteurs principaux surjouent tous leur personnage, Samir Guesmi dans l'égarement hébété, Lyna Khoudri dans l'effondrement dépressif, Reda Kateb dans la colère agressive puis l'incompréhension passive.

Le découpage du film m'a semblé très mauvais. Le fait d'avoir saucissonné la scène fatale de l'agression en la répartissant tout au long du film m'a paru maladroit, voire même gênant : comme si Bouchareb voulait soutenir artificiellement l'intérêt du spectateur. 

Au final, et c'est un comble, j'ai trouvé que Nos frangins ne rendait pas justice au sort de Malik Oussekine, et encore moins à celui d'Abdel Benyahia, que le film semble d'ailleurs traiter plus superficiellement que celui de Malik, reflétant tristement une disparité de traitement au sein-même du film.

Rachid Bouchareb sur Christoblog : Indigènes - 2006 (**)  

 

1e

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Godland

Il faut toujours qu'il y ait au Festival de Cannes un film abscons, sûr de sa force formelle, riche en afféteries stylistiques, essaimant le minimum de dialogues et ne se préoccupant pas de maintenir l'attention du spectateur autrement que par sa splendeur intrinsèque.

En 2022, c'est l'Islandais Hlynur Palmason, découvert avec le beau Un jour si blanc, qui s'y colle. Avec une certaine réussite, puisque  Godland est aussi beau qu'ardu à apprécier.

Pour résumer très brièvement, il s'agit de suivre le périple d'un jeune prêtre danois se rendant en Islande pour photographier la population. L'action se déroule à la fin du XIXème siècle. Dans une première partie, la traversée d'est en ouest de l'île donne lieu à de somptueuses scènes muettes dans lesquelles la rudesse des conditions de vie et la grandeur de l'île sont parfaitement rendues.

Notre héros arrive ensuite dans une communauté où il est soumis à la tentation, et dans laquelle l'âpreté des relations humaines (si on peut même les appeler ainsi) va être dévoilée à grands coups de travellings circulaires et de chœurs signifiants. 

Avec son format carré coins arrondis et sa photo volontairement atone, le film me paraît trop poseur pour apporter au final mon adhésion, malgré son audace formelle et la puissance évocatrice de certains de ses plans. Allez-y tout de même si vous aimez les paysages islandais, magnifiquement filmés.

Hlynur Palmason sur Christoblog : Un jour si blanc - 2020 (**)

 

2e

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Sous les figues

Sous les figues revêt les atours du film documentaire pour suivre un groupe de Tunisien(ne)s ramassant des figues.

Ce sont surtout les jeunes gens qui intéressent la cinéaste Erige Sehiri : elle filme avec gourmandise quatre filles et trois garçons rayonnants de jeunesse, batifolant, flirtant et échangeant des considérations de tout type sur l'Amour.

Le film évoque par petites touches (trop) légères les aspects les moins reluisants de la société tunisienne : harcèlement sexuel, délation, exploitation des employés, nécessité de survivre pour les plus pauvres, expatriation intérieure.

Tout cela est frais et plein d'énergie, et en même temps assez inconsistant et anecdotique. Votre intérêt pour le film dépendra donc de votre sensibilité à l'aspect solaire de ce film sympathique qui ne parvient pas à être politique.

 

2e

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Saint Omer

Bardé de prix (Venise, Jean Vigo) et précédé d'une excellente réputation (il représentera la France aux Oscars), le premier film de fiction d'Alice Diop promettait beaucoup.

C'est peut-être pourquoi, à sa vision, la déception a pris pour moi le pas sur le plaisir.

Certes, Saint Omer présente de nombreux intérêts. Tout d'abord l'affaire Laurence Coly est intrigante et le film de prétoire possède une dynamique propre qui captive aisément. La distribution est aussi intéressante : Guslagie Malanda campe une accusée troublante alors que plusieurs seconds rôles font des prestations remarquables (l'incroyable témoignage de Luc Dumontet joué par Xavier Marly). Les problématiques que soulèvent le film sont aussi intéressantes : le statut d'invisibilité de la femme noire, le rapport aux parents, la maternité.

Pourtant tous ces bons éléments ne parviennent pas à mes yeux à former un tout cohérent. Le scénario (auquel a collaboré Marie NDiaye) est inutilement compliqué. Les problématiques du personnage de Rama semblent bien anecdotiques au regard de l'enjeu du procès, et sa mise en parallèle avec le destin de Laurence Coly m'a parue artificielle. J'ai trouvé la mise en scène parfois maladroite (de nombreux plans de remplissage, un manque de fluidité globale, des flash-backs pas très clairs, une certaine affectation).

Le film m'a semblé à plusieurs occasions froid et légèrement guindé, comme mû par une envie de développer son propos d'une façon plus intellectuelle que sensible.

A vous de voir.

 

2e

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Le lycéen

Autant le cinéma de Christophe Honoré peut parfois m'emporter dans des élans d'enthousiasme difficilement maîtrisables (Les chansons d'amour, Chambre 212, Guermantes) autant il peut me laisser complètement froid, comme c'est le cas ici.

Le sujet du film est Honoré lui-même, puisque le lycéen, c'est lui, transposé de Rennes à Chambéry, de façon à ce que les aspects autobiographiques soient moins pesants. Perte du père dans un accident de voiture et difficile travail de deuil, éveil de la sexualité, problèmes psychologiques et premières expériences parisiennes : c'est bien l'itinéraire du cinéaste qui est ici décrit, dans une sorte de complément à sa pièce de théâtre Le ciel de Nantes.

Pour Honoré cela doit être particulièrement touchant. Pour le spectateur, le spectacle n'est pas très captivant : Juliette Binoche n'est pas convaincante (la scène de l'annonce de l'accident est mal jouée par exemple) et le jeune acteur Paul Kircher ne brille pas par son charisme (il est même énervant par moment, sans que l'on sache si c'est à dessein). Vincent Lacoste quant à lui est très bien, dans un rôle moins sympathique que d'habitude.

Le ton du film, qui hésite entre plusieurs genres (porno soft gay, chronique provinciale, drame familial, récit d'initiation, tableau parisien), ne parvient jamais à être tout à fait juste, et laisse une impression d'inachevé. 

Pas le meilleur Honoré, loin s'en faut. 

Christophe Honoré sur Christoblog : Les chansons d'amour - 2007 (****) / La belle personne - 2008 (***) / Non ma fille, tu n'iras pas danser - 2009 (**) / Les bien-aimés - 2011 (****) / Métamorphoses - 2014 (***) / Plaire, aimer et courir vite - 2017 (***) / Chambre 212 - 2019 (****) / Guermantes - 2021 (****)

 

2e

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La conspiration du Caire

Sur le papier, ce film avait tout pour me plaire : un metteur en scène prometteur (j'avais bien aimé Le Caire confidentiel), un sujet intrigant, sorte de variante islamique du Nom de la rose, et un doux parfum d'exotisme.

Malheureusement, je trouve que La conspiration du Caire manque de crédibilité. Je n'ai jamais été vraiment captivé par l'intrigue, trop sage à mon goût. Le film avance plan-plan sans véritable tension dramatique et certaines évolutions du scénario m'ont paru très peu crédibles (comment un jeune inconnu peut faire changer d'avis un imam d'expérience avec deux pauvres citations ?).

De la même façon, la façon dont les frères musulmans abandonnent facilement la partie m'a interloqué. 

Pour résumer mes sensations, et malgré une mise en scène très solide, j'ai globalement trouvé que ce film manquait d'originalité et suivait froidement un programme trop scolaire (et par ailleurs peut-être conçu en mode "je veux être en compétition à Cannes"), gommant toute la poisseuse tension qui irriguait le premier film de Saleh.

Tarik Saleh sur Christoblog : Le Caire confidentiel - 2017 (***)

 

2e

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Les aventures de Gigi la Loi

Drôle de ce film que cet OVNI signé Alessandro Comodin (L'été de Giacomo).

Cela commence comme une sorte de manifeste conceptuel : le "héros" s'engueule avec un voisin qu'on ne verra jamais, à travers une haie, pendant 10 minutes. La scène, minimaliste et austère (il fait nuit, on ne voit pas grand-chose, et on ne comprend pas les enjeux), est à l'image du reste du film.

Le personnage principal, Gigi, semble échappé d'un film de Tati. Il est filmé quasi exclusivement en plan fixe, même quand l'intérêt de la scène se déroule en dehors du cadre. On ne comprend pas grand-chose à ses allées et venues désenchantées et inefficaces, jusqu'à ce que l'on comprenne (ce n'est pas clair, mais c'est mon interprétation) qu'il souffre de troubles psychologiques.

Il faut donc une disposition particulière pour apprécier cette balade sans queue ni tête dans la campagne italienne, portrait évanescent d'un personnage surréaliste, qui peut rappeler le cinéma de Kaurismaki, en moins maîtrisé. Et je ne l'ai pas du tout.

 

1e

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Les harkis

Philippe Faucon est un cinéaste doué et Les harkis est un film intéressant.

Ceci étant dit, vous aurez probablement compris suite à cette introduction très langue de bois que Les harkis n'est pas passionnant, mais ressemble plutôt à un exposé très bien foutu de fin de Terminale.

Le sujet est chouette, la mise en scène proprette, la photographie sublime et les décors très réalistes, mais le contenu dramatique laisse à désirer : on aurait aimé une progression moins édifiante, mais des personnages plus incarnés et des enjeux moins attendus.

Agréable comme une conférence sur France Culture un dimanche pluvieux de novembre.

Philippe Faucon sur Chrsitoblog : La désintégration - 2012 (**) / Fatima - 2015 (***)

 

2e

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Tori et Lokita

Il y a comme une tendance masochiste chez les Dardenne.

Tori et Lokita sont sympas, attendrissants, et on a vraiment envie que leur vie soit belle, que les gens qu'ils croisent soient sympas, qu'ils ne soient pas exploités et que la femme s'arrête dans les derniers plans pour les prendre en auto-stop. Les interprètes sont d'ailleurs formidables tous les deux.

Las ! Les Dardenne leur font subir tout ce qu'on peut imaginer de pire comme humiliations en tout genre, petites et grandes. Le film, par son accumulation de circonstances défavorables, finit par plus ressembler au manifeste d'une ONG qu'à un film de cinéma.

C'est dommage, car la mise en scène est solide et l'art de raconter des Dardenne est intacte : le problème est uniquement dans l'angle choisi pour raconter cette histoire, trop édifiante pour être émouvante.

Cela fait un bail que les frères ne nous ont pas proposé un vrai bon film...

Les Dardenne sur Christoblog : Le silence de Lorna - 2008 (**) / Le gamin au vélo - 2011 (***) / Deux jours, une nuit - 2014 (*) / La fille inconnue - 2016 (**) / Le jeune Ahmed - 2019 (**)

 

2e

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