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Christoblog

Articles avec #gael garcia bernal

Si tu voyais son coeur

Difficile de comprendre comment il est possible de réussir et de rater à ce point un film.

La première scène par exemple est magnifique. On se retrouve projeté dans un mariage gitan extraordinairement filmé par un plan-séquence d'anthologie. 

La chronologie est très audacieuse, puisque les séquences de différentes temporalités alternent sans aucune indication spécifique : c'est donc la subtilité du scénario qui fait tenir l'ensemble debout. 

Et pourtant, malgré tous ses atouts et un casting exceptionnel pour un premier film (Nahuel Perez Biscayart avant qu'il explose dans 120 BPM, Karim Leklou très bon comme d'habitude, Gabriel Yared à la musique),  Si tu voyais son coeur ne parvient jamais à vraiment emporter le spectateur. Gael Garcia Bernal est trop mou, trop lisse. Marine Vacth est trop belle pour être crédible dans son rôle de Madonne du pauvre et leur histoire ne nous intéresse pas. Le film hésite et se perd entre plusieurs sujets : documentaire sur la communauté gitane, film de rédemption, puzzle sensoriel, histoire d'amour. La recherche de la belle image est aussi par moment un peu pesante. 

Le film de Joan Chemla est comme un kaleidoscope qui proposerait alternativement le meilleur et le pire du cinéma, tout en partant dans tous les sens. Au final, le projet du film, son intention me semble bien plus intéressant que le produit final, mal maîtrisé.

 

2e

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Neruda

Projet d'une ambition folle, mêlant un propos politique d'une précision extrême (déroutant pour le néophyte) et une maestria en terme de réalisation qui laisse pantois, Neruda pourra abandonner sur le bord de la route plus d'un spectateur. 

Il faut en effet s'accrocher pour ne pas se perdre dans le découpage tarabiscoté du film, qu'on l'envisage dans sa totalité (le film n'est qu'une immense rêverie lacunaire qui met en scène une création de Neruda) ou à l'intérieur de chaque séquence (la même conversation peut être poursuivies par les personnages dans des lieux différents).

Le résultat est une marqueterie délicate et éthérée, aux aspects tantôt fantomatiques (les flous, les surexpositions), tantôt rutilants (les travelings circulaires, les couleurs chaudes, les décors dans la maison).

C'est presque miraculeux que de ce fatras grouillant et brillant ressorte une image nette de Neruda, assez iconoclaste : cynique, dur avec les femmes, distant.

La toute fin du film, avec son onirisme plutôt "bon marché", gâche un peu à mon sens l'esthétique spectaculairement réussie que le film affichait jusque là.

Pablo Larrain sur Christoblog : No - 2012 (***) / El club - 2015 (****) 

 

3e

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No

No est un film à l'esthétique très surprenante (format carré, image un peu sale façon Super 8). Une fois passé le moment de surprise que cause ce parti-pris osé, on entre pleinement dans le film, et au fil de son déroulement il faut reconnaître que l'aspect particulier de No contribue en partie à son charme.

Ceci étant dit, un aspect visuel "normal" assurerait sans nul doute une bien plus grande diffusion au film.

Le sujet de No est à la fois original et captivant : comment un jeune publicitaire innovant arrive à faire gagner le Non lors du référendum organisé par Pinochet sous la pression internationale, en 1988.

C'est vif, alerte, et, en matière de pub, passionant comme les meilleurs cas exposés dans Mad Men. Le film est littéralement porté par un Gael Garcia Bernal magnétique, par ailleurs coproducteur du film. On est tout du long pris par le suspense de la campagne (encore plus quand, comme moi, on ignore les circonstances de cet épisode historique). L'affrontement des deux camps par spots télévisés interposés est palpitant.

Le film suprend aussi agréablement par l'aspect réaliste de ces reconstitutions, en particulier de manifestation, et par la qualité d'interprétation de tous les seconds rôles.

Un beau moment de cinéma, un cinéaste (Pablo Larrain) à découvrir.

 

3e

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