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Christoblog

Gazette du Grand Bivouac 2022

Une fois de plus, le monde des grands voyageurs se retrouve à Albertville pour une orgie de films documentaires, de conférences et de rencontres au salon du livre. L'ambiance est festive, multiculturelle et bon enfant au bord de l'Arly : un rendez-vous qui gagne à être connu.

 

19 octobre

Le Festival commence pour moi avec My name is Gulpilil (2/5), film australien sorti en août de cette année, qui nous montre l'acteur aborigène David Gulpilil finir sa vie, atteint d'un cancer, et se remémorant sa carrière. Si le visage de Gulpilil est impressionnant, le film pâtit à mon avis de partis-pris esthétiques pas très heureux de sa réalisatrice. Il finit aussi par radoter sur la fin, et ne fait que survoler quelques points qu'on aurait aimé voir plus creusés (l'alcoolisme ou la violence de l'acteur envers les femmes). On finit par être gêné d'observer l'agonie d'un homme dont on ne sait trop quoi penser.

 

21 octobre

Tout ce qui respire (5/5) de l'indien Shaunak Sen, a remporté toutes sortes de prix à travers le monde (Jury à Sundance, Oeil d'or à Cannes), et on comprend pourquoi en voyant le film.

En peignant le portrait de deux frères qui soignent des oiseaux (des milans noirs pour être précis) à New Delhi, Sen réussit à nous émouvoir aux larmes et à aborder énormément de sujets sur un mode poétique et inspiré.

La mis en scène est brillante, jouant sur beaucoup de paramètres pour exprimer les idées de l'auteur : profondeur de champs, variété des cadrages, ralentis, photographie. La co-existence des humains et des animaux a rarement été aussi bien montrée au cinéma.

C'est du grand art, à la façon d'un Depardon ou d'un Wang Bing. Formidable.

 

22 octobre

Ce samedi commence avec un film très agréable, La symphonie des arbres (4/5) du norvégien Hans Lukas Hansen. Le film suit l'itinéraire d'un luthiste italien de Crémone, qui se met en tête de fabriquer un violon parfait en cherchant l'érable de ses rêves dans les Balkans. Le contraste entre l'optimisme lunaire du personnage principal et les rudes milieux qu'il fréquente en Bosnie rend le film, par ailleurs réalisé comme un thriller, très sympathique.

En soirée, projection de Notre endroit silencieux (1/5) de la bulgare Elitza Gueorguieva, qui dresse le portrait de l'écrivaine biélorusse Aliona Ghoukova. Il est question de deuil du père et d'écrire dans une langue qui n'est pas sa langue natale, mais le dispositif est trop théorique pour convaincre. Ce film d'1h08 lorgne du côté de l'art contemporain.

La soirée se finit avec une table ronde d'une heure regroupant Rachid Benzine, Alain Mabanckou, Zarina Khan et l'héroïne du film, Aliona Ghoukova. Les débats sont un peu confus, heureusement animés par la faconde de Mabanckou. 

 

23 octobre

Ce dimanche commence de tôt matin avec la projection du film chinois Singing in the wilderness (3/5), de la réalisatrice Dongnan Chen. Le film nous plonge dans la minorité des Miao chrétiens du Yunan, à travers le destin d'une petite chorale locale qui est en quelque sorte instrumentalisé par le pouvoir communiste. S'étendant sur de nombreuses années, il suit le destin de quelques-uns de ses membres, tout en abordant plusieurs sujets de société (les rapports femme homme, le tourisme, la corruption). Un mélange d'intime et de collectif réussi.

La terre est bleue comme une orange (3/5), de l'Ukrainienne Irina Tsylik est aussi réjouissant, malgré son sujet : une mère célibataire élevant seule ses enfants dans le Donbass en guerre. La situation tragique est transcendée par le projet de la fille ainée de la famille, qui tourne un film sur la guerre en y impliquant toute sa famille. Force de l'art, magie du cinéma, formidable optimisme de tous les protagonistes : on est emporté par cette drôle de mise en abîme.

Je finis par la remise des prix qui couronne La combattante de Camille Ponsin, portrait de Marie José Tubiana. Le réalisateur et l'ethnologue (90 ans !) sont sur scène. Le film de clôture, River (1/5) de l'australienne Jennifer Peedom, est une collection de belles images façon Yann Arthus-Bertrand qui ne sont pas contextualisées , et qu'accompagne un discours soporifique et new age déclamé par Willem Dafoe. De belles images sans aucun sens, pour un brouet malickien en diable : j'ai détesté.

A l'année prochaine !

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