Les délices de Tokyo
Certains pourront penser que la sélection du dernier Naomi Kawase dans la section Un certain regard du festival de Cannes s'apparente à une relégation en Ligue 2, pour elle qui fut plusieurs fois dans la sélection officielle (et reçut le Grand Prix en 2007 pour La forêt de Mogari).
Ce serait une faute de goût et une erreur d'appréciation : Les délices de Tokyo est certes un film moins ambitieux dans son propos que Still the water, par exemple, mais il en n'est pas moins délectable.
Le panthéisme voilé de Kawase se teinte ici de colorations tendres qui font se rapprocher son style de celui de Hirokazu Kore-Eda.
Les éléments naturels (fleurs de cerisier, haricots rouges, lune) restent toujours les intercesseurs entre notre monde et l'autre, mais ce sont ici plus que jamais peut-être dans son cinéma les rapports entre êtres humains qui fascinent. Le plissement d'une lèvre, l'étonnement dans un oeil, un muscle de la joue qui se contracte, une larme qui fraie son chemin : les visages deviennent des reflets vivants de l'univers, et c'est magnifique.
Tout cela paraitrait bien niais si la mise en scène somptueuse de Kawase ne venait pas transcender ce réseau de solitudes croisées pour en faire une sorte d'hymne à ... à quoi exactement ? Peut-être simplement au plaisir d'être au monde.
Commenter cet article