Le navet et le bijou rotoscopé
Deuxième journée aux Utopiales 2010.
Glenn, the flying robot (Marc Goldstein / pas de sortie en France prévue, heureusement !)
La journée commence avec un film belge particulièrement raté. Regroupant pourtant quelques acteurs d'importance, dont Billy Boyd (Pippin dans le Seigneur des Anneaux) et Gérard Depardieu, le film est d'un amateurisme sidérant, cumulant les imperfections dans tous les domaines : effets spéciaux particulièrement moches, acteurs jouant très mal, scénario brinqueballant, musique hyper-démonstrative.
Par charité on écoute le réalisateur nous parler après le film, mais ce dernier est à l'image de son film : superficiel et relativement incohérent. Je n'ai jamais vu un réalisateur à la fois donner autant de détails sur son film (5 ans de travail, 2 millions d'euros) et le défendre aussi mollement. Marc Goldstein finit même par demander notre avis : "Diriez vous que le film est grand public, ou non ?". Il répond à côté des questions et n'est même pas capable de nous dire pourquoi et comment Depardieu a échoué dans une telle galère. A la fois réalisateur, scénariste et producteur, Goldstein a visiblement manqué d'un regard extérieur pour l'aider à y voir clair sur la qualité de son oeuvre.
Le film est vendu aux US et en Allemagne (direct to DVD dans les deux cas) mais pas en France ni en Belgique, on comprend pourquoi.
Fascinante expérience de discours flottant.
Mars (Geoff Marslett / pas de sortie en France prévue, malheureusement !)
Heureusement le deuxième film de la journée est bien plus intéressant. Vu et apprécié dans de très nombreux festivals, Mars est un petit bijou improbable qui fonctionne parfaitement bien. Son mode de réalisation est très particulier : il utilise la rotoscopie, comme Valse avec Bachir.
L'univers graphique est particulièrement réussi, mais c'est surtout son ton, distancié et très second degré, qui emporte l'adhésion.
L'histoire est folle : trois astronautes vont découvrir la vie sur Mars, sur fond de compétition entre la NASA et les Européens. Tout ce petit monde est particulièrement gratiné (astronautes incompétents mais attendrissants, président des Etats Unis en stetson et fumant le cigare, journalistes de la télé idiots, responsable de la NASA ignoble, petites bestioles se développant sur Mars à partir de glaires russes) mais le film évite à la fois la facilité et la vulgarité, pour filer brillamment son scénario avec une tendre légèreté.
La salle éclate de rire à plusieurs reprise et ressort conquise : une vraie et franche réussite qui je l'espère ne subira pas le sort (direct to DVD) du beau Moon distingué l'année dernière aux Utopiales.
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