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Christoblog

Articles avec #festival des 3 continents

Gazette du Festival des 3 continents 2020

 

21 novembre

Premier jour du Festival en direct de mon canapé, via le site Festival Scope. Mon voyage commence à Lagos, avec le joli film Eyimofe (This is my desire) (4/5) de Arie et Chuko Esiri. On suit un homme qui veut partir en Espagne, et une jeune femme, qui souhaite rejoindre l'Italie avec sa soeur enceinte. Le film est sobre et convaincant, doté d'une photographie qui magnifie les couleurs africaines. Le tableau de la vie dans la capitale nigériane est prenant. Une réussite qui a écumé les festivals du monde entier cette année (Berlin, Londres, Vienne, Sao Paulo) et marque sans conteste l'avènement de deux réalisateurs d'importance.

Le Festival propose, lors de séances publiques sur Festival Scope, une rétrospective de plusieurs films qui ont marqué son histoire en remportant la plus haute récompense. J'enchaîne donc avec Les derniers jours d'une ville (3/5) de l'égyptien Tamer El Saïd, Montgolfière d'Or 2016. Il s'agit d'une fiction qui se donne tous les aspects de l'auto-fiction. On suit un cinéaste qui ne parvient pas à terminer un film, alors que sa mère se meurt et que sa copine quitte l'Egypte. Très construit, ce film élégiaque et mélancolique, dont la fabrication s'est étendue sur dix ans, est un beau portrait du Caire, saisi juste avant le printemps arabe.

En soirée, je retrouve le prolifique Hong Sang-Soo,pour la Montgolfière d'Or 2014, Hill of freedom (4/5).  Le film est de l'essence de HSS à l'état pur : 66 minutes de marivaudages rohmérien teintés de métaphysique et générant une infinité de réflexion sur la vie et le cinéma, le tout dans un style hyper-minimaliste. 

 

22 novembre

Direction l'Argentine pour le premier film de la journée, en compétition. Le documentaire Las ranas (1/5) nous fait découvrir le quotidien d'une jeune femme qui rend visite à son gars en prison. C'est glauque et très cru, assez pauvrement mis en scène, et sans grand intérêt. Le réalisateur, Edgardo Castro, est un des acteurs du film fleuve La flor.

Fin du week-end en Azerbaïdjian, avec un autre des films en compétition : Bilesuvar (2/5) d'Elvin Adiguzel. On suit successivement l'itinéraire de cinq personnes qui n'intéragissent pas entre elles. Cette succession de vignettes dessine un tableau de la vie dans ce district reculé d'Asie Centrale, à travers les rêves et les difficultés rencontrés par chacun. Le film, sans démériter (belle image et acteurs attachants), ne parvient toutefois pas à captiver, du fait du caractère anecdotique de ces tranches de vie.

 

23 novembre

Montgolfière d'or (et Léopard d'or à Locarno) 2015, Kaili blues (4/5) mérite sans conteste son statut de film culte.

Le premier film de Bi Gan commence comme beaucoup de films chinois contemporains : un réalisme grisâtre, une narration assez peu alerte et légèrement déstructurée. La première partie est donc est assez quelconque, même si l'intérêt est maintenu par des plans intrigants (qu'on comprendra plus tard être des flashbacks) et certaines incises poétiques foudroyantes de beauté (un train qui surgit dans un appartement miteux, une horloge dessinée dont les aiguilles se mettent à tourner). Et tout à coup, un plan séquence de 41 minutes surgit, incroyable voyage initiatique dans le temps et l'espace, préparé par la première heure du film. Ce procédé, d'une beauté sidérante, sera repris avec encore plus de maestria dans son deuxième film, le splendide Un long voyage vers la nuit. Il est rare d'avoir aussi nettement la sensation d'assister à la naissance d'un cinéaste majeur.

 

25 novembre

Ce soir j'ai regardé Days (2/5) de Tsai Ming-Liang, qui n'est pas sorti en salle (on comprend pourquoi) et n'a été visible que sur Arte.

Le cinéaste taïwanais pousse ici à ses extrémités son cinéma, de plus en plus en intellectuel. Days est une succession de très longs plans fixes montrant souvent des personnages immobiles, dépouillé de tout enjeu narratif, totalement muet, exposant deux solitudes qui vont se croiser le temps d'un rapport sexuel tarifé. Le film durerait probablement de l'ordre de dix minutes, si chacun de ses plans était "normal" : il constitue donc un exercice (un peu vain) d'étirement d'une durée aléatoire. Le résultat n'est pas totalement inintéressant, mais relève plus de l'art contemporain que du cinéma. Contrairement à nombre de critiques, je n'ai ressenti aucune émotion en le regardant et si certains plans sont très beaux, je trouve que c'est loin d'être le cas de tous. Une expérience qui nécessite patience et sous-textes.

28 novembre

Très joli documentaire vu aujourd'hui : Makongo (4/5), d'Elvis Sabin Ngaibino. Le film, très doux, suit deux pygmées de République Centrafricaine, André et Albert, qui vendent des chenilles comestibles au marché de Bangui pour financer l'inscription à l'école d'enfants de leur village.

Tout est agréable dans ce film : le découpage resserré, la mise en valeur de la personnalité si attachante des deux personnages principaux, la beauté des images, l'intensité de certaines scènes (le décès du bébé, les premières leçons, le tirage au sort final), la violence du racisme dont semblent victimes les pygmées. Il faut espérer que le film trouve le chemin des salles, ce qui n'est pas certain. 

 

29 novembre

Découverte d'un futur grand réalisateur, le mongol Byamba Sakhya, dont j'ai pu voir aujourd'hui le très bon Bedridden (4/5), en compétition.

Le film est d'abord d'une beauté époustouflante, avec son noir et blanc très contrasté, sa mise en scène maîtrisée, et ses acteurs et actrices très cinégéniques. Le propos du film, dans ses dialogues comme dans l'entrelacement des histoires, rappelle la distanciation de Hong Sang-Soo, avec ici en plus un talent spécifique à créer des ambiances très différentes suivant les époques et les milieux sociaux.

Une réussite majeure qui en appelle d'autres. 

 

Palmarès 2020

Deux montgolfières d'or ex-aequo décernées cette année. La première décernée au film coréen Moving on, de la coréenne Yoon Dan-Bi, précédé d'une très flatteuse réputation depuis sa projection au festival de Busan. La seconde au documentaire Zero, de Kazuhiro Soda, un documentaire sur le départ en retraite d'un psychanalyste.

Une mention spéciale a été attribuée à l'affreux Las ranas, dont je disais le pire ci-dessus. 

 

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Festival des 3 continents 2020

Le Festival des 3 continents ne peut évidemment pas se tenir physiquement cette année, mais vous pouvez tout de même participer à quelques séances en ligne, en vous inscrivant 24h à l'avance, principalement pour voir des films qui ont marqué le Festival. Tout est expliqué sur le site du Festival. Beaucoup de très bons films dans ce best of : A la folie, Shokuzai, Kaili blues, Au revoir l'été, Hill of freedom

La compétition est également maintenue, et comme le Festival a eu la gentillesse de me donner un accès à la plateforme dédiée au jury et à la presse, je pourrai vous parler des films qui y figurent.

Je suis particulièrement intéressé par Kokoloko, le nouveau film du mexicain Gerardo Naranjo, dont j'ai adoré Miss Bala. On dit beaucoup de bien également du film coréen Moving on de Yoon Dan-Bi, déjà multi-primé, notamment à Rotterdam.

Un des défis de ce Festival en chambre sera de regarder le film fleuve Les travaux et les jours (de Tayoko Shiojiri dans le bassin de Shiotani), de CW Winter et Anders Edstrom, présenté à la Berlinale, et dont la durée est de... 8h38 !  

A bientôt, virtuellement de Nantes.

 

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Gazette du Festival des 3 continents 2013

http://fr.web.img5.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/210/544/21054428_20131031170113166.jpg19 novembre

Excellente ouverture, hier soir au Grand T. Après les discours des officiels toujours un peu compassés (les communicants qui les écrivent ont vraiment du mal à éviter d'y placer une citation de Godard, piquée au hasard sur Google), on a pu apprécier la grande culture cinématographique du boss, Jérôme Baron, ainsi que son sens de l'humour.

Alors que la concurrence du foot était dure, la salle était bourrée à craquer pour assister à la projection du délicieux The lunchbox (4/5), de Ritesh Batra. Le film, qui avait séduit à Cannes, où il était présenté à la Semaine de la Critique, est assez exceptionnel de maîtrise. Tour à tour amusant et touchant, servi par d'excellents acteurs, c'est une franche réussite sur laquelle je reviendrai lors de sa sortie en décembre.

 

http://fr.web.img1.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/210/387/21038748_2013091111493073.jpg20 novembre

Deuxième soirée au Festival avec Leçons d'harmonie (4/5), film kazakh de Emir Baigazin, présenté en compétition à Berlin cette année.

Si le film n'évite pas totalement les défauts du film d'auteur d'Asie Centrale (une certaine complaisance pour le jeu d'acteur hiératique, une obsession pour le plan fixe qui traine en longueur), il faut lui reconnaître une belle densité et une faculté à nous surprendre par ses développements.

La photographie est somptueuse, et l'immersion dans un collège kazakh lambda tout à fait dépaysante. Le film n'a pas encore de date de sortie.

 

21 novembre

Ce soir, excursion improbable dans le cinéma chinois des années 30, comme seul le F3C peut le permettre. L'arrivée du printemps parmi les hommes (1/5) (1937) est un mélo joyeux, si on peut dire, et un peu simpliste. Il montre comment la joie et le rire, incarnés dans un jeune homme insouciant, peut dérider une jeune fille battue, avant que la guerre n'emporte cette joie de vivre. Le film vaut pour la modernité de certains mouvements de caméra, par l'originalité du jeu des acteurs et par son étonnante proximité avec le cinéma occidental (Griffith, le néo-réalisme). Malheureusement, le déplorable état de la copie (bande-son inaudible, rayures et griffures, variation brusque de la luminosité) empêche de goûter pleinement cette plongée de 80 ans dans le passé chinois.

Je suis tout de même impressionné (comme toujours en pareil cas) par l'étendue des continents cinématographiques qui restent à découvrir dans l'espace-temps de l'histoire du cinéma mondial.

 

http://fr.web.img2.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/210/068/21006802_20131028172153901.jpg22 novembre

Présentation en avant-première d'un documentaire très intéressant qui sort mercredi prochain, L'escale (3/5). Le réalisateur, Kaveh Bakhtiari, est suisse d'origine iranienne. Lorsqu'il apprend que son cousin iranien est en prison en Grèce, il le rejoint et partage le quotidien de sept iraniens sans papier en transit à Athènes, tentant de rejoindre l'Europe occidentale. Je reviendrai dans les jours qui viennent sur ce beau film, qui était présenté à la Quinzaine cette année.

Dans la foulée, j'assiste à la projection en compétition de El mudo (2/5),des frères Daniel et Diego Vega, dont j'avais apprécié le premier film Octubre. Ce deuxième film dessine le portrait d'un juge très raide qui devient muet suite à un coup de feu. Le mutisme du héros et la nonchalance du synopsis rendent le film un peu ennuyeux, bien que la mise en scène soit remarquable, et le ton original. El mudo était en compétition à Locarno cet été.

 

23 novembre

Salle comble au Katorza pour A la folie (5/5), documentaire fleuve de 3 heures et 48 minutes, tourné quasi intégralement à l'intérieur d'un hôpital psychiatrique du Yunan. Une fois de plus Wang Bing revient à Nantes, qui l'a découvert il y a bien longtemps avec A l'ouest des rails. Le film est une nouvelle fois absolument magnifique. 

Un chef d'oeuvre, qui semble littéralement dresser une cartographie intime de l'âme humaine. Après un tel film, impossible d'aller voir autre chose, ce sera donc un samedi soir à la maison.

 

24 novembre

Pour mon dernier jour au Festival, le très prolifique (et alcoolisé ?) Hong Sang-Soo nous invite à goûter sa petite musique dans son dernier opus Sunhi (4/5). Le film peut être qualifié d'"essence de Hong Sang-Soo" tellement il concentre de traits caractéristiques de son oeuvre dans un film qui semble vraiment être une épure. C'est délicieux, et plus le film avance, plus sa complexité délicate et recherchée se révèle. Du HSS minimaliste et essentiel.

 

25 novembre

Le Palmarès est tombé hier soir :
Montgolfière d'or pour Au revoir l'été de Koji Fukada
Montgolfière d'argent pour 'Til madness do us part de Wang Bing
Prix du public pour Bending the rules de Behnam Behzadi

A l'année prochaine !

 

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Festivals des 3 continents 2013

Pour la quatrième année consécutive je serai présent et accrédité au Festival des 3 continents, dont je vous conseille le site officiel.

Programme encore plus alléchant que les autres années, je trouve.

Pour ma part, j'essaierai de voir a minima les films suivants :

- The Lunchbox, film indien, qui fera l'ouverture et a reçu un bon écho à la Semaine de la Critique 2013
- Leçons d'harmonie, Ours d'argent de la meilleure contribution artistique au dernier festival de Berlin
- Les chiens errants de Tsai Ming-Lian, Grand Prix à Venise 2013
- Rêves d'or (La jaula de oro) de Diego Quemada-Diez qui à reçu un prix à Un certain regard cette année et dont la Croisette disait beaucoup de bien
- Our sunhi, le nouveau film du très très prolifique Hong Sang Soo (encore ?!?)
- 'Til madness do us part de Wang Bing, nouveau documentaire fleuve de 4 heures tourné dans un asile psychiatrique chinois par mon réalisateur fétiche, très bien accueilli au dernier festival de Venise

... et bien sûr tout cela sans compter les surprises, découvertes et friandises comme les films qui constituent la rétrospective du cinéma de Shanghai dans les années 1920/1950 (voir l'article des Cahiers du cinéma de novembre - page 82/89), ou ceux du panomara du cinéma brésilien contemporain.

Du très haut niveau cette année, à suivre sur Christoblog dans la Gazette du festival.

 

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Gazette du festival des 3 continents 2012

22 novembre

J'ouvre mon compteur avec un film en compétition, It's a dream (2/5), premier film de l'iranien Mahmoud Ghaffari. Outre le léger vertige d'être parmi les premiers spectateurs au monde à le voir en salle, le film me procure des sensations mitigées. Au rayon des + : un tableau au vitriol de la société iranienne, une fine observation des acteurs et une grande précision dans la mise en scène, le sentiment d'une urgence de cinéma dû sans doute au tournage sans autorisation.

Du côté des - : un côté bavard qui ennuie dans la première partie, des ellipses narratives non maîtrisées qui nuisent à la clarté du récit, un scénario bancal, une fin en trompe l'oeil. Le film est bien sûr sorti en clandestinité d'Iran, Ghaffari nous dira peut-être comment (il arrive demain à Nantes). A noter que Téhéran, ici gris et neigeux, est beaucoup moins photogénique que d'habitude.

 

23 novembre

Hier soir, j'ai pu voir la mini-série de Kiyoshi Kurosawa Shokuzai (5/5), dans sa version longue pour la première fois en Europe (la version projetée à la Mostra était écourtée). Je reviendrai sur cette expérience hors norme dans un article détaillé très prochainement, mais je peux vous dire que la salle était absolument scotchée du début (vers 18h45) à la fin (vers 0h30).

Les cinq épisodes sont tous différents, parfaitement maîtrisés comme du grand cinéma et excitants comme une série. Un plaisir total. Vous pouvez retrouver ici mon article sur Shokuzai.

 

24 novembre

Un des plaisirs du F3C : se lever le week-end, sauter dans ses chaussures et entrer dans une salle à 10h du matin pour découvrir un film qu'on ne verrait jamais autrement. Ce matin c'était pour un film souvent oublié dans la filmographie du grand Johnnie To : Yesterday once more (3/5), un film très curieux mais attachant, mi comédie sentimentale mi mélodrame, que je critiquerai dans un article dédié. On reconnait la patte Milkyway : c'est vif, très pro, et magnifiquement joué.

Ce soir, direction le Concorde pour un film en provenance d'Arabie Saoudite, et réalisé par une femme s'il vous plait ! Wadjda (5/5) a été chaleureusement accueilli à la Mostra. C'est un film modeste mais délicieux que je vous conseille pour deux raisons : sa petite interprète est éclatante de fraîcheur et son caractère documentaire sur la vie quotidienne dans une banlieue de Ryad est passionnant. Bonne nouvelle : le film sera distribué en France et sortira en février, il aura donc droit à un article sur Christoblog.

 

25 novembre

Pas de grasse matinée ce matin, pour être à l'heure à la projection de Sailor suit and machine gun (2/5), dans le cadre de la rétrospective consacrée au réalisateur japonais méconnu Shinji Sômai. A noter que Kiyoshi Kurosawa nous a raconté en introduction une amusante anecdote : il était assistant sur ce film et lors d'une scène de violence où son rôle était de dire Coupez ! si un incident se passait, il ne l'a pas fait, et la jeune actrice s'est blessé à la joue (ce qu'on voit très bien à l'écran). Il dit en avoir tiré comme leçon de ne jamais franchir certaines limites lors de ses propres tournages.

Sinon, le film est une bonne illustration de la façon de filmer de Sômai, tout en long plans-séquences très construits. L'intrigue un peu zarbi (une jeune écolière se voit désignée boss d'un gang de yakuza) donne lieu à un traitement réaliste et légèrement déjanté. C'est plutôt agréable à suivre mais j'ai tout de même trouvé le style (certains effets, la bande-son, la qualité de l'image) très daté et un peu trop hétéroclites à mon goût. Il y a dans les effets de décalages et dans la cruauté froide des éléments qui me rappellent les films de la Nikkatsu (cf F3C 2011). 

Encore un grand moment à saveur vénitienne en soirée avec la projection de Three sisters (5/5) de Wang Bing, un de mes cinéastes préférés, auteur du mythique A l'ouest des rails. Le film a reçu le Prix Orizzonti à la Mostra. 2h33 minutes d'un documentaires sur 3 petites filles d'un village du Yunnan, on pourrait croire ça chiant, et c'est extraordinaire. Je reviendrai très bientôt dans un article détaillé sur ce film remarquable.

 

26 novembre

Dernière séance pour cette année avec un film de la Milkyway : The longest nite (1/5) de Patrick Yau (1998) produit par Johnnie To et Wai Ka-Fai, avec Tony Leung. C'est un bon exemple de ce que Hong-Kong peut produire de plus dingue, mélange complètement dérangé de violence caricaturale, d'image de qualité très moyenne, de scènes d'action hyper-speed, de zooms/dézooms à la machette, de musique disco et de scénario tarabiscoté. Impossible de me forger une opinion vraiment arrêtée tellement le film est typé dans son milieu et son époque, et tellement éloigné de nos canons esthétiques. Ca ne dure qu'une heure et quelques, et heureusement.

 

Palmares

A ma grande joie Three sisters de Wang Bing remporte la Montgolfière d'or et le Prix du Public, après son prix à Venise ! La Montgolfière d'argent va à Beauty de l'argentine Daniela Seggiaro et le film coréen Sleepless night remporte une mention spéciale. 

 

A l'année prochaine.

 

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Festival des 3 continents 2012

AfficheF3C2012-.jpgC'est reparti pour l'institution nantaise que représente le Festival des 3 continents. Vous trouverez tous les détails sur le site officiel du Festival.

Parmi la plantureuse programmation, voici quelques films qui m'attirent :

- dans la sélection officielle, les deux films de mes pays fétiches, Sleepless Night du coréen Jang Kun-Jae et It's a dream de l'iranien Mahmoud Ghaffari, ainsi que le dernier documentaire de Wang Bing : Three sisters, très bien accueilli à la dernière Mostra

- la rétrospective Shinji Sômai, réalisateur japonais majeur et quasiment inconnu en France

- la rétrospective de films produits par la Milkyway Image, compagnie fondée par Johnnie To, qui sera présent à Nantes

- la mini-série Shokuzai de Kiyoshi Kurosawa projetée en sa présence et dans son intégralité (5 heures)

Mes aventures à suivre dans une gazette, bien entendu.

 

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Gazette du festival des 3 continents 2011

22 novembre

Ouverture ce soir du festival des 3 continents. Discours poussifs pleins de poncifs des autorités autoritaires (Conseil général, Nantes Métropole, Conseil régional, DRAC) égrenant les citations, les formules langue de bois et insultant au passage les films (... parfois trop longs (sic), d'après le grand escogriffe qui cite Rilke pour faire le malin). Pensums sans originalité aucune, heureusement balayés par la passion bien réelle de Charlotte Garson et Jérôme Baron, responsables de la programmation. 

En ouverture, le dernier film de Hong Sangsoo, un de mes réalisateurs fétiches : The day he arrives (4/5). Comme d'habitude, la petite musique du coréen me plait, cruelle, bavarde, alcoolisée. Ici teintée d'une sorte de mélancolie ouatée, en noir et blanc. Moins construit et réussi toutefois à mon avis que le récent HA HA HA.

 

24 novembre

En passant devant le Cinématographe à 21h30, je m'arrête voir un film japonais de 1963, Dancer in Izu (3/5), projeté dans le cadre de l'hommage à la Nikkatsu, cette grande major asiatique, l'égale de la 21th Century Fox et de la MGM. Quel plus grand plaisir de s'asseoir dans une salle de cinéma pour voir un film dont on ne sait rien, et que personne ne verra probablement jamais ? Le projectionniste nous annonce qu'il y aura un noir de 15 secondes à chaque changement de bobine, c'est l'aventure intégrale. Le film s'avère être un mélodrame tout à fait plaisant. Un étudiant tombe amoureux d'une jeune fille (un peu simple) comédienne itinérante. Cette dernière sort de l'enfance et tombe amoureuse. Dans une ambiance à la fois naïve, délicieusement rurale et en même temps mortifère, l'intrigue s'avère être sous ses dehors doucereux un tableau au vitriol d'une certaine société japonaise sacrifiant ses jeunes filles sur l'autel de la prostitution. Le scénario est tiré d'une nouvelle de Kawabata.

 

25 novembre

Ce soir, soirée spéciale compétition. Je commence par People mountain, people sea (2/5), auréolé de son récent succés à Venise (Lion d'argent qui récompense le meilleur réalisateur). Le film est plastiquement beau, mais dégage un ennui qui amène directement au sommeil. La trame scénaristique (une vengeance) n'est qu'un prétexte pour montrer la Chine d'aujourd'hui, à la manière d'un Wang Bing ou d'un Jia Zhang-Ke. Les plans s'étirent à l'infini, le personnage principal est mutique, les scènes sont en partie incompréhensibles. Le réalisateur Shangjun Cai était dans la salle pendant la projection, j'espère qu'il n'a pas été trop vexé en entendant les nombreux spectateurs qui quittaient la salle avant la fin.

Le film suivant est un long-métrage taïwanais un peu hype, Honey Pu Pu (1/5) qui se la pète grave, si je puis me permettre. Ca commence pas si mal avec des mélanges curieux de high tech, d'effets spéciaux post-production, d'informatique, de sms, et puis le film dérape vers un salmigondis de considérations pseudo-philosophique agrémentant une histoire de trio amoureux adolescent pas passionnante. Il se conclut par une fin-queue de poisson qui laisse entrevoir l'existence d'univers parallèles, ou quelque chose dans ce goût là. Le réalisateur Cheng Hung-I voudrait bien que son film soit un manifeste poétique post moderne, il n'est finalement qu'un long clip new age.

Mauvaise soirée, ça arrive.

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/39/56/19810924.jpg26 novembre

Bien meilleure journée que hier. A 18h, je vois le deuxième film chinois de la compétition officielle, The sword of idendity (3/5), du réalisateur Xu Haofeng, qui était lui aussi présenté à la Mostra de cette année. Il s'agit d'un wu xia pan, c'est à dire d'un film de sabre historique. Le prétexte en est à la fois simple (deux étrangers arrivent dans un village et luttent pour créer leur école de combat) et infiniment compliqué, les grilles de lecture en étant multiples comme le montre cet excellent article. Au final, un agréable divertissement, aux images souvent magnifiques. Le film n'est pas dénué d'humour.

Le temps de retrouver Anna de passage à Nantes, et nous voilà en train de visionner Marché sexuel des filles (4/5), de Noboru Tanaka, un roman porno de 1974. Le film s'avère être un OVNI cinématographique montrant une succession de tableaux oppressants, décrivant la vie d'une prostituée dans le vieux Osaka. C'est cru, et extrêmement cruel. On ne sait pas trop en regardant le film si on doit être outré, révolté, séduit, tant le cinéaste nous égare dans un labyrinthe de sensations différentes, en utilisant une palette d'effets sidérante (du frustre noir et blanc à la couleur, des cadres sages à la caméra pris de vertiges). Un film hallucinant, à la fois pénible à regarder et passionnant.

 

27 novembre

Les deux films vus dans le cadre de la rétrospective Nikatsu m'ayant beaucoup plu, je me risque à en voir un troisième : A colt is my passport (2/5) 1967, de Takashi Nomura. Cela commence comme un polar stylé à la Melville, puis dérive tout doucement en hommage au western spaghetti avec un final "face à face" sur un immense terrain vague. Le motel où se réfugie les deux héros ressemble à un saloon, et un des deux chantonne même en s'accompagnant à la guitare (on s'attend à entendre I'm a poor lonesome cowboy). Intéressant mais très naïf, et moins ébouriffant que le roman porno de hier soir. ,

Soirée dans la salle 4 du Concorde, bourrée comme un oeuf, et ses fauteuils si confortables pour un film qui l'est beaucoup moins : Miss Bala (4/5).Un thriller très efficace et élégant qui nous fait partager la descente aux enfers d'une jeune mexicaine qui veut devenir Miss Basse Californie, se trouve impliquée par hasard dans une fusillade et va devenir un jouet entre les mains des différentes parties. Le film est centré sur l'actrice Noe Hernandez, très convaincante, et se vit comme un long tunnel dans lequel la pauvrette est obligée d'avancer. Redoutable, malgré une fin inutilement complexe et quelques facilités. Le film représentera le Mexique aux Oscars.

 

28 novembre

Le palmarès vient de tomber :

Montgolfière d'or pour Saudade, film fleuve du cinéaste-ouvrier Katsuya Tomita. Le film met en scène groupe de hip hop et communauté de nippo-brésiliens danseurs de capoeira. Il dessine un tableau sans concession d'un certain naufrage social. Le film avait été remarqué à Locarno.

L'argent va à People mountain people sea, critiqué plus haut. Le prix du jury récompense le film israélien Policeman de Nadav Lapid.

 

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Festival des 3 continents 2011

http://eastasia.fr/wp-content/uploads/2011/11/F3C11400.jpgA partir de mardi, Christoblog sera présent (et accrédité) au Festival des 3 continents, qui comme chaque année mettra en valeur le cinéma d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique.

Début des réjouissances mardi soir avec l'ouverture, et la projection de The day he arrives de Hong Sangsoo, je l'espère en sa présence. Un film dont j'attendais impatiemment la sortie en France.

Au programme cette année : une compétition comprenant 10 longs-métrages (je tenterai d'en voir au moins la moitié), une rétrospective consacrée à une grande major japonnaise, la Nikkatsu, un hommage au cinéaste mexicain Arturo Ripstein, et un autre à l'indien Mani Kaul, récemment décédé.  Des films hors compétition, un cycle sur les héros, et une soirée spéciale Benshi (si vous ne savez pas de quoi il s'agit, je tenterai de vous expliquer)

Le festival se cloturera par la projection du film de Jafar Panahi, Le miroir, qui constituera probablement un grand moment d'émotion.

A bientôt, en direct de Nantes, de Thaïlande, de Sri Lanka, du Brésil, d'Israel, de Chine et d'ailleurs...

Site officiel du F3C

 

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Gazette du festival des 3 continents 2010

22 novembre

C'est parti : après les traditionnels (et trop longs) discours des officiels, le 32ème festival des 3 continents est ouvert.

Les quelques mots de Pedro Gonzales Rubio, le réalisateur d'Alamar (3/5), racontant comment son grand-père l'a emmené sur les lieux de tournage d'un de ses films (présenté à Venise) après de longues hésitations ("there were only graves there") est particulièrement touchant.

Alamar, à la fois documentaire et fiction, donne à voir la vie de pêcheurs dans le Golfe du Mexique. C'est minimaliste, très proche de la nature et les images du film restent longtemps en tête.

 

24 novembre

Gesher (1/5) est le premier film d'un jeune réalisateur iranien né en 1981. Il suit la vie de Ghobad, Jahan et Nezam, trois iraniens descendus dans le sud du pays, pour essayer de gagner de l'argent. Leur salaire est tellement faible que les trois hommes vivent dans un tronçon de pipe-line.

Le film souffre des habituels SFPD (Syndromes des Films Pauvres mais Dignes) : surabondance de plans fixes d'une durée éprouvante, rares dialogues, scénario squelettique, acteurs inexpressifs, absence de rythme. On ne s'intéresse que très partiellement à nos trois compères qui ne vivent que des évènements anecdotiques et sans grand relief.

C'est tellement ennuyeux qu'on a parfois envie qu'une bombe explose. Sinon, il faut reconnaître au film une image magnifique, un sens du cadre très juste, et un intérêt : nous montrer des visions de sites industriels époustouflantes (de nuit notamment). La région est en effet un immense site de production de gaz naturel.

 

26 novembre

Vision très éprouvante du film Le fossé (4/5) de Wang Bing, une fiction qui a toutes les allures d'un documentaire, et qui nous montre la vie dans un camp de rééducation chinois, dans les années 60. Voir mon article détaillé.

 

27 novembre

J'en avais un peu marre des films lents. Qu'ils soient bons (Le fossé) ou mauvais (Gesher). Ouf, enfin un film qui a un semblant de rythme dans la partie compétition du festival.

Avec The high life (2/5), voici un montage à un rythme normal, avec des personnages auxquels on s'attache : un arnaqueur, une prostituée amoureuse, une jeune villageoise débarquant à Canton. La première partie, agréable, nous plonge dans la vie de ces "villages urbains", typiques des mégapoles chinoises grandissant à toute vitesse et englobant les anciens ilots traditionnels. Vers le milieu de film, ce dernier bascule vers une autre dimension complètement zarbi (un gardien de prison obligeant les détenus à déclamer ses poèmes, aux connotations sexuelles explicites) qui est très plaisant.

Le réalisateur, présent en fin de séance, nous avoue que cette personne existe vraiment et joue son propre rôle (magie du festival, sinon on aurait du mal à y croire !). Un bon moment, typique de ce cinéma chinois de la sixième génération où les réalisateurs tournent librement - mais sachant que leur film ne sera pas distribué en Chine, contrairement à ceux de la cinquième génération, au moins dans leur deuxième partie de carrière (Chen Kaige ou Zhang Yimou).

Si le résultat est joyeusement foutraque et finalement ne constitue pas vraiment un ensemble tout à fait cohérent, on devine que Zhao Dayong est un réalisateur à suivre : sa mise en scène est en effet à la fois élégante et efficace. La photographie du film est aussi très belle.

 

29 novembre

Dimanche sous la neige à Nantes. Et magie du public du F3C, la séance de 16 h pour un film ouzbek de 1972 refuse du monde ! La salle 1 du Katorza est pleine à craquer.

La septième balle (3/5) est une vraie gourmandise de spectateur. Non de cinéphile, mais de simple spectateur. Rendre compte d'un objet de ce type n'est pas entreprise facile mais je vais essayer : imaginez une situation de western classique, des décors arides absolument magnifiques, des acteurs qui parlent russe et portent de drôles de chapeaux (les ouzbeks semblent être le peuple le plus imaginatif dans le domaine chapelier, voir cette sorte d'algue verte sur un crâne chauve), des situations burlesques, un acteur principal au charisme imposant (on le surnomme le Toshiro Mifune centre asiatique), des scènes d'action, du politiquement non correct, une histoire d'amour, une musique classy évoquant à la fois les James Bond et le jazz moderne.

Voilà le mélange détonnant que propose ce classique du cinéma d'action ouzbek, dirigé de main de maître par Khamraev, "le Martin Scorsese de l'Asie centrale" selon Ouest France ! Que des pans entiers de la cinématographie mondiale nous restent totalement inconnu me chagrine toujours (pff, le film n'a même pas de fiche dans Allociné). C'est donc un plaisir énorme de voir le voile se lever un peu.

Palmarès 

Pas de chance : je n'ai vu aucun des films primés dans la compétition.

La Montgolfière d'or revient au film documentaire colombien Los abrazos del rio, de Nicolas Rincon Gille, qui mêle légendes autour du fleuve principal du pays (le Magdalena) et chronique sur les exactions des paramilitaires. J'avais repéré avant le début du festival le blog de tournage du réalisateur, intéressant.

La Montgolfière d'argent va au film paraguayen Cuchillo de palo (108), un autre documentaire, qui enquête sur les traces d'un des 108 homosexuels arrêtés et torturés sous la dictature Stroessner.

Le prix du jury va enfin à The fourth portrait, film taiwanais de Chung Mong-Hong, qui semble marcher dans les pas d'Edward Yang et dont j'ai critiqué le premier film, assez original : Parking. J'écrivais dans mon billet : "un réalisateur à suivre"... Il faut espérer qu'on puisse voir ces trois films en sortie française.

A l'année prochaine en direct du F3C.

 

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Festival des 3 continents 2010

F3C2010Christoblog sera en direct (et accrédité) au 32ème festival des 3 continents, à Nantes, du 23 au 30 novembre 2010.

L'occasion de faire le plein de films souvent vus et/ou primés dans les grands festivals (Cannes, Berlin, Venise, Locarno...).

J'essaierai de voir au moins la moitié des films en compétition, à savoir :

108-Cuchillo de palo de Renate COSTA (Paraguay)
Gesher de Vahid VAKILIFAR (Iran)
Jean Gentil de Laura Amelia GUZMÁN & Israel CÁRDENAS RAMÍREZ (République Dominicaine)
Los abrazos del rio de Nicolás RINCÓN GILLE (Colombie)
Novena de Enrique COLLAR (Paraguay)
Post Mortem de Pablo LARRAÍN (Chili)
The ditch de WANG Bing (Chine)
The fourth portrait de CHUNG Mong-Hong (Taiwan)
The high life de ZHAO Dayong (Chine)

D'autres films hors compétition paraissent très intéressants, comme Mundane History, le premier film de l'autre thailandais : Miss Anocha Suwichakornpong. A noter également des rétrospectives Ali Khamraev (cinéaste ouzbek) et une intégrale sur le grand réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambety.

Le site officiel du F3C.
 

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