Angèle et Tony
Angèle et Tony souffrira peut-être de son titre. Pourquoi pas César et Rosalie, Thelma et Louise, ou Marius et Jeannette tant qu'on y est ? Il souffrira aussi de son affiche et de sa bande annonce, stylés "vols de mouette certifiés France 3 Normandie".
C'est dommage, parce qu'avec sa modeste diffusion, le film a besoin de public, et il le mérite.
Oh bien sûr, je pourrais faire la fine bouche, mais pour une fois je laisserai d'autres railler l'aspect tire-larmes redoutablement efficace du film, ses quelques carences (scénaristiques) et facilités (de mise en scène et musicales). Je préfère retenir la partition exceptionnelle que jouent les deux acteurs principaux : la sublime Clotilde Hesme, félin androgyne écorché vif, et le plantigrade de la Comédie Française, Grégory Gadebois.
Ne boudons pas notre plaisir : le film soulève dans sa deuxième partie des vagues d'émotions brutes comme cela faisait longtemps que je n'en avais pas ressenti au cinéma, et il le fait sans évènements exceptionnels ni effets appuyés, mais simplement en montrant de petites choses (regards, sourires), qualité que je ne pensais plus trouver que dans le meilleur du cinéma roumain.
Voir le visage des deux acteurs se métamorphoser au fil du film agite dans l'esprit du spectateur des sentiments arc-en-ciel dont il ne se dessaisit pas en poussant la porte de sortie du cinéma. Fragile, ténu, au bord de se casser la figure à plusieurs moments, le premier film d'Alix Delaporte est remarquable et remarqué. On peut penser que l'avenir du cinéma français s'écrit décidément au féminin.
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