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Christoblog

Belle épine

Quel beau film.

Bien sûr, les esprits chagrins diront qu'il ne s'y passe grand-chose. Ils chichiteront ici ou là, oubliant qu'il s'agit d'un premier film.

C'est qu'ils n'auront pas vu cette extraordinaire sensibilité que tous les visages expriment, cette profondeur de la mise en scène discrète et sensuelle. Travail sur la profondeur de champ, sur le cadre, les couleurs, les mouvements de caméra, les premiers plans : on ne peut qu'être admiratif devant la maestria de la jeune réalisatrice, même si parfois ce brio tourne à la démonstration un peu vaine (le plan des motards se passant le pot d'échappement - à l'évidence inspiré de Rembrandt, ou la performance très théâtrale du cousin en juif rebelle). 

Partout la mort rôde. Dans un tatouage. Dans le coeur de Prudence. Dans une flaque d'huile. Dans une écharpe. Dans un fantôme. Partout la mort. L'amour n'est pas vraiment au rendez-vous. Alors quoi ? Le vent dans les cheveux, l'ivresse de la nuit et de la vitesse, le désir. Prudence éprouve durant tout le film ce que la dernière scène (le sonotone amplifie le son de la rue) montre de façon méthaporique : un éveil des sens, amplifié par le deuil. 

On souhaite un grand grand avenir à Rebecca Zlotowski qui signe ici un film d'une grande qualité qui confirme un certain renouveau du cinéma français(e). Les jeunes filles sont à la mode, filmées par des filles (ou pas) : La vie au ranch, Des filles en noir. Tant mieux.

 

3e

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E
toi aussi tu la trouves méga bonne Léa Seydoux ? :)
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B
Je partage l'avis de Valzeur. Ce film est d'une insipidité absolue. Les motos ? où ? l'émotion ? La vie au ranch et celui ci = deux navets. Vraiment pas aimé.
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C
Les esprits chagrins peuvent donc avoir de l'esprit, comme le démontre valzeur.
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V
on est un degré et demi au dessus de la Vie Au Ranch, c'est-à-dire qu'on sort péniblement de la tourbe grâce à la photo, la BO, Léa Seydoux et Agathe Schlencker. Sinon, pas grand chose à en dire : un peu de trauma blafard qui déborde les coutures du scénario ; deux univers - juifs religieux et motards sauvages - totalement loupés par le film (on pourrait remplacer les courses clandestines par du surf ou du water-polo, personne ne se rendrait compte de rien) ; l'habituelle tragi-comédie du dépucelage avec un arrière-goût de reviens-y (déjà fait pour Prudence qui n'a pu voir le mâle attribut - d'où le titre Belle (E)Pine). On baille rien qu'à écrire ces quelques lignes. Rien d'incarné - un peu Léa, encore trop lisse ; pas mal Agathe (poulbotte à suivre). Les garçons ectoplasmiques ne sont pas regardés. Rebecca Z. ne s'intéresse en fait qu'à la petite résilience de son personnage ("Maman est morte, mais je peux enfin voir le monde, et qui sait, bientôt me faire tr*ncher par des gars d'un meilleur acabit"). C'est dire comme c'est passionnant ! Résumé : médiocre et plutôt dispensable (ceci dit, à côté de La Vie au Ranch, Belle Epine, c'est quand même Les 400 coups)
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F
Tout à fait d'accord ! (une fois n'est pas coutume ;-) ). Une très belle sensibilité. On a hâte de voir la suite pour cette jeune réalisatrice.
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