Apprentice
Jusqu'alors, l'application physique de la peine de mort par pendaison ne trouvait son incarnation cinématographique que dans le sublime Tu ne tueras pas, de Kieslowski.
Il faudra - aussi - compter à partir d'aujourd'hui avec ce film en provenance de Singapour, qui nous présente l'intinéraire d'un "apprenti" bourreau.
Le point de vue est assez original : que signifie être un bon bourreau ? Doit-on être en empathie avec l'exécuté ? Le meilleur résultat est-il d'obtenir une mort rapide ?
Le film de Boo Junfeng est une étude psychologique sur le deuil et la culpabilité. La mise en scène du jeune réalisateur est élégante et percutante : on aurait peut-être aimé que le scénario soit un poil plus étoffé et plus retors. Les motivations du héros sont à mon sens dévoilées un peu rapidement, et la ficelle de l'accident de voiture est franchement épaisse.
Si le film présente donc beaucoup de faiblesses scénaristiques (la soeur et son mari australien comme remplissage), il emporte quand même l'adhésion par son efficacité toute américaine : on est scotché par la minutie des préparatifs macabres et on ne peut s'empêcher d'éprouver une fascination morbide pour cet assassinat légal.
Si le film est un plaidoyer contre la peine de mort, il ne l'est qu'incidemment, et c'est là sa grande qualité.
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