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Christoblog

Articles avec #karim ainouz

Motel destino

Karim Aïnouz n'est jamais là où on l'attend. Sa filmographie en atteste : mélodrame au long court, documentaire, film historique en costume et donc maintenant polar poisseux et coloré.

Motel Destino, mal accueilli par la presse, est pourtant très agréable, à condition d'aimer les films noirs crus et vénéneux. 

L'histoire est assez classique (elle rappelle celle du Facteur sonne toujours deux fois), mais le véritable intérêt du film se situe plutôt dans des considérations plastiques. Le décor du motel, labyrinthique et inquiétant, est fascinant, et les couleurs (impulsées par des néons rouges et verts) sont incroyablement suggestives. Le film regorge de détails (personnages secondaires, sons, objets et animaux présents à l'écran) qui renouvellent le genre.

Aïnouz parvient également à obtenir de ses acteurs une sensualité hors du commun qui sublime le caractère classique de l'intrigue, et qui contribue à donner au film son caractère moite et âpre. Le sexe est partout présent, et imprègne littéralement la pellicule. L'actrice Nataly Rocha est en particulier excellente, donnant à son personnage une forte densité charnelle, associée à une curieuse opacité.

Un film en mode mineur, à la fois acidulé et empoisonné.

Karim Aïnouz sur Christoblog : La vie invisible d'Euridice Gusmao - 2019 (****) / Le jeu de la reine - 2024 (***)

 

3e

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Le jeu de la reine

Etonnant film en costume, Le jeu de la reine parvient à donner à une trame historique (le portrait de la dernière femme de Henry VIII, Catherine Parr) une tonalité tout à fait contemporaine, thriller politico-féministe à haute tension, parfois sidérant de réalisme cru.

Nous sommes en effet ici spectateurs d'intrigues autour du pouvoir comparables à celles que l'on a pu voir récemment dans une série comme Succession, sauf qu'ici la moindre faute peut se payer par ... une décapitation. 

Alicia Vikander est parfaite en épouse résolue à être plus intelligente que ceux qui la menacent, et Jude Law nous tétanise par son mélange de cruauté désinhibée et de fausse douceur.

Karim Aïnouz confirme ici son nouveau statut de grand cinéaste : Le jeu de la reine parvient à être à la fois beau, intrigant et séduisant. J'ai particulièrement apprécié la direction artistique, la photographie précise et évocatrice d'Hélène Louvart et le découpage alerte du film, qui lui confère une surprenante aura de contemporanéité.

 

3e

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La vie invisible d'Euridice Gusmao

Quel souffle, quelle ampleur dans ce mélodrame tropical ! J'ai été complètement absorbé tout au long des 2h20 du film brésilien de Karim Aïnouz.

La reconstitution des années 50 est superbe, que ce soit dans les intérieurs, les rues, les véhicules, les mentalités.

Superbe et dure à la fois, puisque le film est avant tout un tableau de la tyrannie patriarcale sur la vie et le corps des femmes. La vie invisible est une charge constante et réaliste contre le machisme omniprésent.

Le substrat politique du film, évident, est sublimé par les péripéties mélodramatiques de la narration, le jeu incarné des actrices, la qualité de la mise en scène qui donne à sentir la consistance du temps qui passe. Certaines scènes sont absolument déchirantes  (la presque rencontre du restaurant, les boucles d'oreille, la mort de l'amie, les scènes finales).

C'est beau, souvent discutable d'un point de vue esthétique, pas toujours subtil. Un mélodrame pour coeur d'artichaut au long cours, sensible à la dureté intrinsèque de la vie.

 

4e

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