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Christoblog

Articles avec #judith godreche

L'art d'aimer

L'art d'aimer est constitué de petites histoires qui ne se connectent que de façon très artificielle.

Ces petites histoires font entendre une musique bien particulière, qui est celle de Mouret : un couple éprouve ses sentiments en tentant un adultère croisé, une femme mûre souhaite céder à ses désirs et en informe son mari, un jeune homme meurt avant d'avoir connu le véritable amour, une jeune femme propose à une amie de coucher avec son mari ("je suis pour le partage des richesses"), etc.

Le hic, c'est que cette fois-ci, la petite musique sonne un peu faux. Cela est probablement en partie dû à la structure bancale du film, mais aussi à la prestation des acteurs/actrices, qui surjouent tous et toutes de façon notable.

Un casting pourtant trois étoiles dont personne ne sort indemne, et surtout pas Frédérique Bel, qui tourne ici pour la troisième fois avec Mouret, pour son plus mauvais rôle. Le souci vient peut-être aussi du fait que ce film n'est ni caustique, ni profond, contrairement à beaucoup d'autres films de Mouret qui sont soit l'un, soit l'autre.

Du coup, le caractère un peu ampoulé des dialogues (renforcé par la voix off de Toron) fait plus penser à une parodie de Rohmer qu'à la verve casanovienne à laquelle Mouret nous a habitué.

La dernière histoire est la seule à intéresser vaguement, grâce au jeu de Judith Godrèche sur le mode très bourgeois qui faisait le sel de Un baiser s'il vous plait. Malheureusement sa résolution convenue en forme de happy end ne la rend pas plus sauvable que le reste.

Le marivaudage est donc un peu insipide pour cette fois.

 

2e

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Potiche

Etonnant et jouissif.

Je n'attendais pas grand-chose de Potiche. Une collection de personnalités frenchies bankable pour un salmigondis indigeste : j'avais déjà prévu l'intro de ma descente en flamme.

Et puis zut, je me suis passablement marré. Catherine Deneuve y trouve probablement le meilleur rôle de sa fin de carrière : elle y déploie une palette très étendue, épouse bafouée, femme de tête, politicarde, ex-nymphomane, en gardant toujours un maintien absolument parfait et un positivisme renversant. Toute en subtilité. Du grand art : triple bravo !

Luchini est parfaitement en phase avec son personnage, goujat archétypal, et  son association avec Karin Viard est très plaisante. Judith Godrèche et Jérémie Renier sont parfaits. Seul Depardieu est une fois de plus un ton en-dessous, et son embonpoint augmente dramatiquement à chaque film : d'ici peu, il devrait avoir explosé comme l'obèse du Sens de la vie, des Monty Python.

L'intrigue se déroule tranquillement dans une atmosphère boulevardière agréable, et délicieusement pimentée à la sauce seventies. On a droit à des allusions à l'actualité (casse toi pauv'con) et à une réflexion finalement assez intéressante sur ce qui a changé (ou pas) depuis ces années-là.

Ozon affiche un mauvais goût assumé et adulte qui tranche franchement sur les tergiversations habituelles d'un certain cinéma français. Cet aspect du film, qui rappelle par plusieurs côtés les audaces de  Demy (les couleurs, les sentiments - et les retours de bâton - assumés, les chansons, Catherine Deneuve), est le plus intéressant. Il culmine dans une dernière scène abracadabrante mais parfaite.

Film concept et film plaisir, film sûr de lui et pas si bête  : il faut aller voir Potiche.

 

3e

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L'auberge espagnole

Ayant passé quelques jours à Barcelone la semaine dernière, j'ai eu l'idée de regarder l'auberge espagnole hier soir, que curieusement je n'avais jamais vu.

Côté Barcelone, le film montre quelques incontournables : le parc Guell, la Sagrada Familia, Barceloneta, le téléphérique qui relie le port à Montjuich. Il donne aussi une bonne vision de l'énergie et de la beauté de la ville, à travers un joli patchwork de ruelles antiques et fleuries, de murs taggés, d'avenues cossues.

Côté cinéma : que dire ? Klapisch me laisse souvent sans voix, tellement ses films peuvent paraître naïfs, démonstratifs, mal ficelés, tape à l'oeil, inconsistants, et en même temps pleins d'énergie, présentant en général de très belles galeries de personnages, et intégrant ici où là une scène particulièrement réussie (ici Cécile de France en lesbienne apprenant à Romain Duris comment draguer). Klapisch, c'est vraiment Lelouch en plus jeune.

Finalement on ne passe pas un mauvais moment (en particulier grâce à un casting féminin de jeunes actrices effarant : Cécile de France, Judith Godrèche, Audrey Tautou, Kelly Reilly). On se demande un peu pourquoi le film a pu prendre un aspect culte : peut-être parce qu'il montrait aux parents ce que faisaient vraiment leurs enfants dans le cadre du programme Erasmus ?

 

2e

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Fais moi plaisir

Emmanuel Mouret est injustement méconnu.

Son précédent film, Un baiser s'il vous plait, était une merveille de comédie. Fais moi plaisir, bien que nettement moins bon, est plaisant à regarder.

Dans sa première partie on retrouve la verve rohmérienne qui faisait mouche dans un Baiser, mélange improbable et parfaitement efficace de propos à sous-entendus salaces, de banalités affligeantes énoncées (comme) en alexandrin, et de moues expressives.

A partir du moment où le héros (Mouret himself) pénètre à l'Elysée, la comédie devient plus visuelle - façon Tati, Sellers ou même Buster Keaton. C'est moins convaincant à mon sens, même si la mécanique parfaitement huilée fonctionne très bien.

Un vent frais dans la comédie française.

 

2e

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