Corpo celeste
Lors du dernier Festival de Canne, Corpo celeste, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, fut un des premiers films les plus remarqués.
On comprend pourquoi. Sa réalisatrice, Alice Rohrwacher, possède une vraie sensibilité. Elle filme avec beaucoup de talent cette petite fille de 13 ans qui a été élevée en Suisse et arrive avec sa mère et sa soeur en Calabre, dans un univers qu'elle ne connaît pas.
Le point de vue adopté est, un peu comme dans Tomboy, celui de la petite fille. C'est à travers ses yeux qu'on observe le monde curieux et inquiétant des adultes, l'évolution de son propre corps qui se transforme et qui saigne, et surtout sa découverte de Jésus et de ses mystères.
Le film est en effet construit autour de deux pôles : la fin de l'enfance et la religion. Aux mystères profonds de la vie de Jésus est opposée une profonde déliquescence de la religion catholique. Un prêtre un peu raté, nourrissant de vains espoirs de promotion, une femme qui enseigne courageusement un pauvre catéchisme et s'est amourachée du prêtre, un évêque et son aide, ignobles tous deux, une collusion avec la politique, tout ce tableau est absolument terrible. Il est beaucoup plus à charge que la récente farce gentillette de Moretti. On comprend que le film ait été accusé de sacrilège en Italie.
Beaucoup de qualités donc, qui ne se développent malheureusement pas sur la base d'un scénario solide, ce qui plombe le film et ne permet pas de transformer une admiration de cinéphile en émotion de spectateur.
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