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Christoblog

Articles avec #gilles lellouche

L'amour ouf

Devant son casting incroyable et l'intense battage médiatique qui l'accompagne, j'ai quelques scrupules à dire du mal de ce film.

D'autant plus que la première partie, consacrée à l'adolescence des deux personnages, est tout à fait charmante.

Les deux interprètes principaux (la formidable Mallory Wanecque, remarquée dans Les pires, et Malik Frikah) présentent l'énorme avantage de ne pas être connus : on peut d'autant plus facilement se glisser dans cette histoire d'amour entre deux adolescents que tout oppose, un peu finalement comme dans Titanic. La reconstitution des années 80 est délicieusement réussie.

Rien de vraiment extraordinaire, mais la justesse de ton de Gilles Lellouche, qui était le point fort du Grand bain, nous emporte ici aussi.

Malheureusement, dans sa deuxième partie, le film perd en crédibilité et en cohérence. Si Adèle Exarchopoulos est une nouvelle fois convaincante, j'ai franchement eu du mal à croire en François Civil en mauvais garçon et en Benoit Poelvoorde en parrain de la pègre, cynique et cruel. De fait, chaque acteur est tellement cantonné dans "ce qui est attendu de son personnage" que le film perd en subtilité, à l'image du personnage joué caricaturalement par Vincent Lacoste.

L'amour ouf, (trop) plein de bonne volonté, ressemble à un repas trop long et trop copieux, dont certains plats sont plutôt bons, mais d'autres sont franchement indigestes : les couchers de soleils langoureux, la partie comédie musicale, les scènes de polar façon Scorsese franchouillard.

Ni vraiment bon, ni totalement raté, le film possède un vrai souffle romantique : à vous de voir.

Gilles Lellouche réalisateur sur Christoblog : Les infidèles - 2012 (***) / Le grand bain - 2018 (***)

 

2e

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Daaaaaali !

Avec ce nouveau film, Quentin Dupieux nous emmène en terre très connue. En effet, rien ne surprend vraiment dans ce nouvel opus, qui ressasse bien des tics du réalisateur : dilatation temporelle, répétition absurde, coq à l'âne, objets bizarres, etc.

D'une façon presque ironique, Daaaaaali ! est beaucoup moins surréaliste que d'autres films de Dupieux (je pense à l'homme broyé dans le seau de Fumer fait tousser par exemple, ou à la veste dans Le daim).

J'ai donc suivi sans déplaisir ces classiques variations inégalement servies par une brochette d'acteurs semblant beaucoup s'amuser. Anaïs Demoustier est comme d'habitude rayonnante et Jonathan Cohen campe le Dali le plus convaincant, alors que les autres acteurs sont tous un peu en retrait : Edouard Baer fait un peu trop son Edouard Baer, Pio Marmaï semble complètement à côté de son film, et Gilles Lelouche est transparent.

Plusieurs jours après avoir vu le film, je me demande ce qu'il m'en reste vraiment : peut-être le premier plan, qui est aussi le dernier. C'est assez peu.

 

2e

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Soudain seuls

Pendant toute la séance, je me suis demandé quel était l'intérêt de projeter une scène de ménage de couple en train de se défaire dans l'environnement grandiose de l'Antarctique (en fait l'Islande).

Dans ce drôle de survival, rien ne semble intéresser moins les deux protagonistes que ... survivre. Ils préfèrent en effet s'envoyer des saloperies à la figure (pour ensuite, classiquement, baiser furieusement), plutôt que d'échanger sur la méthode à suivre pour ne pas mourir. 

Ainsi la nourriture semble être le cadet de leur soucis, comme d'ailleurs l'exploration des environs ou la consolidation de leur abri de fortune. Il semble par contre essentiel de se rappeler combien tel ex était vraiment un connard, ou telle maîtresse une belle salope. 

Bref, on ne croit pas un seul instant aux personnages joués par Gilles Lelouch (imbuvable, stupide, ridicule) et Mélanie Thierry (un peu plus crédible).

Quant à la fin du film, elle brille également par son invraisemblance totale : comment imaginer que Laura, déjà affaiblie, survive à deux nuits dans la neige, sans manger ? 

C'est donc raté, malgré de belles images et.... des pingouins. On attendait beaucoup mieux du scénariste attitré des films de Jacques Audiard.

  

1e

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Je verrai toujours vos visages

J'ai beau chercher, je ne vois pas ce que je pourrais reprocher au nouveau film de Jeanne Herry.

Je verrai toujours vos visages est d'abord magnifiquement écrit. Les dialogues sont ciselés, jamais triviaux. Les destins s'entrecroisent avec brio, avec un sens du rythme et de l'ellipse confondant. L'idée de ne jamais voir le personnage du frère jusqu'à la fin est par exemple extrêmement forte.

Le casting est exceptionnel. Si Adèle Exarchopoulos domine le film et trouve ici son meilleur rôle depuis La vie d'Adèle, il faut signaler l'homogénéité du niveau de jeu de tous les autres protagonistes.

Il peut arriver qu'un bon scénario et un excellent casting soient illustrés par une mise en scène insipide. Ce n'est pas le cas ici. Jeanne Herry utilise avec brio toutes les possibilités qu'offre le cinéma pour ne pas ennuyer le spectateur (variétés des plans, plongées, variation de rythme et de lieu).

Le film parvient enfin, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, à éviter le chantage lacrymal et l'effet facile. S'il arrache aux spectateurs de nombreuses larmes, il ne le fait que par la qualité de l'écriture et la puissance de jeu des acteurs, indépendamment de tout effet de manche. Le symbole de cette sécheresse narrative est la magnifique séance finale de rencontre, et sa chute ultime, bouleversante.

Une réussite qui concrétise toutes les promesses de Pupille.  

Jeanne Herry sur Christoblog : Pupille - 2018 (**)

 

4e

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Astérix et Obélix : l'Empire du milieu

Au vu des avis des personnes en qui j'ai généralement confiance, je m'attendais au pire.

Ma surprise a été d'autant plus grande, lorsque je me suis pris à apprécier le début du film : la première rencontre avec les deux romains égarés est plaisante, les premiers échanges dans le village sont plutôt drôles. Philippe Katerine en Assurancetourix et Audrey Lamy en Bonnemine sont par exemple très convaincants.

La suite du film se gâte ensuite progressivement. Le voyage jusqu'en Chine remplit un cahier des charges assez proche de ce que les BD proposent : une progression en accéléré, des rencontres cocasses (au Petit Lutèce par exemple), quelques gimmicks établis (les pirates). On est, jusqu'à ce moment-là du film, dans un exercice somme toute assez proche de l'esprit d'Uderzo et Goscinny, et qui n'est à mon avis ni pire ni meilleur que ce que proposent les continuateurs qui ont pris la suite des géniteurs d'Astérix pour la BD.

C'est d'ailleurs peut-être ici que se situe le point d'incompréhension entre la critique et Guillaume Canet : ce dernier est finalement assez proche des BD (recentrage sur le couple Astérix/Obélix en mode buddy movie, abondantes allusions au monde actuel, jeux de mots plus ou moins foireux). Tous ceux qui compare ce film à Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre semble oublier à quel point ce dernier est plus un film d'Alain Chabat qu'une déclinaison de la "franchise". On ne se souvient d'ailleurs quasiment pas des personnages d'Astérix et Obélix dans ce film, mais plutôt de ceux plus susceptibles de porter l'humour de l'ex-Nul, par exemple ceux joués par Djamel Debbouze et Edouard Baer.

La partie chinoise dégrade nettement l'impression d'ensemble que laisse le film. Les faiblesses dans l'écriture (qu'on doit aux scénaristes des Tuches) apparaissent comme rhédibitoires. La mise en scène de Canet devient pauvre en intentions, les scènes d'action ne sont pas au niveau des 65 millions d'euros dépensés (le combat d'Antivirus / Zlatan Ibrahimovic avec les légionnaires est par exemple horrible à regarder) et plusieurs scènes semblent bizarrement frappées d'aphasie, comme si tout à coup toute l'équipe du film s'était désintéressée de ce qui était montré à l'écran.

Concernant la distribution, si Gilles Lellouche et Vincent Cassel tirent leur épingle du jeu, le reste du casting est faiblard. Guillaume Canet ne correspond à aucune des images qu'on peut se faire d'Astérix, et Jonathan Cohen, qui joue son rôle habituel (il ne sait en jouer qu'un), n'est pas du tout dans l'esprit. Quant aux multiples apparitions de célébrités, on s'en fout un peu : elles ne font ni de bien ni de mal au film.

Astérix et Obélix : l'Empire du milieu ne mérite pas à l'évidence le tir de barrage haineux et méprisant d'une bonne partie de la critique, tout en peinant à présenter de quoi attirer les louanges. 

Guillaume Canet, réalisateur, sur Christoblog : Les petits mouchoirs - 2010 (**) / Blood ties - 2013 (*) / Rock'n roll - 2016 (**) / Nous finirons ensemble - 2019 (**)

 

2e

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Pupille

Pupille aurait pu être un documentaire intéressant. La manière dont Jeanne Herry expose tous les rouages administratifs qui mènent de l'accouchement sous X à l'adoption est en effet riche de découvertes (le constat rédigé par l'assistante sociale, la famille d'accueil transitoire, etc).

Le rythme du film, qui mène son récit sur un tempo de thriller, contribue à capter l'attention du spectateur.

Malheureusement, cette sécheresse évocatrice de la trame narrative est inutilement gâchée par des acrobaties scénaristiques (le bébé va beaucoup mieux une fois que l'assistante sociale lui a parlé de sa maman), des atermoiements longuets (le visage de bébé est au film ce qu'est le chaton à certains comptes Facebook) et des intrigues annexes accessoires (le crush de Karine / Sandrine Kiberlain pour Jean / Gilles Lellouche). 

Pupille perd ainsi de sa force dramatique pour verser dans un pathos qu'il fait initialement mine d'éviter. C'est dommage, car Jeanne Herry possède un réel talent de réalisatrice.

 

2e

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Le grand bain

Il y a une chance pour que Le grand bain devienne la comédie référence de son temps, comme le furent La grande vadrouille, Le dîner de cons ou Intouchables.

Le film de Gilles Lellouche partage en effet avec ses illustres prédécesseurs quelques points communs : un casting haut de gamme, des interprétations magistrales, une rigueur d'écriture jamais prise en défaut et surtout cet incroyable mélange de rire et de tendresse pour les cabossés de la vie, qui semble faire le sel de la comédie à la française.

Peu auraient pourtant parié sur la réussite de ce film, en avril 2018, juste avant qu'il soit sélectionné par Thierry Frémaux pour le Festival de Cannes. En traînant depuis le début de sa carrière d'acteur l'image du copain viril dans la bande de Guillaume Canet, Gilles Lellouche avait fini par se confondre avec ses personnages. On en avait oublié qu'il avait été réalisateur et scénariste avant d'être acteur. L'excellent accueil de la critique et des festivaliers cannois a donc surpris tout le monde, et peut-être même Lellouche lui-même.

Dans le genre feel-good buddy movie, Le grand bain est quasiment parfait. Si chaque acteur est globalement employé dans le registre qui lui convient habituellement, la tonalité générale du film est elle plutôt originale : il n'est pas si évident de prétendre narrer la reconstruction d'égos masculins malmenés à travers une activité particulièrement féminine (rappelons que la natation synchronisée est avec la GRS la seule discipline olympique exclusivement féminine). Il y a donc chez Lellouche une démarche plutôt gonflée, qui séduit par l'équilibre général du projet. Les acteurs, s'ils appuient sur le champignon, ne semblent jamais cabotiner, à l'image d'un Philippe Katerine excellentissime.

Le film prend bien le temps d'installer ses personnages, ce qui met encore plus en valeur le décollage jouissif de la seconde partie, durant laquelle Le grand bain devient irrésistiblement entraînant, Full Monty aquatique pour cinquantenaires. 

Un spectacle de très haut niveau (servi par des moyens très conséquents), à haut potentiel comique et lacrymal.

 

3e

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Les infidèles

Je vais en surprendre plus d'un mais j'ai plutôt aimé Les Infidèles, qui n'est pas le sommet de beaufitude que la bande-annonce pouvait laisser craindre.

Le film démarre pourtant plutôt mal avec un prologue signé Cavayé, qui brasse les clichés les plus sexistes qu'on puisse imaginer. On se demande si le film va poursuivre dans cette veine bien grasse, qui peut certes être lue au xième degré (la fin du film le démontrera), mais aussi au premier.

Le premier interlude salace d'Alexandre Courtès qui suit immédiatement, renforce le sentiment de malaise que fait naître le début du film : les blagues potaches reléguant la femme à une enveloppe de bimbo décérébrée vont-elles se succéder ?

Heureusement non, car le premier véritable sketch, tourné par Hazanavicius, est tout à fait exceptionnel. Ce dernier excelle décidément à installer des ambiances qui flirtent avec la parodie tout en semblant extrêmement réalistes. Ici, on est dans un séminaire d'entreprise d'engrais (?!), logé dans hôtel minable au milieu de nulle part. Dujardin, qui passe 24h à essayer d'être infidèle sans y parvenir, s'y révèle très bon, subissant de front toute une palette d'humiliations.

Dans le deuxième sketch, filmé par la caméra sensible d'Emmanuelle Bercot, la mise en abyme du couple Dujardin / Lamy produit un effet saisissant. Le fond n'est guère original, mais la forme est intéressante.

La troisième partie, filmée par Lartigau, est une histoire de Lolita triste et grinçante. Lellouche joue assez justement un certain type de déchéance, et Dujardin y est méconnaissable.

Les interludes paillards de Courtès font mouche avec un Canet très bon en érotomane "au pull sur les épaules noué par les manches", et un Manu Payet ENORME en obsédé de femmes mûres et de bondages acrobatiques. Sandrine Kiberlain s'amuse comme une folle en animatrice des Adultères Anonymes. La fin du film nous ballade entre plusieurs fins possibles, et l'épisode de Vegas va faire beaucoup jaser.

Le film est déroutant, et la référence au cinéma italien que Dujardin utilise dans ses interviews est assez justifiée. Le scandale des affiches est en tout cas bien ridicule au vu du contenu du film, qui, s'il ne présente pas une image très flatteuse des femmes (mais ce n'est pas son sujet) n'épargne pas plus l'image du mâle.

 

3e

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