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Christoblog

Articles avec #mexique

Autoportrait #1 / Frida Kahlo

Autoportrait dédié à Trotski - 1937
National Museum of Women in the Arts, Washington

 

En janvier 1937, Léon Trotski se voit accorder l'asile politique par le Mexique, grâce à l'intervention de Diego Rivera auprès du président mexicain. Le révolutionnaire russe et sa femme sont accueillis par Frida Kahlo et son mari, fervents communistes, à Coyoacan, en banlieue de Mexico. Sur la photo ci-dessous, prise au moment de l'arrivée, Trotski semble déjà sous le charme de Frida Kahlo.

Une liaison passionnée se développe entre Frida et Trotski, d'une trentaine d'années son aîné. À la fin de cette aventure, l'artiste offre à son ex-amant, pour son cinquante-huitème anniversaire, cet Autoportrait dédié à Léon Trotski, qui sera renommé ultérieurement Entre les rideaux.

Frida se présente ici sous ses plus beaux atours : des fleurs dans les cheveux et à la main, parée de somptueux bijoux en or, revêtant une jolie robe tehuane, une belle écharpe traditionnelle (un rebozo). Sur le papier qu'elle tient à la main on peut lire : "Je dédie ce portrait à Léon Trotski, avec tout mon amour, le 7 novembre 1937. Frida Kahlo à San Angel, Mexico".

Le style du tableau est étonnamment naïf, un peu à la manière d'Henri Rousseau. Il présente Frida Kahlo comme une simple amoureuse, présentée à son amant sur une estrade, rideaux écartés, entrant en quelque sorte sur scène comme elle est entrée dans la vie de Trotski quelques mois plus tôt. La posture des bras et les vêtements de la jeune femme (elle a 29 ans) sont très similaires à ceux de la photo de leur première rencontre.

Lorsque André Breton visite le couple Kahlo Rivera en 1938, il est frappé par deux tableaux : celui-ci, et Ce que l'eau me donne, une oeuvre à consonance beaucoup plus surréaliste. Le coup de foudre artistique de Breton conduit  à l'organisation d'une exposition à Paris en mars 1939, présentant dix-huit oeuvres de Frida Kahlo. 

L'Autoportrait dédié à Trotski ne fait cependant pas le voyage de Paris. Début 1939,  il est encore en possession de Léon Trotski, accroché dans son cabinet de travail. Peu de temps après, suite à une brouille avec Rivera, Trotski quitte la Caza Azul pour une petite maison non loin de là. Il sera tué un an plus tard sur les ordres de Staline par Ramon Mercader, d'un coup de piolet dans la tête.

Cet article fait partie d'une série consacrée aux autoportraits, que je collectionne sous forme de cartes postales. Si vous souhaitez m'aider à compléter ma collection en m'envoyant une carte postale d'autoportrait, n'hésitez pas à m'envoyer un message privé par ici , je vous donnerai mon adresse postale.

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Roma

Alfonso Cuaron, habitué aux superproductions américaines, s'est lancé un véritable défi en voulant tourner un récit intimiste de 2h15, en noir et blanc, avec des acteurs inconnus. C'est d'ailleurs ce qui l'aurait conduit, selon lui, dans les bras de Netflix.

Alors que vaut finalement Roma, qui a raté Cannes pour cause de bannissement de la plateforme de streaming américaine, mais qui a remporté le Lion d'or à Venise, et qu'on ne verra pas dans les salles françaises ? 

Eh bien, difficile à dire. D'un côté j'ai été littéralement ébloui par le piqué de l'image, l'incroyable beauté du noir et blanc (qui est d'ailleurs plutôt une symphonie de gris), la perfection quasi-mathématique des cadres.

Le sentiment de réalité que dégage la direction artistique du film, l'attention portée au moindre détail, contribuent à produire chez le spectateur un sentiment de sidération qui fait apparaître le film un peu moins long que ce qu'il est.

D'un autre côté, ce que raconte Roma n'est en réalité pas très intéressant : les sentiers qu'il emprunte ont été parcourus mille fois dans l'histoire du cinéma (les domestiques sont intégrés dans la famille, mais en réalité pas vraiment dès que ça se gâte, et c'est bien triste ma brave dame). L'actrice principale est un peu trop figée dans ses attitudes pour qu'on s'intéresse à son histoire avec une réelle empathie. Le sous-texte politique n'est que grossièrement esquissé. Et si la réalisation est sous certains aspects exceptionnelle, elle verse parfois dans un maniérisme grossier (ces travellings qui, à force d'être beaux, en deviennent pénibles) qui ne sert pas l'incarnation de personnages par ailleurs assez plats.

Une demi-réussite, donc.

Alfonso Cuaron sur Christoblog : Les fils de l'homme - 2006 (**) / Gravity - 2013 (**)


2e

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Soy nero

Dans Soy Nero, le réalisateur iranien Rafi Pitts raconte l'histoire des "green card soldiers", immigrés illégaux qui s'engagent dans l'armée américaine pour obtenir la nationalité américaine après deux ans de service.

Il suit donc les traces de Nero, jeune mexicain ayant grandi à Los Angeles avant d'être expulsé, qui tente de rentrer à nouveau aux USA pour s'engager.

L'odyssée de Nero est filmée en plusieurs actes, durant lesquels il traverse la frontière, puis une partie des Etats-Unis, avant de se retrouver quelque part au Moyen-Orient. Nero fait d'étranges rencontres, dont un vieli américain qui semble avoir enlevé sa petite fille, qui s'avèrent toutes un peu bizarres, ou malsaines.

Sorte de Candide moderne qui observe avec étonnement le comportement de ses semblables, il progresse dans des plans magnifiquement mis en scène, tendu placidement vers son but : devenir américain.

Rafi Pitts est ici épaulé par le grand scénariste roumain Razvan Radulescu (qui travaille habituellement avec Muntean et Mungiu), et le film gagne dans cette collaboration une coloration étrange et souvent séduisante, à l'image de cette scène curieuse dans le champ d'éoliennes.

Sans être renversant, Soy Nero est très intéressant, d'une beauté parfois frappante. Il peine toutefois à générer de l'émotion, préférant s'adresser au cerveau qu'au coeur. On pourra regretter certains de ses choix conceptuel, à l'image de ce dernier plan, dont l'interprétation est inutilement laissée à la libre interprétation du spectateur.    

Rafi Pitts sur Christoblog : The hunter - 2010 (**) 

 

2e

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Chronic

Le cinéma de Michel Franco est très pénible à regarder.

C'était déjà le cas avec la jeune fille martyrisée de Después de Lucia, ça l'est ici avec le personnage de David, aide-soignant qui s'occupe des malades en fin de vie à leur domicile - et les aide parfois à mourir.

Difficile de ne pas penser à Amour, de Michael Haneke, tant Michel Franco, 36 ans, semble inscrire ses pas dans ceux de son illustre aîné autrichien : même capacité à regarder froidement les êtres humains se débattre dans leurs douleurs, même façon de jouer les démiurges en conduisant le film là où ils veulent bien le mener, et même aura de bienveillance auprès des ... jurys cannois !

Pour autant, le jeune mexicain est un ton en dessous de Haneke sur tous les domaines. Sa mise en scène est quelconque, son scénario bégaye et il finit son film de la pire des façons qui soient : par un fait divers. Sa direction d'acteur est également très pauvre, les personnages étant caricaturaux et très prévisibles.

Dans ce cinéma du systématisme et de la lourde démonstration, on cherchera en vain l'étincelle d'imagination qui le ferait échapper au ridicule.

A conseiller donc aux férus de cinéma de l'humiliation (tendance excréments et vomissements), qui ne souhaitent en aucun cas être surpris par le développement de l'intrigue.

Michel Franco fera bien mieux, un peu plus tard dans sa carrière, avec le très beau Memory.

 

1e

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Les drôles de poissons-chats

Alors évidemment, on pourra dire que ce film est un effroyable tire-larmes reposant sur une intrigue minimaliste : une jeune fille solitaire rencontre à l'hôpital une femme malade du SIDA et s'incruste dans sa famille.

Cela serait sans compter avec la grande délicatesse qu'emploie la réalisatrice, Claudia Sainte-Luce, pour décrire chacun des membres de cette famille un peu dysfonctionnelle. Martha a en effet 4 enfants de 3 pères différents : Alejandra, la plus grande, doit assumer beaucoup de responsabilités, Wendy est en surpoid et les deux petits derniers, Mariana et Armando, doivent gérer leurs sentiments complexes... Parce que la mort est bien présente dès le début du film, et planera jusqu'au bout sur cette singulière équipe. 

Le plus intéressant dans le film est la façon dont la jeune fille, Claudia, s'insère progressivement dans le dispositif familial, dans lequel chacun souffre en silence, et comment elle prend sa part de douleur.

Le final, qui enchaîne une virée désespérée à la mer, des plans en voiture très émouvants, puis des plans fixes sur chacun des 5 personnages, est calibré pour vous arracher des larmes, et au vu des multiples reniflements, sortie précipitées en enlevant ses lunettes, pinçage discret de nez, il atteint parfaitement son but.

La mise en scène très fluide de la réalisatrice fait de ce premier film mexicain un très joli moment.

 

3e    

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Heli

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le nouveau film d'Amat Escalante sort le spectateur de sa zone de confort.

Presque tout dans le film contribue à ce qu'on se sente mal à l'aise en le voyant : étirement de certaines scènes, violences atroces, ellipses surprenantes à certains moments où on craint un plan insoutenable, personnages mutiques, narration éclatée, explosion de violence, tension constante. 

Soyons donc clair : Heli n'est pas un film facile, n'est pas un film facilement aimable. C'est par contre un superbe morceau de cinéma : Escalante y déploie une science de la mise en  scène qui est sidérante. Beaucoup de plans dans le film (le premier par exemple) sont à montrer dans les écoles de cinéma : beaux, magnifiquement cadrés, admirablement éclairés. 

Le tableau général qui est dressé d'une certaine réalité mexicaine (l'usine, l'instructeur américain) est éclatant de cruauté. La force d'Escalante est de manier à la fois le symbolisme (la nuit étoilée, la porte éclairée dans la nuit) et le naturalisme le plus cru (le recensement, la torture intégrée au quotidien).

Certes, la vision que propose le film de la nature humaine est particulièrement noire et terrible, mais l'impression qu'il dégage est tellement vraie, que beaucoup d'autres films paraissent factices à ses côtés.

Une épreuve pour le spectateur, une sorte de Méduse cinématographique.

 

3e    

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Rêves d'or

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/082/21008216_20130524171837548.jpgJ'aurais aimé dire beaucoup de bien de ce film mexicain qui a reçu un bon accueil critique un peu partout, et qui est fort méritant.

La démarche de Diego Quamada-Diez consiste à nous montrer la réalité de l'éprouvant voyage des migrants d'Amérique centrale à travers le Mexique, vers les USA.

Pour ce faire, il utilise un style quasi documentaire, faisant tourner des acteurs non professionnels castés dans les quartiers les plus pauvres du Guatemala.

Le résultat est certes parfois impressionnant par son caractère sec comme un coup de trique, par son découpage tour à tour vif ou contemplatif, et enfin par la violence sourde qui émane de certaines scènes.

Il est aussi, malheureusement, fort ennuyeux la plupart du temps. Les jeunes personnages peinent à générer de l'empathie (surtout les deux jeunes garçons, relativement transparents) et leur aspect continûment mutique fatigue un peu. Les scènes les plus lentes provoquent une douce torpeur dans l'esprit du spectateur, et l'enchaînement d'aventures tristes dans lesquelles sont entraînés naïvement les jeunes victimes paraît à force relever du systématisme. Les réactions des jeunes acteurs semblent bien peu contrastées au fur et à mesure de leur progression, qui tourne pourtant au drame.

Le film a été tourné en Super 16, probablement pour revêtir un aspect documentaire plus marqué, et l'image présente un gros grain assez laid, ce qui n'aide pas à aimer le film.

De bonnes intentions, qui ne donnent pas forcément un bon film, comme on le sait.

 

2e

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Post tenebras lux

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/20/70/20102674.jpgCertains films ont été à l'évidence conçu pour m'atteindre personnellement.

Albert Serra (Le chant des oiseaux), Bela Tarr (Le cheval de Turin) et donc aujourd'hui Carlos Reygadas, semblent avoir constitué une sorte de confrérie visant à abattre mon moral, à saper mes certitudes en matière de beauté et à attaquer la solidité de mon amour pour le cinéma.

Alors oui, la première scène est géniale. On y voit un enfant, des animaux, un format d'image bizarre et une lumière envoutante. Elle dure cinq minutes.

Toute la suite du film s'avère une longue décomposition narrative, pénible, et insultant l'intelligence du spectateur, un assemblage de scènes qui ne se raccordent en aucune façon.

Ainsi Reygadas montre alternativement du rugby (eh oui, il aime ce noble sport, encore heureux qu'il ne soit pas fan de curling), une partouze dans un sauna parisien (Reygadas aime-t-il cela autant que le rugby ?), des considérations sur la nature et les arbres, une famille attaquée dans une maison isolée, des enfants énervants, un personnage qui arrache sa propre tête et un diable cornu. Ne cherchez pas à comprendre, c'est la pire des erreurs que vous puissiez commettre, car Reygadas vous accule dans cette impasse esthético-sentimentale : si vous m'aimez, aimez moi sans comprendre, vous dit-il. Mais avec moi, ça ne marche pas, Monsieur, j'ai une plus haute conception des relations unissant un créateur et son public !

Le pire de Wheerasetakhul et de Malick assemblé, sans leur grâce, voilà ce que propose Reygadas.

Le film a reçu un prix à Cannes 2012 (je ne souhaite pas me rappeler lequel), et Reygadas le ramassa en méprisant ouvertement la presse qui n'avait pas été tendre avec lui : ce cinéaste est à l'hermétisme prétentieux et poseur ce que Jean-Marie Bigard est à la vulgarité.

 

1e

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Ici et là-bas

Il arrive qu'on sorte d'une salle de cinéma en pensant simplement : "Quel beau film".

Cela n'est pas si fréquent, les films étant souvent ratés, impressionnants, amusants, affreux, hilarants, légers, intenses, surprenants... mais rarement simplement beaux.

C'est pourtant bien l'adjectif qui vient à l'esprit après la projection du premier film d'Antonio Méndez Esparza, tourné au Mexique.

De quoi s'agit-il ? D'un musicien mexicain qui a été contraint de s'expatrier aux USA, et qui revient dans sa famille. Il retrouve sa femme, qui est enceinte et va accoucher, et ses deux filles, qui ne l'ont pas vu depuis longtemps. Il cherche du travail, monte un groupe de musique, et cherche simplement à vivre une vie douce et heureuse.

Le film n'est pas plus qu'une tentative de filmer le bonheur, mais il l'est intégralement. Le jeu des acteurs et actrices respire la sincérité et la sensibilité. La mise en scène est superbe, à base de plans assez larges et souvent fixes. L'acuité, la douceur, la tendre exigence du regard que le réalisateur pose sur son histoire et ses personnages rendent le film unique.

Si parfois on pourra trouver Aqui et alla un peu lent, c'est parce qu'il prend son temps pour décrire les sentiments des uns et des autres. Les moments de joie ou de tension sont captés par une caméra hyper-sensible, et donnent des moments d'intense beauté, comme ce long plan-séquence durant lequel Pedro joue de la guitare, où un de ces derniers plans où l'on voit les deux jeunes soeurs converser à propos du départ de leur père.

Au final, Ici et là-bas est un film à conseiller à tous ceux qui aiment un cinéma calme et attentif. Le jury de la Semaine de la Critique 2012, présidé par Bertrand Bonello, ne s'y est pas trompé, en lui discernant son Grand Prix.

 

3e

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Después de Lucia

Después de Lucia commence comme un film sur le deuil (on comprend dès les premières scènes que la mère est décédée dans un accident de voiture) et évolue rapidement vers le sujet du harcèlement chez les adoslescents.

Les deux sujets peuvent apparaître associés dans le même film d'une façon factice, mais en réalité les réactions d'Alejandra, et en particulier lors de la scène pivot où elle se laisse filmer pendant un rapport sexuel, s'expliquent probablement à la lumière du drame qu'elle vient de vivre.

Si elle semble forte et résolue au début du film, on comprend vite qu'elle compense le désespoir du père sans avoir elle-même effectué l'intégralité de son travail de deuil.

Le film est dur, mais il n'est curieusement pas très émouvant. On a en réalité envie de dire à la victime : mais bouge un peu, réagit, dénonce, ne sacrifie pas ton besoin de socialiser à ta dignité d'être humain (une impression déjà éprouvée récemment à la projection de Compliance). Evidemment, dans les cas de harcèlement, les choses sont très complexes et ma réaction est foncièrement injuste (j'en suis conscient), surtout si on ajoute la problématique du deuil - qui conduit peut-être à une espèce d'auto-punition, voire de masochisme.

En ce qui concerne la réalisation du jeune mexicain Michel Franco, on peut dire qu'elle est aussi glaciale que possible. Caméra fixe qui enregistre froidement des situations très cruelles, mutisme borné de certains personnages, ellipses diverses, plans de coupe semblant sans rapport avec l'intrigue, décors signifiants filmés commes des états d'esprits : la manière évoque irrésistiblement Haneke. Je l'ai remarqué, et je pense que je ne serai pas le seul.

Ceux qui suivent Christoblog savent à quel point le cinéma de l'autrichien m'indispose par son minimalisme outrancier et sa sourde complaisance, celui de Michel Franco me semble intellectuellement plus honnête, les effets y sont moins démonstratifs et le rythme mieux tenu.

Au global, je reste toutefois assez mitigé sur le résultat. Globalement je me suis plutôt ennuyé, mais au lendemain de la projection une trace tenace du film subsiste, notamment dûe à un dernier plan d'une précision et d'une cruauté assez effrayante, associé à un troisième sujet, la vengeance.

Verdict : à voir par curiosité, et avec un moral plutôt au top.

 

2e

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Miss Bala

J'ai vu ce film lors du Festival des 3 continents 2011, et j'en garde un souvenir ému.

Le film commence comme un nième opus sud-américain montrant comment une fille pas très riche cherche à briller en s'inscrivant à un concours de beauté (et je jure qu'elle a des atouts - cf photo ci-contre !).

Mais très vite, elle se trouve emportée dans une affaire criminelle, malgré elle, dont elle ne va pas parvenir à sortir. Le film fonctionne donc sur un principe type "After Hours", enchaînement haletant et inévitable de situations de plus en plus problématiques pour l'héroïne, jusqu'à un climax ... dont je ne parlerai pas.

Miss Bala est un thriller de haute qualité, que nombre de productions US pourraient prendre en exemple.

L'actrice principale, outre sa plastique exceptionnelle, donne un visage résolu et rationnel à cette aventure un peu abracadabrante. On guette avec elle la moindre échappatoire, et le film est absolument réaliste de ce point de vue. Il est servi par des acteurs très crédibles (le malfrat à sang-froid est glaçant) et une production haut de gamme (rien de moins que Diego Luna et Gabriel Garcia Bernal aux manettes). Miss Bala a représenté le Mexique aux Oscars, et il donne du pays un tableau en creux qui, s'il n'est pas flatteur, est passionnant.

Des sensations, de l'émotion, du suspense, de l'exotisme, je conseille vivement Miss Bala.

 

3e

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Alamar

Alamar est le type de film chéri des festivals (Toronto, Rotterdam, Miami, Toulouse, Berlin, La Rochelle, San Francisco, Buenos Aires ...).

A mi-chemin du documentaire et de la fiction minimaliste, il nous présente comment un enfant issu d'une union mixte (sa mère est italienne, son père mexicain) va vivre le temps des vacances avec son père et son grand-père, entre hommes, isolés sur une des plus grande barrière de corail du monde, dans le Golfe du Mexique.

Dans ce genre de film, comme il ne se passe quasiment rien (pêche, lecture, lutte, dessin, hamac, crocodile, héron, rencontre parcimonieuse d'autres humains, nettoyage des bateaux,  pluie), l'intérêt ne peut être maintenu que par un art évolué de la mise en scène et de la direction d'acteur, et encore plus du montage.
 
Alamar, de ce point de vue là, fonctionne très bien et justifie sa moisson de prix festivalière.

Le film possède une saveur particulière que le spectateur gardera longtemps en tête, saveur composée de noblesse des corps et des âmes, de pieds qui ressemblent à des mains, de simplicité retrouvée, de nature bigger than live. Le père et le fils, à la vie comme à l'écran, sont superbes de naturel et de complicité respectueuse. Les rapports humains semblent dans le film mis à nu, désossés, débarrassé de toute graisse superflue (comme les corps). La caméra, très proche des acteurs, scrute avec une rare perspicacité la découverte mutuelle d'un fils et de son père.

Un beau film.

2e

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La zona, propriété privée

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/65/86/46/18906895.jpgLes critiques concernant le premier film mexicain de Rodrigo Pla sont trop bonnes.

Car ce dernier vaut essentiellement par son sujet. Un lotissement de luxe, hyper protégé des favellas alentours, vivant en quasi aurtarcie, est tout à coup pénétré par un corps étranger : quelques voleurs qui profitent d'un accident pour s'introduire dans l'espace sacralisé. Que va-t-il se passer ? Comment les habitants, la police, l'extérieur vont ils réagir ?

A partir de ce thème assez excitant (dont certains articles lus dans la presse disent qu'il ne reflète que timidement la réalité), Pla va dérouler un récit assez prévisible, mais efficacement mené.

Le résultat est suffisamment anxiogène pour avoir attiré l'attention du plus grand nombre. De mise en scène il n'est pas vraiment question, mais ce n'est pas le plus important.

Il reste du film certains plans, comme celui du terrain de golf sur fond de favella, impressionnant.

 

2e

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