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Christoblog

Articles avec #laurent lafitte

Les barbares

La bande annonce du nouveau film de Julie Delpy a un grand mérite : en se contentant de montrer quelques images du tout début du film, elle ne dévoile rien de l'intrigue. L'humour qu'elle révèle est par contre lui tout à fait représentatif de l'ensemble du film : chaque personnage sera enfermé dans le carcan d'une caricature pré-définie, dont il ne sortira pas, ou peu.

Les barbares oscille donc constamment entre bien-pensance téléphonée, mièvrerie assumée (oh, les jolis amoureux) et une causticité parfois mordante, mais qu'on aurait aimé plus constante.

Au final, le problème du film est à mon sens qu'il ne semble choisir qu'un seul camp : celui du "tout le monde est finalement gentil", à l'image du happy end idyllique qui semble renvoyer tous les protagonistes au pays des bisounours, Laurent Lafitte compris, encore une fois connard d'exception.

A chaque fois qu'une réplique porte en siphonnant habilement une série de clichés (comme lorsque le garde-champêtre sort un impayable "Vous êtes sûrs que ce ne sont pas des Roms") on souhaiterait que la machine s'emballe encore un peu plus, et que tous les personnages soient poussés dans leur derniers retranchements. Ce n'est malheureusement pas le cas. Le résultat final, s'il le laisse regarder grâce à un certain nombre de qualités de fabrication (écriture solide, finesse d'observation), manque trop de goût pour attirer vraiment l'attention.

Dans un casting qui ne démérite pas, Jean-Charles Clichet m'a tapé dans l'oeil, dans un rôle de maire dépassé, naïf et mielleux : une composition que seul Philippe Katerine aurait pu assumer avec autant de brio.

Julie Delpy sur Christoblog : La comtesse - 2010 (**) / 2 days in New-York - 2012 (**)

 

2e

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Le comte de Monte-Cristo

On pourrait citer beaucoup de qualités à propos de ce blockbuster français : l'intelligence de l'écriture qui respecte le génie feuilletonnant du roman, la musique de Jérôme Rebotier, le casting impressionnant.

Mais ce qui est pour moi la caractéristique principale du film, et sa spécificité, c'est la modeste efficacité avec laquelle il a été conçu et réalisé. Ici, pas d'effet numérique ostentatoire, pas de scènes d'action inutiles, pas de modernisation accessoire dans le scénario : tout ce qui est montré est utile, tout ce qui est filmé fait avancer l'intrigue.

A l'image de cette sobriété bienvenue, la composition de Pierre Niney m'a paru saisissante. L'acteur auquel on peut souvent reprocher un gentil (mais parfois envahissant) cabotinage est ici parfait. Joyeux sans excès dans la première partie, puis intelligemment sombre dans la seconde, sans jamais se départir de cette assurance dans la vengeance qui semble alors lui tenir lieu de personnalité. Il illustre merveilleusement l'idée de génie de Dumas : faire d'un gentil congénital un méchant obstiné.

Toute cette affaire est mené tambour battant jusqu'à un combat final qui résume les qualités du film : sans esbroufe, raisonnablement cruel, sous un ciel nuageux et peu flatteur.

Si le casting est absolument parfait (et je pèse mes mots, tout le monde est proche de ce qu'il peut faire de mieux), j'aimerais distinguer Anaïs Demoustier, qui campe une Mercedes d'exception, et dont la moindre des expressions fait véritablement vibrer l'écran. 

Du beau cinéma grand public, à la française.

Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière sur Christoblog : Le prénom - 2012 (***)

 

3e

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Le Petit Nicolas - Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?

C'est un sentiment ambivalent que génère ce film.

D'un côté, l'aspect biographique qui concerne les deux protagonistes (Goscinny et Sempé) est assez intéressant, et leur amitié est bien rendue. Sans être renversant, cette partie du film peut vous donner un éclairage nouveau sur les deux compères, et plus particulièrement sur la vie de Goscinny.

De l'autre, les séances d'animation qui mettent en scène les histoires du Petit Nicolas sont un peu trop sages pour être vraiment captivantes. Un fumet désuet se dégage de ces illustrations sages, dont on ne sait s'il découle du récit originel de Sempé ou de l'adaptation insipide qu'en propose le film.

Ce n'est pas que les histoires soient en elle-même simplistes mais leur portage à l'écran semble les renvoyer ... à un autre siècle.

Le film peine donc à emporter l'assentiment, par excès de conformisme respectueux. 

 

2e

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Tout le monde aime Jeanne

Ce premier film de Céline Devaux est plutôt réussi.

Blanche Gardin y joue de façon assez drôle (bien qu'un peu monotone) une jeune chef d'entreprise dépressive qui retourne à Lisbonne vider l'appartement de sa mère. Cette dernière s'est jeté d'un pont, après avoir essayé d'appeler ses deux enfants, qui n'ont pas répondu à cette ultime tentative de communication.

Sur la base de ce pitch lugubre, le film parvient à nous attendrir et à nous amuser, notamment par la grâce de petites séances d'animation qui représentent ce qui se passe dans le cerveau de Jeanne. Le petit personnage aux longs cheveux, double de Jeanne, représente successivement mauvaise conscience, pensée évanescente et petit diable tentateur. Ce procédé donne au film un rythme alerte et décalé, qui s'estompe malheureusement un peu dans sa deuxième partie.

Laurent Laffite en histrion kleptomane et Maxence Tual en frère doux et attentionné complète le joli casting de Tout le monde aime Jeanne, qui brille aussi par une jolie direction artistique (l'appartement de la mère est un personnage à part entière). Le point fort du film est aussi en quelque sorte son point faible : la grave légèreté qui séduit initialement menace sur la longueur de se transformer en superficialité un peu vaine.

Un moment plaisant tout de même.

 

2e

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Guermantes

Le nouveau film de Christophe Honoré, plus ou moins improvisé, filme la troupe de la Comédie Française au moment où le spectacle qui devait être monté par Honoré lui-même va être annulé pour cause de Covid.

Guermantes est ainsi un des premiers vrais films post-confinement. C'est aussi un incroyable hommage au métier d'acteur et à l'esprit de troupe.

Honoré confirme ici ses immenses qualités de réalisateur. Le film n'est pas simplement beau et intéressant, il est inspiré, et même habité. La direction d'acteur sublime les performances d'un casting de rêve : Dominique Blanc, Loïc Corbery, Elsa Lepoivre, Laurent Lafitte et tous les autres sont formidables.

On se laisse complètement happer par l'évolution erratique d'un intrigue qui n'en est pas vraiment une, mélange de tranches de vie réelle (Lafitte veut montrer la bande annonce de L'origine du monde à tous ses copains), exploration poétique d'un lieu de théâtre incroyablement photogénique (le théâtre Marigny) et finalement, sincère hommage à Marcel Proust.

Guermantes est un poème visuel et sensuel, une oeuvre de cinéma comme on en voit peu.

Christophe Honoré sur Christoblog : Les chansons d'amour - 2007 (****) / La belle personne - 2008 (***) / Non ma fille, tu n'iras pas danser - 2009 (**) / Les bien-aimés - 2011 (****) / Métamorphoses - 2014 (***) / Plaire, aimer et courir vite - 2017 (***) / Chambre 212 - 2019 (****)

 

4e

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L'origine du monde

L'origine du monde est une comédie qui n'est pas très drôle, construite sur un pitch qui se veut à la fois transgressif et bizarre (attention, spoil à suivre) : pour faire rebattre son coeur, Jean-Louis doit donner une photo du sexe de sa mère à une guérisseuse.

Toutes les péripéties qu'on voit à l'écran ne sont que des saynètes qui progressent lourdement vers le but ultime que j'ai énoncé en introduction.

Le film est globalement indigeste dans son intention et pataud dans sa réalisation, alternant maladroitement des styles différents, de l'introspection inquiète (les scènes d'introduction et leurs gros plans signifiants) au burlesque débridé (les acteurs qui se déshabillent), sans que l'amalgame ne prenne jamais vraiment.

Si l'ensemble ne tient que moyennement la route, il subsiste tout de même ici où là quelques éclairs drôles et une curiosité : voir pour une fois Vincent Macaigne en autre chose qu'en bobo barbu aux yeux de cocker. Quant à Laurent Lafitte, j'espère qu'il est dans la vie moins hautain et désagréable que son personnage : sa prestation le soir de l'avant-première à l'UGC de Lille permet d'en douter.

 

2e

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Nous finirons ensemble

Tout ce qu'on pouvait dire de mal à propos des Petits mouchoirs peut être ici redit avec autant de force.

En vrac, et sans être très original, on peut déplorer la pauvreté du scénario qui n'effleure que les drames profonds pour ne s'intéresser qu'aux coucheries de tous les personnages, l'aspect promo-clip du bassin d'Arcachon et cette fois-ci de l'initiation au saut en parachute, l'impression désagréable d'entre-soi chichiteux, les plans mièvres et/ou clichés (dont les couchers de soleil, mon Dieu !), le cabotinage de certains acteurs (Cluzet en fait trop et Garcia est insupportable), etc.

L'impression que donne au final le film, c'est que Guillaume Canet est un réalisateur enthousiaste et techniquement plutôt bon, qui ne peut malheureusement pas s'empêcher de commettre inévitablement d'énormes fautes de goût.

C'est d'autant plus dommage que le film commence beaucoup mieux qu'il ne finit. La première demi-heure est plutôt agréable, prodiguant une ambiance en demi-teinte d'ouverture de maison et de ressassements mélancoliques. Cotillard, Lelouch et surtout Lafitte sont alors tous plutôt convaincants.  

A voir éventuellement si vous avez vu le premier, pour vous faire une idée. Pour moi, c'est kif-kif.

 

2e

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L'heure de la sortie

Le film part d'une bonne idée : le professeur d'une classe de surdoués se suicide. Son successeur (Laurent Lafitte, assez peu convaincant) enquête sur un groupe de six  jeunes, beaucoup trop lucides pour leur âge.

Le problème est que le réalisateur, Sébastien Marnier (on lui doit Irréprochable), lorgne dans beaucoup de directions sans en choisir vraiment une. Le film oscille donc entre une enquête fantastique à la mode de Stephen King, un thriller messianique façon Jeff Nichols et une chronique sociale ... à la française. 

L'heure de la sortie est au final une mayonnaise ratée : les effets fantastiques (les bêtes sauvages envahissent la ville, l'électricité varie mystérieusement d'intensité, les cafards sortent de l'évier) surnagent comme de l'huile au-dessus d'un magma informe qui comprend des seconds rôles ratés, une intrigue étirée à l'excès, un évident manque d'imagination et une scène finale très moche.

De bonnes intentions et une ambiance de mystère qui par instant fait mouche : voilà ce qui sauve le film de l'échec total.  

 

2e

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Au revoir là-haut

J'aimerais pouvoir dire beaucoup de bien de ce film : Albert Dupontel m'est sympathique (j'ai adoré 9 mois ferme), le casting est épatant et le scénario est sur le papier un des plus attrayant que le cinéma français a produit ces dernières années.

Mais curieusement, je ne suis jamais vraiment entré dans le film. La virtuosité un peu vaine de la caméra de Dupontel convient assez mal au caractère noir de l'histoire, comme d'ailleurs les décors ripolinés et la photographie bien léchée.

On n'est jamais loin de la caricature, ou a minima d'une sorte de BD dans laquelle les personnages seraient croqués à grand traits, dans un style un peu trop net pour être réellement intéressant. 

Quelques aspérités du livre sont gommées, à l'évidence dans le but de rendre le film à la fois plus spectaculaire et plus aimable : le fait que ces arrangements soient effectués avec la bénédiction de Pierre Lemaitre, qui a participé au scénario, ne les rend pas moins inutiles.

Ceci étant dit, le film se laisse regarder, un peu comme une série de samedi après-midi pluvieux : il ne prête guère le flan à la critique frontale, sauf peut-être pour les détracteurs de l'esthétique à la Jean Pierre Jeunet. Il y a en effet un peu du style de ce dernier dans Au revoir là-haut.

A vous de voir.

 

2e

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Elle

Cela faisait bien longtemps qu'un film ne m'avait pas autant captivé, de sa première image, un plan inoubliable sur le regard d'un chat, à la dernière. 

La grande réussite de Elle, c'est ce pouvoir, complètement perdu dans la plupart des films d'auteur aujourd'hui, de surprendre son spectateur de plusieurs façons différentes.

L'intrigue d'abord, particulièrement tordue, et dont je ne dévoilerai rien, qui multiplie les surprises et les coups de théâtre. Je ne parle pas ici de la principale ligne narrative, somme toute prévisible, mais de toutes les autres : la relation au père, les intrigues dans l'entreprise de jeux vidéo, l'évolution des relations entre les personnages, la relation au fils. 

Les réactions de Michèle, le personnage principal, constituent le deuxième facteur d'étonnement du film. J'ai été complètement bluffé par Isabelle Huppert, qui ici sublime son rôle dans un style qui lui colle à la peau : on ne sait jamais ce que cette diablesse va inventer. 

On aura rarement vu un personnage féminin plus décapant, plus intransigeant et plus désirant que celui-ci. Ce qu'elle dit est souvent en même temps plein de bon sens et profondément dérangeant. 

Verhoeven, par ses choix de montage et de mise en scène, accentue au maximum tous ces effets et dynamite littéralement une certaine qualité française dans son film : il coupe court des scènes qu'on s'attend à voir durer, il en invente d'autres qu'on se dit n'avoir jamais vu (le sang dans la mousse de la baignoire), il construit des rapprochements improbables. 

Elle est donc un film qui ne respecte rien, si ce n'est l'irréfragable liberté de son personnage principal. C'est jouissif.

 

4e

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Tristesse club

Tristesse club cumule tous les poncifs du film d'auteur français récent : road movie provincial (merci le financement des régions), fratrie dissemblable réunie à l'occasion de la disparition de la figure paternelle, scènes décalées à la limite de l'irréel, masculinité défaillante.

Vincent Mariette ne parvient jamais à transcender son histoire improbable et ses stéréotypes marqués : Laurent Lafitte en super beauf (mais au fond, c'est un garçon si sensible), Ludivine Sagnier minaudant en femme-enfant fatale, Vincent Macaigne en cocker puceau énamouré.

Il résulte de cet embrouillamini lourdingue un ennui pesant et un intense sentiment de gâchis. Comment peut-on tourner des films aussi peu originaux, aussi auturo-nombrilistes que celui-ci ? On a presque honte de voir des comédiens qu'on aime se fourvoyer dans des inepties de ce genre. Présenté comme une comédie, le film n'est ni drôle, ni émouvant, ni tendre. Il est raté.

 

1e

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Les beaux jours

http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/024/21002483_20130430154418519.jpgCertains films reposent uniquement sur leur actrice.

Lorsque celle-ci est juste moyenne, et que le reste est nul, cela donne Le temps de l'aventure. Lorsque l'actrice est impériale, comme Fanny Ardant ici, et que les seconds rôles sont corrects, cela donne un film acceptable.

Entendons nous bien, il ne s'agit pas de crier au génie, ne serait-ce que parce que le scénario est dramatiquement faible. Résumons-le brièvement : Caroline, jeune dentiste retraitée, se voit offrir par ses filles un chèque découverte dans un club de retraités. Et là, badaboum, passion torride pour un animateur, Julien, qui pourrait être son fils, joué par un étonnant Laurent Lafitte mi-homme objet, mi-tombeur raté, et un peu goujat. Le mari de Caroline, joué par le toujours délectable Patrick Chesnais, fait un cocu raisonnable attendrissant.

Donc, rien de bien original dans cette histoire de passion sur le tard et sans lendemain. C'est évidemment dans le jeu de Fanny Ardant que réside l'intérêt du film. Mutique et renfermée au début, son personnage s'éclaire et s'épanouit au fur et à mesure que sa relation se développe. Cette relation est de nature principalement sexuelle, car le pauvre Julien n'en a pas beaucoup dans le ciboulot, à l'inverse du mari.

Moi qui déteste habituellement Fanny Ardant et prend un malin plaisir à la descendre en flamme, je dois bien reconnaître qu'elle dégage dans ce film une classe incomparable et que son portrait de femme assumant sa sensualité à 60 ans est confondant.

La mise en scène de Marion Vernoux est pleine de délicatesse.

A voir éventuellement.

 

2e

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Les petits mouchoirs

Bon, je vais laisser à d'autres le soin d'éreinter le film de Canet.

Les raisons de le faire ne manquent certes pas : un côté bobo à Arcachon très mièvre, des surlignages musicaux d'un goût horrible, une fin ratée dans les grandes largeurs, le sentiment que ce genre de film de potes a été fait mille fois, du classique Mes meilleurs copains au récent et fade Coeur des hommes.

Et pourtant, par un tour de passe-passe assez étrange, et malgré ses défauts innombrables, je ne me suis pas ennuyé en regardant les 2h36 des Petits mouchoirs.

Peut-être le fait que Cluzet, l'acteur que j'aime détester, l'homme qui ne se départit jamais de son air "j'ai un balai dans le cul", trouve ici un rôle qui lui va comme un gant : maniaque obsessionnel de première bourre, ignoble et insupportable, cible des avances d'un Magimel très bien en gay refoulé.

On peut (peut-être) trouver une qualité au film : l'art d'établir un casting assez cohérent. Valérie Bonneton par exemple est extra, et Marion Cotillard très bonne aussi, par exemple dans une scène de bouée assez amusante.  Lafitte a des airs de Michel Leeb idiot (pléonasme ?). Gilles Lellouche s'en tire bien aussi, en clone de Jean Dujardin.

Canet possède un ego sur-dimensionné qui lui permet de faire passer une certaine énergie dans son film (public de jeunes femmes trentenaires en bande ce soir, qui ont applaudi à la fin du film, vous voyez le genre...). Il lui reste à trouver du talent. 

 

2e

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