Dalton Trumbo
Dalton Trumbo souffre a priori des habituelles limites des biopics américains : la mise en scène est un peu fade, le degré d'audace très faible et le point de vue trop ouvertement hagiographique.
Cependant, impossible de nier le grand plaisir que j'ai eu à voir ce film. Le mérite en revient probablement au jeu exceptionnel de Bryan Cranston, et à la qualité de seconds rôles admirablement castés : John Goodman délicieux en Frank King, producteur de séries Z, Louis C.K. émouvant en ami malade, Helen Mirren détestable en journaliste haineuse, etc.
Nul doute que le film emporte l'adhésion par son casting incroyablement bien réussi.
Le second point fort du film est de présenter par le détail l'incroyable destin de ces 10 d'Hollywood, marqués au fer rouge par le Maccarthysme pour ... n'avoir rien fait, finalement. Le film éblouit par la démonstration qu'il fait de la nuisance du préjugé d'intention : nos conspirateurs ne conspirent pas, ils avouent juste des opinions en sympathie avec les communistes. Ils ne manifestent pas, n'agissent pas, ne tentent rien. Et sont pourtant condamnés. Leurs accusateurs, pourtant sans arguments, ne seront au final défaits que par un lent processus de délitement, semblant au final démontrer que le bons sens l'emporte sur la bêtise.
En présentant deux gentils fort dissemblables (Kirk Douglas et Otto Preminger), le film finit par attirer définitivement notre sympathie. Il donne également envie de revoir Vacances romaines ou Exodus.
Un excellent moment de cinéma.
Dalton trumbo, scénariste et réalisateur, sur Christoblog : Johnny got his gun (***)