Blue Jasmine
Il y a une sorte de fatalité dans les films de Woody Allen, qui à la fois rassure (le syndrome des pantoufles) et inquiète (les risques du ressassement à perpétuité) : le lettrage du générique, les airs de vieux jazz, les arabesques temporelles, les dialogues ciselés, l'actrice du moment qui fait son numéro, les mouvements de caméra fluides et parfois virtuoses.
On a donc évidemment l'impression de voir plus ou moins toujours le même film, parfois plus enjoué, d'autres fois un peu plus sombre, ou plus européen, chanté ou rêvé, mais au final toujours le même.
Blue Jasmine n'est donc qu'une variation supplémentaire (et comico-dépressive) d'un univers allenien qui parcourt finalement toujours les mêmes sentiers : les méandres - et la petitesse - de la condition humaine et des relations amoureuses. Etant donné que l'exercice est ici plutôt réussi, on pourra donc sans risque énoncer que c'est le meilleur Allen depuis (ici mettez le dernier Allen que vous avez aimé, en régle générale sans remonter plus loin que Match point).
Puisque Woody et moi on se connait depuis très longtemps, et que le spectacle m'a plutôt plu, je vais me permettre d'exprimer quelques réserves. La prestation de Cate Blanchett est forte, mais elle l'est tellement que par moment elle paraît presque forcer son jeu. Les autres personnages sont dans quelques scènes à la limite de la caricature. Le pitch est intéressant mais le scénario finalement assez banal.
Voilà, c'est fait. Ceci étant dit, le film ménage quelques beaux moments, malheureusement à mon goût trop rares, lors desquels un véritable vertige nous saisit.
Un bon millésime, à défaut d'être un cru d'exception.
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