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Christoblog

Articles avec #jean dujardin

Sur les chemins noirs

Même si l'ensemble de ce film n'est pas vraiment catastrophique, il faut reconnaître que rien n'y est bon.

Le pire est peut-être la façon dont il est écrit. Le scénario alterne les prises de vues en pleine nature avec de courts flash-backs qui ne présentent généralement aucun intérêt, et qui sont de plus raccordés fort maladroitement au temps présent.

L'interprétation de Jean Dujardin, qui entre parenthèses ressemble de plus en plus à Gilles Lelouche, n'est pas très convaincante. C'est un peu dur de le dire abruptement, mais sa crédibilité en intellectuel est assez faible, et il n'incarne pas à l'écran la rugosité dérangeante de Sylvain Tesson. Les autres personnages ne sont que des silhouettes grossièrement dessinées et mises en scène d'une façon souvent pataude (l'esthétique porno chic des scènes avec Joséphine Japy par exemple).

Si comme moi vous n'êtes pas fan des aphorismes pontifiants de Tesson, vous risquez de vous ennuyer ferme, et de regretter que le vertige de la marche au long cours, et en pleine nature, ne soit pas plus sensuellement rendu.

Le film réduit l'expérience physique extrême du personnage principal (1300 km tout de même) à une enfilade de cartes postales insipides dont on s'attend à voir surgir un Michel Drucker qui lancerait un sonnant "Formidable !" au spectateur, du haut du Mont Lozère ou d'une barque sur la Loire. 

Sur les chemins noirs respire le manque de talent dans toutes ses composantes.

 

1e

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Novembre

Pas de doute. Dès les premiers plans, on sait qu'on est devant un film de Cédric Jimenez : crissement de pneus de grosses voitures noires filmées au ras du sol, envol de pigeon opportun, gros plan sur un téléphone qui sonne dans la nuit.

Les amateurs de finesse et de réflexion sur l'art de raconter une histoire peuvent passer leur chemin, la mise en scène est basique, la caractérisation des personnages se cantonne au niveau 0. 

Au vu du sujet (l'immersion dans la section anti-terroriste au lendemain des attentats du 13 novembre), le résultat obtenu pourrait être considéré comme acceptable : on suit cahin-caha des flics émus, se gourant parfois, mais finissant par atteindre leur but. Mais la vérité est que le scénario est trop laborieux pour être vraiment intéressant, et que les stéréotypes sont trop marqués pour que le film soit captivant. 

Le casting rassemble une bonne partie du gratin français du moment, mais Sandrine Kiberlain est à peine crédible et je n'ai pu m'empêcher de penser à OSS 117 dans certaines des intonations de Jean Dujardin (surtout dans ses dernières scènes). C'est Lyna Khoudry qui crève vraiment l'écran, grâce à une prestation solide et nuancée.

Pas de quoi me réconcilier avec le cinéma lourdaud de Jimenez. A voir éventuellement pour l'aspect documentaire sur le travail de la police.

Cédric Jimenez sur Christoblog : Bac Nord - 2020 (*)

 

2e

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OSS 117 Alerte rouge en Afrique noire

Même si ce troisième opus est issu de l'imagination du même scénariste que les deux premiers (Jean-François Halin), il ne sonne pas exactement de la même façon. 

Il faut dire que l'humour d'Halin est à manier comme de la nitroglycérine : il s'agit finalement de rire de blagues racistes, sexistes et homophobes proférées à répétition, en ayant en permanence à l'esprit qu'il s'agit de second, ou troisième degré. Hazanavicius, qui maintenait dans les deux premiers épisodes une certaine distance avec son héros, parvenait parfaitement à nous faire saisir ce besoin de lecture à plusieurs niveaux.

Nicolas Bedos propose un film plus empathique vis à vis de son héros (qui parvient même, après avoir souffert dans sa virilité, à se débarrasser de ses complexes et de ses concurrents). Il propose aussi du grand spectacle et un souffle d'aventure (avec des moyens qui ne me semblent pas toujours au top).

Le résultat final est donc plus ambigu, moins convaincant et homogène. On se demande parfois exactement ce qu'on regarde : héros sur le retour sympatoche bien qu'un peu ringard, comédie exotique ou critique féroce de la Françafrique ?

Rarement vraiment drôle (hormis le formidable passage de l'adresse au lion en allemand), toujours agréable à regarder, ce nouvel OSS 117 est un divertissement honnête qui doit être vu si on a apprécié les précédents opus.

 

2e

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J'accuse

Le principal intérêt du film de Polanski est de raconter froidement le déroulement de l'affaire Dreyfus, vu du côté de l'enquêteur Picquart. 

L'aspect didactique du film, qui m'a fait enfin comprendre de quoi il retournait de façon parfaitement limpide, est donc sa qualité principale. La réalisation, sage et efficace, parfois un peu maladroite, n'est pas spécialement à remarquer.

C'est plutôt du côté de l'interprétation qu'il faut chercher les points forts de J'accuse. Si Emmanuelle Seigner est toujours aussi nulle (si elle n'était pas la femme de Polanski, elle ne serait évidemment pas là), le reste du casting est assez impressionnant, avec une pléiade d'acteurs de la Comédie Française, et un Jean Dujardin absolument parfait, sec comme un coup de trique. Sous son influence, le film semble filer vers son dénouement comme une flèche, tendu et ramassé, parfaitement servi par la musique obsédante d'Alexandre Desplat.

Le film donne aussi - et surtout - à penser : la rectitude morale et la volonté de justice sont des sentiments assez forts pour qu'un homme borné et raciste adopte une attitude de Juste. C'est vertigineux.

 

3e

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Le daim

Les films de Quentin Dupieux m'ont toujours semblé d'une certaine façon inachevés. Les intentions de loufoqueries me paraissaient toujours desservies par un scénario mal maîtrisé et une mise en scène dilettante.

La bonne surprise de ce dernier opus, c'est l'extrême cohérence du projet, qui pour une fois ne part pas en vrille, et se permet au passage une jolie réflexion sur l'art du cinéma. Le synopsis est enfin tenu du début à la fin, le décor de montagne colle parfaitement au sujet, la photographie un peu terne est parfaitement au diapason de l'intrigue. 

Jean Dujardin est extraordinaire dans ce rôle. On ne peut s'empêcher de penser qu'il y a peut-être perdu un peu de sa santé mentale. Il parvient à être successivement (et parfois simultanément) drôle, inquiétant et bouleversant. Adèle Haenel, qui parfois en fait trop, semble ici se résigner à jouer un ton en-dessous de son incroyable partenaire, et c'est très bien. Elle retrouve un rôle qui rappelle celui qu'elle tenait avec brio dans Les combattants, celui de la fille cash et volontaire.

Enfin, Le daim est une réussite esthétique indéniable : son camaïeu de bruns et de marrons est un délice pour les yeux, sa bande-son une friandise pour les oreilles et sa mise en scène un régal pour l'intelligence.

Court (1h17 minutes, c'est presque un moyen-métrage), mais intense.

 

3e

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Le retour du héros

Difficile de dire du mal de ce petit film mignon qui tente de renouer avec une certaine comédie française enlevée : on pense par exemple aux films de Philippe de Broca, et Dujardin a des airs de Bébel.

Si ce dernier s'en sort à merveille en goujat amoureux, Mélanie Laurent est encore meilleure. On savoure sa verve imaginative, et le film peut d'ailleurs s'envisager comme une ode à l'écriture, qui finit pas façonner la réalité.

Malgré ces qualités sympathiques, il faut bien reconnaître par ailleurs que Le retour du héros souffre de quelques faiblesses criardes : péripéties téléphonées, scènes d'action ratées (la charge héroïque), essoufflement de l'intrigue, dialogues parfois lourdingues. 

Le film se laisse toutefois regarder avec un plaisir coupable, un dimanche soir pluvieux par exemple.

 

2e

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La French

Un film qui fait vieux, avec des acteurs pas tout jeunes, pour une histoire des années 70/80. 

La French est un produit hors d'âge, qui joue sur tous les tons la po(au)se vintage.

C'est franchement pas affriolant, comme un dimanche après-midi chez Drucker qui enquêterait sur le milieu marseillais.

Dujardin n'est pas très bon (mais peut-il l'être ?), Lellouche est un peu plus crédible.

A porter au crédit du film : de très bons seconds rôles, un caractère documentaire instructif pour les jeunes générations, une jolie photographie de Marseille. A décharge : le reste.

Engoncé dans sa mollesse intrinsèque, le film parvient à susciter plus l'ennui curieux que le dégoût, ce qui n'est déjà pas si mal.

 

2e  

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9 mois ferme

Le burlesque est un exercice difficile dans lequel nous Français avons de la peine à exceller. La réussite magistrale de Dupontel dans son dernier film n'en est que plus remarquable.

Il faut bien le dire, j'ai eu un peu peur au début : mise en scène virtuose (quelle scène de générique, avec un mouvement de caméra ébouriffant !), jeu au cordeau des acteurs, montage speed, le film part sur les chapeaux de roue. Après dix minutes à ce train d'enfer, j'en suis venu à guetter une faiblesse, une faute de goût, un léger dérapage, mais non, Dupontel tiendra ferme la barre jusqu'au bout.

9 mois ferme est donc un moment d'intense jubilation, durant lequel on ne rit pas forcément souvent aux éclats, mais qui donne l'impression d'être tout à coup plus drôle et plus intelligent.

Parmi les points forts du film, citons entre autres les apparitions hilarantes de Jean Dujardin en traducteur de langage des signes, les faux journaux télévisés, les deux scénarios du suicide et de l'accident, tous les seconds rôles (et l'avocat en particulier), et le jeu tout en subtilité de Sandrine Kiberlain, son meilleur rôle à ce jour.

C'est parfait de bout en bout, avec un sens du rythme imparable. Une réussite majeure de la comédie française.

 

4e

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Un balcon sur la mer

Marie-Josée Croze. Les Productions du Trésor - Europacorp - France 3 Cinema - Pauline's AngelJe n'attendais que très peu du film, et c'est ce que j'ai eu.

Le début est pourtant pas mal du tout. Belle mise en scène, intrigue légèrement hitchcockienne sur le thème de l'usurpation d'identité sur fond d'Algérie française, beaux parallèles présent/passé, enfants/adultes... peut-on rattraper le temps perdu ? Si Dujardin ne me convainc toujours pas dans les rôles sérieux, Marie-Josée Croze est plutôt bonne. Une belle lumière aussi.

Pourquoi le film se saborde-t'il brusquement vers son premier tiers en révélant platement et gauchement (pauvre Claudia Cardinale, c'est bien triste de la voir dans cet état) son mystère nodal, puis en greffant des intrigues improbables et inintéressantes (l'arnaque, la romance entre l'héroïne et l'italien) : on se le demande.

Plus le film avance, plus il devient insipide et sans âme, finissant carrément dans le pathétique ridicule, pélerinage nimbé de bonnes intentions en Algérie, et final sous la pluie étiré au possible ("Je me suis perdu" !) en passant par une tirade très mal écrite de Dujardin dans un appartement vide.

Probablement Nicole Garcia a mis trop d'elle même dans ce film, son implication l'a paralysée dans son expression, et le résultat réussit à ne pas être émouvant alors que sa matière première est potentiellement super-mélodramatique.

Bien essayé, mais donc raté au final.

 

2e

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