Le monde sur le fil
Expérience bizarre hier soir au Katorza dans le cadre du festival du cinéma allemand.
3h25 de projection pour visionner un film retrouvé de Rainer Werner Fassbinder, datant de 1973, et réalisé pour la télévision.
Le scénario est diabolique. Un savant qui a conçu un ordinateur super-puissant capable d'engendrer un monde virtuel peuplé de quasi-humains disparait mystérieusement. Il est remplacé par son
adjoint. Des choses bizarres se passent, des interactions entre les deux mondes se produisent : et si le vrai monde était lui-même la création d'une machine encore plus puissante ?
En 1973 Internet n'existait pas et les jeux vidéos non plus. Le film est donc véritablement révolutionnaire et annonce par son sujet Matrix, Avatar et Inception.
Comme d'autres films de Fassbinder il a malheureusement mal vieilli. Certaines scènes sont vraiment ridicules (la chute de la palette de briques, le berger allemand, la mort finale sur le toit de
la voiture) et la longueur du film rend certains passages un peu longs difficilement supportables.
Et pourtant on ne peut qu'être absolument bluffé par certains aspects de mise en scène réellement virtuoses, à base de jeux de miroir d'une infinie complexité et filmés par une caméra vive et
tournoyante. On retrouve ainsi par éclair des éclats du génie de Fassbinder, servi ici par une pléiade d'acteurs de bon niveau, à commencer par le héros joué par Klaus Lowitsch, bloc
d'intelligence et de raison au milieu d'un univers d'étrangeté. Les personnages affichent pour certains des visages de pantin, ou portent des vêtements bizarres, dans un Paris giscardien
résolument moderno-kitsch-lynchien à la sauce 73.
Bref, une curiosité pour cinéphile que je suis content d'avoir vue, mais que je ne conseillerais pas à mes amis.
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